SCÈNE SEPTIÈME

LES MÊMES, HÉCUBE, ANDROMAQUE

HÉCUBE. – Tu es sourde, Polyxène ? Et qu’as-tu à fermer les yeux en me voyant ? Tu joues à la statue ? Viens avec moi.

HÉLÈNE. – Elle s’entraîne à ne rien sentir. Mais elle n’est pas douée.

HÉCUBE. – Enfin, est-ce que tu m’entends, Polyxène ? Est-ce que tu me vois ?

LA PETITE POLYXÈNE. – Oh ! oui ! Je t’entends. Je te vois.

HÉCUBE. – Pourquoi pleures-tu ? Il n’y a pas de mal à me voir et à m’entendre.

LA PETITE POLYXÈNE. – Si… Tu partiras…

HÉCUBE. – Vous me ferez le plaisir de laisser désormais Polyxène tranquille, Hélène. Elle est trop sensible pour toucher l’insensible, fût-ce à travers votre belle robe et votre belle voix.

HÉLÈNE. – C’est bien mon avis. Je conseille à Andromaque de faire ses commissions elle-même. Embrasse-moi, Polyxène. Je pars ce soir, puisque tu y tiens.

LA PETITE POLYXÈNE. – Ne partez pas ! Ne partez pas !

HÉLÈNE. – Bravo ! Te voilà souple…

HÉCUBE. – Tu viens, Andromaque ?

ANDROMAQUE. – Non, je reste.