Humilié

 

14 février 1986

 

 

  Connaissez-vous rien de plus humiliant, pour une grande personne, que d'être publiquement déculottée par un enfant? J'entends «déculottée » au sens figuré, cela va de soi: pour ce qui est des tentatives de détournement de majeur, faites-moi confiance, je sais me défendre.

 

  En revanche, j'entends « grande personne » au sens propre, trois fois hélas, je devrais dire quarante-six fois hélas, mon expulsion placentaire ayant coïncidé avec le début d'un exode encore plus général... Je suis même une grande personne en voie de tassement. Je commence à m'essouffler dans les secrétaires, même bilingues. Bientôt, j'accosterai sur les rives mortelles du Troisième Age, celui où tout bascule, où l'on s'éveille un triste matin sur les genoux, avec les mains froides et le gris aux tempes. La veille encore, tout allait bien pour toi, mon frère: tant qu'il a les artères plus molles que le sexe, l'étalon piaffe. Et puis, plaf, tu sais ce que c'est: quand l'un de ses membres ne lui permet plus de cavaler, on abat le vieux cheval...

 

Pouf, pouf.

 

  Avant ces digressions de cimetière où la grisaille givrée de cet hiver de merde me pousse malgré moi, j'allais vous narrer comment je fus récemment humilié, que dis-je, bafoué au plus profond de ma vanité de mâle à poil dur, par un petit garçon. Un petit Suisse, tout laiteux tout sucré, qui s'appelait Hans et qui avait huit ans et demi au moment des faits, c'est-à-dire avant-hier.

 

  Un petit garçon normal, avec des cheveux tendres et des yeux bleus parallèles.

 

  Je venais de déjeuner avec quelques amis chez son papa, un Suisse riche (excusez, je bafouille...), un Suisse qui fournit des rations-repas aux compagnies d'aviation du monde entier. Un type bien: ne me faites pas dire qu'un con fait des rations helvétiques, je ne calemboure point dans les alpages.

 

  Au pousse-café, Hans-qui me tient pour un être exceptionnel parce que je dis des gros mots dans le poste-voulut à tout prix me montrer sa chambre. C'était, sur douze mètres carrés, du sol au plafond et jusque sous le lit, un musée de l'avion, avec tout ce qui vole, plane ou sombre, depuis les biplans incertains façon Blériot jusqu'à l'invincible navette d'artifice que vous savez, en passant par le Bréguet-deux-ponts et le Spirit-of-Saint-Louis. Hans m'expliqua que son père avait naturellement aidé à sa collection d'aéroplanes mais que, maintenant, ce qui l'intéressait surtout, c'était les chasseurs et les bombardiers. Quand nous fûmes revenus au salon, je félicitai le gamin pour la stupéfiante précocité de son aérophilie casanière, tout en m'étonnant tout de même de sa nouvelle attirance vers les machines de guerre.

 

  -Je m'en fous, quand je serai grand, je serai pilote de chasse, décréta-t-il, avec une pointe d'agressivité dans le ton.

 

  Et alors moi, pauvre moraliste de café-tabac, voilà-t-il pas qu'emporté par un élan de pacifisme moisi indigne du responsable du stage rafia longue durée de la Maison de la culture de Saint-Jérôme-Deschamps, voilà-t-il point qu'au lieu de me taire, exalté à cœur par les brumes de mon Davidoff mêlées aux effluves de la poire Williams, revoilà-t-il repoint que je m'entends dire que:  pas beau la guerre et que à caca la mitrailleuse et que c'est vilain tacatacaboum.

 

  -Voyons, Hans, mon petit pote, ce qui te plaît, dans l'avion, c'est de voler. Mais pourquoi veux-tu à tout prix voler dans l'armée ? Sais-tu bien ce que cela représente, comme morts à venir, un pilote de chasse ? Sais-tu que ça peut tuer, un pilote de chasse ?

 

  Et lui, poliment surpris:

 

  -En Suisse ?

 

  Hu-mi-lié .

 

Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Criticon

 

19 février 1986

 

 

  Un critique de films, dont je tairai le nom afin qu'il n'émerge point du légitime anonymat où le maintient son indigence, écrivait dans un hebdomadaire dans lequel, de crainte qu'ils n'y pourrissent, je n'enfermerais pas mes harengs, un critique de films, disais-je donc avant de m'ensabler dans les méandres sournois de mes aigreurs égarées entre deux virgules si éloignées du début de ma phrase que voilà-t-il pas que je ne sais plus de quoi je cause, un critique de films écrivait récemment, à propos, je crois, d'un film de Claude Zidi, deux points ouvrez les guillemets avec des pincettes:

 

  « C'est un film qui n'a pas d'autre ambition que celle de nous faire rire. »

 

  Je dis merci.

 

  Merci à toi, incontinent crétin justement ignoré, merci d'avoir fait sous toi, permettant ainsi à l'humble chroniqueur radiophonique quotidien de trouver matière (je pèse mes mots) à entretenir sa verve misanthropique que les yeux tendres des enfants et la douceur de vivre en ce pays sans barreaux aux fenêtres des dictateurs en fuite font encore trop souvent chanceler. (C'est la verve qui chancelle.)

 

  Merci, sinistrissime ruminant, pour l'irréelle perfection de ta bouse, étalée comme un engrais prometteur sur le pré clairsemé de mon inspiration vacillante où je cherchais en vain ce soir les trèfles à quatre griffes de ma haine ordinaire qui s'épanouit jour après jour au vent mauvais qui l'éparpille sur 1852 mètres grandes ondes avant la publicité pour le GAN et

l'UAP et le journal de Patrice Bertin, mais pour écouter dans les tunnels essayez la FM...

 

  Relisons ensemble cette sentence digne de figurer au fronton du mausolée à la gloire du connard inconnu mort pour la transe:

 

  « C'est un film qui n'a pas d'autre ambition que celle de nous faire rire. »

 

  D'abord, je passerai sur l'écrasante fadeur du lieu commun. On a justement mis le doigt récemment sur l'immense ennui distillé à longueur de discours par la fameuse langue de bois des politichiens et des politicons. Mais tirez donc celle de certains journalistes, et vous verrez qu'elle est chargée: « On se perd en conjectures sur les causes de l'accident, et on murmure dans les milieux généralement bien informés qu'on laisse entendre de source sûre, mais devant l'amas de tôles froissées et de poutres calcinées l'innocente victime ne fait que répéter " C'est affreux, c'est affreux", et gageons que cette soirée n'engendrera pas la mélancolie. » Nous y revoilà.

 

  Je sens qu'ils vont bien dormir au sommet de la francophonie.

 

 

  Ce qui (sans génie, je vous l'accorde) me fait bouillir, c'est qu'un cuistre ose rabaisser l'art, que dis-je, l'artisanat du rire au rang d'une pâlotte besognette pour façonneur léthargique de cocottes en papier.

 

  Qu'on me comprenne. Je ne plaide pas pour ma chapelle. D'ailleurs, je ne cherche pas à vous faire rire, mais seulement à nourrir ma famille en ébauchant ici, chaque jour, un grand problème d'actualité: ceci est une chronique qui n'a pas d'autre prétention que celle de me faire manger.

  Mais qui es-tu, zéro flapi, pour te permettre de penser que le labeur du clown se fait sans la sueur de l'homme ? Qui t'autorise à croire que l'humoriste est sans orgueil ? Mais elle est immense, mon cher, la prétention de faire rire. Un film, un livre, une pièce, un dessin qui cherchent à donner de la joie (à vendre de la joie, faut pas déconner), ça se prépare, ça se découpe, ça se polit. Une oeuvre pour de rire, ça se tourne, comme un fauteuil d'ébéniste, ou comme un compliment, je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire avec ce trou béant dans ta boîte crânienne... Molière, qui fait toujours rire le troisième âge, a transpiré à en mourir. Chaplin a sué. Guitry s'est défoncé. Woody Allen et Mel Brooks sont fatigués, souvent, pour avoir eu, vingt heures par jour, la prétention de nous faire rire. Claude Zidi s'emmerde et parfois se décourage et s'épuise et continue, et c'est souvent terrible, car il arrive que ses films ne fassent rire que lui et deux charlots sur trois. Mais il faut plus d'ambition, d'idées et de travail pour accoucher des Ripoux que pour avorter de films foetus à la Duras et autre déliquescences placentaires où le cinéphile lacanien rejoint le handicapé mental dans un même élan d'idolâtrie pour tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la merde.

 

  Pauvre petit censeur de joie, tu sais ce qu'il te dit monsieur Hulot ?

 

 

  Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les trois draps du prince d'Orient

 

 

20 février 1986

 

 

  Imaginez, face au Léman gris-bleu que la mouette escagasse, l'un des plus beaux palaces hôtels de Genève. Un grand beau cube adouci aux entournures, cachant aux yeux du populaire, sous sa brillante carapace de verre fumé, des chambres de princesses et des salons d'ébène où seuls le cliquetis assourdi d'une cuiller d'argent sur un cristal de Daum ou le froissement craquelé d'un billet de cent dollars viennent parfois troubler à peine le silence feutré des moquettes vert tendre si profondes que les plus petits émirs, chatouillés sous les bras par leurs doux poils de laine blanche épurée, les parcourent en pouffant d'un beau rire oriental...

 

  J'y vins dormir trois nuits aux frais de mon éditeur. Lequel, ébloui par le chiffre de mes tirages, au seuil de l'année nouvelle, m'avait envoyé ronronner là pour que je m'y partageasse entre deux interviews compassées par-ci et deux intervieweuses compassées par-là, avec des gros lolos pour la partie ludique.

 

 

  Au soir du troisième jour, alors que l'hôtel était bondé d'une horde gominée de parvenus de style Vuitton-Cartier, atterris en ces lieux pour assister à je ne sais plus quel Salon de la décoration de bureau pour amateurs d'ordinateurs Louis XV, voici qu'apparaît à la réception et à l'improviste un magnifique ministre princier d'un État du Golfe, avec une noble tête de pirate du désert sur un ensemble Balmain pied-de-poule, et un gorille élastique et camionnal, beau comme un Depardieu rectifié au brou de noix.

 

  -Cher réceptionniste, dit le ministre, outalib bi alrorfa mia oua tamani ya oua talatin.

 

  -Plaît-il ? s'étonna le réceptionniste.

 

  -Well, dit l'armoire. De prince says dat he would like to get de room one hundred and thirty eight.

 

  Le réceptionniste, hélas, dut s'aplatir en excuses navrées: la suite 138, celle que le prince et son Rocky-des-sables habitaient habituellement, était exceptionnellement occupée. Son Altesse aurait dû réserver. Mais il restait une chambre simple, la 147. Or, le ministre exigeait que son garde du corps dormît dans la même suite que lui, sur un lit de camp dans la pièce contiguë. Hélas, oulala, oulala, cette nuit-là, non seulement il ne restait qu'une chambre, mais tous les lits de camp avaient été réquisitionnés pour les épouses ou les hétaïres des cadres brillantinés sus-décrits. Son Altesse accepterait-elle exceptionnellement que son collaborateur dormît à l'étage du dessus où restait une chambre mansardée sous le toit ?

 

-Ya Rarab bi teq ! hurla le ministre.

 

  Ce qui peut se traduire en substance par putain de bordel de merde ça va chier nom de Dieu.

 

  Le réceptionniste affolé réveilla le directeur. Le prince était le meilleur client de l'hôtel. L'été, il venait prendre les eaux du lac avec son harem, les cousines de son harem, les soeurs des cousines de son harem et des tas de potes sous-émirs pétrolifères djellabiques qui venaient déverser leurs milliards superflus par les fenêtres du casino. La seule exigence de ce client en or était qu'on fît dormir son musclé près de lui.

  -Je suis infiniment confus, dit le directeur. Je ne vois qu'une solution. Ce serait que Monsieur, ajouta– t-il en montrant la bête humaine, couche dans le lit de Votre Altesse, dans la chambre 147. Je ferai remarquer à Votre Altesse qu'il s'agit d'un lit de deux cent cinquante centimètres de large. Ce qui exclut toute... éventualité de... promiscuité désobligeante. N'est-ce pas ? ajouta-t-il avec un accent vaudois approximatif, car il était de Berne.

 

  -Ya Rarab bi teq ! rehurla la seigneurerie, signifiant qu'il n'était absolument pas question qu'un prince de sang s'allongeât jamais dans les mêmes draps qu'un roturier du même sexe.

 

  Finalement, c'est une petite soubrette espagnole qui trouva la solution. Elle suggéra timidement qu'on mît trois draps dans le lit. Le prince dormirait entre le premier et le deuxième drap. Le gorille entre le deuxième et le troisième drap.

 

  On l'applaudit. On fit comme elle avait dit. Tout le monde dormit bien cette nuit-là. Le prince n'épousa pas la soubrette, mais il lui fit porter des fleurs tout à fait merveilleuses qui la firent s'évanouir de ravissement.

 

 

  Cette fable ne vaut que parce qu'elle n'en est pas une. Elle est authentique. Et rassurante, dans la mesure où elle nous prouve qu'on a souvent besoin d'un plus petit que soi pour réussir le clivage des classes sociales dans les contes à dormir couché.

 

 

  Quant au mois de mars, Ya Rarab bi teq, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Joëlle

 

24 février 1986

 

 

  Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais signaler que moi aussi j'ai vu les Césars. Très bien. Toute cette vraie sincérité qui éclate sur les visages de ces gens qui sont si malheureux de ne pas pouvoir partager leur cadeau avec les ouvreuses et les machinistes. Je tenais à en profiter pour remercier France Inter sans qui je serais sur Europe 1. Je voudrais remercier ce micro sans lequel ma voix ne toucherait pas Barbizon. Je voudrais remercier Rika Zaraï de n'être pas venue à cet enregistrement avec Leprince-Ringuet, son amant. Et puis, finalement, je voudrais remercier mon cul d'avoir supporté mes jambes pour venir jusqu'à vous ce soir.

 

  J'ai une enfant douée d'un tempérament très original; elle regarde Récré A 2, elle a des bisounours, elle aime le chocolat au lait et elle collectionne les autocollants.

 

  Elle passe le plus clair de ses loisirs à m'engluer de tendresse afin que je fasse jouer mes relations dans le milieu des calicots pour lui obtenir, à n'importe quel prix, n'importe quelle sorte de vignettes pourvu qu'elles soient adhérentes sur tous les supports, y compris sur le chat qui, bien que noir de poil et persan d'origine, pour ne pas dire arabe, se promenait hier encore avec un dossard proclamant son soutien à Jean-Marie Le Pen.

 

  Samedi matin, comme cette petite personne rentrait de l'école avec RTL sur le pull et Europe 1 entre les oreilles - quelle honte ! -, je lui signifiais sévèrement ma réprobation pour cet engagement cocardier, quand le téléphone fit quoi ? Sonna.

 

  C'était Joëlle Kauffmann. La femme de Jean-Paul. Je devrais dire la femme sans Jean-Paul. Car elle ne vibre, ne bouge, ne se désole et ne se démène qu'au fond du trou sans fin de cette absence qui lui mange la vie. Elle me demandait de venir, éventuellement, l'après-midi même, sur la péniche amarrée sous le Pont-Neuf, où est installé le comité de soutien à Jean-Paul Kauffmann et aux autres otages. Elle donnerait une conférence de presse à 16 heures pour souligner le début du dixième mois de détention de son mari et de Michel Seurat, du douzième mois pour Fontaine et Carton.

 

  En règle générale, je ne manifeste jamais mes sentiments, mes idéaux, mes combats en public, sauf quand c'est payé. J'ai mes pauvres, j'ai mes déshérités, et j'ai des opinions, mais je m'interdis le plus souvent de les exhiber en public, persuadé qu'il y a toujours une certaine impudeur à montrer son coeur à tous les passants pour pas un rond, alors qu'on se fait rétribuer pour leur montrer son cul...

 

  Et puis, je suis bien trop maladivement individualiste pour manifester à plus de un. Mais, je ne sais pas pourquoi, je ne résiste pas à Joëlle Kauffmann. Elle me bouleverse à force de ne jamais s'effondrer. Elle va faire libérer son bonhomme parce que neuf mois, ça suffit comme ça, faut pas pousser, allons, allons, ouvrez-moi cette porte et brisez-moi ces barreaux. Joëlle Kauffmann me fait penser à une autre femme que je connais qui a un cancer et qui va guérir parce que « la mort, comprenez-vous, je n'ai tout de même pas que ça à faire ».

 

  Une question me hantait: « Chère Joëlle, est-ce que vous distribuez des autocollants sur votre péniche ? » Elle me dit que oui.

 

  J'allai donc à sa conférence de presse. Il faisait un froid bleu sur Paris, et sur la Seine un de ces vents qui pincent et bleuissent et foulent aux pieds les espoirs de monsieur Thermolactyl.

  Joëlle nous a fait du vin chaud avec de la cannelle. Il y avait là, tassés comme des oiseaux frileux dans le nid de ce bateau ventru, des journalistes aussi bronzés que célèbres, un architecte émouvant, d'autres journalistes pâles et moins connus, et puis cette poignée de jeunes gens incroyables et bénévoles qui se shootent à l'espoir vrai quand d'autres se fixent à l'héroïne. Joëlle est montée sur le pont pour lire son communiqué à la presse. Elle a le nez rougi par la bise et les yeux pétillants, sombres, farouches du désir d'en finir avec ce calvaire inhumain jonché d'inquiétudes mortelles et du désert de lui. Pendant que les gens d'Antenne 2 montent leur caméra baladeuse avant de l'enregistrer, elle me prend par le bras et se met à rire en regardant le Pont-Neuf... Elle me raconte que, quand Christo a eu emballé l'ouvrage, il s'est montré un peu ennuyé de la promiscuité forcée de son oeuvre avec cette péniche placardée de photos des otages: « Vous comprenez, madame, nous faisons la fête de la joie, et vous, vous nous montrez le drame, c'est fâcheux. Vous pourriez peut-être aller plus loin. »

 

  C'est parfaitement authentique, et je signale que tous les médias étaient au courant de cette anecdote et qu'aucun n'en a jamais soufflé mot parce que, en France, terre des couards et des faux-culs, les mêmes qui se pâment devant Guernica vous feront remarquer qu'on ne mélange pas l'Art et la douleur dans la même rubrique.

 

  Aux cris de « Libérez Kauffmann et le Pont-Neuf », les amis de Joëlle ont fait revenir Christo sur ses aspirations séparatistes.

 

 

  Maintenant, Joëlle est sur le pont. C'est plus qu'une image. C'est une figure de proue. Elle lit d'une voix forte et décidée:

 

  « Samedi 22 février 1986: neuf mois de détention pour Jean-Paul Kauffmann et Michel Seurat, onze mois pour Marcel Carton et Marcel Fontaine.» Que signifie pour nous de marquer la date mensuelle de cette criminelle détention qui ne trouve pas d'issue ?» Au-delà de ma propre douleur, je renouvelle, pour mes enfants et ma famille, un appel désespéré à tout homme de bonne volonté, ici ou ailleurs, en France et en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, pour contribuer à la libération immédiate de Jean-Paul et de ses compagnons de détention. » Fin de citation, fin du jour, fin du vin chaud. Ce soir lundi est le deux cent soixante-quinzième jour après le premier jour où la vie des Kauffmann s'est mise entre les parenthèses d'acier de la folie des hommes...

 

Moi, je m'en fous, j'ai mon autocollant.

 

  Et, depuis ce matin, sur le cahier d'écolier où Eluard écrivait ton nom et où j'écris cette chronique, j'ai mis près du tien, Liberté, le nom de Kauffmann.

 

 

  Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La démocratie

 

3 mars 1986

 

 

  Est-il en notre temps rien de plus odieux, de plus désespérant, de plus scandaleux que de ne pas croire en la démocratie ?

 

  Et pourtant. Pourtant.

 

  Moi-même, quand on me demande: « Etes-vous démocrate ? », je me tâte. Attitude révélatrice, dans la mesure où, face à la gravité de ce genre de question, la décence voudrait que l'on cessât plutôt de se tâter. Un ami royaliste me faisait récemment remarquer que la démocratie était la pire des dictatures parce qu'elle est la dictature exercée par le plus grand nombre sur la minorité. Réfléchissez une seconde: ce n'est pas idiot. Pensez-y avant de reprendre inconsidérément la Bastille. Alors que, en monarchie absolue, la loi du prince refuse cette attitude discriminatoire, puisqu'elle est la même pour les pour et pour les contre. Vous me direz que cela ne justifie pas qu'on aille dépoussiérer les bâtards d'Orléans ou ramasser les débris de Bourbon pour les poser sur le trône de France avec la couronne au front, le sceptre à la main et la plume où vous voudrez, je ne sais pas faire les bouquets.

 

  Mais convenez avec moi que ce mépris constitutionnel des minorités qui caractérise les régimes démocratiques peut surprendre le penseur humaniste qui sommeille chez tout cochon régicide. D'autant plus que, paradoxe, les intellectuels démocrates les plus sincères n'ont souvent plus d'autre but, quand ils font partie de la majorité élue, que d'essayer d'appartenir à une minorité. Dans les milieux dits artistiques, où le souci que j'ai de refaire mes toitures me pousse encore trop souvent à sucer des joues dans des cocktails suintants de faux amour, on rencontre des brassées de démocrates militants qui préféreraient crever plutôt que d'être plus de douze à avoir compris le dernier Godard. Et qui méprisent suprêmement le troupeau de leurs électeurs qui se pressent aux belmonderies boulevardières. Parce que c'est ça aussi, la démocratie. C'est la victoire de Belmondo sur Fellini. C'est aussi l'obligation, pour ceux qui n'aiment pas ça, de subir à longueur d'antenne le football et les embrassades poilues de ces cro-magnons décérébrés qu'on a vus s'éclater de rire sur le charnier de leurs supporters. La démocratie, c'est aussi la loi du Top 50 et des mamas gloussantes reconverties en dondons tisanières. La démocratie, c'est quand Lubitsch, Mozart, René Char, Reiser ou les batailleurs de chez Polac, ou n'importe quoi d'autre qu'on puisse soupçonner d'intelligence, sont reportés à la minuit pour que la majorité puisse s'émerveiller dès 20 heures 30, en rotant son fromage du soir, sur le spectacle irréel d'un béat trentenaire figé dans un sourire définitif de figue éclatée, et offrant des automobiles clé en main à des pauvresses arthritiques sans défense et dépourvues de permis de conduire.

 

  Cela dit, en cherchant bien, on finit par trouver au régime démocratique quelques avantages sur les seuls autres régimes qui lui font victorieusement concurrence dans le monde, ceux si semblables de la schlag en bottes noires ou du goulag rouge étoilé. D'abord, dans l'un comme dans l'autre, au lieu de vous agacer tous les soirs entre les oreilles, je fermerais ma gueule en attendant la soupe dans ma cellule aseptisée. Et puis, dans l'un comme dans l'autre, chez les drapeaux rouges comme chez les chemises noires, les chefs eux-mêmes ont rarement le droit de sortir tout seuls le soir pour aller au cinéma, bras dessus, bras dessous avec la femme qu'ils aiment. Les chefs des drapeaux rouges et les chefs des chemises noires ne vont qu'au pas cinglant de leurs bottes guerrières, le torse pris dans un corset de fer à l'épreuve de l'amour et des balles. Ils vont, tragiques et le flingue sur le coeur. Ils vont, métalliques et la peur au ventre, vers les palais blindés où s'ordonnent leurs lois de glace. Ils marchent droits sous leurs casquettes, leurs yeux durs sous verre fumé, cernés de vingt gorilles pare-chocs qui surveillent les toits pour repérer la mort. Mais la mort n'est pas pour les chefs des drapeaux rouges ni pour les chefs des chemises noires. La mort n'est pas aux fenêtres des rideaux de fer. Elle a trop peur.

 

  La mort est sur Stockholm. Elle signe, d'un trait rouge sur la neige blanche, son aveu d'impuissance à tuer la liberté des hommes qui vont au cinéma, tout seuls, bras dessus, bras dessous, avec la femme qu'ils aiment jusqu'à ce que mort s'ensuive.

 

 

  Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Cour

 

4 mars 1986

 

 

  Je me rappelle ce dîner en banlieue chez ce grand amuseur français, c'était, je crois, en 1982, c'est-à-dire à une époque où il était déjà plus célèbre en France que Roland Dubillard ou la bataille de Marignan.

 

  Il m'avait fait l'honneur d'imaginer que j'étais capable de collaborer à l'écriture d'un film qu'il était plus ou moins sur le point de tourner. A cet effet, et aussi, je pense, par pure amitié, il m'avait convié à souper chez lui en toute intimité, c'est-à-dire en compagnie de quatre-vingts parasites nocturnes abonnés quotidiens de sa soupe populaire. Certains hauts personnages accrochent ainsi à leur traîne par altruisme, ou pour se rassurer, des conglomérats gluants d'indécrochables sangsues.

 

  J'en ai vu de ces phagocytaires. J'en ai vu sautiller humblement derrière un écrivain célèbre. J'en ai vu, des cultivés à diplômes, s'aplatir voluptueusement pour mieux flagorner une chanteuse grasseyante plus vulgaire qu'une virgule sur le mur gris des toilettes– hommes de la gare du Nord. J'en ai vu s'accrocher au fauteuil d'infirme d'une vieille star lyophilisée. J'en ai vu ramper sous des pétasses cinégéniques à lolos centripétes.

 

  J'en ai vu, dans le show-biz, ramper de si peu dignes et si peu respectables qu'ils laissaient dans leur sillage des rires de complaisance aussi visqueux que les mucosités brillantes qu'on impute aux limaces.

 

  Ce soir-là, chez mon hôte, c'en était plein, de la moquette aux baignoires, et jusque sous l'évier où les plus serviles léchaient les serpillières pour avoir l'air utiles. Bref, si cet homme eût été de la merde, ils en eussent été les mouches.

 

  Quand je suis entré dans le séjour, le maître de céans m'entourant les épaules d'un bras affectueux, ils m'ont regardé drôlement. Sous les saluts vibrants de jovialité fraternelle où les gens de ce milieu cachent mal leurs indissolubles haines réciproques, je devinais des regards noirs d'inquiétude. Qu'est-ce que c'est, qu'est-ce qu'il a, qui c'est celui-là, on l'a jamais vu là ?

 

  Et, soudain, j'ai compris avec effarement que j'étais à Versailles, et trois siècles plus tôt. Ça me crevait les yeux: ces sous-punks aux cheveux verts, ces faux loulous qui sentaient les herbes rares et le vin des Rochers chaud, ces intellos d'agences de pub, ces dessinateurs en vogue à l'insolence calculée, ces starlettes argotiques du rock à gogo, ces gens fléchis, courbés, pentus, c'était la Cour.

 

  La Cour de Louis, le grand, le Soleil, celui-là même que l'État c'était lui, rebaptisé Rigolo XIV pour ce siècle un peu plus étriqué. Eux étaient ses courtisans, guettant ses miettes et ses bons mots en forçant leur sourire pour s'attirer ses grâces. Et moi, qu'on n'avait encore jamais vu aux petits soupers du prince, j'étais l'intrus, la menace potentielle de leur avenir improbable, l'importune matérialité d'un favori possible. Car tous avaient à vendre des idées, des chansons, des sketches à deux voix, leur soeur, ou un bateau à voile pour le bon plaisir du roi sur l'eau. Je me rappelle fort bien celui du bateau à voile. Il se tenait accroupi aux pieds du maître assis. Fébrilement empêtré dans les maquettes de ses monocoques, il se débattait sans grâce dans un manteau de fourrure pâle, comme un gros labrador mou flattant les escarpins de son chasseur repu. Lequel ne l'écoutait même pas, car il dormait un peu, l'oeil mi-clos, contemplant les volutes exotiques de son mégot de foin des Indes.

 

  Parmi ces soumis, je reconnus quelques chanteurs électroniques qui brament aujourd'hui encore leur indignation face aux injustices de classe.

 

  J'ai pris congé pour aller vomir plus loin.

 

  Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le règne animal

 

5 mars 1986

 

 Mercredi. Rude journée. Pas d'école. Les minus-mercredi et que vous êtes des milliers, chers adorables minus, à traîner à portée des transistors au lieu de vous rendre utiles en défenestrant le chat pour voir si ça rebondit, voici mon cours du soir sur le règne animal. On prend son cahier. On prend son crayon noir. Je ne veux pas de feutre, ça tache le chocolat. En titre: LE REGNE ANIMAL. Animal en un seul mot. Imbéciles.

 

Le règne animal:

 

  L'animal est un être organisé, doué de mouvement et de sensibilité et capable d'ingérer des aliments solides par la bouche, ou à côté de la bouche si c'est du chocolat.

 

  Le règne animal se divise en trois parties:

 

  1) Les animaux.

 

  2) L'homme.

 

  3) Les enfants.

 

  Les animaux sont comme des bêtes. D'où leur nom. Ne possédant pas d'intelligence supérieure, ils passent leur temps à faire des bulles ou à jouer dans l'herbe au lieu d'aller au bureau. Ils mangent n'importe quoi, très souvent par terre. Ils se reproduisent dans les clairières, parfois même place de l'Église, avec des zézettes et des foufounettes.

 

  Les animaux ne savent pas qu'ils vont mourir. C'est pourquoi ils continuent de batifoler quand ils ont 38°.

 

  L'homme. Remarquons au passage que si l'on dit « les animaux » au pluriel, on dit « l'homme » au singulier. Parce que l'homme est unique. De même, nous dirons que les animaux font des crottes, alors que l'homme sème la merde. L'homme est un être doué d'intelligence. Sans son intelligence, il jouerait dans l'herbe ou ferait des bulles au lieu de penser au printemps dans les embouteillages.

 

  Grâce à son intelligence, l'homme peut visser des boulons chez Renault jusqu'à soixante ans sans tirer sur sa laisse. Il arrive aussi, mais moins souvent, que l'homme utilise son intelligence pour donner à l'humanité la possibilité de se détruire en une seconde. On dit alors qu'il est supérieurement intelligent. C'est le cas de M. Einstein, qui est malheureusement mort trop tard, ou de M. Sakharov, qui s'est converti dans l'humanisme enfermé, trop tard également.

 

  Les hommes ne mangent pas de la même façon selon qu'ils vivent dans le Nord ou dans le Sud du monde.

 

  Dans le Nord du monde, ils se groupent autour d'une table. Ils mangent des sucres lourds et des animaux gras en s'appelant « cher ami », puis succombent étouffés dans leur graisse en disant « docteur, docteur ».

 

  Dans le Sud du monde, ils sucent des cailloux ou des pattes de vautours morts et meurent aussi, tout secs et désolés, et penchés comme les roses qu'on oublie d'arroser.

 

  Pour se reproduire, les hommes se mettent des petites graines dans le derrière en disant: « Ah oui, Germaine. »

 

  Les enfants, contrairement à l'homme ou aux animaux, ne se reproduisent pas. Pour avoir un bébé, il est nécessaire de croire à cette histoire de petite graine. Malheureusement, les enfants n'y croient pas tellement. A force de voir jouer les animaux dans l'herbe aux heures de bureau, ils s'imaginent, dans leur petite tête pas encore éveillée à l'intelligence, qu'il faut des zézettes et des foufounettes pour faire des bébés.

 

  En réalité, les enfants ne sont ni des hommes ni des animaux. On peut dire qu'ils se situent entre les hommes et les animaux. Observons un homme occupé à donner des coups de ceinture à une petite chienne cocker marrante comme une boule de duvet avec des yeux très émouvants. Si un enfant vient à passer, il se met aussitôt entre l'homme et l'animal. C'est bien ce que je disais.

 

  Ce n'est pas une raison pour nous coller du chocolat sur la figure quand nous écrivons des choses légères pour oublier les vautours.

 

  Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au voleur

 

6 mars 1986

 

 

  Quand je vous aurai dit à quel point je déteste la force publique et les bâtons blancs, les procureurs hépatiques à nuque rase, les barreaux aux fenêtres et les miliciens cramoisi-gévéor tiraillant des chiens-loups démentiels électrisés de haine apprise, quand je vous aurai dit, en somme, l'ampleur de ma dégoûtation pour les lois collectives et les marches forcées, m'écouterez-vous enfin, catafalqueux et gauches intellectuels qui tremblote sous le joug d'un terrorisme par vous-mêmes suscité, m'écouterez-vous encore, mes bien chers frères, si je vous dis que je hais autant les voleurs que les gendarmes ?

 

  Je ne parle pas tant des voleurs professionnels, braqueurs de banque, perceurs de coffres, garagistes, épiciers, etc., qui, certes, s'emparent malhonnêtement du bien d'autrui, mais qui le font avec une conscience professionnelle sur laquelle bien des jeunes gens honnêtes seraient bienvenus de prendre exemple.

 

  Non, je veux parler des voleurs amateurs qui volent n'importe quoi, n'importe où, n'importe comment, au petit bonheur des portes ouvertes, et qui repartent sans dire merci, en laissant les traces obscènes de leurs pieds boueux sur les draps brodés de grand-mère qu'ils ont jetés à terre pour y chercher l'improbable magot qui sommeille à la banque.

 

  Rappelle-toi, résidu de gouape, reliquat freluquet de sous-truanderie, rappelle-toi cette nuit de printemps où tu es venu polluer ma maison de ton inopportune et minable équipée. Tristement encagoulé de gris, tu viens dans ma maison, la sueur froide sous le bas noir et la pétoire sous le bras. Infoutu de discerner un vase de Sèvres d'un cadeau Bonux, tu voles au ras des moquettes un vieux sac à main où l'enfant rangeait les billets de Monopoly et ses dents de lait pour la petite souris. Triste rat, tu voles bien bas.

 

  La maison dort, sauf le vieux cocker tordu d'arthrite et à moitié aveugle qui rêvasse au salon sur son pouf. Il se lève doucement pour aller te lécher un peu, avec cette obstinée dévotion pour nous qui n'appartient qu'aux chiens. Alors toi, pauvre con, tu lui vides en pleine gueule la moitié de ton chargeur de 11,43. Et puis tu files éperdument, veule et cupide gangstérillon de gouttière, la trouille au ventre et chiant sous toi, piaillant aux étoiles les salacités vulgaires attrapées au ruisseau. La nuit résonne encore à mes oreilles du cliquetis métallique de ton sac de toile plein de vaisselle. Et moi je reste là, immobile, à te regarder filer. Parce que j'ai peur aussi. J'avoue. Je renâcle à risquer ma vie pour Arcopal et Duralex. Il y a si longtemps maintenant que j'attends mon cancer: je ne vais quand même pas partir sans lui.

 

  Où es-tu aujourd'hui, grêle terreur des chiens mourants ? Sans doute, courageusement abrité derrière ta quincaillerie militaire, es-tu en train de guetter une petite vieille au coin de sa chambre de bonne, pour lui casser la gueule avant de lui prendre sa carte orange et le cadre en inox avec la photo de ses enfants qui ne viennent plus la voir ?

 

  Je ne te souhaite pas forcément la prison, c'est l'engrais où les âmes pustuleuses et les contaminées s'épanouissent en incurables bubons. Je ne te souhaite pas non plus quelque mort légale qui ferait de toi, infime et dérisoire épouvantail de terrain vague oublié, un héros de chevalerie zonarde pour progressistes illuminés, ou pire encore, une raison de se réjouir pour les nostalgiques des ordres noirs.

 

  En réalité, je ne te souhaite ni ne te veux rien.

 

  Je tiens seulement à ce que tu saches, Al Capone de poubelle, Mandrin de mes couilles à condition qu'on me les coupe, je veux seulement que tu saches que toute la famille se joint à moi pour te prier d'agréer l'expression de mon plus profond mépris.

 

 

  Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver.