Valérie n'a pas coutume de dîner si tôt, mais il
aurait été malvenu qu'elle impose son propre horaire à son père,
attaché au sien. Ils ont donc avalé une soupe de légumes du jardin
paternel (une habitude incontournable) et deux escalopes viennoises
accompagnées d'un gratin dauphinois qu'elle l'a aidé à préparer. En
buvant un excellent pessacléognan, ils en sont venus à évoquer Hugo
que Patrick n'a fait qu'entrevoir, le soir d'octobre où sa fille,
revenant d'Arcachon, était passée l'embrasser, escortée par « un
ami ».
- Tu penses qu'avec ce garçon, ce sera plus solide
qu'avec Joël?
- Oh! Écoute, ne me parle pas de solidité ! Quand
on voit ce que ton mariage avec maman a donné, et les liaisons
piteuses qui ont suivi...
- Justement, je suis l'orateur idéal pour
discourir des vicissitudes de l'instabilité sentimentale!
Ils rient.
- Finalement, j'aurais dû rester avec ta mère...
Je n'ai jamais trouvé mieux qu'elle... Souvent, je me dis qu'elle
ne serait sans doute pas morte... Si tu réfléchis, elle ne se
serait pas remariée; elle ne serait jamais montée en voiture avec
l'autre branquignol; il aurait eu son foutu accident sans elle;
elle serait encore de ce monde... Peut-être qu'on se serait
remariés.
- Ça, je le crois pas. Elle ne supportait plus de
te voir enfermé pendant des heures dans ton bureau. Elle s'ennuyait
à mourir avec toi.
- Non. Elle était très autonome. Elle n'a rompu
que parce que je lui ai rendu la vie impossible après son coup de
canif dans le contrat de mariage. J'étais d'une jalousie féroce...
Comme avec les minettes qui ont suivi, d'ailleurs... Elle ne
s'ennuyait pas avec moi. Tu lui attribues tes propres
pensées.
- Parlons d'autre chose, tu veux?
Elle se lève. Il plie sa serviette et fait de
même. Il y aura continuellement ce cadavre
entre nous. Il a un sourire triste.
- C'est dommage que tu ne veuilles toujours pas
porter un regard lucide sur cette période de ta vie. Tu me
ressembles énormément. Et je ne parle pas que sur le plan
physique... Tu es exclusive... En pensant à notre relation, j'ai
parfois pensé à celle de Simenon et de sa fille. Je l'avais entendu
raconter qu'elle voulait vivre avec lui une véritable fusion...Tu
n'as jamais vu cette interview?
- Non. C'est à lui d'en
parler, pas à moi.
Il l'aide à desservir.
- Elle voulait qu'il soit plus qu'un père pour
elle... On comprenait derrière ces mots qu'elle lui aurait offert
d'être sa... sa compagne.
— Sa maîtresse?
- ... Oui. C'était transparent dans ses
propos.
- Les fantasmes d'un vieux cochon! Il se vantait
d'avoir connu des milliers de prostituées ! C'était un obsédé
sexuel ! Et tu penses comme lui?
- Dans quelle merde je viens
de me fourrer, moi? Non... Je me suis parfois demandé si ce
n'était pas toi qui pensais comme sa fille...
- Moi?! Pourquoi le nier?...
Je déraille, ça n'a jamais été vrai! La solitude dans ta
cabane ne te vaut rien, tu divagues!
- Elle se fera couper en
morceaux plutôt que de le reconnaître. Tu as raison... Je
vais aller fumer une pipe au jardin... Tu sais comment ça s'est
terminé, pour la fille de Simenon?
- Elle s'est suicidée.
Non.
- Elle s'est suicidée.
- C'est moche... Ne crains rien. J'adore la vie.
Et tu n'es pas Don Juan, personne n'aurait envie de mourir pour
toi.
- C'est gentil de me rassurer... Tu veux
m'accompagner ?
- Non. Depuis que j'ai arrêté de fumer, je
supporte mal l'odeur du tabac. Tu devrais arrêter, toi aussi.
- J'y songe.
Le téléphone sonne. Il va décrocher au salon. Elle
place les couverts dans le lave-vaisselle. Ce qui se dit à côté lui
fait dresser l'oreille.
- Oui, elle est ici... Bien, je vous remercie, et
vous-même?... Parfait. Ne quittez pas, je vous la passe.
Valérie a surgi, revêche.
- Joël?
- Non. Ton procureur.
- Hugo?!
- T'en connais plusieurs? Elle a l'air emballée! Je vous laisse; je suis la
discrétion personnifiée.
Elle empoigne le combiné sans fil avec
humeur.
- Comment tu m'as trouvée ? !
À Beau Site, Hugo étouffe un petit rire.
- Le métier, Valou ! Pendant une heure, j'ai
pataugé, et brusquement, un Chivas aidant, le calme revenu, je me
suis dit : « Le papa ! 1000 euros qu'elle a atterri chez papa ! »
J'aurais pu penser à ta copine Sophie ou à ta cousine qui m'a valu
le plaisir de te rencontrer, non, non, j'ai pensé : « Papa. » Et
comme tu es une fille attentionnée qui m'a enregistré les numéros
paternels sur le répertoire de mon portable « si un jour il
m'arrive quelque chose »... Il rit.
- T'as pas un peu trop forcé sur le Chivas?
- Exact. Oh, écoute,
me dis pas ça ! À la première tentative, j'ai réussi! Je suis
génial!
- Il faut que tu raccroches! Je suis persuadée que
ton téléphone est sur écoute, comme l'était le mien !
- Arrête avec ça ! Tu te fais un mal de chien à
fantasmer sur ce truc-là ! J'ai besoin de te parler, Valou. Je me
suis fait un sang d'encre.
- Désolée.
- Quand on aime quelqu'un, c'est banal, non, de se
soucier de lui?
- Tu me reproches de ne pas en faire autant?
- Ouais. Je ne te
reproche rien. Je t'aime...Tu te rappelles que je t'ai proposé le
mariage?
Silence.
À une centaine de mètres, sur le parking de Beau
Site, Freddy Chartel a quitté son Patrol aubergine pour le Master
EDF-GDF de Roger Petit. Le casque audio cramponné à son crâne
semi-rasé, la brute, engoncée dans son cuir élimé, ne perd pas une
syllabe de l'échange retransmis par un dispositif sophistiqué de
scanners et décodeurs.
« Bon, je t'en reparlerai une autre fois, je sens
que le moment n'est pas bien choisi... Mme Dubreuil t'a téléphoné
pour...
- Mais, comment tu le sais? D'où tu
m'appelles?
- De chez toi.
- Qu'est-ce que tu fabriques, chez moi?
- Mais je t'attends, Valou. Je t'attends!
- Qu'est-ce qu'elle voulait, Mme Dubreuil?
- Te signaler la disparition de son mari...
- Il est mort?!
- Non! Il est sûrement parti en vadrouille se
vider la tête. Sa femme flippe parce qu'un intrus s'est introduit
chez lui pour voler ses dossiers, ses relevés bancaires...
- C'est pas vrai !
- ... ses sauvegardes, et formater son disque
dur.
- Oh nooon.
- Mais si, mon cœur, c'est pour ça que j'étais
très inquiet à ton sujet; j'imaginais le pire. »
Chartel a un mauvais rictus.
Valérie tournicote une mèche de cheveux.
- Ça me terrifie, ce que tu me dis!
- Soyons objectifs et concrets, tu veux... En
retenant l'hypothèse du complot, les comploteurs ont eu ce qu'ils
voulaient : ils ont nettoyé ton bureau à la banque, ils ont piraté
les comptes susceptibles de leur nuire, ils t'ont compromise et...
et ils ont formaté ton disque dur.
- Oh, non! Ils sont venus chez moi?
- Ce n'est pas impossible mais, si c'est le cas,
ce ne sont pas des voyous mais des spécialistes; ils n'ont pas
laissé de traces.
Freddy Chartel ricane.
- Te creuse pas trop la cervelle, proc, sans ça,
il va t'arriver des bricoles à toi aussi.
«Tu avais des documents papier?
- Oui, tout un dossier, il était à côté de
l'imprimante.
- T'es sûre?
- Certaine!
- ...Y a plus rien. »
Dans le bureau, Hugo, le portable à l'oreille,
décrit la situation.
- Il ne reste pas une feuille.
— Ils sont venus chez moi, Hugo ! Ils sont venus
chez moi ! Ça me fiche une trouille bleue! Je ressens ça comme un
viol!
- Je comprends... Faut voir l'aspect positif...
Maintenant qu'ils t'ont démunie de toutes pièces les mettant en
cause, je pense que les... « conspirateurs » n'ont plus de raison
de s'en prendre à toi.
Valérie piaffe.
- À la manière dont tu prononces ces mots, on
dirait que tu ne me crois pas !
- Si, je te crois ! La preuve, tu viens coucher
chez moi et demain matin, je t'accompagne chez Bensoussan pour
qu'il cesse de te mettre en cause... Et je peux te dire qu'en
agissant ainsi, je me mouille sacrément parce que mon patron m'a
plus que dissuadé de me mêler de tes affaires.
- Quoi?!
- J'ai été aussi sidéré que tu peux l'être. J'ai
beaucoup cogité depuis le déjeuner...
- J'en suis ravie.
- Jean-Denis Moran a des appuis à Bordeaux,
d'accord, mais il me semble difficile qu'il puisse, à lui tout
seul, mobiliser le procureur de la République et la Direction
départementale de la police nationale dont le directeur adjoint a
téléguidé la perquisition à la BGD.
- T'en est sûr?
- Ne le répète à personne.
- Tu peux me faire confiance.
- Les consignes viennent de plus haut. Je finis
par me demander si tu n'as pas plongé tout droit dans une affaire
d'État...
- Je lui dis? Je me jette à
l'eau. Il est le seul qui puisse m'en sortir. Moran a été
l'associé de Jacques Collin.
Nom de Dieu! Hugo,
bouche bée, s'assied.
- ... Hé! Tu m'as entendue?
- Oui, oui, je t'ai entendue... T'es certaine de
ce que tu dis ?
- À cent pour cent. J'ai retrouvé trace de leur
association au début des années 90. Une SA parisienne : MC
Consulting. Ils transformaient des locaux professionnels en
logements. Tu sais qu'à l'époque, il y avait de belles primes à se
faire.
- ... Depuis quand tu as appris ça?
- Depuis des jours.
- Mais bon Dieu, pourquoi tu ne me l'as pas
dit?!
- Le seul nom de Moran te faisait pâlir!
- Mais non, tu exagères...
- Écoute, ne perdons pas notre temps. Tu es
d'accord pour t'en prendre à ces pourris? Tu m'accompagnes demain
chez Bensoussan et on déballe? J'ai des preuves irréfutables : un
plein CD et le DVD dont je t'ai parlé. Ils sont dans mon sac.
- ... Elle est folle à
lier!
La garce! Chartel a
viré au gris.
- T'es morte, sale pute !
Il saisit son portable et pianote un code.
Elle dit ça avec un petit air de triomphe, la
salope. L'appelé prend la ligne aussitôt.
- La fouine a gardé des réserves...
Valérie s'est assise près de l'âtre où la dernière
bûche meurt sur son lit de braises. À tous les
coups, il va se déballonner.
- T'es toujours là, mon nounours?
La voix d'Hugo lui revient, atone; elle a du mal à
la reconnaître.
- Tu dois te débarrasser de ces saloperies.
- J'en étais sûre.
Justement, je vais les remettre à Bensoussan... Si tu
m'accompagnes... Parce que, si j'y vais seule, je ne suis pas sûre
d'en ressortir. Il est mort de
trouille!
Silence. Valérie le laisse s'éterniser.
Il me suivra pas.
- Je n'ai qu'un conseil à te donner, Valou : ne te
frotte pas à Collin. Je comprends maintenant d'où vient la consigne
de perquisition et tout le ramdam qui l'accompagne...
- Tu peux devenir un procureur célèbre en
démontant le système ! Il n'aura jamais le
cran!
- Collin a un réseau relationnel superstructuré et
très puissant...
- Je sais tout ça, Hugo ! Qu'on le surnomme
Vautrin, qu'on devrait dire Fantômas, qu'il a du sang sur les
mains, qu'il est intouchable, que la France entière le sait ! Et,
justement, je ne peux plus supporter! Ne compte pas sur moi pour
capituler! Il y a une croisade à mener, Hugo! Contre Collin et
contre ses semblables. Les politiciens corrompus...
- Ils ne sont pas la règle!
- J'en suis convaincue! Mais cette exception-là
sape la démocratie en défrayant régulièrement la chronique
judiciaire. Tu imagines, ces gens qui sont élus - tu te rends
compte de la force du mot « élus », il y a une notion divine,
là-dedans ! « Élus ! » - ces élus, voués à la cause de la ville, de
la région, de la Nation, de l'Europe... Tu te rends compte? «Voués
», ça aussi, cela a un sens quasi religieux, « vocation »... Eh
bien, ils ont tout dévoyé. Ils devraient être des guides
irréprochables, des phares, des clés de voûte... Ils sont des
pierres d'achoppement, des blocs de béton coinçant des cadavres au
fond de l'eau. L'exemple qu'ils donnent, au lieu d'être celui du
loyalisme, est celui de la forfaiture. Ils sont une honte aux
fronts de leurs concitoyens. Ils écœurent les électeurs, ils sont
le ferment de l'abstention et font le lit des extrêmes. Collin est
un virus, Hugo, je t'apporte l'antibiotique pour l'éradiquer.
Je rêve!
Elle perd la boule. Le
masque douloureux, Hugo se masse la nuque. Je
vois pas ce que je peux foutre dans une galère
pareille!
Son silence ne passe pas inaperçu.
- T'as entendu ce que je viens de te dire?
- Oui. Je la croyais dénuée
de conscience politique. Je ne la connais pas assez. On se connaît
depuis trop peu de temps.
- T'en penses quoi?
- Une douzaine de magistrats se sont retrouvés sur
le carreau après avoir essayé de le coincer, ton « élu » apostat
Ils ont engagé des procédures interminables, ils ont tourné en rond
pendant des années... Et c'est le virus qui les a exterminés,
Valou, pas l'inverse.
- Autrement dit, tu te dégonfles.
- Je regarde les choses en face... Dans tes
preuves, sur ton CD, sur ton DVD, tu as un aveu de Collin?
- ... Non... Pas vraiment... Mais par Moran, on
peut remonter à lui.
- Et mettre en cause un des directeurs de la
police? Impliquer mon propre patron? Tu peux redescendre sur terre,
cinq minutes?
La bûche s'éteint. Très nerveuse, Valérie
regimbe.
- Je dois oublier? Effacer? Toi, un magistrat, tu
peux me dire ça?! T'es de leur bord ou quoi? À ton âge, t'as pas
d'autre ambition que d'être le valet de ces fumiers?!
- Tu es insultante, Valérie...
- T'as pas envie de foncer dans le tas?
- Non... Je sais retenir les exemples de mes
aînés... Joly, Halphen, Jean-Pierre, ils se sont tous retrouvés
out, après avoir mené ce genre de
combat... J'aime mon boulot, la manière dont je le fais et la ville
où je l'exerce, je tiens à garder ces acquis.
- Désolée. L'exercice de la justice ne peut pas
être un « boulot »... C'est une œuvre de salubrité publique, un don
de soi, une mission...
- Décidément, tu as l'esprit mystique, ce soir...
Je ne t'ai jamais montré ma feuille de paye?
- Tu es acheté par Moran?
- Tu m'emmerdes !
Il coupe la ligne.
J'abuse. Faut que je le
rappelle pour m'excuser.
On croirait entendre une ado
de quinze ans! La main lourde, Hugo se sert un Chivas. Le
portable sonne. J'en ai marre de ses
élucubrations de Jeanne d'Arc du pauvre. Il laisse sonner.
Si elle apprend qu'un jour j'ai pris l'apéro
chez Moran, elle va être persuadée que j'ai dîné avec le diable!
Encore heureux que je n'aie pas accepté son invitation au
château!... Qu'est-ce qui lui prend de vouloir jouer les Mme
Propre? Je la voyais pas comme ça. Je la croyais plus
réaliste. Deux gorgées lui enflamment le gosier.
Patrick Lataste rentre du jardin. Elle a
sa tête des mauvais jours.
- Tu as laissé le feu s'éteindre?
Valérie, qui reposait le combiné mobile sur sa
base, regarde le foyer, le sourcil en accent circonflexe.
- J'ai pas fait attention.
Elle va prendre une bûche dans le panier de rotin.
Il s'est approché pour l'aider.
- Laisse, je m'en occupe... Tout va bien?
- Non. Tout va mal. Si les hommes étaient moins
lâches, la vie gagnerait en pureté.
Il pose la bûche sur les derniers tisons.
Pourquoi est-ce que je me sens visé à chacune
de ses condamnations? En une dizaine de coups de soufflet,
il ranime la flamme.
- Qui est lâche? Pourquoi je
la provoque?
Énervée, elle exprime son dépit d'une moue.
- Quelqu'un en qui je croyais beaucoup. Tu connais
cette situation... Tu attends un soutien, et la personne sur
laquelle tu comptes se dérobe en ne songeant qu'à préserver son
monde et ses intérêts, à te tenir à distance pour ne pas polluer
son univers égoïste.
Un vague sourire plisse les yeux et les lèvres de
Patrick.
- Et la revoilà avec ses
revendications. Tu sais que la pollution est mal vue
aujourd'hui.
Elle s'exaspère.
- Fiche-toi de moi en plus !
- Mais non! Je devrais la
prendre dans mes bras, la consoler.
Il la regarde, navré... figé, incapable.
Elle secoue la tête. Lui et
moi, on est deux infirmes de l'affectif. Mais pourquoi je me
précipite pas dans ses bras, nom d'un chien! Ils esquissent
un sourire attristé. Elle lui tourne le dos.
- Faut que j'aille m'aérer. Tu peux me prêter ta
voiture ?
- Je n'aime pas ça...
Tu ne préfères pas que je conduise?
- Non... J'ai besoin d'être seule, d'aller
retrouver un peu de mon enfance.
Il sourit en tendant une clé.
- Tu ne vas pas y voir grand-chose.
Elle prend son sac sur le canapé. Embarrassé, il y
glisse un portable.
- Comme ça, si j'ai besoin de t'appeler ou
l'inverse, on peut communiquer... Je préfère. T'as le numéro
d'ici?
- Bien sûr!
- Non, parce que, comme tu n'appelles quasiment
jamais... Pourquoi je lui dis ça?
- Je sais, je... Je ne suis pas une bonne
fille.
Elle ouvre la porte.
- Mais non, ce n'est pas ce que je voulais dire
!
Elle est sortie. Patrick soupire. Je ne suis pas à la hauteur. Je ne l'ai jamais été... Je
n'étais pas fait pour être père.