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Au salon, le 20 heures de TF1 rapporte qu'à Amman, l'avocat français Jacques Vergès se déclare prêt à défendre Saddam Hussein, capturé par l'armée américaine quatre jours plus tôt.
Dans la salle d'eau, Anita, rongée d'anxiété, fait sa toilette à Nicolas. Accident, fugue, infidélité, enlèvement, assassinat, tous les cas de figure lui sont passés par le crâne. Plus la nuit s'épaissit, plus son angoisse se transforme en terreur. Un temps, elle a songé à rappeler chez Valérie et à se confier à Hugo, à utiliser les recours qu'un procureur pourrait mettre à sa disposition... Et puis, la menace de Roger Petit l'a tétanisée. Elle ressent cette inaction comme imposée au plus profond de sa chair. Il faudrait que ça sorte, qu'elle crie, qu'elle hurle sa détresse. Elle en est incapable, une douleur lui oppresse la poitrine, l'empêche de respirer. Il est mort. Je suis sûre qu'ils me l'ont tué.
Nicolas se cache la tête dans sa veste de pyjama et fait celui qui s'y est perdu, ne trouvant plus la sortie. L'enfant rit aux éclats. Pauvre petit chou, peut-être qu'à cette heure-ci, tu n'as plus de père.
Attirée par le tapage, Noémie s'est figée sur le seuil, les yeux pleins de reproche, justicière inflexible.
- Arrête, idiot ! Tu ne vois pas que maman est triste !
Une grosse boule noue la gorge d'Anita.
Valérie a appuyé, au hasard, sur une touche de l'autoradio de la Corolla amarante qu'elle n'a jamais conduite; Henri Salvador enchante son Jardin d'hiver.
Sa vacuité l'a menée sur le minuscule port de La Hume où subsistent quelques cabanes d'ostréiculteurs closes pour la nuit. Elle prolonge jusqu'au chenal que la marée montante abreuve. Sur sa gauche, les lumières d'Arcachon et, en face, celles d'Andernos paillettent la nuit d'échos d'étoiles. Par la vitre ouverte, le léger vent salé lui caresse les cheveux.
J'ai passé de bonnes vacances ici, avec Monique et Sébastien... Pourtant je n'aimerais pas forcément revivre mon enfance... Comme le restant de ma vie, d'ailleurs. J'aimerais que demain soit plus beau qu'hier et aujourd'hui... J'exagère, y a tellement plus malheureux que moi... Le village médiéval, savoir ce qu'il est devenu.
Elle prend la route des lacs... Elle passe devant le jardin botanique... C'est quoi, ce truc?... « Kid Parc » ! Ils ne peuvent pas parler français? Le bateau pirate, le bateau fantôme... Un ersatz de Disney World! C'est nul! Qu'est-ce qu'ils ont fabriqué de mon village?... Ah! le voilà! Le site présente toutes les caractéristiques d'une faillite affichée. C'est pas vrai, ils ont mangé la grenouille, mes Gaulois! Faut dire qu'ils étaient un peu hors de prix... Remarque, leur Kid Parc doit l'être tout autant... Qu'est-ce que je cherche, moi, dans cette virée? Papa se fait sûrement du souci. Je lui ai gâché sa soirée... Bah, non, peut-être pas. Il a dû se remettre à écrire, il ne pense déjà plus à moi... T'es vache de dire ça... Savoir si le camping où venait Sébastien existe toujours. Elle dépasse Aqualand et ses promesses de délices nautiques, franchit la nationale et file vers le sud.
Le premier lieudit à sa droite a été baptisé « Beaudésert », tout un programme. Pas si désert que ça, des maisons ont poussé un peu partout. Plus loin, les épicéas et leurs aiguilles enténébrées par la nuit ouvrent à la départementale une voie rectiligne sur des kilomètres. Qu'est-ce que je dois fabriquer de mes fichus enregistrements? D'ici que ces salauds aient tué Dubreuil! Je ne me le pardonnerais pas... Ils ont bousillé ou volé tous les éléments de preuve, aussi bien chez lui qu'à la BGD ou chez moi. Pour accuser Moran, je n'ai plus que mon CD et le DVD... Et pour faciliter les choses, certains flics sont complices!
Le hameau de Contretout lui tire un sourire. Celui qui a trouvé le nom devait être dans mon genre... Hugo va flancher, il ne m'accompagnera pas à la brigade financière... T'as qu'à y aller seule et balancer la sauce à Bensoussan... S'il est dans le coup, il fera disparaître mes preuves... Ils vont chercher à me liquider, je ne leur ai pas laissé d'autre choix. T'es malade de penser ça! Ah! il y est plus le camping... C'est l'aérodrome qui s'est agrandi... Ou alors, je me trompe, il était plus loin, vers le chemin du Loup. Elle tourne à gauche, sur une route étroite à l'entretien négligé. Si je planque le CD et le DVD, ils me tortureront pour me faire avouer, ce genre de mec est prêt au pire pour aboutir. Je ne parviendrai jamais à résister. Je souffrirai et je mourrai. Et pour quoi? Pour une cause idiote, pour une certaine idée de l'équité, de la moralité, des valeurs archidémodées! Je tiens si peu à la vie?... C'est Hugo qui est dans le vrai. Mémé me l'a répété mille fois : « Pour vivre heureux, vivons cachés. » Elle lorgne le rétroviseur. Ce serait plus raisonnable que je détruise mes preuves et que je change de job... Si tu les détruis et qu'ils te tombent dessus, ils ne te croiront pas. Ils te tortureront et te feront la peau de la même manière! Alors, autant les garder et les planquer... Elle croise le chemin du Loup. Nouveau coup d'œil dans le rétro. Pour en faire quoi, pétard, pour en faire quoi?!... Et les planquer où ?... Le rétro. La vague impression qu'elle avait, sans en prendre réelle conscience, s'affirme... Ces phares me suivent depuis Aqualand! Comment je n'ai pas réalisé ça plus tôt, bon sang?!
Instinctivement, elle écrase l'accélérateur, la Toyota s'élance sur le bitume rapiécé. À l'arrière, les phares sont distancés. Je déraille! le me fais de ces peurs. Pour en avoir le cœur net, elle vire à droite. J'aurais dû aller à gauche, ça m'aurait ramené vers l'autoroute. Remarque, calée contre l'autoroute, je ne pourrais pas faire grand-chose si... Merde!
Les phares ont tourné également. Ils grossissent à vue d'œil.
Valérie sent son pouls battre dans la gorge.
- Maintenant, t'es fixée. Faut pas t'affoler, faut pas t'affoler, la panique est mauvaise conseillère.
Elle a grand mal à avaler sa salive. Joël... C'est pas impossible que ce soit lui. Il m'en veut à mort de l'avoir quitté, il compte les jours, il m'a prévenue que ça pouvait devenir meurtrier autant pour moi que pour lui... Elle lève le pied. La voiture approche... Comment il serait arrivé jusqu'ici? Facile! il passe son temps à m'épier, il disjoncte complètement... Ce n'est pas les phares de la Fiesta, ceux-là sont plus gros... Et plus hauts... On dirait un 4 x 4... Elle laisse le suivant gagner du terrain... C'est un 4 x 4. Et y a pas que le conducteur, y a au moins trois silhouettes! Oh! nom d'un chien! Un tremblement incoercible la secoue.
Elle rudoie à nouveau l'accélérateur.
À Beau Site, Hugo, pris de remords après son raccrochage colérique, a rappelé La Hume. Patrick a noté son numéro avant de décrocher - une manie prise au conseil général — et l'a informé que Valérie venait de partir pour une balade qui ne le réjouit guère. Ils ont évoqué, sans précision aucune, les tourments professionnels vécus par la jeune femme. Patrick a dit à Hugo qu'il aimerait faire plus ample connaissance. Hugo a proposé de venir passer quelques heures; son interlocuteur a accepté avec enthousiasme, voyant là une occasion d'alléger son attente solitaire. Je lui donne mon numéro de portable pour qu'il appelle Valérie? Elle risque de le prendre mal. Si elle trouve son petit copain ici en revenant, je lui expliquerai que je ne pouvais pas refuser sa venue sans être impoli. Elle sera d'accord... Pas sûr, on est si rarement d'accord.
Hugo roule donc sur l'A66 en direction d'Arcachon quand sonne son téléphone. Sur l'écran, il lit un numéro 06 et le nom de Patrick Lataste. Giclée d'adrénaline. Valérie a un problème! Il prend la ligne.
- Monsieur Lataste?!
La voix de Valérie exprime l'affolement total.
- Non! C'est moi! J'ai le portable de mon père! Je suis sortie me promener, un 4 x 4 m'a prise en chasse !
Dans la poitrine d'Hugo, le cœur a fait un bond violent, le sang lui cogne les tempes.
- Calme-toi, mon amour, calme-toi. Où es-tu?
- Je ne sais plus exactement! J'ai tourné, j'ai retourné, ils n'ont pas décroché ! Ils sont trois ! Peut-être plus !
- Il se peut que ce soient des policiers, tu sais qu'ils te cherchent.
- Même si ce sont des flics, je ne peux pas leur faire confiance ! Pour qui ils roulent?! Pour l'État ou pour Collin?!
J'en sais fichtre rien! Hugo se mord la lèvre et, par réflexe, accroît sa vitesse pour gagner au plus vite la « scène de crime ».
- Ils s'approchent très vite?
- Leur véhicule ne doit pas être tout jeune, je réussis à les tenir à distance! Ils sont plus lourds, ils n'arrivent pas à me rattraper mais ils m'obligent à rouler beaucoup trop vite ! Je me demande si ce n'est pas leur but, me contraindre à l'accident dans un lieu isolé et m'achever!
- Je vais appeler un OPJ dont je suis sûr, un copain de fac, José Palacio.
- Je le connais pas ! Comment ça se fait que je connaisse aucun de tes amis?!
- On réparera ça. Je coupe et je te rappelle de suite après.
- Ne me laisse pas tomber!
- Mais non, Valou! Je suis avec toi! Je reviens tout de suite.
Il pianote sur le clavier. La réponse est quasi instantanée.
- Oui?
- Hugo. J'ai un grand service à te demander, José. Es-tu en mesure de faire amener une patrouille dans le secteur La Hume-Gujan?
- Ce n'est pas à toi que je vais l'apprendre, en principe, c'est la zone d'intervention de la gendarmerie.
- Je sais. Mais j'ai besoin d'une réaction ultrarapide, je ne dois pas être obligé de me perdre en explications. T'as certainement un homme de confiance au commissariat d'Arcachon...
- Oui. Une femme : Chantal Provost... Quelle est la mission?
En entendant une voiture s'arrêter sur l'allée des Parqueurs, Patrick se rue presque au-dehors. La revoilà! Sa déception est cruelle quand il découvre une Fiesta verte et reconnaît Joël qui en descend. Qu'est-ce qu'il vient foutre ici, ce pauvre Joël ? Il va se casser le nez sur son remplaçant!
Moins de dix minutes plus tard, l'amoureux transi s'est expliqué.
Sachant « la seul'personn'au mond'qui compt'» pour lui en grande détresse, après « un' magouill' bancair' où on veut lui fair' porter l'chapeau » et « convaincu qu'sa caval' aboutirait chez son pèr'», il a décidé de montrer à celle « qui n'sait plus très bien où elle en est dans ses sentiments » qu'il est « un pilier sur l'quel ell' peut s'appuyer ».
N'écoutant que son amour et son dévouement et laissant déroutée la voisine Véronique, ses crêpes et Tom « en hommage à Tom Cruise », il a foncé, droit dans la nuit, sans prévenir de sa venue, pour éviter un rejet de sa proposition d'assistance car « vous la connaissez, M. Lataste, Valérie a horreur d'déranger. Et c'est à moi d'la tirer des patt's d'ceux qui lui veul'nt du mal. »
Quand Joël a fini de lui expliciter les tourments de Valérie - du moins, le peu qu'il en sait et le beaucoup qu'il croit en savoir; un salmigondis d'où il a expurgé l'assassinat de Laurent Dubreuil, car il ne tient pas à ce qu'on apprenne qu'il en a été témoin -, Patrick Lataste est au bord de la crise d'angoisse; des affres d'autant plus croissantes que tous les appels qu'il transmet à son portable se heurtent à sa propre voix : « Bonjour. Je ne suis pas disponible pour le moment, mais vous pouvez me laisser un message et je vous rappellerai. Merci. »
En excès de vitesse constant au volant de sa Golf GTTDI blanche, Hugo connaît des tortures psychologiques similaires. José Palacio a pris les choses en main. Sa collègue et amie, le capitaine Chantal Provost, bien que n'étant plus en service depuis une heure, a recruté deux lieutenants du commissariat d'Arcachon pour se lancer à la recherche de Valérie qui, tentant toujours de semer ses poursuivants, s'est absolument égarée dans la forêt Nezer, au sud de Gujan-Mestras.
Valérie n'a jamais eu le sens de l'orientation. La terreur vécue a centuplé cette incapacité. Elle n'est plus à même de définir vers quel point cardinal elle se dirige. À Chantal Provost, avec laquelle elle dialogue sur le portable - dont l'indisponibilité permanente terrifie son père -, elle n'est apte à déclarer que « je tourne à droite, une petite route pourrie », « je suis sur un chemin étroit, mal goudronné », « y a des pins partout, je pourrai plus en voir un de ma vie sans vomir! », « oui, ils me suivent toujours; non, ils réussissent pas à se rapprocher! Je vais trop vite, ils veulent que je me tue! ».
Chantal Provost tient José Palacio informé. Et chaque fois qu'Hugo cherche à le joindre, la ligne est occupée. L'enfer.
Un beau feu flambe dans la cheminée. Outre l'attente, Joël souffre, de surcroît, un autre martyre.
- Vous avez pas un' bièr'?
- Non, je n'en bois pas.
- Vous avez p't-êt' un d'vos p'tits pinards?
- Pinards! Ce n'est pas bon pour vous, ces choses-là, Joël. Je vais nous faire du café.
- J'support' pas, ça m'énerv'.
- Du déca, alors...
- Oh, non, j'aim' pas. Ça fait rien, j'ai pas soif... De tout' façon, j'vais arrêter de... J'ai promis à Valy; ell'tolèr' pas.
- Faut la comprendre.
- Oh mais, j'la comprends!... J'ai d'jà arrêté.
- C'est bien.
— Oui, j'veux r'coller les morceaux avec ell'. J'ai déconné. Faut que je répar'.
- Vous savez, Joël... Le substitut va débarquer. Dans la vie, il y a des moments où l'on doit tourner la page. Comment ça se fait qu'il n'ait pas encore réalisé?
Le téléphone sonne. Les deux hommes se précipitent. Patrick décroche. Joël remarque qu'il n'est pas le seul à trembler.
- Monsieur Lataste. Hugo.
- J'ai reconnu votre voix.
- Je n'arriverai pas directement chez vous. Je viens d'avoir des nouvelles de Valérie. Elle s'est un peu égarée en forêt, je vais la rejoindre. J'ai préféré vous prévenir pour que vous ne vous inquiétiez pas.
- Je suis très inquiet, justement!
Joël opine du chef.
- Qui c'est?
- Comment lui répondre? J'ai essayé de l'appeler mais le portable que je lui ai prêté est constamment sur messagerie!
- C'est normal. Elle est en ligne avec un service de police qui va se charger de la remettre sur la bonne route.
- Mais, elle est si perdue que ça? Je ne comprends pas, elle connaît bien ce secteur...
- Je vous assure, ne vous affolez pas. Il faut que je raccroche, je suis en voiture et je répugne à être en infraction. À plus tard.
Hugo a coupé la ligne.
- Il ne me dit pas tout.
- C'était qui?
- Le... Un ami de Val.
- L'proc?
- Vous le connaissez?
- Un peu.
Décidément, ces ménages modernes me surprendront toujours!
La Golf fonce dans la nuit. À Facture, Hugo a dévié vers Mios avec le dessein de rattraper la D216, direction Caudos. José Palacio a fini par le rappeler. Il a dit que d'après les indications fragmentées qu'elle fournit à Chantal Provost et ses adjoints, Valérie doit être en train de tourner quelque part entre Caudos, Sillac et Bilos. On lui a conseillé d'aller droit à l'est où elle trouverait la départementale aux nombreux bourgs, mais elle est incapable de se repérer et peut se diriger aussi bien vers le cœur de la forêt que vers les étangs de Sanguinet ou Biscarosse. À bord du Pajero personnel de Chantal, les policiers font ce qu'ils peuvent pour l'intercepter avant ses traqueurs. Quand je pense que Valérie s'imagine ne pas être aimée, je ne sais pas si elle se rend compte du nombre de gens que son sort mobilise... Bien sûr, elle me dira que ce n'est pas de l'amour, que c'est de la fonction publique... Après tout, il se peut que les fonctionnaires soient de grands amoureux. Il riote. J'ai pourtant pas envie de rire.
Maniant d'une poigne ferme volant et levier de vitesses du Pajero, le dos douloureux, Chantal Provost étire son corps longiligne au buste élancé. Un pli soucieux lui ourle le front, porté haut sur un visage fin au regard brun déterminé.
Elle réajuste le micro du portable mains libres.
- Décrivez-nous votre environnement, Valérie.
- Des pins ! Y a que des pins, dans cette fichue région!
- Ce n'est pas un problème, je trouve que vous vous débrouillez très bien avec un volant. Les rigolos qui vous suivent ne sont pas à la hauteur.
- Vous dites ça pour me flatter! Ils font exprès! Ils veulent que je finisse par m'en payer un, de ces satanés conifères ! Après, ils n'auront qu'à m'achever!
- Nous sommes en relation avec Bouygues Telecom, ils vont repérer votre émission. Vous savez qu'un portable, c'est comme un collier électronique. Il envoie un signal qui indique sa présence aux cellules de retransmission les plus proches. L'opérateur peut vous localiser...
- J'arrive à une route à deux voies goudronnée! Je la prends ! Je tourne à gauche !
- C'est bien ! Restez sur cette route !
- Elle est droite comme un i ! Aussi loin que portent mes phares, je ne vois pas de virage !
- Qu'est-ce que vous voyez?
- Des pins !... Je viens d'avoir un ding dong, ma batterie va lâcher!
- Branchez le cordon de recharge avec l'allume-cigare.
- Je ne l'ai pas !
- Regardez s'il n'est pas dans la boîte à gants.
- Je regarde!
Chantal se tourne vers le plus jeune des lieutenants, assis à sa droite, Loïc Bourdieu, un grand costaud au teint rose dont les cheveux châtains touchent le plafond de l'habitacle.
- Toujours rien de Bouygues?
— Négatif.
- Vous le trouvez, ce cordon?
- Non! Il... pas!... ture... père... lui... zolée...
- On est en train de la perdre, merde!... Vous m'entendez, Valérie ? Vous m'entendez? !... Ah, merde !!!