CHAPITRE XIV

Dans la Maison de l’Espoir

 

Mma Ramotswe regarda la Maison de l’Espoir. C’était un nom un peu pompeux pour cette modeste construction du début des années soixante-dix, époque où Gaborone n’était encore qu’une toute petite ville composée d’un groupe de maisons agglutinées autour des bâtiments gouvernementaux et de quelques magasins. À l’origine, ces logements étaient destinés aux fonctionnaires des ministères et aux expatriés venus vivre au Botswana le temps d’un contrat. Ils étaient confortables et plutôt spacieux, comparés aux habitations du pays, mais il semblait néanmoins ambitieux de vouloir y abriter une institution comme la Maison de l’Espoir. Sans doute n’avait-on pas eu le choix, songea Mma Ramotswe. Les locaux plus vastes étaient inabordables, du moins pour une œuvre caritative, qui devait économiser sur tout pour se maintenir à flot.

En revanche, il y avait un grand jardin, et celui-ci était très bien entretenu. Outre un bouquet de papayers resplendissants de santé à l’arrière, on apercevait plusieurs massifs de bougainvillées et un mopipi. Un jardin potager, similaire à celui qu’avait créé Mr. J.L.B. Matekoni derrière la maison de Zebra Drive, semblait produire avec succès haricots et carottes, même si, se ravisa Mma Ramotswe, dans le cas des carottes, on ne pouvait vraiment savoir tant qu’on ne les avait pas extirpées de terre. Toutes sortes d’insectes entraient en concurrence avec l’homme pour la consommation des carottes et, souvent, ce qui apparaissait de l’extérieur comme une plante saine se révélait criblé de trous une fois au grand jour.

Une véranda courait sur un côté de la maison et l’on y avait très judicieusement tendu un voile dispensateur d’ombre. Ce devait être un coin idéal pour se détendre, songea Mma Ramotswe, et l’on pouvait même y boire le thé lorsqu’il faisait très chaud, en sentant sur son visage la caresse du soleil tamisé par le voile. L’idée lui vint alors que l’on pourrait peut-être recouvrir tout Gaborone, la ville entière, d’un grand voile dispensateur d’ombre, tendu dans les hauteurs par des mâts gigantesques ; cela donnerait de la fraîcheur à la ville et retiendrait l’eau que les gens versaient sur leurs plantes. L’été, on serait bien sous ce voile et, quand viendrait l’hiver, il suffirait de le rouler pour laisser la voie libre au soleil, qui réchaufferait l’atmosphère comme le sourire d’un vieil ami. C’était une excellente idée, certainement réalisable sur le plan financier pour un pays qui avait autant de diamants, mais elle savait que personne ne la prendrait au sérieux. Eh bien, tant pis : les gens continueraient à se plaindre de la chaleur quand il ferait chaud et du froid lorsqu’il ferait froid.

La porte d’entrée de la Maison de l’Espoir donnait directement dans le salon. C’était une pièce assez grande pour ce type de maison, mais la première impression, immédiate et écrasante, qu’en eut Mma Ramotswe fut celle d’un terrible désordre. Au centre, trois ou quatre chaises étaient disposées en un cercle serré et, autour, il y avait des tables, des coffres de rangement, et, çà et là, quelques valises. Aux murs, on avait punaisé des images arrachées à des magazines : des photos de familles ou de mères avec leurs enfants, mère Teresa, la tête couverte de son célèbre foulard, Nelson Mandela agitant la main devant une foule, ainsi qu’une file de religieuses africaines, toutes vêtues de blanc, qui marchaient le long d’un chemin dans un sous-bois, les mains jointes pour la prière. L’œil de Mma Ramotswe s’arrêta sur cette dernière image. Où la photographie avait-elle été prise, et où ces sœurs se rendaient-elles ? Elles semblaient si paisibles, pensa-t-elle, qu’il importait peu, en fait, de savoir si elles allaient quelque part ou si elles se contentaient de cheminer sans but. Parfois, les gens marchaient simplement parce que c’était agréable, et mieux que de rester immobile, peut-être, quand on n’avait rien de particulier à faire. Elle-même, il lui arrivait de se promener dans son jardin sans raison et elle trouvait cela très relaxant. Peut-être en était-il de même pour ces religieuses.

— Je vois que ces photographies vous intéressent, déclara Mr. Bobologo derrière elle. Nous pensons qu’il est important de rappeler à ces débauchées qu’il existe une vie meilleure. Elles peuvent rester ici à regarder ces images.

Mma Ramotswe hocha la tête. Elle n’était pas convaincue qu’il fût très amusant pour une fille de mauvaise vie, ni pour quiconque, d’ailleurs, de rester assise sur l’une de ces chaises, au milieu de cette pièce encombrée, à regarder des images de magazines. Cependant, c’était toujours mieux que d’écouter Mr. Bobologo, songea-t-elle.

Mr. Bobologo s’approcha et lui désigna un couloir.

— Je serais heureux de vous montrer les dortoirs, dit-il. Nous trouverons peut-être certaines des débauchées dans leur chambre.

Mma Ramotswe haussa les sourcils. Il n’était pas très délicat de la part de cet homme de qualifier ses pensionnaires de débauchées, même si elles l’étaient bel et bien. En général, les gens avaient tendance à coller à l’image qu’on leur renvoyait d’eux-mêmes et il eût été préférable, à son sens, de les appeler demoiselles, dans l’espoir qu’elles se comporteraient davantage comme telles. Mais tout compte fait, si l’on voulait se montrer réaliste, il y avait fort peu de chance qu’elles se transforment à ce point, dans la mesure où il était très difficile de faire changer les gens.

Le couloir était en ordre, avec seulement une bibliothèque le long du mur et un sol ciré avec ce produit à l’odeur agréable que Rosa, la femme de ménage de Mma Ramotswe, aimait utiliser. Ils s’arrêtèrent devant une porte entrouverte. Mr. Bobologo frappa, avant de la pousser.

Mma Ramotswe regarda à l’intérieur. La chambre comportait deux blocs de trois lits superposés. Les couchettes supérieures touchaient presque le plafond, de sorte qu’il restait très peu d’espace pour s’y allonger. Mma Ramotswe se dit qu’elle-même ne pourrait jamais s’y glisser, mais ces filles étaient plus jeunes, et certaines devaient être assez petites.

Il y avait trois filles dans la chambre. Deux d’entre elles étaient allongées, tout habillées, dans les lits du bas et la troisième, vêtue d’une robe de chambre, était assise sur celui du milieu, jambes pendantes. Lorsque Mr. Bobologo et Mma Ramotswe entrèrent, toutes trois tournèrent la tête vers eux, visiblement peu intéressées, le regard vide.

— Cette dame vient visiter, annonça Mr. Bobologo, ce qui, de l’avis de Mma Ramotswe, équivalait à énoncer une évidence.

L’une des jeunes filles murmura quelque chose, peut-être des paroles de bienvenue, mais c’était difficile à dire. Une autre, toujours allongée sur le lit du bas, hocha la tête, tandis que celle qui était assise parvint à esquisser un faible sourire.

— Vous avez une jolie maison, lança Mma Ramotswe. Vous en êtes contentes ?

Les filles échangèrent des regards.

— Oui, répondit Mr. Bobologo. Elles en sont très contentes.

Mma Ramotswe observa les jeunes filles. Elles paraissaient peu enclines à le contredire.

— Et est-ce que vous mangez bien, ici, mesdemoiselles ? reprit Mma Ramotswe.

— Elles mangent très bien, assura Mr. Bobologo. Dans les bars, les filles débauchées mangent n’importe quoi. Et elles boivent des alcools dangereux. Ici, on leur donne de la bonne nourriture, de la vraie cuisine botswanaise. Elles mangent très sainement.

— Cela me fait plaisir de vous entendre dire ça, déclara Mma Ramotswe en s’adressant résolument aux jeunes filles.

— C’est normal, dit Mr. Bobologo. Nous sommes toujours heureux de parler aux visiteurs.

Il toucha le coude de Mma Ramotswe et désigna le couloir.

— Je dois encore vous montrer la cuisine, dit-il. Il faut laisser ces filles travailler.

Mma Ramotswe eut quelque peine à se figurer de quel genre de travail il pouvait bien s’agir et elle dut réprimer un sourire, tandis qu’ils s’engageaient dans le couloir menant à la cuisine. Ce Mr. Bobologo était vraiment exaspérant, avec son habitude de parler pour les autres et son esprit étriqué. Mma Holonga était apparue à Mma Ramotswe comme une femme raisonnable et, pourtant, elle considérait visiblement Mr. Bobologo comme un prétendant acceptable, ce qui semblait fort étrange. Avec sa fortune et sa situation, elle pourrait sans peine trouver mieux que ce curieux instituteur aux manières solennelles et autoritaires.

Ils se tenaient à présent devant la porte de la cuisine, dans laquelle deux jeunes femmes, nu-pieds et vêtues de blouses rose clair, éminçaient des légumes sur une large planche de bois. Un ragoût cuisait sur la cuisinière – à feu un peu trop vif, de l’avis de Mma Ramotswe – et une grande tasse de thé refroidissait sur la table. Il serait agréable de se voir offrir du thé, pensa-t-elle avec envie, et cette tasse-là me paraît parfaite.

— Ces filles coupent des légumes, expliqua Mr. Bobologo d’un ton solennel. Et il y a du ragoût pour le dîner de ce soir.

— Je vois ça, répondit Mma Ramotswe. Et je vois aussi que vous venez de faire du thé.

— Il vaut mieux qu’elles boivent du thé que des boissons fortes, psalmodia Mr. Bobologo en jetant un regard désapprobateur à l’une des jeunes filles, qui baissa les yeux, honteuse.

— Je suis d’accord avec vous, dit Mma Ramotswe. Le thé rafraîchit. Il éclaircit les idées. Le thé est excellent à n’importe quel moment de la journée, mais surtout vers midi, quand il fait très chaud.

Elle marqua un temps d’arrêt, puis ajouta :

— Comme aujourd’hui.

— Vous avez raison, Mma. Je suis un grand amateur de thé. Je n’arrive pas à comprendre comment on peut avoir envie de boire autre chose quand on a du thé. Je n’ai jamais pu comprendre ça.

Mma Ramotswe eut alors recours à une expression très employée en setswana, qui marquait la compréhension et l’approbation totale de ce qui venait d’être dit.

— Eee, Rra, déclara-t-elle avec une grande profondeur de sentiment, en étirant les voyelles.

S’il existait une façon de signifier à cet homme qu’elle avait vraiment besoin d’un peu de thé, c’était celle-ci. Pourtant, elle échoua.

— L’habitude qu’ont les gens de boire du café est très mauvaise, reprit Mr. Bobologo. Le thé est meilleur pour le cœur. Les gens qui boivent du café se fatiguent le cœur, alors que le thé a un effet calmant. Il ralentit les battements. Boum, boum, boum… C’est comme cela que le cœur doit battre. Je l’ai toujours dit.

— Oui, acquiesça faiblement Mma Ramotswe. C’est tout à fait juste.

— Voilà pourquoi je suis pour le thé, déclama Mr. Bobologo avec fermeté, sur le ton d’un orateur qui conclurait une allocution dans une réunion de kgotla5.

Le silence s’installa. Mr. Bobologo regardait les jeunes filles, qui continuaient à émincer leurs légumes avec un air de concentration étudiée. Mma Ramotswe regardait la tasse de thé. Et les jeunes filles regardaient les légumes.

 

Lorsqu’ils eurent achevé l’inspection de la cuisine – qui était très propre, Mma Ramotswe le remarqua –, ils sortirent s’asseoir sur la véranda. Il n’y avait toujours pas trace de thé, et lorsque Mma Ramotswe, dans une dernière tentative désespérée, indiqua qu’elle avait soif, un verre d’eau fut commandé. Elle le sirota avec résignation, en imaginant qu’il s’agissait de thé rouge, ce qui aida un peu, mais pas suffisamment.

— Maintenant que vous avez vu la Maison de l’Espoir, lança Mr. Bobologo, vous pouvez me poser toutes les questions que vous voulez. Vous pouvez aussi me dire ce que vous en pensez. Cela ne pose pas de problème. Nous n’avons rien à cacher dans la Maison de l’Espoir.

Mma Ramotswe porta le verre à ses lèvres et remarqua les empreintes graisseuses qui le maculaient, sans doute celles des filles de la cuisine, imagina-t-elle. Mais cela ne la gêna pas. Après tout, nous avons tous des empreintes digitales.

— Je pense que c’est une très bonne réalisation, commença-t-elle. Vous faites du bon travail.

— C’est vrai, approuva Mr. Bobologo.

Mma Ramotswe regarda le jardin et les rangées de haricots. Un gros bousier noir faisait rouler devant lui un minuscule trophée, fragment de fumier prélevé au pied des pousses, qu’il rapportait avec optimisme vers son logis, petit morceau de nature qui luttait contre un autre morceau de nature, en une entreprise tout aussi importante que n’importe quelle autre entreprise dans le monde.

Elle se tourna vers Mr. Bobologo.

— Je me posais une question, Rra. Je me demandais pourquoi ces filles viennent ici. Et pourquoi elles restent, si ce qu’elles voulaient au départ, c’était se prostituer…

Mr. Bobologo hocha la tête. Visiblement, elle avait posé la bonne question.

— Certaines d’entre elles sont très jeunes et elles sont envoyées ici par les services sociaux ou la police, lorsqu’on les a vues entrer dans des bars. Celles-là sont obligées de rester, sinon, la police les renvoie dans leurs villages.

« Et puis, il y a les autres filles débauchées, celles que nous trouvons à la gare routière ou devant les bars. Elles n’ont parfois nulle part où loger. Elles ont parfois faim. Elles ont parfois été frappées par un homme. Dans ces cas-là, elles sont prêtes à venir ici d’elles-mêmes.

Mma Ramotswe écoutait avec attention. La Maison de l’Espoir était peut-être un endroit décourageant, mais c’était mieux que pas de maison du tout.

— C’est très intéressant. La plupart d’entre nous ne faisons rien pour remédier à ce problème. Vous, vous agissez. C’est très bien.

Elle se tut un instant, puis reprit :

— Mais comment en êtes-vous arrivé à mener une telle action, Rra ? Qu’est-ce qui vous pousse à y consacrer tout votre temps ? Vous êtes instituteur et vous avez beaucoup à faire à l’école. Et au lieu de profiter de vos heures de loisir pour vous reposer, vous donnez très gentiment tout votre temps à la Maison de l’Espoir.

Mr. Bobologo réfléchit un long moment. Mma Ramotswe s’aperçut que ses mains étaient jointes. La question avait ébranlé son interlocuteur.

— Je vais vous confier quelque chose, Mma, déclara-t-il enfin. Mais je ne voudrais pas que vous le répétiez. Vous me promettez de ne pas le répéter ?

Instinctivement, Mma Ramotswe hocha la tête, avant de s’apercevoir qu’elle risquait fort de se trouver en difficulté s’il révélait quelque chose d’important pour sa cliente. Toutefois, il était trop tard : elle avait accepté de garder le secret et elle honorerait sa promesse.

Mr. Bobologo commença à parler à mi-voix.

— Il m’est arrivé quelque chose, Mma. C’était il y a plusieurs années et je ne l’ai pas oublié. J’avais une fille, voyez-vous, de ma femme qui est maintenant décédée. C’était notre premier enfant et notre fille unique. J’étais très fier d’elle, comme seul un père peut être fier. Elle était intelligente et elle travaillait bien au collège de Gaborone.

« Mais, un beau jour, elle est rentrée du collège et elle avait complètement changé. Comme ça, d’un coup. Elle ne s’est plus souciée de moi et elle a commencé à sortir le soir. J’ai essayé de l’en empêcher, mais elle se mettait à crier et à taper du pied. Je ne savais pas quoi faire. Je ne pouvais pas lever la main sur elle, parce qu’elle n’avait plus de mère et qu’un père ne frappe pas un enfant sans mère. J’ai tenté de la raisonner, mais elle me répondait que j’étais vieux et que je ne pouvais pas comprendre les choses qu’elle comprenait à présent.

« Et puis, elle est partie. Elle avait seize ans. Elle est partie et je l’ai cherchée partout, j’ai interrogé tout le monde. Jusqu’au jour où j’ai appris que quelqu’un l’avait aperçue de l’autre côté de la frontière, à Mafikeng, et que le lieu où on l’avait vue, ce lieu…

Sa voix s’éteignit et Mma Ramotswe posa la main sur son épaule en un geste plein de compassion et de réconfort.

— Vous continuerez quand vous le pourrez, Rra, murmura-t-elle.

Elle savait déjà ce qu’il allait dire. Il aurait pu ne rien ajouter.

— Ce lieu était un bar de là-bas. J’y suis allé. Je sentais mon cœur qui cognait dans ma poitrine. Je ne pouvais pas croire que ma fille se trouvait dans un endroit pareil. Mais elle y était, et elle n’a pas voulu m’adresser la parole. J’ai crié et un homme au nez cassé, un jeune homme en costume chic, avec une tête de tsotsi6, est venu et m’a menacé. Il m’a dit : Va-t’en, l’oncle. Ta fille n’est pas ta propriété. Va-t’en, ou bien paie pour avoir l’une de ces filles, comme tout le monde. C’étaient ses mots, Mma.

Mma Ramotswe demeura silencieuse. Sa main reposait toujours sur l’épaule de Mr. Bobologo et elle l’y laissa.

Mr. Bobologo releva la tête et regarda le ciel, haut au-dessus du voile dispensateur d’ombre.

— C’est comme ça que je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose pour aider ces filles, parce qu’il y a d’autres pères, comme moi, à qui il arrive ce terrible drame. Ces hommes sont mes frères, Mma. J’espère que vous le comprenez.

Mma Ramotswe déglutit.

— Je le comprends très bien, dit-elle. Je le comprends. Vous avez le cœur brisé, Rra. Je comprends cela.

— Tout est brisé en moi, répondit Mr. Bobologo en écho. Vous avez tout à fait raison là-dessus, Mma. Il n’y avait pas grand-chose à ajouter et ils repartirent le long de l’allée vers la petite fourgonnette blanche garée sous l’arbre. Tandis qu’ils marchaient, toutefois, Mma Ramotswe décida de poser une dernière question, davantage pour faire la conversation que pour obtenir de nouvelles informations.

— Quels sont vos projets pour la Maison de l’Espoir, Rra ?

Mr. Bobologo se retourna pour regarder la maison.

— Nous allons construire une extension sur le côté, répondit-il. Nous aurons de nouvelles douches et une pièce où les filles pourront apprendre la couture. Voilà ce que nous allons faire.

— Cela va coûter cher, fit remarquer Mma Ramotswe. Les travaux d’agrandissement semblent toujours coûter plus cher que les maisons elles-mêmes. Les entrepreneurs sont gourmands.

Mr. Bobologo se mit à rire.

— Mais j’aurai bientôt les moyens de payer, affirma-t-il. Je pense que je deviendrai riche avant longtemps.

Si Mma Ramotswe avait eu moins d’expérience, si elle n’avait pas été la fondatrice de l’Agence No 1 des Dames Détectives, cette remarque l’eût sans doute fait chanceler ou trébucher. Mais c’était une femme d’expérience, dont le métier lui avait montré maints aspects de la nature humaine, et elle demeura impassible. Cependant, les derniers mots prononcés par Mr. Bobologo – chacun de ces mots – atterrirent dans le bassin de sa mémoire avec un plouf retentissant.