III Adopter une manière de faire la guerre.

 

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1 Alexandre, roi de Macédoine, ayant une armée pleine d’ardeur, préféra toujours, comme manière de faire la guerre, la bataille rangée.

2 Pendant la guerre civile, C. César, ayant une armée de vétérans, et sachant que celle de l’ennemi était composée de recrues, s’attacha continuellement à livrer des batailles.

3 Fabius Maximus, envoyé contre Hannibal, que ses victoires avaient enorgueilli, résolut d’éviter les chances des combats, et de mettre seulement à couvert l’Italie, ce qui lui valut le surnom de Temporisateur et, par cela même, la réputation de grand capitaine.

4 Les Byzantins, pour éviter les hasards des combats contre Philippe, renoncèrent à la défense de leurs frontières, se retirèrent dans l’enceinte fortifiée de leur ville, et réussirent ainsi à éloigner ce roi, qui ne put supporter les lenteurs du siège.

5 Dans la seconde guerre Punique, Hasdrubal, fils de Giscon, étant vaincu en Espagne, et poursuivi par P. Scipion, partagea son armée entre différentes villes. Il en résulta que Scipion, pour ne point occuper ses troupes à faire plusieurs sièges à la fois, les ramena dans leurs quartiers d’hiver.

6 À l’approche de Xerxès, Thémistocle, pensant que les Athéniens ne pourraient ni livrer bataille, ni défendre leurs frontières, pas même leurs remparts, leur conseilla d’envoyer leurs enfants et leurs femmes à Trézène et dans d’autres villes, d’abandonner Athènes, et de se disposer à combattre sur mer.

7 Périclès en fit autant, dans la même république, contre les Lacédémoniens[26].

8 Tandis qu’Hannibal s’obstinait à rester en Italie, Scipion, en faisant passer son armée en Afrique, mit les Carthaginois dans la nécessité de rappeler leur général. Par ce moyen Scipion transporta la guerre du territoire romain sur celui de l’ennemi.

9 Les Athéniens, souvent inquiétés par les Lacédémoniens, qui leur avaient enlevé le château de Décélie, et s’y étaient fortifiés, envoyèrent une flotte pour ravager le Péloponnèse, et réussirent à faire rappeler l’armée lacédémonienne qui était à Décélie.

10 L’empereur César Domitien Auguste, voyant que du sein des bois et de retraites cachées, les Germains, par une tactique qu’ils avaient adoptée, venaient fréquemment assaillir nos troupes, et trouvaient ensuite un refuge assuré dans la profondeur de leurs forêts[27], recula de cent vingt milles les limites de l’empire ; par là, non seulement il changea la situation de la guerre, mais il réduisit sous sa puissance ces ennemis, dont les retraites furent mises à découvert.