J’avais décidé

J’avais décidé de prendre n’importe quel train, celui qui partirait le premier, peu importait dans quelle direction. Il s’agissait d’un express qui devait, en deux heures, nous déposer à la gare maritime d’un petit port que je ne connaissais pas, mais où j’avais toujours eu l’intention de me rendre un jour.

— Dans deux heures nous serons au bord de la mer, dis-je à Michèle.

Cela lui était égal. La nature la laissait froide, l’architecture humaine également. À ses yeux le décor n’avait jamais aucune importance. Et quand un détail de ce monde de natures mortes l’accrochait, ce ne pouvait être que par son saugrenu. Encore dans le hall de cette gare elle s’était arrêtée devant une vitrine où des coussins brodés rivalisaient de hideur avec des statuettes de plâtre, et désignant du doigt une tireuse à l’arc particulièrement agressive, elle déclara sur un ton à la fois méprisant et convaincu :

— C’est très beau. Si un jour nous vivons ensemble, il faudra qu’on achète ça.

Elle balaya la vitrine d’un seul regard, puis ajouta :

— Je crois que je n’aime vraiment que ce qui est très laid. La laideur me fascine. Le reste…

Elle passa devant une échoppe de fleuriste pour me dire que les fleurs…

— Les fleurs, c’est sans doute ce que je déteste le plus. Tout le monde s’extasie devant n’importe quel coquelicot. Moi, je trouve toutes les fleurs dégoûtantes.

Sur ce point, je partageais son avis. N’importe quelle fleur me faisait irrésistiblement penser à une pierre tombale, à un enterrement. Je les haïssais autant que les chiens. Encore plus même. Mais je n’avais pas besoin d’être de son avis pour lui donner raison, à travers tout, en dépit de tout, contre tout le monde, même contre moi s’il le fallait.

Je lui pris le bras, je remontai jusqu’à l’aisselle, laissant mes doigts s’imprégner de la moiteur de ses poils qui évoquaient si bien sa sève et son désir encore enfoui au plus profond de son ventre.

— Je tiens toujours à toi, lui dis-je.

— C’est bien normal. Moi aussi je tiens à moi.

J’aimais beaucoup cette façon de ne jamais se laisser enliser dans une sentimentalité monocorde. Elle savait comment avancer pour mieux reculer, mais sans aucune préméditation, sans coquetterie, sans vaine méchanceté.

Nous eûmes à peine le temps d’arriver jusqu’au quai, déjà le train était sur le point de partir.

Pendant la première heure du voyage, Michèle ne prononça pas une parole. Elle avait acheté un livre, mais elle ne l’avait pas ouvert. Elle ne me regardait pas, elle ne dévisageait pas non plus nos voisins de compartiment. Elle regardait par la vitre, mais sans accorder aucun intérêt au paysage qui défilait, exactement comme si elle avait fixé un point immobile dans un mur. Les quelques remarques que je plaçai pour tourner en dérision la lancinante monotonie de la campagne la laissèrent complètement indifférente, à croire qu’elle était sourde ou qu’elle avait oublié soudain sa langue maternelle. Elle faisait bloc avec son silence et son apathie, pétrifiée en elle-même, vidée de tout geste nerveux, de toute réaction, aussi immobile que si elle s’était minéralisée dans le coin fenêtre de ce compartiment. À ces instants-là, plus rien ne vivait en elle, plus rien sauf les yeux qui brillaient de tous leurs feux, voraces et nocturnes, vénéneux et insondables, traversés de lueurs inquiétantes qui paraissaient évoquer un seul rêve de meurtre et d’agression baignant dans les eaux d’une indéfinissable cruauté.

Soudain, mais au ralenti, elle se tourna vers moi, le regard plus absent qu’il ne l’avait jamais été, presque hagard, agrandi, comme étiré par quelque terrible stupeur sans réaction nerveuse.

— J’ai froid, me dit-elle.

Sa voix m’effraya plus encore que son expression. Ce n’était plus qu’un souffle, l’ombre d’un souffle, quelque chose qui n’avait plus la moindre sonorité, presque plus de réalité, rien qu’une sorte de vibration à peine articulée.

— Tu n’es pas assez couverte ? je demandai.

— Ce n’est pas là que j’ai froid. C’est plus loin. Je suis entièrement glacée. C’est la terreur.

— La terreur ou la peur ?

— De quoi veux-tu que j’ai peur ? Non. C’est la terreur.

La terreur, je la sentais me gagner également. On aurait pu croire qu’elle était droguée à mort, mais je savais bien qu’il n’en était rien, que cela ne pouvait pas être aussi simple. Je lui parlais doucement, essayant en vain de parvenir jusqu’à elle.

— La terreur de quoi ? De mourir ?

Elle hocha la tête, profondément accablée.

— Ce serait plutôt la terreur de ne jamais mourir.

— Là tu peux être rassurée, lui dis-je en souriant. Ça ne risque pas de t’arriver.

— Quoi ? demanda-t-elle les yeux écarquillés.

À ces moments-là, j’avais l’impression d’être un humain singulièrement banal essayant en vain de me faire comprendre d’une créature étrangère, encagée dans un monde inaccessible.

— Que veux-tu que je fasse ? lui dis-je.

— Rien. Tu ne peux rien faire. Cela passera d’ailleurs. Cela passe toujours. C’est peut-être ce qu’il y a de plus terrible encore. Là tout à l’heure, je me disais que j’étais une feuille de papier. C’était bien. Une feuille de papier et personne n’écrivait rien sur moi.

Puis elle me parut refluer je ne sais où. En vain je tentai de lui parler. Elle ne se donnait même pas la peine de tourner la tête vers moi, comme si elle avait tissé un lien invisible entre son regard et le vide qu’elle toisait de tout son désespoir vierge de cris. Parfois, elle se tournait vers moi, mais en me laissant la sensation, plus pénible encore, que je n’étais qu’une parcelle du vide qu’elle sondait avec tant d’obstination.

Je pris un livre, je l’ouvris. Mais je constatai avec quelque inquiétude qu’il m’était impossible de lire. Mes yeux dévoraient la page et je ne saisissais que le blanc du papier, pas du tout les caractères, les syllabes, les mots imprimés. Quelque chose de fantomal en moi essayait en vain de lire un livre d’ailleurs peu complexe, mais tout mon être de chair, de sang et de nerfs basculait vers Michèle. Je levai les yeux vers elle. Rien n’avait changé. Elle ne me regardait pas et pesait simplement de toute sa présence dans ce compartiment où les trois autres voyageurs avaient l’air d’ombres mortes malgré le poids de chair inutile dont ils étaient encombrés.

Je refermai mon livre, je dévisageai Michèle. Je me sentais singulièrement vidé de tout, à part de ce que je ressentais pour elle, de ce qu’elle me suggérait. L’impression de densité opaque qu’elle donnait avait quelque chose d’insoutenable. Avoir dans ma vie cette créature de haute nuit me paraissait tellement lourd, tellement nocif que je sentais la panique me gagner. Il y avait là quelque chose de trop nocif pour être vécu dans le modeste cadre de nos trois dimensions. Et fuir me paraissait également impossible. Je me retrouvais donc coincé entre deux impossibilités. Comme si on m’avait donné le choix entre vivre sous l’eau et vivre sans air. « Qu’est-ce que tu vas faire ? » cette question me balafra le regard. Je ne savais pas. Je ne voyais pas exactement comment le piège allait se refermer sur moi, je ne prévoyais pas quand cela arriverait, mais j’eus la conscience à cet instant qu’il ne me manquerait pas.

Je tentai encore une fois de me raccrocher à mon livre. En vain. Le plus beau texte du monde ne pouvait donner que ce qu’il avait et il ne pesait pas lourd au seuil des forces souterraines que dégageait la présence de Michèle. J’aurais pu croire que la réalité basculait et me déversait sur un plan oblique où je devais fatalement me retrouver devant Michèle, en Michèle, en banlieue des cauchemars confus qui la hantaient. Même quand elle ne me regardait pas, je sentais la force d’attraction de ce regard qui savait si bien virer du vert au gris en passant par toutes les couleurs de la noyade en eau trouble. Regard dont les étangs paraissaient s’ouvrir, se déchirer pour m’attirer dans leurs sortilèges, se révélant à la fois une singulière promesse de plaisirs et une source d’effroi.

De nouveau, plus précis que jamais, j’eus un véritable geste de défense, presque un sursaut de révolte. Enfin quoi, son regard, son regard, ce n’était jamais qu’un regard plus ou moins humain, un mélange plus ou moins réussi de couleurs diluées dans deux yeux ni plus obliques ni plus grands que tant d’autres. Alors ? Alors je savais tout cela, je reconnaissais les faits, leur logique, leur vérité, et pourtant j’aurais pu me perdre dans ce regard, aussi sûrement que s’il avait été une troublante région de rêves marécageux, m’y enliser au ralenti durant des heures, des jours, jusqu’à oublier mon corps et ma vie privée, le monde et ses corollaires, mon passé et mon avenir pour n’être plus qu’une chute indéfiniment conjuguée au présent, une seule démission, un oubli au large de toute réalité.

Qu’allait-il se passer puisque, malgré tout, cette réalité existait et que je ne pourrais pas plus lui échapper, que je ne pouvais échapper à Michèle ? Qu’allait-il arriver ? Je me le demandai pour la première fois et je me sentis terrorisé. J’étais parti avec elle, j’avais envie d’elle, je voulais être avec elle, mais à part cela ? À part cela, il n’y avait plus rien. Je me sentais cureté jusqu’à l’os, nettoyé de toute velléité, de toute ambition, de tout projet. Je me voyais si bien sans situation, renvoyé de mon bureau parce que plus personne n’arriverait à me soutirer une heure de travail. Je n’aurais pas davantage la volonté de trouver un autre emploi, je serais bientôt sans ressources, et toujours sans le moindre désir de réagir, sans besoin de faire face, jusqu’à… Jusqu’où, au fait ? Jusqu’au bout, sans doute, jusqu’au dernier mur de la dernière impasse, toujours hanté, à travers briques et tuiles, soucis et défaites, par le calme visage de Michèle… Ce qui revenait à dire que vivre avec elle n’était pas possible. Et si cela était ainsi, dans ce cas…

Je refermai mon livre d’un geste exagérément brutal, je le rejetai, je dévisageai Michèle une fois de plus. Non sans m’étonner de voir qu’en quelques secondes son expression s’était métamorphosée. Simplement parce que sa tristesse se teintait à présent d’une sombre ironie qui lui étirait la bouche en une sorte de moue de brochet plus carnivore que nature, remontait jusqu’au regard pour y exploser en une flambée de singulière lucidité. N’importe quel regard paraissait crédule, naïf, sentimental quand on le comparait au sien. Comme si les autres regards n’avaient jamais saisi que les mornes reliefs du plein jour alors que le sien aurait sondé les grandes profondeurs de la pleine nuit. À sa façon de regarder le paysage, on sentait maintenant tout le mépris qu’aurait pu ressentir pour cette interminable platée de verdure une créature à peine débarquée sur une planète décidément trop verte, trop monotone et trop plate. Tellement humaine parce qu’elle était à vif, tellement inhumaine parce qu’elle ressemblait si peu aux autres, cela me frappa avec plus d’acuité que jamais, à croire qu’elle était née sur deux plans absolument différents, qu’elle ne pouvait rejoindre ni l’un ni l’autre et qu’à jamais elle resterait étrangère à toute réalité, aussi bien à celle de ce monde qu’à celle d’un autre monde. Soudain elle me fit face, et de sa voix de calme écorchée, elle me parla de ce qu’elle voyait, les yeux plissés par une sorte de dégoût privé d’amertume et de révolte.

— Tu sais, on se demande pourquoi on fait tant de kilomètres pour toujours se retrouver devant le même arbre, la même maison. On dirait un papier peint, ce paysage. Il revient tous les dix mètres, toujours le même. Et puis ce vert est vraiment trop laid.

— Voilà quand même une très belle maison, lui fis-je remarquer en désignant une ferme fortifiée.

— On ne devrait jamais dire que quelque chose est beau. Il faudrait dire « moins laid », c’est bien suffisant.

Elle abandonna le sujet pour me demander à brûle-pourpoint :

— Ça t’amuse, non, quand je fais l’idiote ?

— Au restaurant, par exemple ? Je ne sais pas si cela m’amuse, cela me touche.

— Au fond, tu vois, je suis beaucoup plus triste que toi. Je ne fais l’idiote que pour me prouver que rien ne peut m’amuser. Rien ne peut me distraire vraiment. Je crois que si je voulais être absolument sincère, je ne dirais jamais un mot, je ne bougerais jamais. Je me planterais à un endroit et je me laisserais mourir là, comme ça.

— Moi je t’obligerais à bouger.

— Encore faudrait-il que tu y arrives. Si vraiment je ne voulais pas…

Elle avait bien, en disant cela, le reflet métallique et inquiétant que l’on aurait pu prêter à un objet vivant et mal défini. Tout son visage paraissait lancer des étincelles de glace et la contredire devait provoquer un choc d’ondes plus ou moins toxiques dont on ne pouvait que se méfier. Arrogante, froidement embrasée, les commissures des lèvres bien creusées, les traits vivifiés, les mains prêtes à mordre, transie et à l’affût, traquée et indomptée, ses longs cheveux légèrement décoiffés, toute cambrée dans une attitude de défi et d’obstination, offerte et bien défendue, tendre et féroce, à la fois plus vivante que le feu et plus indolente qu’un grand félin, elle ne m’avait jamais semblé plus saisissante, plus gavée de morbide moiteur qu’à cet instant, à tel point que je restai paralysé sous la drogue que m’inoculaient en douce son regard, ses mots, son attitude, son charme d’attaque. Dans la calme déflagration des grandes certitudes, je crus comprendre, sans rien pouvoir y changer, que faire l’amour avec elle ne devait pas être seulement une sorte d’empoisonnement sournois qui me contaminerait du sang aux nerfs, mais aussi une véritable démission, une descente dans un autre monde qui ne devait avoir aucun point commun avec le nôtre, un monde fait de refus et de ténèbres, d’immobilisme et de confusion mentale, de vide et de silence troué d’une lente jouissance sans cesse recommencée, sans cesse recherchée. Une sorte de mort vivante, si l’on voulait, dont plus jamais je n’arriverais à me passer, que toujours j’appellerais jusqu’à perdre peu à peu le sens des réalités pour ne plus jamais désirer revenir à la surface. Il fallait refuser, avoir ce dernier courage, me lever, prendre la fuite, mais en même temps la conscience que trop tard. D’abord, j’étais dans un train et, au bout du voyage, Michèle m’attendait dans une chambre, nue et lisse, promise et donnée, calme et brûlante. Et puis ses yeux me jetaient un abîme qui s’ouvrait devant moi et j’y tombais au ralenti, poussé, happé, atterré, anesthésié, biffé du monde quotidien où j’avais passé de si mornes moments pour être à la merci du monde incertain où Michèle m’attendait, les lèvres entrouvertes sur ses dents luisantes de convoitise, les mains avides de saisir, le corps tendu vers moi.

Elle se leva d’ailleurs, sa main s’enroula autour de mon poignet.

— Viens, me dit-elle.

Je la suivis dans le couloir du wagon.

Elle se plaqua contre la vitre, je me plaquai contre elle et je la sentais s’arc-bouter puis se détendre pour s’insinuer en moi, cherchant ma chaleur, ma peau, pour la boire à nu, la bouche affamée, les bras et les doigts ne formant plus qu’un seul tentacule qui me pieuvrait de toute son avidité.

— Parfois je me demande, me dit-elle sur le souffle, pourquoi j’ai envie de toi. Je n’ai jamais eu envie de personne. Je n’avais pas non plus envie de toi. Je ne sais pas pourquoi c’est arrivé, je ne comprends pas pourquoi. Mais je sais qu’avec toi, ce sera différent. Je l’ai su quand je suis revenue alors que je ne savais même pas exactement pourquoi je revenais vers toi.

Elle colla ensuite son front contre la vitre. La nuit tombait et le train fendait de part en part un paysage d’herbe et de collines qui ne semblaient qu’une seule coulée de suie et de houle fantomale.

— On va très vite, non ? dit Michèle.

Sur cette ligne le train atteignait toujours une moyenne très élevée, mais il allait particulièrement vite en ce moment.

Michèle se détacha de la vitre pour se retourner vers moi. Elle souriait de ce sourire qui lui était si particulier et que jamais je n’avais vu aussi appuyé, aussi lentement insistant, à la fois tendre et cruel, ironique et désespéré, lugubre et gourmand.

— Où sommes-nous ? demanda-t-elle.

Je regardai l’heure. Nous devions arriver dans une demi-heure.

— Plus qu’une demi-heure, lui dis-je.

Les doigts de Michèle me frôlèrent la gorge et, un instant, elle mordilla en douceur l’artère qu’elle venait de toucher.

— Nous ne ferons jamais l’amour ensemble, dit-elle d’une voix égale. C’est dommage je crois.

Sa phrase, la façon atonale dont elle la prononça, la tendresse qui ralentissait ses gestes, le désir que l’on pouvait lire dans son regard, la calme soif de fond que l’on devinait en elle, tout cela m’explosa si brutalement dans les prunelles que je n’eus même pas le temps de mimer quelque étonnement.

Simplement je dévisageai Michèle, la scrutant de tout mon regard, incrédule. Son sourire s’était accentué, ce qu’il contenait de morbide et de douceur s’était amplifié.

— Dans deux kilomètres, ajouta-t-elle, le train déraille.

Elle avait dit cela sans aucune intonation, exactement comme elle aurait remarqué que la nuit tombait.

Un fait me frappa à cet instant, avec une sournoise acuité : Michèle ne paraissait vraiment avoir aucun avenir. On ne voyait absolument pas ce qu’elle pourrait bien devenir. Ni une employée municipale, ni un visage publicitaire, ni même une femme d’intérieur ou de plein air. Rien, on ne voyait pas. Et tout avenir avec elle paraissait se limiter à quelque chose de gris, d’informe, de secrètement nocif.

Elle souriait toujours, la tête presque rejetée en arrière, les yeux fixes, les traits figés, épurés, si nets, si déchirants.

— Dans un kilomètre maintenant, dit-elle de la même voix sans intonation particulière.

Une cinquantaine de voyageurs trouvèrent la mort dans cet accident de chemin de fer. On les identifia tous sans difficulté, à part une jeune femme dont on chercha en vain à connaître l’identité.

Il y avait cinq ans qu’on n’avait plus enregistré d’accident de ce genre et l’événement aurait dévoré la première page des journaux si, ce jour-là, une fusée en provenance de Fyctyge ne s’était pas désintégrée dans l’espace, entre le Relais IV et la Terre. Le nombre des victimes dépassait quatre cents. Cette catastrophe eut la priorité.