Chapitre 2

— On est certain qu’il s’agit de restes humains ?

— Pour ce qui est d’un crâne, en tout cas, a répondu Larabee.

— Parce qu’il y en a plusieurs ?

— C’est ce qu’ont laissé entendre les flics qui ont signé le rapport. Ils n’ont rien voulu toucher jusqu’à ton arrivée.

— Ils ont bien fait.

Scénario 1 : un honnête citoyen tombe sur des os, appelle le 911. Les flics débarquent. Se disant qu’ils ont là des restes anciens, ils commencent à les rassembler dans un sac et à les étiqueter. Résultat : le contexte est perdu. Le lieu de la découverte étant inexploitable, je me retrouve à travailler dans le vide.

Scénario 2 : une sépulture clandestine est mise au jour par des chiens. Le coroner du coin se pointe, armé de pelles et d’un sac pour le corps. Résultat : un truc oublié ici, un autre oublié là, et je me retrouve avec des restes auxquels il manque quantité d’éléments.

Inutile de dire que, lorsque je suis confrontée à l’une de ces situations, j’ai la dent assez dure avec les intervenants.

Les années passant, mon message est de mieux en mieux compris. Mes coups de gueule y sont pour beaucoup, mes séminaires sur la récupération des corps, aussi. J’en donne à l’institut médico-légal de Chapel Hill, mais également pour la police de Charlotte-Mecklenburg.

— D’après le policier, c’est dans un sale quartier, a ajouté Larabee.

Ça ne m’a pas paru bon signe. J’ai attrapé un stylo.

— Où ça ?

— Avenue Greenleaf, tout de suite derrière le Premier Secteur. Dans la cave d’une maison en rénovation. C’est le plombier qui a fait la découverte, en passant malencontreusement à travers un plancher. Ne quitte pas.

Bruissements de papiers, puis Larabee m’a dicté l’adresse.

— Ce malheureux plombier était dans tous ses états, semble-t-il.

— Je peux m’y rendre tout de suite.

— Ce serait super.

— On se retrouve là-bas dans une demi-heure ?

La respiration de Larabee m’a semblé marquer un arrêt.

— Un problème ?

— J’ai une fillette de cinq ans ouverte sur ma table.

— Qu’est-ce qui lui est arrivé ?

— Elle s’est écroulée subitement en rentrant de la maternelle après s’être plainte d’un mal de ventre. C’était juste après avoir mangé un beignet au goûter. Deux heures plus tard, à l’hôpital, elle était déclarée décédée. Un enfant unique, en parfaite santé. Aucun symptôme avant cet accident. À vous arracher le cœur !

— Jésus. De quoi est-elle morte ?

— Rhabdomyome cardiaque. Une grosse tumeur bruyante dans le septum interventriculaire. C’est une malformation assez rare à cet âge. Les enfants qui en sont atteints meurent généralement dans leur toute petite enfance.

Pauvre Larabee ! Une autre conversation pénible en perspective.

— Finis tranquillement ton autopsie. Je m’occupe du musée des horreurs.

 

La ville de Charlotte est née de la conjonction d’une rivière et d’une route. La rivière était là en premier. Ce n’était pas le Mississippi ou l’Orinoco, mais un cours d’eau assez vigoureux quand même, avec des rives giboyeuses peuplées de cerfs, d’ours, de bisons et de dindes. Survolées par de grandes bandes de pigeons.

Les gens qui vivaient sur la rive orientale, au milieu des pois de senteur, appelaient leur rivière Eswa Taroa, la «grande rivière », et ils se désignaient eux-mêmes sous le nom de Catawba, les « gens de la rivière ». Leur village principal, Nawvasa, se trouvait à l’endroit où Sugar Creek prend sa source — Sugar Creek qui s’appelait alors « Soogaw » ou « Sugau », ce qui signifie «groupe de huttes ». Ce hameau, toutefois, ne devait pas son développement au simple fait d’être situé à proximité d’une rivière, mais également à celui de se nicher fort douillettement auprès d’une voie commerciale surnommée par les indigènes le « Grand Chemin ». C’était par là en effet que transitaient les marchandises et les denrées en provenance de la région des Grands Lacs à destination des Carolines, qu’elles atteignaient en empruntant ensuite le fleuve Savannah.

Nawvasa tirait donc sa raison d’être autant de la rivière que de la route. Hélas, l’arrivée d’hommes étranges sur des bateaux immenses devait mettre un terme à tout cela.

Car le roi Charles II d’Angleterre avait fait don à huit hommes des terres situées au sud de la Virginie et s’étendant à l’ouest jusqu’aux mers du Sud, en remerciement du soutien qu’ils lui avaient apporté lors de sa reconquête du pouvoir. Et ces grands propriétaires fonciers fraîchement émoulus s’étaient empressés d’expédier sur place des hommes à eux afin d’explorer leurs nouvelles possessions et d’en établir la carte.

Au siècle suivant, les colons affluèrent en nombre, entassés dans des chariots tirés par des chevaux, ou bien à dos de mule, ou encore à pied, chaussés de souliers éculés. Se trouvaient parmi eux des Allemands, des huguenots de France, des Suisses, des Irlandais et des Écossais. Lentement, mais inéluctablement, rivière et route passèrent des mains des Catawba à celles des Européens.

Fermes et maisons en rondins remplacèrent les habitations indigènes en écorce d’arbre. On vit éclore un peu partout quantité de tavernes, d’auberges et d’échoppes, des églises et même un tribunal. À toutes les croisées du Grand Chemin avec une autre route moins fréquentée, un nouveau village était fondé.

En 1761, George III épousa une duchesse allemande de dix-sept ans, Sophie-Charlotte de Mecklenburg-Strelitz. Que la jeune épousée ait marqué l’imaginaire des Indiens qui peuplaient la région, ou que les habitants eux-mêmes aient souhaité se gagner les faveurs d’un lointain roi britannique un peu fou, toujours est-il que la petite ville entre route et rivière fut rebaptisée Charlotte et que la région alentour prit le nom de comté de Mecklenburg.

Mais distance et politique vouaient à l’échec cette amitié américano-britannique. La colère grondait au sein des colonies et un vent de révolte l’attisait. Le comté de Mecklenburg ne faisait pas exception à la règle.

Irrités que Sa Majesté refuse d’accorder une charte à leur université bien-aimée qu’ils avaient appelée « collège de la Reine », fâchés aussi qu’en mai 1775 les tuniques rouges aient osé tirer sur des Américains à Lexington, dans le Massachusetts, les notables de Charlotte tinrent réunion. À l’issue de celle-ci, ils signèrent la déclaration de Mecklenburg dans laquelle ils se proclamaient « peuple libre et indépendant » dans des termes fort peu diplomatiques et dépourvus de toute ambiguïté linguistique.

Yes Sir ! Les signataires de cette fameuse déclaration n’y sont pas allés par quatre chemins. Un an avant que le Congrès continental n’appose sa plume au bas de son célèbre parchemin, ils prièrent purement et simplement le roi de prendre la porte !

On connaît la suite. Révolution, émancipation, guerre civile ; reconstruction et Jim Crow ; industrialisation qui se traduisit, en Caroline du Nord, par le développement de l’industrie textile et du chemin de fer. Puis vinrent la Guerre mondiale et la Dépression, suivies par la ségrégation et la lutte pour les droits civiques, le déclin de la Rust Belt et l’essor de la Sun Belt.

Durant les années 1970, la population du Grand Charlotte approchait les quatre cent mille habitants. En 2005, elle avait doublé. Comment ? Grâce à l’apparition d’une nouvelle denrée transitant sur les voies de communication : l’argent. Grâce aussi à l’ouverture d’une quantité d’établissements destinés à planquer la dite denrée. En effet, à la différence d’un grand nombre d’États, la Caroline du Nord n’a jamais promulgué de loi limitant le nombre de filiales d’une banque sur son territoire. Au contraire, nos instances juridiques ont toujours proclamé : « Croissez et multipliez-vous ! »

Et les banques se sont multipliées. Beaucoup de filiales, donc beaucoup de dépôts, donc beaucoup de bénéfices. Bref, Charlotte, ville-reine, accueille aujourd’hui dans ses murs les sièges de deux poids lourds de l’industrie bancaire : Bank of America et Wachovia. De sorte que ce petit bourg se trouve être désormais le second centre financier des États-Unis après New York, comme ses habitants le répètent à longueur de temps en s’esclaffant.

De nos jours, la croisée du Grand Chemin avec l’autre route a disparu sous le carrefour des rues Trade et Tryon. C’est là que la Bank of America a son siège : bâtiment de verre, de pierre et d’acier parfaitement bien adapté à cet emplacement puisque son aspect évoque un totem.

Depuis ce carrefour, le cœur du vieux Charlotte se déploie sur quatre sections appelées sans grande imagination : Premier, Deuxième, Troisième et Quatrième Secteurs. Au cours des siècles, les habitants de Charlotte se sont peu intéressés à préserver ces anciens quartiers, aveuglés qu’ils étaient par la conviction que leur ville était un enfant du Nouveau Sud. Seul le Quatrième Secteur a fait exception à la règle, mais cela depuis peu.

Au XIXe siècle, ce quart de cercle situé au nord-ouest a connu les faveurs de l’élite avant de glisser dans une décrépitude distinguée. Au milieu des années 1970, sous l’impulsion de ces dames de la Junior League à poignes de fer dans leurs gants parfumés au magnolia  – impulsion amicalement soutenue par les banques  –, ce Quatrième Secteur est devenu l’objet d’un intense effort de restauration. Aujourd’hui, de vieilles demeures se partagent ses rues étroites avec des cafés, vestiges de l’ancien temps, et des maisons particulières d’une grande modernité architecturale. Becs de gaz anciens, pavage en briques et square au milieu. Vous voyez le tableau.

Le Deuxième Secteur, quant à lui, a longtemps donné l’impression d’être le négatif de ce Quatrième Secteur blanc comme le lys. Située exactement à l’opposé par rapport au centre-ville, c’est-à-dire au sud-est, la majeure partie de ce quartier était jadis occupée par des maisons en rondins, ce qui lui avait valu le nom de Log Town, avant de se voir rebaptisée Brooklyn. Peuplé de prédicateurs noirs, de médecins, de dentistes et d’enseignants, il a été évacué pour qu’y soient installés le Marshall Park, le Centre d’enseignement, divers bâtiments administratifs et une bretelle de raccordement à l’autoroute 1-77, de sorte que ce Quatrième Secteur est de nos jours quasiment déserté.

Le Premier et le Troisième Secteur sont situés respectivement au nord-est et au sud-ouest du cœur de la ville. Jadis encombrés d’entrepôts, d’usines, de dépôts de chemin de fer et de fabriques, ils regorgent aujourd’hui d’immeubles de rapport, de maisons basses et d’élégants immeubles en copropriété, tels Courtside, Quarterside, Renwick ou Oak Park. Malgré la politique consistant à raser et à reconstruire menée dans ces deux quartiers de la ville, on trouve encore çà et là quelques anciens sites résidentiels.

L’adresse fournie par Larabee me conduisait justement dans ce Troisième Secteur.

En quittant la 1-77 pour m’engager dans la rue Morehead, j’ai embrassé du regard les monolithes se découpant sur le ciel : Wachovia Center, l’Hôtel Westin, le stade des Panthers et ses soixante-quatorze mille places. Qu’auraient pensé les indigènes de Nawvasa de la métropole qui a remplacé aujourd’hui leur ancien village ?

En bas de la rampe, j’ai pris à gauche, puis de nouveau à gauche dans la rue Cedar, et je suis passée devant une série d’entrepôts récemment convertis en habitations. Des rails tronqués, le studio de photo et la galerie de la Light Factory, un refuge pour sans-abri.

Sur ma droite s’étiraient le complexe d’entraînement des Panthers et ses pelouses d’un vert éteint en cette heure de presque crépuscule. Tournant à gauche dans l’avenue Greenleaf, j’ai roulé sous la voûte de feuillage des chênes. Juste devant moi s’étendait un vaste espace dégagé que je savais être le Frazier Park.

Des maisons construites selon deux modèles s’alignaient de chaque côté de la rue. Nombre d’entre elles, rachetées par de jeunes cadres dynamiques désireux de vivre à proximité du quartier résidentiel, avaient été modernisées et repeintes en lilas reine-anne ou bleu taverne-de-smythe. Les autres se tassaient, décaties et fatiguées, au milieu de leurs nobles voisines, toujours habitées par leurs propriétaires afro-américains qui attendaient avec angoisse la réévaluation des taxes foncières.

Par-delà ce contraste entre habitations rénovées et celles encore à renaître, on constatait d’un bout à l’autre du pâté de maisons une évidente volonté d’entretenir et d’embellir les lieux. Les trottoirs étaient balayés, les pelouses tondues, les rebords de fenêtre fleuris de chrysanthèmes ou de soucis.

L’adresse donnée par Larabee appartenait à l’une des maisons miteuses qui faisaient exception avec leur peinture écaillée, leur toit penché et leur façade renforcée par endroits. Le jardinet avait tout d’un terrain vague et la véranda était envahie par un monceau de détritus non dégradables. Je me suis demandé, tout en me garant derrière une voiture de patrouille de la police de Charlotte-Mecklenburg, combien d’acquéreurs potentiels avaient frappé à la vieille porte verte de ce bungalow.

Intriguée, j’ai refermé ma portière à clé et j’ai pris ma trousse de travail dans le coffre. Deux maisons plus loin, un garçon d’une douzaine d’années s’amusait à lancer un ballon de basket dans un panier accroché au mur d’un garage, le faisant rebondir sur le gravier au rythme sec et dur de la musique rap que scandait sa radio.

Le chemin d’accès à la maison était bosselé par les racines d’arbre qui serpentaient en dessous. J’ai continué à regarder où je mettais les pieds en montant les marches en bois complètement déformées du perron.

— C’est à vous que je dois parler avant d’être autorisé à rentrer chez moi ?

J’ai levé les yeux.

Un homme était assis dans une balancelle rouillée qui penchait dangereusement. Il était grand et mince, avec des cheveux couleur confiture d’abricot. Sur sa poche de chemise étaient brodés une tenaille stylisée et un nom : Arlo.

Les genoux largement écartés, les coudes posés sur ses cuisses, la tête dans ses mains, il avait redressé le cou en entendant des pas. Avant que j’aie pu lui répondre, il me posait déjà une autre question.

— Combien de temps est-ce que je vais encore devoir poireauter ici ?

— Vous êtes le monsieur qui a appelé le 911 ?

Il a souri, me révélant une dent pourrie en bas à droite. J’ai fait un pas vers lui.

— Vous pouvez me décrire ce que vous avez vu ?

— J’ai déjà tout raconté, a répondu Arlo en étreignant ses mains sales.

Son pantalon gris était déchiré à hauteur du genou gauche.

— Vous avez fait une déposition ? lui ai-je demandé gentiment, sensible à la détresse qui se dégageait de toute son attitude.

Il a hoché la tête de bas en haut.

— Pouvez-vous me faire un résumé de ce que vous avez vu ?

Il a alors agité la tête de gauche à droite.

— J’ai vu l’œuvre du diable.

Bon.

— Vous vous appelez Arlo comment ?

— Welton.

— Vous êtes le plombier ?

Il a à nouveau branlé du chef.

— Trente ans que je répare des tuyaux. Jamais rien vu de pareil !

— Racontez-moi ça.

Il a dégluti. Dégluti encore.

— Je changeais des raccords. La nouvelle propriétaire voulait des joints dernier cri, des trucs verts qui préservent l’environnement. Pour ça, il fallait souder des tuyaux de diamètres différents. Dieu sait pourquoi, elle tenait à commencer par ça. Avec tout ce qui a besoin d’être changé dans cette baraque ! Mais c’est pas mes oignons. Bon, je commence à creuser le mur et voilà qu’y a un morceau de brique qui tombe et fait un trou dans une espèce de linoléum. Je me dis : Arlo, tu as bousillé ce plancher, on va te prendre la réparation sur ton salaire. Donc, je m’apprête à camoufler un peu le bout abîmé, quand je découvre en dessous une grande planche en bois toute vieille.

Arlo s’est arrêté.

J’ai attendu qu’il reprenne.

— Je sais pas pourquoi, j’y ai donné un petit coup du bout du pied. Et la voilà qui bascule et se lève en l’air sur un côté.

Nouvelle pause d’Arlo, se rappelant, je suppose, que son geste n’avait pas été un simple petit coup.

— Cette planche faisait partie d’une trappe qui s’est ouverte ?

— En fait, elle dissimulait une cachette. J’ai pas résisté à la tentation, je reconnais. J’ai pris ma lampe et j’ai éclairé l’intérieur.

— Une deuxième cave ?

Arlo a haussé les épaules. Je lui ai laissé un peu de temps, mais il n’a pas poursuivi.

— Et alors ? ai-je lancé pour l’inciter à continuer.

— Je suis un homme qui va à l’église, moi, madame. Tous les dimanches et aussi le mercredi. Je crois au diable, madame, même si je l’ai jamais vu. Je crois qu’il se cache dans le monde et qu’il fait le mal parmi nous.

Arlo s’est passé le dos de la main sur la bouche.

— Ce que j’ai vu là, c’était Satan en personne.

Malgré la chaleur, un frisson m’a parcouru l’échiné.

— Vous avez déclaré que vous aviez vu un crâne humain.

C’était tout ce qu’il avait dit dans sa déposition.

— Oui, m’dame.

— Rien d’autre ?

— J’ai pas envie de mettre des mots sur une telle horreur. Mieux vaut que vous voyiez ça de vos propres yeux.

— Vous êtes descendu dans cette cave ?

— Sûrement pas !

— Qu’est-ce que vous avez fait ?

— Je me suis bougé les fesses et je suis remonté aussi vite que possible au rez-de-chaussée pour appeler la police… Je peux y aller, maintenant ?

— Le policier est en bas ?

— Oui, m’dame. Traversez l’entrée et passez par la cuisine.

Arlo avait raison, mieux valait que je voie ça de plus près.

— Merci, M. Welton. Ça ne devrait pas prendre longtemps.

Je suis entrée dans la maison. Derrière moi, le plombier a laissé retomber son visage entre ses mains, faisant grincer la balancelle.

La porte d’entrée donnait sur un couloir étroit. À droite, un salon aux murs d’un vert couleur de bile. Un carreau de fenêtre cassé avait été rebouché à l’aide d’un carton collé avec du ruban adhésif. Le mobilier était succinct : un fauteuil mité et un canapé griffé par un chat.

À gauche, une salle à manger. Vide, à part un buffet en pin plein de nœuds, un matelas et une pile de pneus.

Au bout du couloir, à gauche, une cuisine dont le style aurait déjà passé pour rétro en 1956. Un réfrigérateur Philco au sommet arrondi, un fourneau Kelvinator, une table dînette en formica rouge et chrome, un plan de travail gris en formica couvert de taches.

À gauche du Kelvinator, une porte ouverte par laquelle on apercevait des marches d’escalier conduisant en bas et d’où montaient les grésillements d’un échange par radio.

Prenant ma trousse de la main droite, j’ai serré les doigts autour de la rampe et entamé la descente. Deux marches plus bas, j’ai senti se hérisser les petits cheveux au bas de ma nuque.

Par automatisme, je me suis mise à respirer par la bouche.