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Discours de Hitler, 21 juillet 1944,
 vers 1 heure du matin

 

Le propos de ce discours était de faire comprendre au peuple allemand non seulement que Hitler était bien vivant, mais aussi que la Providence l’avait sauvé pour qu’’il continue à diriger son pays et  – ce qui était faux  – que seule une « minuscule clique » d’officiers s’était dressée contre lui et allait être « éradiquée sans merci ».

 

Mes camarades, hommes et femmes du peuple allemand !

Je ne sais combien de fois à ce jour une tentative d’assassinat a été préparée contre moi. Mais je m’adresse aujourd’hui à vous pour deux raisons :

1. Que vous puissiez entendre ma voix et sachiez que je ne suis pas blessé et que je vais bien ;

2. mais aussi que vous soyez au courant des détails d’un crime qui est sans équivalent dans l’histoire de l’Allemagne.

Une minuscule clique d’officiers stupides, ambitieux, sans scrupules, mais aussi criminels, a comploté de m’éliminer en même temps que presque tout l’état- major des forces armées allemandes.

Une bombe placée par le colonel Graf von Stauffenberg a explosé à deux mètres de moi, sur ma droite.

Elle a très grièvement blessé un certain nombre de membres loyaux de mon état-major. L’un d’eux est mort. Je suis moi-même totalement indemne, exception faite d’égratignures, de contusions et de brûlures très légères. J’y vois une confirmation de l’ordre de la Providence m’invitant à continuer de poursuivre l’objectif de ma vie, comme je l’ai fait jusqu’à maintenant. Car je puis solennellement déclarer devant le pays tout entier que depuis le jour où je suis entré dans la Wilhelmstrasse, je n’ai eu qu’une seule pensée : faire mon devoir en agissant au mieux de mes lumières et de ma conscience. Depuis qu’il m’est apparu clairement que la guerre était inévitable et ne pouvait être plus longtemps différée, je n’ai en fait connu qu’inquiétude et travail. Je ne compte pas les jours et les nuits sans sommeil où je n’ai vécu que pour mon peuple.

À une heure où les armées allemandes sont engagées dans les combats les plus rudes, existait en Allemagne comme en Italie  – un petit groupe qui croyait pouvoir porter un coup de poignard dans le dos comme en 1918. Mais, cette fois, les conjurés se sont trompés du tout au tout. Mes chers camarades, le fait qu’à cet instant je m’adresse à vous contredit ces usurpateurs, quand ils prétendent que je ne suis plus en vie. Le cercle de ces conjurés est très restreint. Il n’a rien à voir avec les forces armées allemandes, en particulier rien avec l’armée de terre allemande. C’est une minuscule bande d’éléments criminels qui vont être maintenant éradiqués sans merci.

J’ordonne donc à cet instant :

1. Qu’aucune autorité civile n’accepte d’ordre de quelque organisme que ces usurpateurs cherchent à contrôler.

2. Qu’aucune autorité militaire, aucun chef de troupes, aucun soldat ne doit obéir à aucun ordre de ces usurpateurs ; que tout le monde est au contraire tenu d’arrêter sur-le-champ quiconque transmet ou donne un ordre de ce genre ou, en cas de résistance, de l’éliminer immédiatement.

Afin d’établir l’ordre, j’ai nommé le Reichsminister Himmler commandant de l’Armée de l’intérieur. J’ai appelé le colonel général Guderian à l’état-major général afin de remplacer le chef de l’état-major général qui s’est actuellement retiré pour cause de maladie. Pour l’assister, j’ai nommé un second chef aguerri du front est.

Rien n’est changé dans aucune autre administration du Reich. Je suis convaincu qu’avec la disparition de cette minuscule clique de traîtres et de conjurés nous créons enfin à l’arrière, à l’intérieur, l’atmosphère dont les combattants du front ont besoin. Car il est impensable que sur le front des centaines de milliers et des millions d’hommes braves se donnent tout entier alors qu’ici, à l’intérieur, une petite bande de créatures ambitieuses et pitoyables s’efforce de circonvenir en permanence cette attitude. Cette fois, nous allons régler des comptes, comme nous autres nazis sommes habitués à le faire.

Je suis convaincu qu’en cette heure tout officier digne, tout soldat brave le comprendra.

Quelques-uns seulement peuvent peut-être imaginer le destin qui eût été celui de l’Allemagne si le complot avait réussi. Je remercie la Providence et mon créateur, mais pas de m’avoir préservé. Ma vie n’est que souci, que travail au service de mon peuple. Mais je le remercie plutôt de m’avoir permis de continuer à porter ces soucis et de poursuivre mon travail aussi bien que je le peux au regard de ma conscience.

Tout Allemand, quel qu’il soit, a le devoir de combattre ces éléments à tout prix, soit les arrêter tout de suite, soit, s’ils offrent une forme ou une autre de résistance, les éliminer immédiatement. Des ordres ont été donnés à toutes les troupes. Ils seront exécutés aveuglément, avec l’obéissance que connaît l’armée allemande.

Je puis vous saluer une fois de plus en particulier, vous, mes vieux camarades de combat, en ce qu’il m’a été donné d’échapper à nouveau à un destin qui n’avait rien de terrible en soi pour moi, mais qui aurait valu l’horreur au peuple allemand.

J’y vois aussi un signe de la Providence qui m’appelle à continuer mon travail, et je vais donc le continuer.