Ce samedi, Valérie et Hugo font l'essentiel de
leurs achats de Noël dans une rue Sainte-Catherine bondée.
Et, pendant qu'ils hésitent aux Galeries Lafayette
sur le coloris d'une écharpe de cashmere destinée à la sœur d'Hugo,
Laurent Dubreuil signe - en l'absence d'Anita, de garde à l'hôpital
- le recommandé avec AR d'Alexis Barrois lui enjoignant de couvrir
la provision du chèque impayé pouvant lui valoir interdiction
bancaire. J'en parle à Anita? Ça va bousiller
le week-end... De toute façon, si Moran paie ce qu'il me doit,y
aura plus de problème... Il paiera, je lui ai flanqué la
trouille... Je dis rien à Anita.
Noémie sourit.
- C'est quoi, cette lettre?
- Un... Un papier que j'avais demandé. Rien
d'important, ma biche.
Il ment! Quand la factrice
fait signer, c'est toujours important.
L'après-midi même, le destin de la petite fille va
basculer.
Sur les hauteurs de Carignan, Jean-Denis Moran et
Jacques Collin foulent à pas de sénateur la piste tracée sur les
prairies du domaine, doucement inclinées vers les vallons de
Fargues-Saint-Hilaire et Lignan, que le politicien appelle « ma
petite vallée suisse ».
Conversant avec vigueur loin des oreilles
indiscrètes, les deux compères se sont depuis un bon quart d'heure
écartés du château, orgueil de « Vautrin », né dans
l'impécuniosité.
On doit reconnaître que la bâtisse début
XIXe, à soubassement, deux étages et
attique, aux harmonies parfaites, accueillant le visiteur par un
ample escalier à double volée, a fière allure. Elle est
énigmatiquement devenue la propriété de Collin en 91, léguée par
Jean-Gabriel Vaumard, magnat de l'agroalimentaire décédé après
avoir perdu ses héritiers directs dans la chute toujours
inexpliquée de son jet privé.
Nerveux, massant sa barbe en pointe, le ténébreux
efflanqué stoppe net, face à son compagnon qui manque de le
percuter.
- Si je comprends bien, il faut que je dirige la
manœuvre!
La sombre voix a roulé dans la profondeur des
enfers lyriques.
Le beau Moran ne se départ pas de son
sourire.
- Dubreuil et sa source d'information à la BGD
peuvent gravement nuire à nos intérêts, Jacques... Tu as des moyens
d'investigation que je n'ai pas pour identifier et neutraliser...
d'une manière ou d'une autre.
Collin reprend la promenade.
- Tu me surprends... Tu n'es plus le boss, pour ta
clique de vauriens?
- Justement ! ce serait excessif de dire qu'elle
ne vaut rien mais... c'est une clique qui n'est pas de taille à
interpréter des partitions aussi complexes... Mes exécutants sont
nettement moins performants que tes anciens amis du Comité ordre et
action.
- Ils sont toujours mes amis.
- Je sais... Tu es fidèle en amitié... Toi et eux,
c'est Furtwângler et le philharmonique de Berlin; moi, comparé à
vous, je suis le chef de fanfare de Mouilleron-le-Captif.
Collin émet une espèce de « han » en guise de
ricanement. Moran se borne à accentuer son sourire incessant; il
conçoit qu'il serait malséant de s'esclaffer de ses propres
plaisanteries. Son œil se réjouit de voir le sévère parlementaire,
« l'ancien premier flic de France », sortir un portable dernier
cri.
- Je dois bien avoir deux ou trois sympathisants
au marché de gros.
- Je me doute.
- Ton boucher a dû bavarder. Quant à l'antiquaire,
d'après ce que tu me dis, je parie qu'elle ne sait pas tenir sa
langue.
Il s'immobilise, pianote un code et porte le
téléphone à l'oreille.
- Je suis sûr que, d'ici deux heures, je peux
savoir qui est la gonzesse de chez Geoffroy-Dornan qui nous cherche
des noises. Et ce soir, on prend les dispositions qui
s'imposent.
Moran irradie.
- Je suis heureux de te voir aux commandes; je te
remercie.
Collin hausse les épaules et grogne.
- J'ai pas envie que tes incapables aillent me
foutre dans une chiasse qui puera jusqu'à Pétaouchnock... Allô,
Thierry?... Bonjour. Bien et toi? Tu peux passer?... Non, je suis
au château, je suis rentré de Bruxelles hier soir... Le plus tôt
possible, c'est urgentissime, toi et tes zèbres, vous allez avoir
un week-end chargé... Je t'attends.
Il rempoche l'appareil. Ils reprennent leur
déambulation.
L'œil de Moran pétille.
- Cette atmosphère me fait penser à l'enlèvement
du colonel Argoud. Il faisait un temps comme aujourd'hui, à
Munich.
- Je me souviens plus... On a été bons, sur ce
coup-là. Le beau Jean-Denis rit.
- Excellents! Et on avait des couilles! On leur a
mis bien profond, aux arrogants de l'OAS. Ramener leurs cinq
ficelles clandestinement en France pour le déposer, saucissonné,
devant chez les flics, fallait le faire ! Y avait que des électrons
libres allumés comme nous, pour oser ça !
Vautrin se fend d'un sourire récalcitrant.
- Si nous n'avions pas eu le jackpot des fonds
secrets de la barbouzie en point de mire, je ne sais pas si on
aurait eu le culot.
— Nous sommes d'une cupidité affreuse.
- Mortelle!
Ils rient. Des rires qui ressemblent à deux
grimaces. Un nuage voile le ciel bleu des yeux du bâtisseur.
- Dans des rêves, ça m'arrive de me revoir en
train de massacrer nos plus estimables compétiteurs de l'époque...
Ça t'arrive, toi?
Qu'est-ce qui lui
prend? Le masque durci de Collin s'est glacé.
- Non. J'ai autre chose à foutre.
Une espèce de convulsion sardonique secoue
Moran.
- Nous en avons fait couler, du sang.
- La saison le voulait... Il nous a soudés tous
les cinq pour l'éternité... « Pour la vie, pour la mort »,
rappelle-toi.
- Je me rappelle... Et ces cinq-là ont fait des
disciples... Parfois, je revois aussi toute la famille Dal...
- Ça suffit! Cramés
vivants!
La voix de basse wagnérienne a tonné, un éclair
fracassant parole et pensée.
- Ça n'a jamais existé, Jean-Denis ! Pas davantage
que ce que je vais être amené à faire pour te sortir de la merde!
C'est clair?
- Sûr! Je suis
stupide! Pardonne-moi, ces dix secondes de...
d'égarement.
- Quand on est un homme, la fin justifie toujours
les moyens.
Moran acquiesce avec un rictus et cherche à faire
diversion pour rattraper sa bévue.
- Je me doute qu'y a encore aujourd'hui six ou
sept ex-barbouzes gaullistes pur jus, estampillées ministère de
l'Intérieur ou Matignon, ou peut-être même Élysée, va savoir, qui
se demandent où il est passé, leur foutu trésor de guerre.
- Là où cinq plus malins l'ont investi.
L'évidence ronchonnée fait éclore des embryons de
sourires. Sur le même ton, Vautrin relativise.
- En fait, divisé par cinq, ça tenait plus de la
caisse noire que du... « trésor de guerre », comme tu dis.
- Moi qui te parlais de fanfare, disons que
c'était une grosse caisse.
L'image ouvre une vanne à la surpression : Vautrin
rit. Le solliciteur est bien aise d'avoir apaisé son sauveur. Tous
deux éprouvent un impérieux besoin de se détendre; ils regagnent le
château aux alcools prometteurs.
Le dimanche, chez les Dubreuil, Louis et Reine se
sont invités, juste pour savoir s'il y a du nouveau. Il y en a -
l'injonction de Barrois -, mais Laurent a choisi de n'en parler à
personne. Il pense que Noémie, qui pose parfois sur lui un regard
appuyé, a compris que ce secret est lourd à porter. Il n'en est pas
sûr... Il n'est plus sûr de rien, et surtout pas de lui; il a hâte
d'être à demain midi pour connaître la réponse définitive de
Moran.
Cette réaction du promoteur à la pression qu'il a
exercée, avec l'appui de Valérie Lataste dont il exalte les
mérites, a été le sujet de conversation principal du déjeuner.
Anita appelle « chantage » ce en quoi Laurent ne voit qu'une «
revendication », justifiée par un désaccord sur les modalités
abusives d'un marché despotique - la posture très professionnelle
d'un bon gestionnaire, somme toute.
Et puis, il n'a pas d'autre choix! Louis et Reine,
qui se sont caparaçonnés d'assurance depuis la dernière discussion
sur ce chapitre, le répètent, sans geindre cette fois-ci : il n'est
pas question pour eux de prêter un centime, cela ne servirait qu'à
creuser un trou pour en boucher un autre.
- Tu sais, mon Lolo, je suis allée à Saint-Éloi,
l'église d'Andernos, et j'ai fait une grande prière... Moran va te
rendre ce qu'il te doit.
Elle me tape sur les nerfs,
la grenouille de bénitier! Anita, bouillonnante d'énergie,
se lève pour ôter les assiettes souillées.
- Saint-Éloi, il s'y connaissait question finances
! Si ça marche pas, il nous restera le suicide collectif! On n'aura
qu'à venir dans votre jolie maison et se jeter à l'eau! Pour votre
fiston, ce sera facile, vu qu'il ne sait pas nager...
Le père et la mère sont estomaqués. Anita plaque
rudement le plateau à fromages sur la table. Le « fiston » roule de
gros yeux ronds. C'est pas sympa de leur
parler comme ça, ils n'y sont pour rien. Il remonte sa mèche
et prend le parti d'en rire.
- Si je veux me noyer à Andernos, faudra que
j'attende les grandes marées !
Il rit fort. Soucieuse de ne pas avoir l'air de
rater un trait d'humour de sa belle-fille qui lui aurait échappé,
Reine s'esbaudit.
- Pourtant, reconnais que ce n'est pas faute de
t'avoir amené à l'eau quand tu étais gosse ! Tu sais que ça se
soigne, ta phobie !
Anita en rajoute une couche...
- Vous en faites pas, mamie, pour l'instant, il
nage à merveille dans les emmerdes.
- Maman ! T'as dit un gros mot !
Reine tasse sa serviette en bouchon, la pose sur
la table et pousse un énorme soupir.
- Oh! J'en ai assez, vos problèmes me rendent
malade... Si vous manquiez d'argent, vous auriez pu éviter les
vacances au Maroc, l'an dernier, et le changement de voiture au
printemps.
- Maman, je te rappelle que c'était une occasion
de 2001 qu'on a payée moins de 10 000 euros...
- Si Anita n'avait pas exigé une automatique, tu
aurais pu faire des économies.
- Elle me gave grave, la
beldoche ! « Nous » aurions pu faire des économies; je
contribue aux ressources du ménage, vous êtes au courant? Et puis,
qu'est-ce que vous voulez, passer les vitesses dix mille fois par
an pour aller et revenir du boulot, je trouve ça nul. Je n'ai aucun
besoin de me réconforter en brandouillant un phallus.
- Anita ! Vos enfants !
Reine est scandalisée.
Mi-figue, mi-raisin, Noémie et Nicolas
écarquillent les yeux.
- Ah! mais c'est pas un gros mot « phallus »,
hein! Vous connaissez pas ? Vous devriez, y a des tas de religions
qui l'ont divinisé! Pas la vôtre? Les hindous, si.
Laurent remonte sa mèche, en partie pour masquer
son envie de rire. C'est en vain que sa mère cherche du regard un
secours venant de sa part. Dépitée, elle hausse deux fois les
épaules en secouant le crâne.
- Décidément, je... j'aurai toujours beaucoup de
mal à vous comprendre, Anita.
- Ne persistez pas, ça doit vous fatiguer
inutilement.
Faut toujours qu'elle ait le
dernier mot! Bec cloué, Reine branle du chef. Louis, qui
depuis qu'il a fini sa blanquette de veau observe et écoute sans
rien dire, fait la grosse voix.
- Je propose que nous changions de sujet! Que
fais-tu à l'école en ce moment, Noémie?
- J'ai plus faim. Je peux aller dans ma
chambre?
- Je peux y aller, moi aussi?
Laurent singe l'effarement.
- Et la mousse au chocolat que papy a préparée!
Vous n'en voulez pas? Vous savez qu'il fait de la très bonne
cuisine, papy!
Déjà sur le départ, les mômes regardent leur père,
se regardent, flottent, décident : le petit fait oui de la tête; sa
sœur opine, sous condition.
- J'en veux... Mais on parle d'autre chose que
l'école.
Ils se rasseyent. Anita se pare d'un sourire
commercial.
- Au fait, vous croyez que c'est Saddam Hussein
qu'ils ont arrêté, hier, ou que c'est un de ses sosies?
Ses interlocuteurs se consultent, étonnés.
Anita tranche dans le gruyère...
- Cherchez pas! Aucun rapport avec ce qui précède.
Mais papy a raison, faut changer de sujet... C'est plus commode...
Quelqu'un veut du gruyère?
Valérie et Hugo marchent, pieds nus, sur le sable
humide de la plage Pereire quasiment déserte — Arcachon ne compte
guère à cette période que ses onze mille cinq cents habitants ; ils
étaient multipliés par dix, cet été. Hors saison, la jeune femme,
qui a passé une partie de son enfance non loin de là, à La Hume,
vient souvent ici déambuler de la sorte pour faire le vide.
Elle a initié Hugo à sa pratique; il y a adhéré à
cent pour cent. Main dans la main, silencieux, ils côtoient l'océan
étale.
« Faire le vide »... Vœu pieux. Combien on a de procès pour viol de mineurs, la semaine
prochaine? Huit, dix ?... C'est fou, à ce rythme de croissance, on
sera un jour obligés de tourner vingt-quatre heures sur
vingt-quatre, rien que pour ces affaires... Ils se sourient.
Il lui baise la joue. Pourquoi je suis allée
copier ces fichiers sur disquette ? Je suis malade! Il m'a
tellement énervée, ce con de Léglise !... En rentrant, je vais
l'effacer... D'ailleurs, faut que j'efface tout ce que j'ai, à
l'appart' comme à la banque. Moran est une trop grosse pointure, je
n'ai pas les épaules pour me mêler de ses truanderies... Peut-être
que Dubreuil l'a impressionné et qu'il paiera... Tu parles! T'as vu
sa tête, à Dubreuil? Laisse-moi rire!
- À quoi tu penses, Valou?
- À... à rien... c'est féerique, ici, je
décompresse total. Et toi?
- Moi aussi. Faudra que je
revois cette affaire de défaut de soin à enfant par le père qui a
plaqué sa concubine... Comment il s'appelle, déjà, ce môme ?...
Pfou, on a trop de dossiers.
Une vaguelette vient mouiller le pied droit de
Valérie.
— Tiens, la mer se met à remonter.
— Mm, mm... En rentrant sur Bordeaux, on passe à
La Hume, dire bonjour à ton père?
— Bof, j'en ai pas envie, une autre fois.
Je suis une mauvaise fille... Je ne l'aime pas
comme une fille devrait aimer son père... Tu crois qu'un enfant a le devoir d'aimer
ses parents?
— Le droit fixe une obligation d'aliments...
— Je ne te parle pas de les nourrir, je te parle
d'amour.
— Il me semble que l'amour est une excellente
chose pour que règne l'ordre public.
— Tu te fous de moi, là?
Il éclate de rire. Elle le martèle du poing.
— Arrête ! Je suis sérieuse !
— On a dit qu'on venait ici pour se vider la tête
!
— Si tu veux mon avis, pour toi, le plus gros
était déjà fait en arrivant !
Il veut lui saisir la nuque; elle rit et
s'échappe; il se lance à sa poursuite en criant.
— Tu n'aimes pas ton père, uniquement parce qu'il
ne t'a pas aimée comme tu aurais voulu l'être!
Elle se bloque sur place et l'attend. Comment il a vu ça en si peu de temps? Il la
rejoint, un brin essoufflé.
— Comment tu as vu ça?
— Les confidences que tu m'as faites sont
transparentes... Tu ne lui as jamais pardonné de ne pas t'avoir
laissée accéder à son univers d'écrivain. Tu aurais voulu qu'il
t'initie aux mystères de son œuvre, et lui, il te fermait la porte
de son bureau. La petite fille que tu étais a cru que c'était la
porte de son cœur; ce n'était que celle de son lieu de travail...
Ta mère non plus, n'a pas supporté.
— Elle, elle a eu le choix du divorce, pas moi. Ça
devrait exister, le droit au divorce pour les enfants !
— Tu avais celui de la répudiation, et tu ne t'en
es pas privée.
— Tu en parles comme s'il avait été mon
mari...
— Je crois que tu rêvais d'une relation très
fusionnelle avec lui; ne l'obtenant pas, tu t'es jugée rejetée et,
par réaction, tu l'as repoussé... Tu sais, la balle qu'on lâche sur
le sol, c'est parce qu'elle repousse le sol qu'elle s'en écarte; ce
n'est pas le sol qui la refoule.
Valérie s'est attristée, méditative. Psychologue, pour un procureur!
— ... C'est vrai... Fichu malentendu... J'ai
froid. Ça ne te gêne pas si on rentre?
Il lui frotte les épaules et la serre contre
lui.
— On fait un petit crochet par La Hume?
— ... Non... Un autre jour.
— Comme tu voudras.
Le soir, tous les journaux télévisés exhibent
Saddam Hussein, dictateur sanguinaire de Bagdad mué en vieillard
hirsute et captif.
Valérie l'a aperçu en récupérant sa voiture chez
Hugo où ils ont pris l'apéritif : elle, son fréquent Planteur sans
alcool; lui, son accoutumé Chivas Century. Chacun en a bu deux
verres. Hugo aurait bien été tenté par un troisième. Elle a dit
stop. Pourquoi je m'amourache toujours de
types qui boivent trop? Peut-être parce qu'ils ont quelque chose de
vulnérable qui me touche... Ils ne sont pas fiables... Hugo, si! Il
l'est!... Alors, pourquoi tu ne te confies pas à lui? Il a
bu le troisième Chivas après son départ.
Revenue à Beau Site, en pénétrant sur le domaine,
elle a des palpitations. Dès l'entrée du parc, elle remarque qu'en
bas de son bâtiment, à l'écart du réverbère, une silhouette attend
au volant d'une petite voiture. Joël!
Cabrée, elle s'immobilise immédiatement. Comment lui faire comprendre? Mais comment lui faire
comprendre?! Envahie par une bouffée de fureur, déchaînée,
elle enclenche la première et fonce droit sur le guetteur.
Je vais le traiter de tout! Je vais crier si
fort que tous les voisins vont se précipiter aux fenêtres! Après
ça, il me vomira ! Il ne pourra plus me voir sans avoir honte !...
Mais, attends... Merde! C'est pas lui!
Elle écrase le frein. Dans l'Opel Corsa émeraude,
un quadra à gros nez a levé vers la Clio des yeux éberlués. Valérie
ne peut retenir un rire nerveux. Il a dû
croire sa dernière heure arrivée. Elle se gare, en pouffant.
Faut que je fasse contrôler ma vue, je suis
dangereuse!
Tandis qu'elle descend de son véhicule, le
factionnaire se plonge dans la lecture du Journal du dimanche. Le pas alerte, elle gagne
l'entrée de l'immeuble. Il doit y voir que
dalle !