Chapitre 6
Paris. Salle de crise, niveau – 5. Rue des Saussaies. Mercredi, 18 h 30.
Une salle de réunion en sous-sol, cinq hommes en costume. Un éclairage cru émanant de rampes dissimulées sur le haut des murs, censé imiter la lumière solaire illuminait des murs blancs, sans décoration. Un téléphone était posé au milieu de la grande table ovale entourée de fauteuils en cuir aux dimensions prétentieuses dans lesquels avaient pris place les participants. Un écran géant au mur, piloté depuis un clavier manipulé par un des hommes, affichait plusieurs photos. L’une d’elles était celle d’Alexandra Decaze.
Un des hommes :
– Donc, nous avons récupéré tous les documents ?
– Oui monsieur, répondit une voix d’homme sortant du haut-parleur du téléphone, ils ont été détruits selon vos ordres… mais…
– Y a-t-il autre chose ?
– J’ai bien peur que le problème ne se soit déplacé. Un des hommes du bureau de Lyon semble avoir identifié le contact. Une femme, une journaliste. Par ailleurs, le composant n’était pas dans la sacoche.
– C’est elle ? demanda d’un ton impérieux celui qui trahissait sa position de chef par son impatience à obtenir des résultats.
– Oui, monsieur.
– Je n’aime pas ça. Vous étiez censé clôturer définitivement cette affaire. Une journaliste, en plus. Je n’ai pas besoin de vous rappeler les conséquences si l’affaire s’ébruite.
– Cela n’arrivera pas, intervint un des hommes en costume civil, pourtant général de son état. Nous maîtrisons la situation. Cette journaliste ne pourra pas remonter la piste de Fallière ou faire le moindre rapport entre le composant et notre affaire. J’ai lu rapidement son dossier, elle ne représente pas de menace. Je pense que vous lui accordez trop d’importance. Notre montage est tel qu’il est virtuellement impossible que quelqu’un découvre quoi que ce soit. Quasiment tous ceux qui savent sont dans cette pièce. Pour ma part, je considère que le problème est clos...
– Charles, votre trop grande confiance en vous vous perdra et nous fera perdre. Nous n’avons pas le droit à l’erreur, souvenez-vous-en !
L’homme, haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, imposait naturellement son autorité.
– Permettez-moi de ne pas partager votre enthousiasme. Je préfère que nous agissions préventivement plutôt que de laisser le doute s’installer.
– Nous ne sommes pas en guerre et je répugne à continuer d’utiliser de telles méthodes sur notre propre territoire et sur une population civile.
– Je reconnais bien là le sens de la mesure qui vous fait honneur et j’en prends bonne note. Mais je ne peux me permettre de laisser la moindre poussière gripper l’engrenage de ce que nous accomplissons.
S’adressant à l’homme au téléphone :
– Ne laissez pas cette femme publier quoi que ce soit sur notre affaire, vous avez vos méthodes, je ne veux pas de vagues. Je ne serai rassuré qu’avec la certitude que le problème n’existe plus.
– Bien, monsieur.
Puis s’adressant à l’un des hommes qui suivaient la conversation depuis le début sans intervenir :
– Nous devons nous occuper des médias. Cette affaire à Lyon va faire la une du journal de vingt heures. Faites en sorte de monter en épingle la thèse du groupe terroriste sur notre territoire, par les voies habituelles. Un surcroît de peur ne peut que servir nos intérêts.
– Je m’en occupe.