REMERCIEMENTS

J’ai vécu plus ou moins intimement avec Mme de Montespan pendant près de trois ans. Il y a eu des hauts et des bas, dans notre liaison. Des moments euphoriques parfois, quand la maison Castaing-Charavay, par exemple, m’autorisait à publier in extenso une lettre quasi inédite et extrêmement importante, écrite par Athénaïs à M. de Lauzun. Moments de grande joie quand j’entendais au téléphone la voix de Suzanne d’Huart qui me disait :

— Avez-vous consulté le « 265 AP 431 N°2 » ? Non ! Eh bien, venez ! Vous y trouverez sans doute des choses qui vous intéresseront, de même qu’au « 113 AP 3 dr 7 » ou au « AB XIX 2927 dr 17 » !

Et je courais alors jusqu’à la rue des Francs-Bourgeois, aux Archives nationales, pour découvrir le petit détail inédit qui allait ajouter une nouvelle touche au portrait d’Athénaïs.

Autre temps fort où il faisait bon vivre avec Mme de Montespan, celui de ma découverte du Poitou avec un mentor nommé Michel Laverret. Un infatigable chercheur qui m’a guidé dans les manuscrits de la bibliothèque de Poitiers, a sélectionné pour moi les Bulletins et Mémoires des Antiquaires de l’Ouest et a surtout placé mes pas dans ceux d’Athénaïs, depuis Lussac jusqu’à la cour du musée de Chièvres, en passant par Oiron, Serre, Fontevrault...

Mais à côté de ces heures idylliques j’ai connu parfois le découragement. Mme de Montespan, souvent, m’empoisonnait l’existence ! Elle était une femme trop exigeante ! Heureusement, ces minutes d’abattement ne duraient guère. Il suffisait en effet que j’aille chez un ami et voisin de campagne qui s’appelle André Castelot pour que la foi me revienne. André Castelot était toujours là pour m’encourager, toujours de bons conseils : conseils de l’historien, bien sûr, conseils de l’homme de lettres aussi, mais surtout conseils de l’homme de coeur.

Robert Laurence, c’est un autre voisin et ami. Il a été témoin, lui aussi, de mon union avec Mme de Montespan. Il a suivi l’évolution de l’enfant et m’a souvent donné un avis pertinent. Il est vrai que le siècle d’Athénaïs n’a guère de secret pour lui qui connaît – ou presque – Saint-Simon sur le bout des doigts.

Ayant abondamment exploité les Archives de la Maison de France pour rédiger la biographie de la princesse de Lamballe, celle de la « Veuve Égalité » et celle d’Athénaïs, j’ai estimé, le moment venu, qu’il était bienséant de soumettre mon travail à Monseigneur le Comte de Paris.

Avant de reposer définitivement dans la crypte de la Chapelle royale de Dreux – le Westminster des Orléans ! –, il a bien voulu m’adresser ce courrier que je cite ici in extenso :

« C’est toujours avec plaisir que je lis vos travaux, sachant que chacun d’eux m’apportera des connaissances nouvelles sur notre histoire.

« Parmi les figures attachantes que vous vous entendez bien à faire revivre, celle de Madame de Montespan méritait un nouveau portrait. Celui que vous avez brossé emporte la conviction et je me suis plu à observer une nouvelle fois, en votre compagnie, l’étonnant spectacle de la société de cour.

« Celui-ci est habituellement porté au débit de l’ancienne Monarchie, dans l’oubli de sa fonction politique. Il est également de bon ton de déplorer ces passions publiquement étalées, comme si la nature humaine avait changé depuis !

« Sans faire le moins du monde l’apologie de cette société disparue, il me semble que les dictatures de la vertu nous ont coûté infiniment plus de sang et de larmes... »