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  1. Olivaux Christian
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Chapitre 10

Lyon. Mercredi, 21 h 20.

 

Le casque sur les oreilles, Darlan avait suivi la conversation en temps réel. Il savait que beaucoup d’autres auditeurs, ses collègues, étaient également à l’écoute, sans qu’il puisse pour autant en avoir la certitude. Contrairement à ce que les gens pensaient (et à ce qu’on voyait dans les films), il n’y avait aucun bruit bizarre sur la ligne, aucun moyen de savoir que la conversation était écoutée ou enregistrée.

Dans une petite fenêtre en bas à droite d’un écran annexe, le logiciel de reconnaissance vocale venait d’identifier les deux voix avec une probabilité supérieure à 90 %, et donc de confirmer les identités des interlocutrices.

La réaction du centre ne se fit pas attendre. Des ordres de mission s’affichèrent. Le coup de fil d’Alexandra avait mis le feu à la cellule antiterroriste. L’activité sur le tableau de décisions ne laissait aucun doute : une opération se préparait. Les noms de dix hommes du groupe d’intervention s’affichaient ainsi que les moyens à mettre en place ; armes d’assaut, gilets et heaume pare-balles. Sur une autre fenêtre, Darlan assista en direct à la définition de l’articulation des équipes. Tous les moyens mis en œuvre étaient ceux d’une action antiterroriste.

L’adresse de Fallière s’afficha, ainsi qu’un plan du quartier où les policiers étaient déjà positionnés virtuellement pour préparer l’assaut.

Dans le briefing de mission qui s’affichait, la journaliste était présentée comme pouvant être au centre d’une opération beaucoup plus vaste, sa collègue Françoise figurait également dans la liste des suspects, toutes deux indiquées comme étant potentiellement dangereuses. Le commissaire Giraud semblait convaincu que les deux journalistes s’étaient donné rendez-vous chez Fallière pour accéder à un réseau plus vaste ou pour récupérer des informations ou du matériel. L’ordre avait été donné d’intervenir pour les stopper.

Darlan ne comprenait pas. Il regardait, incrédule, tous les éléments de décision qui s’affichaient sous ses yeux. Les ordres donnés lui semblaient aberrants et ne pouvaient être liés aux informations disponibles. Comment cette journaliste pouvait-elle être impliquée dans la vague d’attentats terroristes que le pays traversait ? Rien, aucune information ne permettait d’avoir un début de soupçon, elle ne correspondait pas au profil. Se pouvait-il que Giraud ait d’autres sources que celle du centre opérationnel ? Et si c’était le cas, pourquoi ses collègues et lui-même n’étaient-ils pas dans le secret ? Pourquoi le tableau de décisions n’affichait-il pas les éléments manquants ?

Depuis quelques semaines, le policier s’était déjà interrogé sur la logique et la pertinence de certaines décisions. Les deux dernières opérations avaient abouti à la mort de l’individu sous surveillance. À deux reprises, un tueur avait anticipé leurs mouvements, parvenant à exécuter le suspect et à disparaître au nez et à la barbe de policiers entraînés et dotés de tous les moyens nécessaires. Comment pouvait-il avoir toujours un coup d’avance ?

L’étude des profils des deux suspects assassinés montrait les mêmes incohérences. Ils ne correspondaient en rien au profil de terroristes qu’il s’était habitué à analyser. Ils n’étaient affiliés à aucune mouvance religieuse fondamentaliste, ni à des groupuscules extrémistes. Pas de voyage à l’étranger. Pas de coupure récente dans leur activité professionnelle (ce qui aurait pu leur laisser le temps d’effectuer un stage dans un camp d’entraînement terroriste). Pas de rentrée d’argent suspecte. En dépit de cette absence d’éléments probants, la sous-direction lyonnaise de la DCRI, sous les ordres de Giraud, avait pourtant monté des opérations… comme celle qui se préparait sous ses yeux.

Les choses se précipitaient sur les écrans. Quelques minutes plus tard, ayant complètement oublié la chaleur étouffante qui régnait dans son appartement (la puissance de ses ordinateurs y étant sans doute pour quelque chose), Darlan suivait sur la carte l’itinéraire des voitures des deux journalistes, trahies par le repérage de leur téléphone portable qui se matérialisait par des points verts sur l’écran. Les voitures de l’équipe d’intervention quant à elles, étaient représentées par des points rouges. La destination : l’appartement de Fallière visualisé par une croix qui clignotait également. Jouant sur le zoom de la carte, le policier regardait les points avancer rapidement, sur des itinéraires différents. Il s’imagina un instant dans un grand jeu de Pacman, se demandant si les itinéraires allaient se croiser et si, comme dans le jeu, un des points allait avaler l’autre. En fonction des distances à parcourir et du type de route, Darlan conclut qu’Alexandra arriverait au moins dix minutes avant sa collègue. Quant à l’équipe d’intervention, elle serait déjà sur les lieux avant son arrivée, dans quatre minutes selon le décompte de temps affiché.

Le policier se cala dans son fauteuil et observa avec attention l’avancement de l’opération. Comme au cinéma, il devint uniquement spectateur, se prenant au jeu. Alexandra Decaze approchait du domicile de Fallière. « Elle va se faire pincer avant même d’entrer », se dit-il. Mais pour l’instant, le tableau de synthèse indiquait un mode « attente » et « intervention sur ordres ». Signification simple : aucune intervention sans ordre direct de Giraud. Une fois de plus, il dirigeait tout, maîtrisait tout. En attendant d’intervenir, l’équipe devait rester discrète et préparer l’assaut en toute sécurité.

Darlan assistait à la scène, tranquillement installé chez lui, et pourtant il ne parvenait pas à se sentir serein. Il ne pouvait se départir d’une certaine angoisse, redoutant de revivre le scénario des deux dernières opérations. Il espérait que le dénouement serait différent cette fois. Il cherchait sans conviction, dans la multitude d’informations affichées, quelque chose qui aurait pu contredire ce sentiment désagréable.

Sur la carte, le point correspondant à la voiture d’Alexandra s’immobilisa dans la rue, à trois cents mètres de l’immeuble de Fallière. Elle venait de passer devant une des voitures de patrouille sans s’en apercevoir. Encore un peu, et elle se garait juste à côté de la voiture banalisée.

Un message de compte-rendu s’afficha dans un coin de l’écran principal.

Tout allait se jouer maintenant.

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