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  1. Olivaux Christian
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Chapitre 28

Lyon. DCRI. Vendredi, 2 h 25.

 

– Brune ! Dans mon bureau !

Le commissaire Giraud venait de pénétrer dans le centre, accompagné par Pietri qui le suivait comme son ombre.

Patrick Brune se retourna d’un coup. Il ne chercha pas à dissimuler sa colère de voir ainsi le commissaire débarquer, très certainement prévenu par ce gros lèche-bottes de Marc Pietri. Sans discuter, le commandant suivit son chef vers son bureau. Au moment où il passa devant le gros analyste, il le toisa d’un regard sans équivoque. Il lui ferait payer ça. Il entra dans la pièce et ferma la porte derrière lui.

– Je peux savoir ce qui vous prend, commandant ? Pietri obtient une information capitale qui requiert de prendre des décisions immédiates, et non seulement vous oubliez de me prévenir, mais en plus, vous renvoyez Pietri chez lui, alors que c’est notre meilleur élément en l’absence de Darlan.

Sans se démonter et sans élever la voix, Brune répliqua :

– Commissaire, je sais encore analyser une situation. Ce que Pietri a découvert nous conduit dans une impasse pour l’instant. Il n’y avait aucune urgence à vous réveiller ni même à lancer je ne sais quelle opération. La seule chose que je regrette, c’est de n’avoir pas prévu que Marc Pietri ferait preuve d’initiative malheureuse en vous appelant. Il a tendance à ne pas savoir rester à sa place et…

– Commandant, je ne vous demande pas de charger vos hommes pour couvrir vos erreurs, coupa Giraud. Nous courons après Darlan et sa bande depuis plus de vingt-quatre heures, et pour une fois que nous avons la possibilité de le prendre, vous décidez de ne rien faire ? 

– Commissaire, vous savez bien qu’il est impossible que Darlan puisse être lié avec cette histoire de terrorisme lyonnais ou avec l’attentat du TGV ! Pourquoi s’est-il enfui en Bretagne avec la fille ? Ça n’a pas de sens. Si nous les arrêtons maintenant, nous courons le risque de ne jamais pouvoir remonter au sommet. Je ne fais qu’appliquer vos méthodes, nous n’arrêtons jamais un suspect s’il peut encore nous faire progresser.

– Ce n’est pas la peine de me rappeler quelles sont mes méthodes, Brune ! En revanche, et c’est ce qui me surprend, vous semblez avoir oublié les vertus d’un bon interrogatoire. Je vous garantis que si nous mettons la main sur eux, ils nous diront ce que nous voulons savoir. Et plus cette affaire avance, plus j’ai envie d’avoir un suspect à interroger. Les deux derniers, qui auraient pu nous apprendre quelque chose, sont morts prématurément. Je n’aimerais pas avoir d’autres mauvaises surprises du genre.

Il fit une pause pour bien marquer l’importance qu’il donnait à ses propos.

– Dernier point, Brune. N’essayez plus jamais de me cacher des choses. C’est parfaitement inadmissible.

Il s’apprêtait à ajouter quelque chose lorsqu’il fut interrompu par un bruit de pas lourds qui montaient précipitamment les quatre marches de l’escalier. La porte de son bureau s’ouvrit à la volée sur un Marc Pietri essoufflé d’avoir pressé le pas sur quelques mètres :

– Je sais où ils sont, commença-t-il sans transition.

– Expliquez-vous !

Il commença un bout de phrase, puis s’interrompit quelques secondes, le temps de reprendre son souffle.

– Avant de partir, dit-il en jetant un bref coup d’œil à Brune, j’avais laissé mon algorithme de reconnaissance tourner sur toutes les caméras de la région où ils s’étaient apparemment arrêtés.

– Venez-en au fait, où sont-ils ?

– Je viens de relever une alerte de probabilité sur une usine située à Guérande.

– Une usine ? s’interrogea Giraud, que vont-ils faire dans une usine ?

– Si j’en crois les quelques images que j’ai visionnées, je pense à un cambriolage.

– C’est quoi, cette usine ? Ils fabriquent quoi ?

– Elle s’appelle (il regarda brièvement le bloc-notes qu’il avait gardé à la main) Eltrosys, c’est une boîte d’électronique.

– Très bon travail, Pietri.

Brune regarda alternativement les deux hommes, profondément agacé. Pour la deuxième fois de la journée, l’analyste avait choisi délibérément de s’adresser directement au commissaire et ce dernier n’avait rien fait pour lui rappeler de respecter l’ordre hiérarchique. Le commandant Brune comprenait clairement qu’il ne pouvait pas continuer à lutter contre la volonté de son chef direct. Il décida d’ignorer la présence de Pietri et de reprendre son travail sans discuter. Il trouverait bien un moyen de sanctionner le gros informaticien plus tard :

– Que devons-nous faire dans ce cas, commissaire ? commença-t-il. Nous n’avons pas beaucoup d’options. 

Giraud observa son adjoint, essayant de déceler chez lui la conviction de ses propos.

– Que proposez-vous ? finit-il par dire pour le tester.

– Maintenant que nous savons précisément où ils sont, nous pouvons tenter quelque chose. Le risque réside dans le manque de préparation, de moyens et surtout de temps. Nous ne pouvons pas être certains qu’ils seront toujours là à l’arrivée de l’équipe. Nous pourrions faire appel au groupe d’intervention de la direction de Nantes, mais je ne suis pas très optimiste pour les délais de mise en place.

– Il leur faudra au minimum une heure trente pour venir de Nantes. Ils arriveront trop tard, intervint Giraud. Il nous faut trouver quelque chose d’autre, et vite.

– C’est également mon avis. À quelle heure la caméra a-t-elle relevé les images ? demanda-t-il en s’adressant au gros informaticien.

– Il y a un gros quart d’heure.

– On peut donc présumer qu’ils vont y rester encore un moment. Commissaire, je propose de faire appel au commissariat local pour qu’ils envoient une équipe.

– Je n’aime pas l’idée de mêler la police locale à nos actions… Mais c’est effectivement une solution. Appelez-les, et faites en sorte qu’ils envoient des hommes entraînés, avec armes et gilets. Contrairement à vous, je reste persuadé que Darlan et sa bande sont tout sauf des amateurs. Précisez-leur bien qu’ils sont potentiellement armés et dangereux. S’ils veulent un fax signé de ma part, venez me voir. Je vais informer mon homologue de Nantes de cette affaire et lui demander son concours. Si jamais la police locale rencontre une difficulté, je veux un plan B. Je leur demande une mise en place en hélicoptère.

Se tournant vers Pietri :

– Merci pour votre travail et pour m’avoir prévenu de la tournure des opérations. Continuez à surveiller leurs mouvements et venez m’informer s’ils ressortent. Autre chose : briefez un autre analyste sur l’utilisation de votre bidouille, je veux un autre agent sur le coup.

– Bien, monsieur, je fais ça tout de suite, acquiesça Pietri, masquant difficilement sa joie. Il s’inclina brièvement en guise de salut en sortant du bureau.

Giraud se leva de son fauteuil et fit quelques pas jusqu’à une armoire, posa la main sur la poignée, mais ne l’ouvrit pas : il se retourna, observa Brune, puis demanda :

– Puis-je compter sur le fait que vous allez vous en tenir à ce que j’ai demandé ? Sans me contredire davantage et sans chercher, cette fois, à outrepasser mes ordres ?

Patrick Brune soutint le regard de son chef pendant une seconde puis baissa les yeux, non par soumission, mais parce qu’il ne pouvait se payer le luxe d’échouer :

– Vous pouvez compter sur moi, commissaire, j’ai toujours agi pour le bien du service et je continuerai.

– Je l’espère bien! Je me fous de savoir si vous étiez ami avec Darlan et si vous méprisez Pietri. Seuls les résultats comptent. Notre mission ne doit pas dévier.

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