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Calendrier pour le groupe

 

de la Bendlerstrasse, avec ordres

en vue du soulèvement

 

Compte tenu de la confusion qui suivit l’attentat manqué, il ne fut guère possible d’appliquer comme prévu le minutieux plan logistique de coup d’État, probablement élaboré, comme le pensa la Police de Sécurité, par le lieutenant Werner von Haeften, l’aide de camp de Stauffenberg.

 

Calendrier

Commandant de l’armée de réserve                            QG III

jour x-1 Répétition de Walkyrie (ordre n° 1) à l’école des troupes blindées, à l’école d’infanterie de Döberitz, à l’école d’aspirants officiers de Potsdam, à l’école d’officiers de Potsdam

jour x (1) Transmission des ordres de base au QG de commandement (1) Ordre de base transmis. Le général Olbricht informe le chef du QG de commandement III.

heure x (2) Ordre à toutes les sections du QG III

heure x (2) Ordre de marche au commandant de Berlin (ordre n°2)

plus tard (3) Ordre au commandant de Berlin (ordre n° 3)

heure x (4) Ordre de marche au commandant de l’école des troupes blindées (ordre n° 4)

plus tard (5) Ordre au commandant de l’école des troupes des forces blindées (ordre n° 5)

(6) Retour du commandant de Berlin et de l’école des troupes blindées au QG III

 

Ordre n° 1

Répétition de Walkyrie dans les écoles à donner le jour x-1

 

Ordre n° 2

1. Ordre au commandant des forces armées de Berlin (à donner par téléphone à l’heure x)

(1) Troubles intérieurs, proclamation de la loi martiale, pouvoir exécutif donné à l’armée.

(2) Bataillon de la garde de Berlin, immédiatement, avec toutes les unités disponibles, à la garnison des forces armées, QG de Berlin, Unter den Linden 1.

(3) Commandant de Berlin, avec le chef adjoint de l’état-major opérationnel, immédiatement, pour recevoir des ordres, au chef du matériel de l’armée de terre, commandement de l’armée de réserve, Bendlerstrasse 11-13.

(4) Alarme adressée à toutes les unités de la garnison de Berlin (Walkyrie, etc.) avec priorité à (a) garnison de Spandau, (b) école des armements et du matériel.

(5) 270 tonnes de capacité de convoi motorisé à Bernau disponible pour mouvement.

 

 

Ordre n° 3

2. Ordres au commandant de garnison des forces armées, Berlin (à remettre au commandant en personne et à discuter avec lui)

(1) La situation est la suivante...

(2) Le bataillon de la garde de Berlin en action immédiate pour bloquer le quartier du gouvernement à Berlin : rues Dorotheen, Friedrich, Koch, Anhalter, Saarland, Bellevue, Lenné et Hermann Göring. Mission : personne, pas même un ministre, ne peut entrer ou sortir du quartier sous blocus. En cas d’opposition, usage des armes. Fermeture des stations de métro du quartier. Toute autre forme de trafic détourné ou évacué de la zone condamnée. Toutes les personnes de la zone condamnée doivent rester à l’intérieur. Le ministère de la Propagande, sur la Wilhelmplatz et le siège central de la SS (Albrecht- strasse) doivent être particulièrement surveillés.

Le ministre du Reich Gœbbels doit être arrêté. Le commandant doit donner aussitôt ses ordres à la garnison par téléphone afin de ne pas perdre un instant.

(3) Le blocus sera renforcé par deux bataillons de l’école des troupes blindées, qui arriveront tout de suite.

(4) Le commandant de Berlin lui-même reçoit de nouveaux renforts en mobilisant Walkyrie et les unités d’alarme dans sa zone (garnison de Spandau, école des armements et du matériel).

Un rapport sur l’exécution du projet de blocus doit être adressé au commandant de l’armée de réserve, au chef du bureau général de l’armée de terre et au QG III, dépt. I-A.

(5) Les points suivants doivent être occupés :

(a) Autorités suprêmes du Reich (PJ 1). Priorité n° 1 à I-a, 5-c, ministère de la Propagande, siège central de la SS (Hermann-Göring-Strasse, Albrechtstrasse et Kaiserallee),

Direction du Gau de Berlin ( Vos-Strasse), Direction des Jeunesses hitlériennes (Kaiserdamm 45),

Affaires étrangères,

Résidences du ministre du Reich{1} (Schwanenwerder et Lanke).

(b) Installations de communications (PJ 2)

Priorité n° 1 :

Central téléphonique de Berlin ( Winterfeldstrasse)

Bureau central du télégraphe (Oranienburgstrasse)

QG central de la SS (Albrechtstrasse)

Poste centrale (Ringbahnstrasse)

(c) Journaux et presse (Kochstrasse)

(6) Les lieux suivants sont déjà occupés par d’autres unités du commandement du QG III ;

Station de radio de Tegel, tour émettrice et locaux {Masurenalle).

Ces unités sont nécessaires au QG III, et doivent être mises à disposition par le commandant de Berlin.

(7) Ordre doit être donné à la police de coopérer avec l’armée. La police assurera un blocus et contrôlera la circulation sur l’Autobahn.

(8) Après l’arrivée au QG de troupes suffisantes et des officiers et officiels en charge désignés, des détachements doivent être envoyés aux bureaux des diverses autorités du Reich (n° 5) afin d’arrêter les dirigeants. Des officiers des Transmissions sont affectés aux communications.

(9) Après les arrestations, toutes les personnes sans intérêt pour l’opération qui se trouveraient dans le secteur condamné doivent en être évacuées. Les personnes devant franchir les points de contrôle plus d’une fois doivent recevoir des laissez-passer des QG du poste. On ne doit pouvoir quitter la zone interdite que par un point (par exemple, Unter den Linden, en direction du palais).

(10) Le commandant du service des patrouilles motorisées de l’armée de terre est subordonné au QG des forces armées de Berlin.

(11) Par camion, depuis Brandebourg, 50 hommes de la division de Brandebourg sont acheminés au QG de la garnison des forces armées de Berlin.

(12) Unités SS et régiment Hermann Göring.

(a) Un détachement sous la direction d’un général est dépêché auprès de la garnison SS de Berlin afin d’assurer l’incorporation de la Waffen-SS dans l’armée et transmettre les ordres à cet effet aux unités blindées SS.

(b) Le régiment Hermann Göring de Tegel doit recevoir cet ordre du QG de la garnison des forces armées : troubles intérieurs, le régiment Hermann Goring doit rester en état d’alerte dans sa caserne. Commandant avec adjoint au QG de la garnison des forces armées, Berlin, Unter den Linden 1, pour recevoir d’autres ordres.

(13) Tous les faits importants, succès et incidents doivent être rapportés au chef du matériel de l’armée de terre, commandant de l’armée de réserve, chef de l’office général de l’armée de terre et du QG III, Dépt. I-A.

 

Ordre n° 4

Ordre à l’école des troupes blindées (Krampnitz-Gross Glienicke)

(Avec l’heure X par téléphone au commandant de l’école des troupes blindées, le colonel Gorn).

(1) Troubles intérieurs, proclamation de la loi martiale, pouvoir exécutif à l’armée.

(2) Commandant de l’école des troupes blindées avec les trois bataillons Walkyrie de l’école et les unités Walkyrie subordonnées des autres cours de formation des aspirants officiers de l’infanterie, Potsdam (un bataillon avec cinq compagnies) et l’école de sous-officiers, Potsdam (un bataillon avec trois compagnies), se rendent immédiatement en convoi motorisé au quartier de Berlin Tiergarten— Bendlerstrasse.

Commandant, rapport devant les troupes au chef du matériel de l’armée, commandant de l’armée de réserve, Berlin W, Bendlerstrasse 11.

(3) Une forte unité de combat (une compagnie de blindés et une compagnie d’infanterie motorisée), placée sous une direction énergique, doit prendre par surprise :

Les stations de radio Königswusterhausen et Zeesen (près Königswusterhausen).

Il faut venir à bout de la résistance par la force des armes (actuellement, Zeesen est occupée par une compagnie de Waffen-SS). Hors de question de faire des émissions politiques. Tenir les stations émettrices jusqu’à l’arrivée de renforts. Occupation des stations : rapport à adresser au QG III, Dépt. IA.

(4) Un convoi de véhicules motorisés de 170 tonnes en provenance de Kanin (à 24 kilomètres au sud- ouest de Potsdam) est à disposition.

 

 

Ordre n° 5

Au commandant de l’école des troupes blindées (après l’arrivée au QG du chef du matériel de l’armée de terre).

(1) Deux bataillons en renfort du bataillon de la garde de Berlin (fermant le quartier du gouvernement) sont subordonnés au chef de la garnison des forces armées de Berlin.

(2) Le gros des unités placées sous la direction du commandant de l’école des troupes blindées se charge de la protection du chef du matériel de l’armée de terre, commandant de l’armée de réserve (immeuble Bendler) et demeure à la disposition du QG III pour missions flexibles.

(3) Téléphone, dépt. 1— À, QG III.

(4) Reconnaissance au sud, aux casernes des Waffen-SS de Lichterfelde et de Lankwitz.

(5) Une compagnie (le cas échant, une unité blindée rapide) prête à la demande à rejoindre le commandant et le commandant de l’armée de réserve à l’aéroport de Tempelhof.

(6) Une compagnie équipée d’armements lourds demeure prête à intervenir pour envoi au commandant de la garnison SS, Berlin.

 

Instructions pour la conduite envers les Waffen-SS.

(1) Au départ, bloquer tous les accès à la caserne des SS. Mettre en position des armes lourdes.

(2) Préparer des patrouilles à des interventions armées soudaines.

(3) Envoyer un officier à poigne avec un officier d’escorte à la garde principale, pour demander le SS le plus haut gradé (de nuit, l’officier de service). Si possible, ne pas entrer dans le bâtiment. Les messagers accompagnateurs restent à l’entrée des casernes et gardent un contact visuel avec les troupes des alentours.

(4) Voici ce qu’il convient d’annoncer au chef SS : Le Führer est mort. Une petite clique de chefs du parti non combattants dénués de scrupule a tenté un coup d’État. La loi martiale a été proclamée, et le pouvoir exécutif a été transmis aux commandants du QG.

Avec effet immédiat, la Waffen-SS doit être fusionnée avec l’armée et subordonnée aux commandants des QG des zones d’action. Leurs troupes doivent rester dans leur cantonnement jusqu’à nouvel ordre et s’abstenir de toute action. À moins que cet ordre ne soit exécuté, les troupes qui ont entouré leurs quartiers et sont prêtes à ouvrir le feu avec des armes lourdes utiliseront tous les moyens pour imposer l’ordre. Je dois vous demander de donner les ordres nécessaires, d’ici, en ma présence.

(5) En cas de refus ou de résistance, le chef SS doit être abattu, la garde désarmée et toute l’unité SS tenue de déposer les armes.

(6) Si les unités SS ont déjà été alertées et avancent ; elles doivent être arrêtées et renvoyées dans leurs casernes en usant de la notification sus-indiquée. Au moindre signe de résistance, le recours aux armes doit être implacable.

(7) Les SS ayant exécuté l’ordre, vos propres troupes restent devant les casernes en attendant les instructions du QG III, avec lequel la liaison est maintenue ; ou jusqu’à confirmation officielle de l’incorporation des SS dans l’armée.