À sa sortie de l’ENM, Étienne a fait deux choix : celui d’adhérer au Syndicat de la Magistrature et celui d’un poste difficile Juge d’application des peines à Béthune. Le Syndicat, c’est le repaire des petits juges rouges qui refusent de faire partie du cercle des notables, s’accrochent aux basques des criminels en col blanc et à qui on reproche d’exercer une justice de classe en version inversée. L’exemple classique de cette dérive est l’histoire du notaire de Bruay-en-Artois accusé de viol et d’assassinat non sur des indices convaincants mais sur sa belle maison, sa belle voiture et sa bedaine de rotarien. Quant à Béthune, c’est comme Bruay justement, le Nord déshérité : chômage, misère, terrils en déshérence et viols, sur les parkings, d’analphabètes alcooliques par d’autres analphabètes alcooliques. Ces deux choix se tiennent, ils vont ensemble, malgré quoi ils n’ont pas tardé à entrer en contradiction. Assez vite, Étienne s’est senti adoubé par certains de ses aînés du Syndicat, qui évoluaient dans le monde politique. Ces soixante-huitards quadragénaires avaient su profiter de l’avènement de la gauche pour se partager les postes qui comptent. Us avaient encore vingt bonnes années devant eux pour les monopoliser et bloquer les carrières de leurs cadets, mais un débutant talentueux et souple pouvait récupérer des miettes. C’était le second septennat Mitterrand. Jeune espoir de la gauche judiciaire, Étienne a été choisi pour participer à une commission de réforme de l’application des peines, qui aurait pu lui ouvrir la porte d’un cabinet ministériel. Dans son désir d’être juge entrait, de son propre aveu, du goût pour le pouvoir et pour une vie confortable, or il ne pouvait ignorer, lui qui a une conscience de classe aiguë, qu’il se déclassait. Les juges, autrefois, étaient des gens importants, mais l’année où il est sorti de l’ENM, en 1989, ils ont été rétrogradés par le protocole derrière les sous-préfets et, de fil en aiguille, on s’est mis à ne plus les inviter dans les réceptions officielles. À la différence de la plupart des hauts fonctionnaires, qui en province surtout ont voiture et logement de fonction, ils ne bénéficient d’aucun avantage en nature. Ils travaillent dans des locaux mal chauffés, avec de vieux téléphones gris, pas d’ordinateurs, des secrétaires revêches. En une génération, le notable qui tenait le haut du pavé est devenu un petit bonhomme qui se déplace en métro, déjeune d’un plateau-repas à la cafétéria, et de plus en plus souvent ce petit bonhomme est une femme, signe qui ne trompe pas de la prolétarisation d’un état. Étienne, qui aime ses aises et se veut un bourgeois, avait toutes les raisons de saisir la première occasion pour émigrer vers des sphères plus huppées. Jusqu’à quel point le lui aurait-on proposé, il ne le dit pas, mais je le sais trop orgueilleux pour se vanter et je crois que c’est par orgueil aussi qu’il a choisi, vraiment choisi, c’est-à-dire en ayant le choix, d’être petit juge de base parmi les gueux du Pas-de-Calais.
Ce qu’il fait dans son bureau déjugé d’application des peines ressemble un peu à ce qui se passe dans le cabinet de l’analyste. Son rôle est d’écouter, et d’essayer de trouver ce qu’est capable d’entendre le type qu’il a en face de lui.
Sa clientèle se compose de gens très blessés : beaucoup sont héroïnomanes et séropositifs. Les chances qu’ils s’en sortent sont faibles, les bonnes paroles a priori vaines. Pourtant il en existe, de bonnes paroles, c’est-à-dire des paroles à la fois vraies et opportunes, quelquefois même efficaces.
Ce qu’Étienne découvre devant ces types perdus, écrabouillés, mal barrés dès le départ, c’est que plus ce qu’on lui dit est difficile à entendre, plus il est calme. Devant les souffrances d’autrui, il retrouve instinctivement la posture qui lui a permis de supporter les siennes lorsqu’il était cancéreux. S’ancrer au fond de lui-même, dans son ventre. Ne pas se révolter, ne pas lutter, laisser faire : le médicament, le cours de la maladie, celui de la vie. Ne pas chercher quoi dire d’intelligent, laisser venir les mots qui sortent de sa bouche : ce ne sont pas forcément les bons, mais c’est seulement comme cela que les bons ont une chance de sortir.
Souvent, il parle de lui. À quelqu’un qui a peur et se méprise, il parle de sa propre peur, de l’image dégradée qu’il a pu avoir de lui-même. À un malade, de sa maladie. Ce ne sont pas des sujets sur lesquels il observe une pudique réserve. Ses deux cancers, sa jambe en moins impressionnent ses clients et il le sait. Il s’en sert sans scrupules, c’est bien que ses misères servent à quelque chose.
Qu’elles servent à quoi, au fait ? À être plus humain ? Plus sage ? Meilleur ? Il dit qu’il déteste cette idée. Je réponds qu’à moi elle me paraît juste. Un peu bien- pensante, un peu catho dirait Hélène, mais quand même juste, et il en est la preuve vivante.
Tu veux dire quoi ? Que je suis un type bien parce que j’ai eu un cancer et qu’on m’a coupé une jambe ? Quand même pas ?
Je dis non, non, je reconnais que c’est plus compliqué que ça, qu’on peut avoir eu un cancer et rester une crapule ou un imbécile, mais en fait si, c’est ça que je dis. Et ce que je ne dis pas, de même que je ne parle pas de Fritz Zorn ou de Pierre Cazenave, c’est que selon moi son cancer l’a guéri.
J’essaie de l’imaginer, ce jeune juge qui clopine sur les trottoirs de Béthune. Il n’y habite pas, il ne faut pas exagérer, il a pris un appartement à Lille. Il y a ses livres, ses disques. Le soir, il retire sa prothèse et se couche seul dans son lit. Toujours seul. Les traitements, la dégradation physique, la perte des cheveux et des poils ont mis à rude épreuve sa libido. Il va mieux maintenant, ses cheveux ont repoussé, il a de l’esprit, on peut dire que c’est un homme séduisant mais on ne peut pas dire, honnêtement, que ce n’est pas un problème dans la vie et avec les femmes d’être unijambiste. Celle qui l’acceptera parce que c’est comme ça, celle qui l’aurait aimé avec deux jambes mais qui va le rencontrer et l’aimer avec une seule, il ne la connaît pas encore. Pressent-il que cela va venir, que quelque chose va basculer et rendre possibles l’amour, la confiance ? Ou bien désespère-t-il ? Il ne désespère pas, non. Même au fond du trou, il n’a jamais vraiment désespéré. Il a toujours gardé cet élémentaire appétit d’exister qui, à la sortie de ses cauchemardesques sessions de chimiothérapie, lui faisait pousser la porte du café en face de l’Institut Curie, s’accouder au comptoir et commander un énorme sandwich au saucisson qu’il dévorait en se disant que, tout de même, c’était bien de vivre, et de vivre dans la peau d’Etienne Rigal. Il n’empêche qu’il est prisonnier de ce que les psychiatres appellent un double bind, une double contrainte qui le fait perdre sur les deux tableaux. Pile tu gagnes, face je perds. Être rejeté parce qu’on n’a qu’une jambe, c’est dur, être désiré pour la même raison, c’est pire. La première fois, dit-il, qu’une fille m’a fait comprendre qu’elle ne voulait pas coucher avec moi à cause de ça, je l’ai pris dans la gueule. Mais il m’est arrivé d’entendre une autre fille dire devant un tas de gens : ça m’exciterait de coucher avec Étienne à cause de sa jambe de bois, et je t’assure, c’était plus difficile encore à encaisser. Pourtant, il faut apprendre à l’encaisser aussi. Une chose qui m’a aidé, c’est que, vers la fin de ce long désert sexuel, j’ai eu une liaison avec une fille qui avait été violée dans son enfance, par son père, et plus tard, dans son adolescence, par deux inconnus. Elle était complètement terrorisée par le sexe. Moi aussi, à l’époque, j’étais terrorisé par le sexe. On était tous les deux terrorisés, c’est sans doute pour ça qu’on s’est retrouvés ensemble au lit. On a fait ce qu’on a pu pour avoir moins peur et ça a été extraordinaire. Sexuellement extraordinaire, je t’assure, incroyable de tendresse et d’abandon : une des grandes expériences de ma vie. Je l’ai souvent racontée, dans mon cabinet de juge, à des femmes violées, ou à des garçons, d’ailleurs. Je leur disais : c’est vrai, ce qui vous est arrivé, ça pèse sur la sexualité, c’est un traumatisme terrible, un handicap, mais il faut que vous sachiez qu’il existe des gens à qui ce handicap chez vous fera un bien fou, et si vous l’acceptez ça vous en fera aussi.
En tapant sur Google les mots « sexualité, handicap », je suis tombé sur un site appelé Overground, destiné aux gens sexuellement attirés par les amputés. Ils se nomment eux-mêmes les « fervents » – en anglais, devotees – et certains sont plus que des fervents, des « prétendants » – wannabees –, c’est-à-dire qu’ils aspirent à se faire amputer eux-mêmes afin de s’identifier à l’objet de leur désir. Les prétendants qui passent vraiment à l’acte sont rares, la plupart se contentent de jouer avec l’idée, de bricoler des photomontages sur lesquels ils se voient avec le moignon dont ils rêvent. Ceux qui vont jusqu’au bout vivent un calvaire. J’ai lu le témoignage de l’un d’entre eux : pendant des années, il a essayé en vain de trouver un chirurgien compréhensif qui accepterait de lui couper une jambe saine, et pour finir massacré lui-même cette jambe au fusil de chasse, assez efficacement pour que l’amputation devienne inévitable. Fervents et prétendants constituent une communauté assez honteuse, qui voudrait s’affranchir de cette honte : nous ne sommes pas pervers, disent ses membres, nos désirs sont certes particuliers, peu répandus, mais ils sont naturels et nous voudrions pouvoir en parler au grand jour. Ces désirs, ils le reconnaissent, sont compliqués à réaliser. La conjonction idéale serait celle du fervent qui trouverait un prétendant, le prétendant se ferait amputer et tous deux jouiraient de leur complémentarité dans une parfaite harmonie : le grand avantage d’internet est de favoriser ce type de rencontres, en partant du principe que tout est permis entre adultes consentants – même, comme il est arrivé il y a quelques années, le contrat entre un type qui désirait manger un de ses congénères et un autre qui, au moins au début, se déclarait partant pour être mangé. Mais cette conjonction idéale est rare, la vocation du prétendant plus fantasmatique qu’autre chose, et dans la réalité ce qui arrive le plus souvent, comme aux homosexuels du placard, c’est que le fervent – admettons que c’est un homme – est marié à une femme totalement ignorante de ses désirs et qui en serait horrifiée si elle les découvrait. On lui conseille, sur le site, de faire de prudentes approches, de proposer à sa compagne des jeux érotiques à base de béquilles, mais il est clair que le goût pour l’amputation est moins avouable que celui de la sodomie ou de l’ondinisme et qu’on a encore moins de chances d’y convertir quelqu’un qui ne l’aurait pas déjà. La troisième voie, qui devrait être la voie royale pour le fervent, c’est de rencontrer une personne déjà amputée. En principe, on pourrait penser que ces personnes, dont l’infirmité rebute beaucoup de gens, devraient être contentes d’en rencontrer d’autres qu’au contraire elle attire. Le problème, que même un site militant et prosélyte ne peut dissimuler, c’est que la plupart des amputés involontaires – c’est-à-dire la plupart des amputés – réagissent comme Étienne quand une fille lui dit qu’elle a envie de coucher avec lui à cause de sa jambe de bois : ça les dégoûte. Ils éprouvent de la répugnance pour le désir des fervents, à qui on ne peut que conseiller l’hypocrisie : courtisant une amputée, le fervent doit soigneusement lui cacher qu’il le fait à cause de son handicap ; il faut qu’elle se croie désirée malgré lui.
C’était ma seconde visite, Étienne et moi parlions depuis le matin. L’heure du déjeuner venue, il a téléphoné à sa femme pour lui proposer de nous rejoindre au restaurant italien où il m’avait déjà emmené la première fois. Je n’avais fait que croiser Nathalie à l’enterrement de Juliette, je me demandais avec un peu d’inquiétude ce qu’elle pouvait penser de l’entreprise bizarre dans laquelle son mari et moi nous étions embarqués, mais dès qu’elle s’est assise sur la banquette à côté de lui, blonde, décidée, rieuse, cette inquiétude s’est dissipée. La situation semblait l’amuser, puisque Étienne me faisait confiance elle me faisait confiance aussi, et ils ont pris un plaisir manifeste à me raconter à deux voix ce que dans leur mythologie personnelle ils appellent le quart d’heure américain – expression que je ne connaissais pas et qui désigne le moment où, dans une fête, les filles prennent l’initiative de la drague.
On est à l’automne 1994. Étienne achève son analyse. Bien que rien n’ait changé objectivement, il estime que quelque chose s’est ouvert en lui, que la balle est maintenant dans le camp de la vie. Son analyste l’approuve et ils s’acheminent ensemble vers une séance dont ils décident ensemble qu’elle sera la dernière. C’est un moment très troublant : deux fois par semaine, pendant neuf ans, on a dit à quelqu’un tout ce qu’on ne dit à personne, noué une relation qui ne ressemble à aucune autre, et voilà que d’un commun accord on met fin à cette relation en estimant que cette fin en est l’accomplissement ; oui, vraiment, c’est troublant. En sortant de cette dernière séance, Étienne reprend à la gare du Nord le train pour Lille où, en fin d’après-midi, il donne son premier cours à un groupe de très jeunes avocats. Nathalie fait partie de ce groupe, qui se rassemble ensuite au café pour discuter. Certains ont adoré Étienne, d’autres l’ont détesté. Elle, elle l’a adoré. Elle l’a trouvé brillant, original, iconoclaste. La douceur de sa voix l’a émue, elle devine derrière son humour une richesse d’expérience, un mystère qui la fascinent. Elle fait son enquête, apprend où il habite et qu’il habite seul, se promène seul, va seul acheter des livres à la Fnac. Il lui plaît de plus en plus. Aux cours suivants, il lui semble qu’il s’intéresse à une fille de sa promotion mais ça ne l’inquiète guère, d’abord parce que la fille est déjà engagée par ailleurs, ensuite et surtout parce que même si lui ne le sait pas encore elle sait, elle, qu’il est l’homme de sa vie. Elle l’invite à une soirée, il n’y vient pas. Le cours prend fin, c’était un cycle bref, quelques séances seulement. Alors elle va le voir au tribunal et lui explique que les étudiants, restés sur leur faim, en voudraient au moins une de plus. Ce n’est pas vrai mais elle rameutera une dizaine de copains pour faire de la figuration lors de cette séance supplémentaire qui a lieu chez Etienne, très informellement. À la fin, les figurants s’éclipsent. Nathalie, elle, s’attarde et lui propose d’aller au cinéma. Le film qu’ils vont voir, Rouge, de Kieslowski, raconte l’histoire d’un juge boiteux et misanthrope que joue Jean-Louis Trintignant, mais ils ne prêtent aucune attention à cette coïncidence car au bout de dix minutes elle l’embrasse. Ils finissent l’après-midi chez lui, elle reste la nuit. Étienne comprend qu’il est en train de lui arriver quelque chose d’énorme et prend peur. Il était prévu qu’il parte le lendemain pour une semaine de vacances à Lyon, chez une amie, et, pensant se calmer, prendre du recul, il part. Il reste chez son amie une nuit, au cours de laquelle il comprend que non seulement il est tombé amoureux mais que cet amour est confiant, partagé, certain, qu’il va construire toute sa vie dessus. Le matin, il appelle Nathalie : je rentre, est-ce que tu veux qu’on se retrouve chez moi ? est-ce que tu veux habiter avec moi ? Elle débarque avec ses affaires, ils ne se quitteront plus. Mais Étienne a autre chose à lui dire, qui est moins gai : bien qu’il n’ait pas fait de test depuis plusieurs années, pour ne pas se plomber davantage le moral, il est à peu près sûr que la chimiothérapie l’a rendu stérile. Nathalie ne nie pas que c’est un problème car elle veut des enfants, mais au lieu de s’arrêter au problème elle s’attelle aussitôt à lui chercher une solution. Elle achète un livre du biologiste Jacques Testart sur les diverses techniques de procréation assistée : si aucune ne marche, conclut-elle, on adoptera. Avant, il faut tout de même refaire le test. Elle décide, organise ; il suit, émerveillé. Tout ce qui pèse si lourd sur sa vie, sa jambe en moins, ses peurs, sa probable stérilité, elle le prend, s’en arrange : cela fait partie du lot et le lot lui convient. Elle l’accompagne se branler à la banque du sperme, la semaine suivante ils vont chercher les résultats. La secrétaire dit à Étienne que l’interne veut les voir personnellement, ce qui les inquiète plutôt, mais quand l’interne ouvre la porte de la salle d’attente elle sourit en les voyant blottis l’un contre l’autre sur la banquette de skaï noir, se tenant la main, et je souris moi aussi en les regardant, onze ans plus tard, sur la banquette du restaurant. J’ai annoncé beaucoup de mauvaises nouvelles ces jours-ci, leur dit-elle, alors j’avais envie d’en annoncer une bonne : vous pouvez avoir un enfant. En sortant, ils disent : bon, on s’y met ? Le mois suivant, Nathalie est enceinte.
Elle est du Nord, en a assez du Nord et lui aussi. Par ailleurs cela fait un moment qu’un de ses collègues pénalistes, avec l’air sagace de celui qui, pour vous, voit plus loin que vous, répète à Étienne qu’il est fait pour l’instance.
Ce collègue est beaucoup plus âgé, de droite, catholique, un vrai magistrat à l’ancienne, ils ne sont tous les deux pas d’accord sur grand-chose mais ils s’estiment, et Étienne ne déteste pas l’idée de s’en remettre à l’avis d’un autre comme, faute d’avoir soi-même une inclination nette, on s’en remettrait au hasard, ou comme en pareil cas je m’en remets pour ma part aux conseils sibyllins du Yi-King. C’est bien de décider, estime-t-il, mais on peut décider de se laisser faire, d’accepter parce que ça vous chante un conseil ou une sollicitation, de ne pas coaguler le cours de la vie en se crispant sur quelque chose d’aussi contingent que sa volonté. A priori, je ne me voyais pas vraiment juge d’instance, mais si M. Bussières m’y voit si bien, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas poser ma candidature à ce poste qui se libère au tribunal d’instance de Vienne ? Vienne, c’est tout près de Lyon, Nathalie peut s’inscrire au barreau de Lyon, et puis il fera plus chaud qu’à Béthune.