CHAPITRE ONZE
Le jour de la réception était arrivé et la maison était dans la plus grande agitation. Les chats furent bannis de la cuisine et enfermés au sous-sol... jusqu’à ce que leurs véhémentes protestations fussent devenues plus insupportables que leur présence.
Mrs. Cobb préparait les croquettes de saumon et piquait d’ail le gigot d’agneau. Mrs. Fulgrove frottait l’argenterie, repassait le service de table et écrivait le nom des invités sur des cartes et sur des enveloppes de son écriture calligraphiée, flattée au-delà de toute expression, quand on la pria de le faire. Le fleuriste livra une camionnette de fleurs. La table avait été réduite pour permettre l’installation de dix convives et Melinda se servait d’un double décimètre pour calculer l’espace convenable entre chaque assiette.
Toute cette activité fébrile rendait Qwilleran nerveux. Il n’avait jamais offert de dîner officiel chez lui. Toutes ses invitations avaient toujours eu lieu dans des restaurants ou des clubs. Aussi quand Riker lui emprunta sa voiture pour aller faire un tour dans les environs, il sortit lui-même pour faire une paisible promenade à bicyclette.
Ayant terminé la boucle qui constituait ses sept kilomètres quotidiens, il se trouva juste à la limite de l’entrée de la ville, lorsqu’un chien menaçant bondit d’une cour en montrant les dents et aboya en courant après lui. Qwilleran poussa de grands cris et tourna sur la gauche. Il entendit un grincement de pneus, tandis qu’une automobile ralentissait derrière lui. Quelqu’un appela le chien et l’animal retourna vers la cour où deux autres chiens aboyaient furieusement en tirant sur leurs chaînes. Furieux, Qwilleran s’approcha du véhicule.
— Avez-vous vu ce chien se précipiter sur moi ?
La femme qui était au volant répondit :
— J’en suis encore bouleversée. J’ai cru qu’il allait vous renverser. C’est terrible. Ce ne devrait pas être permis.
— Permis ? Ce n’est pas permis. C’est interdit par la loi. Je vais déposer une plainte. Puis-je vous demander votre nom pour servir de témoin ?
Elle rougit et balbutia :
— J’aimerais vous aider mais... mon mari ne voudrait pas que je m’en mêle. Je regrette beaucoup.
Qwilleran n’insista pas, mais pédala directement en direction du poste de police où il trouva le chef Brodie à son bureau, se plaignant lui-même :
— Il y a trop de paperasserie. Ils ont inventé les ordinateurs pour faciliter la vie et tout devient plus compliqué. Que puis-je pour vous, Mr. Q. ?
Qwilleran lui relata son expérience avec ce chien fou-furieux en donnant le nom de la rue et le numéro de la maison.
— Ce chien est peut-être enragé et j’aurais pu être tué, déclara-t-il.
Brodie eut un geste d’impuissance.
— C’est encore Hackpole ! Cet homme constitue un problème. Il a reçu des tas d’avertissements. Nous ne pouvons guère faire plus, à moins que vous ne décidiez d’aller déposer une plainte. Personne d’autre n’osera lui tenir tête.
— Qui est donc ce Hackpole ? A-t-il jamais été chauffeur de taxi à New York ?
— Il est né ici, mais il a travaillé longtemps dans l’Est. À Newark, je crois. Il est revenu il y a quelques années et s’occupe de voitures d’occasion.
— Si je dépose une plainte, aura-t-elle le moindre effet ?
— Le shérif délivrera une assignation, et il devra comparaître devant le tribunal, dans deux ou trois semaines.
— Je vais le faire, dit Qwilleran et dites au shérif de suivre un traitement antitétanique et de porter un pantalon rembourré, à l’épreuve des crocs.
En revenant à la maison, il était plus nerveux qu’avant sa promenade à bicyclette, mais la magnificence qui l’attendait calma sa tension.
Dans la salle à manger, les verres en cristal et l’argenterie scintillaient sur la nappe blanche damassée. Deux hauts candélabres à huit branches étaient placés de part et d’autre d’un surtout victorien garni de fleurs et de fruits.
À sept heures, Melinda enfila une robe du soir en velours vert qui mettait ses yeux en valeur. Qwilleran, portant le plus neuf de ses deux costumes et sa nouvelle cravate, était presque élégant avec ses cheveux et sa moustache fraîchement coupés. Deux semaines de promenades à bicyclette avaient hâlé son teint et amélioré son tour de taille.
Riker était parti chercher Amanda. Quant aux Siamois, il avait été décidé qu’ils seraient autorisés à se mêler aux invités. Autrement leurs miaulements désespérés auraient couvert les efforts des trois musiciens âgés qui accordaient leurs instruments dans le foyer.
Jouant le rôle du valet de chambre, le propriétaire du grand magasin répétait avec une dignité pleine de raideur et un visage de marbre. Quant aux valets de pied, fils du banquier et étudiants à l’Université de Yale, ils s’exerçaient à une obséquiosité anonyme. Les jumeaux Finch seraient placés près de la porte pour faire entrer les invités et pour les conduire au solarium où Landspeak les annoncerait et servirait les cocktails. Plus tard, dans la salle à manger, les valets de pied offriraient les plats à gauche et retireraient les assiettes à droite, tandis que le maître d’hôtel verserait le vin avec un geste habile du poignet.
— Rappelez-vous que vous ne devez regarder personne, leur dit Melinda.
Comment me suis-je laissé entraîner dans cette aventure ? se demandait Qwilleran.
Le premier invité à se présenter fut le jeune rédacteur en chef du Picayune qui ressemblait à un étudiant le jour de sa remise de diplôme. Roger, sa femme et sa belle-mère arrivèrent ensuite. Sharon, vêtue d’un sari indien et Mildred d’une robe qu’elle avait tissée elle-même et qui était bordée de franges. Tout joyeux, Arch Riker ramena Amanda qui paraissait tellement en forme que Qwilleran pensa qu’ils s’étaient arrêtés en route, dans un bar, pour faire connaissance.
Finalement les derniers à se présenter furent Pénélope et son frère Alexander, tous deux grands et minces et d’une élégance raffinée. Alexander avait l’air froid et important dans son smoking blanc, sa sœur froide et distinguée dans sa robe de soie blanche. Elle avançait auréolée d’un parfum pénétrant.
— Le duc et la duchesse sont arrivés, chuchota Amanda à l’oreille de Riker. Surveillez vos manières si vous ne voulez pas être foudroyé du regard.
Qwilleran fit les présentations et Alexander dit à Riker de sa voix la plus professionnelle :
— Nous espérons que vous trouverez notre petite communauté aussi agréable que nous apprécions votre... Ah !... stimulant journal.
— J’apprécie certainement votre... Ah !... temps parfait, répondit Riker, sur le même ton.
Qwilleran s’enquit de la température à Washington.
— Une chaleur insupportable, dit le notaire, avec un sourire résigné, mais l’on s’efforce de souffrir avec grâce. En ayant l’oreille de... Ah ! personnalités influentes, je fais ce que je peux pour nos fermiers, héros souvent oubliés de ce grand... Ah ! pays du nord sauvage.
Les portes-fenêtres de la véranda étaient ouvertes, permettant au zéphir de dissiper l’impact presque insupportable du parfum de Pénélope. Distillées par le trio d’instruments à cordes installé dans le foyer, les mélodies de Cole Porter créaient la touche juste de gaieté et d’élégance.
Lorsque le maître d’hôtel s’approcha avec un plateau d’argent de canapés, les Goodwinter reconnurent le directeur du grand magasin local et échangèrent un coup d’œil incrédule.
— Champagne, Madame, ou jus de raisin Catwaba ?
Pénélope hésita, jeta un bref regard à son frère et choisit la boisson non-alcoolisée.
— Il y a des boissons mélangées, si vous préférez, dit Qwilleran.
— Je considère que c’est une occasion pour boire du champagne, dit Alexander, en prenant une coupe. Cette soirée est historique. À notre connaissance, c’est le premier dîner qui ait jamais eu lieu dans la Résidence Klingenschoen.
— Les Klingenschoen n’ont jamais pris part à la vie mondaine de Pickax, renchérit sa sœur.
Les invités circulaient, admiraient la taille des plantes vertes, la beauté des Siamois et échangeaient des plaisanteries.
— Bonjour Koko, dit Roger, avec bravoure.
Mais le chat l’ignora. Koko et Yom Yom tournaient autour de Pénélope en reniflant avec ardeur. Koko se permit d’éternuer deux fois avec discrétion.
L’hôte d’honneur taquinait Sharon sur l’aéroport primitif.
— Ne riez pas, Mr. Riker, ma grand-mère est arrivée ici dans un chariot bâché et c’était seulement il y a soixante-quinze ans. Nos fermes n’ont pas connu l’électricité avant 1937.
À Junior, Riker déclara :
— Vous devez être le plus jeune rédacteur en chef du monde !
— Je commence en haut de l’échelle et je descends tous les échelons, dit Junior. Mon ambition est d’être garçon de course au Daily Fluxion.
— Distributeur de journaux, corrigea Riker.
À un signal de l’hôtesse, le valet de chambre apporta un plateau d’argent contenant de petites enveloppes où les messieurs découvrirent le nom des dames qu’ils devaient escorter à table.
— Le dîner est servi, annonça-t-il.
Les musiciens passèrent à des valses viennoises et les invités se dirigèrent vers la salle à manger deux par deux. Personne ne remarqua Koko et Yom Yom qui fermaient la marche, la queue fièrement dressée.
Au bras de Qwilleran, Pénélope murmura :
— Pardonnez-moi si j’ai paru sévère, hier. J’avais reçu de mauvaises nouvelles, ce qui n’est pas une excuse. Mon frère ne voit aucune raison qui puisse empêcher une donation, à la mémoire de Tiffany Trotter.
Les grandes portes de la salle à manger avaient été ouvertes et les invités s’émerveillèrent du spectacle des seize chandelles allumées dans les candélabres d’argent et des vingt-quatre lampes, en forme de bougies qui brillaient dans les deux lustres en bois de cerf, faisant luire les riches lambris et mettant en valeur les rideaux de velours. Il y eut des commentaires sur le magnifique surtout. Puis les invités s’installèrent et savourèrent la terrine de faisan. Du coin de l’œil, Qwilleran remarqua deux queues brunes qui disparaissaient sous la nappe damassée.
Assis à la tête de la table, il avait Pénélope à sa droite et Amanda à sa gauche. Au cours de la conversation, il parla de l’incident provoqué par le chien de Hackpole et de sa décision de porter plainte.
— Il est grand temps que quelqu’un intervienne contre ce fou dangereux, dit Amanda, si notre maire n’était pas une chiffe molle, il ne laisserait pas Hackpole s’en tirer ainsi.
Pénélope aborda vivement un sujet plus paisible.
— Tout le monde a été extrêmement heureux d’apprendre que vous aviez l’intention de transformer cette maison en musée, Mr. Qwilleran.
— La ville ne l’appréciera pas longtemps, répliqua Amanda. Quand les contribuables s’apercevront de ce qu’il leur en coûte pour chauffer cette maison et payer l’électricité, ils voteront une motion afin que le square soit changé de zone et ils vendront la maison par appartements !
Qwilleran eut l’impression que la conversation, à l’autre bout de la table, se poursuivait avec plus de finesse. Tout en essayant d’écouter ce que disaient Roger et Junior, il entendit Riker raconter des histoires de reportages, Alexander décrire la vie mondaine à Washington, tandis que Melinda parlait de la semaine qu’elle avait passée à Paris et que Sharon et Mildred se moquaient de la naïveté des touristes à Mooseville.
— Tchoum !
Les Siamois étaient toujours sous la table. Yom Yom à la recherche d’un lacet de chaussures à dénouer et Koko écoutant les conversations avec une grande concentration.
Au moment où les croquettes de poissons furent servies, Qwilleran eut quelques difficultés à faire rebondir la conversation. Junior semblait frappé de stupeur. Peut-être n’avait-il jamais vu un surtout, ni mangé de terrine de faisan. Roger mangeait, mais ressemblait à quelqu’un d’autre. Pénélope paraissait préoccupée. Au mieux, ses remarques étaient prudentes. Elle n’avait pas touché son verre de vin. Quant à la volubile Amanda, elle devenait plus somnolente, de minute en minute.
Les airs de valses venant du foyer étaient soporifiques, pensa Qwilleran. Il aurait souhaité que l’on jouât du Mozart ou du Boccherini. Cependant les voisins immédiats de Melinda continuaient à être agréablement animés.
En désespoir de cause, il essaya un sujet après l’autre.
— La motocyclette de Birch Tree comporte une cassette stéréo, un changement de vitesse et une liaison téléphonique. Je préfère pédaler sur Ittibittiwassee Road, cette route droite avec peu de circulation et passer devant cette mystérieuse mine Buckshot. Vous connaissez bien l’histoire des mines, Roger. Quelles sont donc les autres mines ?
Roger battit des paupières et dit assez distraitement :
— Eh bien... il y avait la Goodwinter... La Grande B… la Trisdale...
— Et la Moosejaw, dit sa femme, de l’autre côté de la table.
— La Mossejaw, répéta-t-il docilement... et la Black Creek. Cela fait combien ?
— Seulement six, mon chéri...
— Eh bien... il y avait la Honey Hill... ai-je mentionné la Vieille Gloire ?
— N’oublie pas la Folie de Smith...
— La Folie de Smith, c’est bien ça, conclut Roger, avec soulagement.
— Il a oublié les Trois Pins, dit Sharon. C’est là qu’il y a eu ce grand éboulement, il y a quelques années. Même le Daily Fluxion en a parlé.
Tchoum ! Il venait d’y avoir un autre éternuement sous la table.
L’agneau à la bûcheronne fut servi et Pénélope demanda :
— Vous êtes-vous remis à écrire, Mr. Qwilleran ?
— Seulement des lettres. J’ai un énorme courrier.
— Je crois savoir que vous répondez à chaque lettre personnellement, de la façon la plus courtoise. C’est vraiment très aimable de votre part.
Qwilleran entendit un autre son familier sous la table et espéra que Koko exprimait seulement son opinion et ne s’en prenait pas au soulier de Pénélope. De l’autre côté de la table, il entendit Mildred parler à Alexander de son élève si douée qui avait quitté la ville sans explication et avait virtuellement disparu.
— C’est grand dommage, disait-elle, parce qu’elle venait d’une famille pauvre et qu’elle aurait pu aller au collège et acquérir une bonne instruction générale.
Alexander déclara avec autorité :
— Chaque année, un grand nombre de jeunes filles préfèrent abandonner la petite ville d’où elles sont originaires pour être assimilées dans un grand centre urbain... Ah !... parfois avec succès. Beaucoup de femmes qui ont réussi sur le plan professionnel à New York et Washington étaient des réfugiées – pour ainsi dire – issues de la province. Leur talent est perdu localement parce que nous ne savons pas leur offrir des encouragements et des occasions de s’épanouir.
Tchoum !
— Il est regrettable que nous n’apportions pas autant d’aide aux artistes qu’aux fermiers, dit Mildred.
Pendant que l’on servait la salade, Qwilleran s’efforça de soutenir la conversation et fut soulagé de voir apparaître la tarte aux myrtilles. À ce moment-là, il annonça :
— Mesdames et Messieurs, chers amis, un membre important de notre maison qui porte de lourdes responsabilités sur les épaules en tant que gouvernante, conservateur de collection, expert en œuvres d’art, a été absente de cette table. Nous devons au talent d’iris Cobb la préparation de ce repas et j’aimerais qu’elle vienne maintenant se joindre à nous à cette table pour le dessert.
Il y eut un murmure d’approbation, tandis qu’il allait à la cuisine et revenait avec la rougissante gouvernante. Des applaudissements discrets retentirent et il avança une chaise pour faire asseoir Iris Cobb entre lui et Pénélope. Cette dernière se raidit imperceptiblement.
Le café et les liqueurs furent servis au salon.
Les invités parurent revivre. De petits groupes se formaient autour du portrait de la jeune femme à taille de guêpe, modèle 1880.
— Elle était danseuse professionnelle, avant qu’il ne l’épouse, dit Amanda. Regardez son œil aguicheur.
— Racontez-nous donc quelques histoires savoureuses sur le Saloon K. Roger, dit Junior.
— Raconte l’histoire d’Harry, suggéra Sharon.
— Croyez-vous que ce soit convenable ?
— Pourquoi pas ?
— Nous vous écoutons !
— Eh bien ! voilà : c’est une histoire vraie. L’un des clients du Saloon K était un mineur appelé Harry. Il avait l’habitude de boire au point d’être ivre-mort. Il travaillait alors chez le fabricant de meubles qui était également entrepreneur des pompes funèbres. Un soir, ils allèrent le chercher en traîneau – on était au cœur de l’hiver – pour le conduire à son saloon préféré. Ils retournèrent tous au bar et noyèrent leur chagrin dans l’alcool. Finalement, à trois heures du matin, ils installèrent de nouveau Harry dans son traîneau et fouettèrent les chevaux. Ils chantaient et riaient et ne remarquèrent pas que le corps d’Harry basculait dans le caniveau. Quand ils revinrent chez le fabricant de meuble, pas de Harry ! Ils le cherchèrent toute la nuit, mais la neige tombait et Harry ne fut retrouvé qu’au printemps.
Il y eut quelques exclamations et des rires étouffés. Qwilleran déclara :
— Quelle bande de nécrophiles ! Du moins si l’histoire est vraie. Je la crois apocryphe.
Pénélope toussota et dit d’une voix ferme :
— Ce fut une délicieuse soirée et je regrette de devoir me retirer aussi tôt.
— Je dois prendre un avion pour Washington demain matin, de bonne heure, dit Alexander.
— Ils ne peuvent diriger le pays sans lui, chuchota Amanda à l’oreille de Riker.
Le groupe de Mooseville ne tarda pas à prendre également congé. Riker accompagna Amanda chez elle, Mrs. Cobb monta dans sa chambre. Qwilleran et Melinda prirent un dernier verre dans la cuisine avec le maître d’hôtel, les valets de pied et le trio de musiciens, en les félicitant de leur performance. Puis, quand tout le monde fut parti, Qwilleran et Melinda retirèrent leurs chaussures et s’installèrent dans la bibliothèque pour commenter la soirée.
— Avez-vous remarqué la réaction de Pénélope, quand vous avez invité la cuisinière à table, dit Melinda. Elle a considéré que c’était le faux pas majeur du XXe siècle !
— Elle n’a pas bu un seul verre de vin de toute la soirée. Je crois qu’elle aurait aimé une coupe de champagne, mais son frère s’y est opposé.
— Alexander n’aime pas qu’elle boive. Comment trouvez-vous son parfum ? Elle m’a demandé de le lui rapporter de Paris.
— Violent, à tout le moins. Elle était assise à ma droite et j’en ai perdu tout sens de l’odorat. À partir du poisson, rien ne m’a paru avoir de goût. Junior qui était à côté d’elle avait l’air d’avoir fumé de l’opium. Amanda a failli s’évanouir et Roger ne se rappelait plus le nom des mines, c’était ce parfum, j’en suis persuadé. Les chats ne faisaient qu’éternuer sous la table !
— J’ai dû le passer en fraude. Sa vente n’est pas autorisée aux États-Unis.
— Si vous voulez mon avis, il contient une sorte de gaz. Comment l’appelez-vous ?
— Magie Féline. Il coûte très cher... Est-ce une illusion ou est-ce un pic que je vois dans ce coin ?
— Il m’a été offert par les Pickax Boosters. Je le ferai placer au-dessus de la cheminée... ou bien je m’en servirai comme presse-papier... ou bien encore je l’emporterai pour me défendre contre les chiens enragés, quand j’irai faire de la bicyclette.
Au même instant Koko entra dans la pièce en jetant un regard impérieux à Qwilleran.
— À propos, dit celui-ci, savez-vous quelque chose au sujet de la mine des Trois Pins ?
Melinda parut amusée :
— Cette cabane écroulée est notoirement un lieu de rencontre pour les amoureux. Chéri, seriez-vous intéressé ? À votre âge !