CHAPITRE XII

DU VIADUC D’AUSTERLITZ AU PONT DE TOLBIAC

II était deux heures de l’après-midi. J’étais allongé sur mon plumard. Depuis deux heures du matin, heure à laquelle j’étais rentré chez moi, je vivais avec Lenantais. Je le voyais, je l’entendais, je le surprenais avec les autres. Quelle dérision ! Ils lui avaient fait avaler que ce coup du pont de Tolbiac s’était déroulé le plus pacifiquement du monde. Et dire qu’un moment j’avais moi-même envisagé cette hypothèse. Et lui y avait cru jusqu’à sa mort. Lacorre n’avait pas dû le détromper, quand il l’avait rencontré. Il avait dû se contenter de lui demander s’il pouvait joindre Bernis et Jean. Et lui qui n’aimait pas Lacorre, qui l’avait jugé depuis longtemps ” qui s’en méfiait, il avait bravé le couteau de l’assassin, et il était mort pour sauvegarder la situation, la tranquillité de gens qui ne lui arrivaient pas à la cheville. Des gens qui ne méritaient pas un pareil sacrifice. Des gens qui n’avaient plus beaucoup de chances de s’en tirer, à présent. Ils s’étaient trop pressés d’expédier Lacorre. Les flics auraient bientôt la lettre et ils finiraient par trouver. Et ça ne serait pas long. Il était trois heures de l’après-midi. Depuis treize heures d’horloge, je vivais avec Lenantais. Ils n’avaient plus énormément de chances. Et je pouvais, d’un mot, précipiter leur chute. Ou leur donner du mou. Au choix. Drôle de choix. Ils s’étaient joués de Lenantais et Lenantais était mort de leurs mensonges. Mort pour des gens qui ne méritaient pas qu’on consente pour eux semblable sacrifice. Il était quatre heures de l’après-midi. Insensiblement, la nuit venait et un brouillard fumeux investissait la ville.

Je cherchai dans l’annuaire le numéro de téléphone de l’Entreprise Baurénot et le composai sur le cadran. La dactylo-secrétaire m’apprit que son patron était allé au port d’Austerlitz, examiner les machines qu’un cargo lui amenait d’Angleterre.

***

Deux cargos à coque noire étaient amarrés au port d’Austerlitz. Un nimbe cotonneux estompait leurs contours. Une grue invisible, vraisemblablement juchée au sommet de l’édifice, sur les rails qui courent le long de la terrasse, ronronnait. Son filin mince pénétrait verticalement, dans le ventre d’un des cargos. De l’autre côté du fleuve, émergeant d’un océan de toits et comme encadré par de hautes cheminées de briques, l’œil rond de la pendule monumentale de la gare de Lyon semblait voilé d’une taie par une ligne de brume. De pilier en pilier, je suivis la longue galerie du bord de l’eau. Parmi un groupe d’hommes discutant avec animation, j’avisai Charles Baurénot. Je m’approchai. Il me vit et grimaça un sourire contraint. Il se détacha du groupe, et vint à moi :

img2.png Et alors ? fit-il.

img2.png On ne pourrait pas aller bavarder dans un coin tranquille ? demandai-je. De préférence, loin de la flotte.

img2.png Ah ! oui ?

img2.png Oui.

img2.png Par ici.

Nous contournâmes quelques énormes caisses et après avoir sauté d’un quai d’embarquement, nous nous trouvâmes dans la galerie qui court en contrebas du quai d’Austerlitz proprement dit, l’avenue plantée d’arbres qui longe la gare. Quelques lampes, perdues dans des extrémités plafonnières, éclairaient faiblement. Aucun jour ne pénétrait par les soupiraux. La galerie débouchait à un bout sur la berge qui précède le pont de Bercy, à l’autre sur le quai d’Austerlitz, non loin de la place Valhubert.

img2.png Qu’est-ce que tu viens foutre ici ? gronda Baurénot. Tout ce qui arrive, c’est ta faute.

img2.png Quoi donc ?

img2.png Rien.

img2.png Tu veux parler de la révolvérisade de Lacorre ?

img2.png Tu es au courant, salaud ?

img2.png Un peu.

img2.png C’est ta faute. Deslandes a perdu les pédales.

img2.png Pas au point de ne pas deviner où on était susceptible de découvrir un ancien bagnard à Paris, étant donné certains autres renseignements : quartiers fréquentés par Lenantais, lieu de son attaque nocturne, etc.

img2.png Pour commettre des conneries, Deslandes dépense parfois des trésors d’intelligence.

img2.png Pour une connerie, c’en est une.

img2.png Allez, ça va. Où sont tes copains, Burma ?

img2.png J’ai l’impression qu’ils sont tous morts, dis-je sourdement.

img2.png Où sont tes copains les flics ? Tu ne les as pas amenés ?

img2.png Non, mais tu ne vas pas tarder à les avoir aux fesses. Dans ses affaires, Lacorre a laissé une lettre dans laquelle il brise le morceau.

img2.png Salaud. 

img2.png Le salaud, c’est toi, c’est vous, pour qui Lenantais... (je lui crachai tout ce que j’avais sur le cœur. J’ajoutai :)... Et moi je suis peut-être un salaud, depuis le temps que tu me traites de tel, mais je suis venu te donner une petite chance, la dernière. Tu ignorais cette lettre de Lacorre. Maintenant, tu es au courant. Fous le camp. De toute façon, tout est foutu pour toi et tu n’iras plus très loin.

img2.png Eh bien, salaud, hurla-t-il, et sa voix résonna comme un gong sous les voûtes sonores, répercutant les échos, eh bien, salaud, toi tu vas y aller, loin.

Un automatique trapu germa dans son poing. Il tira. Je plongeai. La balle envoya dinguer mon galurin. Des cris éclatèrent de toutes parts. Des gens accoururent. Peut-être, seuls, les marins ne se dérangèrent-ils pas. Brème, Hambourg, les bordées sanglantes et tout le toutime cinématographique : ils ont l’habitude. Je me relevai, écartai d’une bourrade un cornichon de la douane qui me voulait je ne sais quoi, mis à mon tour le pétard au poing et cavalai sur les traces de Baurénot, qui avait fui en direction du quai d’Austerlitz. Je débouchai ; à l’air libre, l’ayant perdu de vue. Aucun remous parmi les gens qui circulaient sur le quai. S’il avait fait irruption en trombe, même sans revolver, les gens ne seraient pas si calmes. Je jetai un rapide regard circulaire. Il n’y avait rien pour se cacher et le brouillard ; n’était pas particulièrement dense. Ce fut son chapeau qui le trahit. II exécutait une curieuse gymnastique et son chapeau quitta sa tête. Le feutre élégant et onéreux vint rouler à mes pieds. Je levai les yeux. Il grimpait le long d’un des piliers supportant le viaduc du métro qui enjambe la Seine. II s’aidait des intervalles pratiqués dans la maçonnerie en guise de décoration. Maintenant, il atteignait presque la voie du métro. Ce n’était pas ce qu’il avait primitivement voulu. Ce qu’il devait d’abord avoir voulu, c’était se planquer dans un endroit où on ne songerait pas à le chercher, un endroit aussi idiot, parce que sans issue, que ce pilier de viaduc. Pendant ce temps, je filais vers la place Valhubert et lui, plus à l’aise que s’il était poursuivi, descendait de son perchoir et se perdait dans la nature. Malheureusement pour lui, son chapeau avait quitté sa tête.

Allez, arrête les frais, lui criai-je. Descends de...

Un coup de feu m’interrompit. Les badauds qui commençaient à s’attrouper sur le quai s’égaillèrent en vitesse. La rage me prit. Tout foutait le camp. Que tout foute le camp une bonne fois. J’ôtai mon pardingue pour avoir la liberté de mes mouvements, empochai mon pétard et me lançai à mon tour à l’assaut du pilier. J’atteignis la voie du métro comme une rame passait, dans un roulement de tonnerre. Je fus balayé par les chaudes lumières des wagons et manquai de l’être plus proprement par le vent qu’elle déplaça. Sur le viaduc, minuscule auprès de l’arc gigantesque, Baurénot courait... vers la morgue... Exactement vers la morgue. Le brouillard s’empara bientôt de lui. Et un grand cri, un immense cri, un véritable hurlement de damné domina, la seconde qui suivit, le roulement d’un train venant en sens inverse. Moi aussi, j’avais fait quelques pas sur la voie. Je sentis le tablier métallique vibrer sous mes pieds. Je me retournai sur les yeux féroces d’une bête monstrueuse. Je me rejetai sur le côté, agrippai un des piliers à croisillons qui soutiennent l’arc et me hissai avec l’énergie du désespoir sur la balustrade. Cramponné des deux mains, j’aurais plongé comme il n’est pas permis dans le décolleté d’une des voyageuses des premières, s’il y en avait une suffisamment décolletée et si j’avais eu la tête à ça. La rame grondante me souffleta d’un vent glacial, je sentis mes doigts gourds glisser sur le métal humide, mes semelles riper en même temps, et en fait de plongeon, j’en piquai un dans la Seine.

***

Je revins à moi dans un local qui puait le flic à quatre lieues et que j’identifiai illico pour un poste de secours aux noyés. Des flics, d’ailleurs, il y en avait deux qui allaient et venaient à deux pas de moi. Un pas pour chaque flic. J’éprouvais nettement l’impression de revenir de loin. Ce fut ce que Florimond Faroux me dit, l’instant suivant. Car il était là, non loin, et dès que j’ouvris les yeux, il me sauta quasiment dessus :

img2.png Alors, Nestor Burma ? Vous n’êtes pas mort ?

img2.png Si, répondis-je. 

img2.png Quoi ? A peine remis, vous vous payez notre fiole ?

Je n’en ai pas envie. Moi, je suis vivant, mais c’est en moi qu’un tas de trucs sont morts. Enfin, c’est novembre, n’est-ce pas ? Et novembre, c’est le mois des morts.

img2.png Quoi qu’il en soit, vous devez une fière chandelle à la Brigade fluviale.

img2.png Je ne l’oublierai pas. Je lui achèterai un voilier pour le Jour de l’an et lui indiquerai les heures d’ouverture du Parc de Sceaux. 

img2.png Refoutez-moi ce type à la flotte, hurla Faroux.

Ils ne me refoutirent pas à la flotte, mais ne me laissèrent pas tranquille pour autant.

img2.png Dès que j’ai appris vos exploits acrobatiques, dit Faroux, j’ai rappliqué. Je tenais à vous voir, car j’avais découvert pas mal de choses, tout d’un coup.

img2.png Je veux bien vous croire, approuvai-je. Le type de l’Armée du Salut n’a pas pu attendre vingt-quatre heures pour communiquer aux flics la bafouille de Lacorre, hein ? Et alors vous êtes allé dans l’ancien pavillon appartenant à M. Daniel et vous y avez trouvé le cadavre de Lacorre et les os blanchis de M. Daniel. Maintenant, il vous faut trouver Camille Bernis et Jean l’Insoumis, les complices de Lacorre dans l’affaire du pont de Tolbiac. Pour Bernis, ce sera facile. C’est le gars avec qui je répétais un numéro de cirque sur le viaduc d’Austerlitz. Vous trouverez son cadavre là-haut, sous les roues d’une rame de métropolitain.

img2.png On l’a retiré de là-haut, dit Faroux.

img2.png C’est toujours ça. Jean l’Insoumis, vous aurez peut-être un petit peu plus de mal à le trouver. Il porte un autre nom, bien entendu. Pour le moment, je ne m’en souviens plus. Peut-être qu’un jour... ça dépendra...

img2.png Il s’appelle Jean Deslandes. Nous l’avons alpagué à Ivry, alors qu’il ensevelissait proprement Lacorre auprès des restes de M. Daniel.

img2.png Merde. C’est peut-être aussi bien, alors.

img2.png En tout cas, ça ne vous lie plus la langue. Vous pouvez tout me raconter en détail. Il y a peut-être des choses que j’ignore...

img2.png Disons que vous comprenez mal. Je vais essayer de vous expliquer.

Et je lui expliquai, sans parler de l’inspecteur Norbert Ballin, bien entendu. Norbert Ballin, c’était une monnaie d’échange, que je destinais à un autre.

img2.png Heureusement, ricana Faroux, lorsque j’eus terminé mon récit, que l’affaire Lenantais-Benoit n’était qu’une vulgaire agression nocturne.

img2.png Pardon. Je n’ai jamais dit ça. C’est vous qui n’en démordiez pas.

img2.png Plus ou moins.

img2.png Oui, plus ou moins. Peut-être et plus ou moins sont nos deux mamelles.

img2.png A propos d’agression nocturne... (Le commissaire Faroux fronça farouchement les sourcils.) ... je ne comprends pas bien ce qui est arrivé à Norbert Ballin. Est-ce vraiment une agression nocturne, banale, classique, vulgaire, ou bien est-ce un de nos lascars, Lacorre, Deslandes ou Baurénot, qui l’a frappé ?

img2.png Je ne crois pas. Cette mort semble leur avoir fait plutôt peur et ç’a été le début de leur perte des pédales et de leur perte tout court.

img2.png C’est quand même bizarre, comme coïncidence, vous ne trouvez pas ?... Bon sang ! je ne veux pas dire du mal de ce malheureux collègue, mais il ne s’est pas montré très mariolle. S’il avait eu l’idée... je ne dis pas au début, mais plus tard, puisqu’il a consacré sa vie à cette affaire... s’il avait eu l’idée de s’inquiéter un peu du pavillon de Daniel, voir qui l’achetait, etc. Il aurait pu remonter la filière...

img2.png Il n’y a pas pensé, dis-je. Comme il n’avait pas pensé à un acte illégaliste plus ou moins anarchiste... encore un plus ou moins... Mais peut-être qu’avec le temps...

img2.png C’est ça. Foutez-vous de sa mémoire.

Je ne me foutais pas de sa mémoire. L’idée d’un attentat anarchiste lui était venue un peu tard, et pas précisément au bon moment, voilà tout. Je veux dire pour lui. L’article de Covet avait attiré son attention. II devait savoir, par les flics de l’arrondissement, que ce Lenantais collectionnait les coupures de presse. Il avait décidé d’y aller voir. Au mauvais moment, je le répète. Juste au moment où l’aimable Salvador recherchait un porteur de canadienne pour lui faire une boutonnière dans le dos. N’empêche que c’était la mort de Norbert Ballin qui avait fait déborder le vase et foutu le feu aux poudres. En somme, il avait verrouillé son affaire post-mortem. Tous les flics ne peuvent pas en dire autant.

img2.png Si jamais nous découvrons le type qui l’a buté, nous le salerons, dit Faroux.

img2.png Je l’espère bien, dis-je.

img2.png Je vous laisse, Burma, fit-il. Vous recommencez à délirer. Voilà que vous prenez les flics en pitié, à cette heure ?

***

Vingt-quatre heures plus tard, j’étais sur pattes. Mais je n’en avais pas terminé avec le XIIIe arrondissement. Je repartis à la recherche de Bélita, de Salvador, de Dolorès. II me semblait déjà être en présence de Salvador.

img2.png Ecoute, Salvador, lui disais-je. Tu fous la paix à Bélita, tu abandonnes une partie de tes préjugés raciaux, tu en reprends une autre pour jurer solennellement dessus que tu nous laisseras désormais tranquilles tous les deux, et moi, je ne sais pas que tu as buté l’inspecteur Norbert Ballin. Mais si par malheur, tu veux la ramener d’une façon ou d’une autre, je te fais alpaguer et tu te feras vachement saler pour ce meurtre. Un flic, même en retraite, c’est un flic, et, à défaut de race, ils ont un bon esprit de corps.

Voilà ce que j’avais l’intention de proposer à Salvador. Mais encore fallait-il que je le trouve et que Bélita soit avec lui. Pour trouver, il fallait chercher. Je cherchai.

Les rues où nous étions passés ensemble me revirent, seul. J’y passai et repassai. Et un après-midi, alors que je traînais auprès du pont de Tolbiac...

A l’entrée du pont de Tolbiac, la rue du Chevaleret passe sous la rue de Tolbiac et il y a là un parapet, juste devant l’arrêt de l’autobus 62. J’étais accoudé à ce parapet, et je la vis qui s’avançait dans la rue du Chevaleret, venant dans ma direction. C’était bien sa démarche élastique et souple de danseuse sur ses bottes à talons plats, c’était bien la même jupe rouge dont il me semblait entendre le doux frôlement contre le cuir des bottes, le doux frémissement sous l’harmonieux balancement des hanches, c’était bien la même ceinture cloutée, la même chevelure indomptée, les mêmes anneaux aux oreilles, le même si joli visage tendrement têtu, la même émouvante poitrine altière et prometteuse.

img2.png Bélita ?

Elle leva la tête, rejetant en arrière de ce mouvement familier, la masse de ses cheveux noirs. Et elle se mit à courir vers moi. Elle emprunta la rue Ulysse-Trelat qui monte en pente douce jusqu’à l’entrée du pont métallique.

img2.png Bélita ! Je la pris dans mes bras, la serrant à l’écraser, et je posai ma bouche sur ses lèvres. C’était une gamine, une enfant. Elle avait parfois de ces gestes d’enfants. Lorsque je l’embrassais, il était fréquent qu’elle s’accroche à moi de tout son poids, se pende à mon cou, une jambe repliée en arrière, comme si elle voulait écarter des importuns, comme une petite fille qui se pend à votre cou. Et ce fut ce qu’elle fit, lorsque je l’embrassai, cet après-midi de novembre à l’entrée du pont de Tolbiac, alors que sur les voies ferrées proches passait un rapide dans un grondement de métal. Je la sentis tressauter, s’accrocher désespérément à moi. Ses yeux chavirèrent, un brouillard les ternit. Quelque chose fusa d’entre ses lèvres : une plainte ténue et un liquide chaud qui m’emplit la bouche. Bélita ! Je la soutins jusqu’à l’extrême limite de mes forces que je sentais m’abandonner, moi aussi. Ma main remonta le long de son dos jusqu’à ses omoplates, comme pour une caresse, une ultime caresse. Mes doigts rencontrèrent le manche damasquiné d’un long coutelas à cran d’arrêt enfoncé jusqu’à la garde. Je restai immobile. Je posai ma joue sur ses cheveux. Mes yeux allèrent chercher l’enfant de pute qui avait fait ça. Il se tenait là-bas, au milieu de la rue Ulysse-Trelat, les mains dans les poches de sa veste de cuir, ricanant de satisfaction. Je redressai Bélita et l’emportai dans mes bras jusqu’au bistrot proche, fendant la foule apeurée qui s’était attroupée. Avant d’entrer dans le café, je jetai un dernier regard dans la rue de Tolbiac, vers l’endroit où les flics avaient trouvé le cadavre poignardé de l’ex-inspecteur Norbert Ballin. Inspecteur, si vous êtes vengé, vous le devrez à une gitane, une de ces filles dont vous pensiez sans doute qu’elles sont des pas grand-chose. Il faut bien rire un peu, n’est-ce pas ?... J’entrai dans le café, mon fardeau rouge et noir sur les bras. Je déposai Bélita sur une banquette. Doucement, doucement, comme si je craignais de la réveiller. Et puis, je me dirigeai vers l’appareil téléphonique.

Paris, 1956