VII. Détourner les rivières, et corrompre les eaux.

 

1 P. Servilius, ayant détourné une rivière qui donnait l’eau à la ville d’Isaure, força, par la soif, les habitants à se rendre.

2 C. César, assiégeant Cadurcum[99], ville des Gaules, qui était entourée d’une rivière, et abondamment pourvue de fontaines, la fit manquer d’eau en détournant les sources par des conduits souterrains, et en plaçant sur le bord de la rivière des archers qui en défendaient l’approche.

3 Dans l’Espagne Citérieure, Q. Metellus dirigea sur un camp ennemi, situé dans un lieu bas, les eaux d’une rivière qu’il détourna d’un terrain plus élevé, et, au moment où cette inondation subite jeta l’épouvante chez les ennemis, des troupes placées en embuscade les taillèrent en pièces.

4 Alexandre, assiégeant Babylone[100], que l’Euphrate traverse par le milieu, creusa un fossé le long duquel il éleva en même temps une terrasse, afin de persuader à l’ennemi que l’on ne tirait la terre que pour cette construction ; puis, ayant tout à coup dirigé l’eau dans la tranchée, il mit à sec le lit du fleuve, et s’en fit un passage pour entrer dans la ville. On dit que Sémiramis, faisant le siège de la même ville, détourna aussi l’Euphrate, et obtint le même résultat.

5 Clisthène de Sicyone coupa un aqueduc qui fournissait de l’eau à la ville de Crise ; et, quand les habitants eurent commencé à souffrir de la soif, il leur rendit l’eau, mais corrompue avec de l’ellébore : aussitôt qu’ils en eurent fait usage, un flux de ventre, qui les saisit, les mit hors d’état de se défendre, et la ville fut prise.