Cancre à tous les étages, l’élève Sternberg demeure allergique au sérieux de tout enseignement. Et sans doute n’aurait-il jamais écrit une seule page s’il n’avait pas stagné dans une inaltérable lucidité. Qui, curieusement, se greffa sur une véritable rage d’écrire alors qu’il haïssait le travail.

Cela donna 45 livres publiés depuis 1953, après 6 ans de refus avec des manuscrits débraillés. Et 17 ans de stupides boulots qui lui valurent la faculté de décaler la morne réalité pour en faire un vaste magma d’absurde et de terreur, de délire et de dérision.

Comme il avait, par-dessus tout, la passion du texte bref – parfois réduit à quelques lignes et une chute choc – il en bricola plus de mille dispersés dans 14 recueils. Mais cela ne l’empêcha pas de basculer parallèlement dans une quinzaine de longs romans souvent déroutants, à la fois logiques et saugrenus. Avec quelques exceptions passionnelles : ceux qui abordaient sans pudeur et sans complexe son sujet de prédilection : les fascinants méandres de la femme dans tous ses ébats.

Toi, ma nuit fut son plus évident succès.

J. S.