CHAPITRE XIV
Au dîner
Ce soir-là, Mr. Polopetsi dîna de bonne heure, juste après son retour du Tlokweng Road Speedy Motors. Il avait passé un après-midi difficile, car il avait dû changer des pneus sur un gros fourgon à bétail que possédait un fidèle ami de Mr. J.L.B. Matekoni. Ce client, propriétaire de tout un parc de bétaillères comme celle-là, aurait pu confier ses véhicules à un grand garage spécialisé, mais il préférait laisser son vieil ami les entretenir. Avec le développement de son entreprise de transport de bétail, cette collaboration était devenue de plus en plus fructueuse et elle rapportait désormais près d’un huitième du chiffre d’affaires du Tlokweng Road Speedy Motors.
Changer les pneus de ces énormes véhicules représentait un travail très physique et Mr. Polopetsi, de constitution plutôt chétive, constatait que cela éprouvait gravement ses forces. Toutefois, ce n’était pas la fatigue qui l’avait incité à demander de dîner tôt. Il y avait à cela une tout autre raison.
— J’ai un travail à effectuer ce soir, annonça-t-il à sa femme d’un air mystérieux. Un travail pour l’agence.
Mma Polopetsi haussa les sourcils.
— C’est Mma Ramotswe qui te demande de faire des heures supplémentaires ? s’enquit-elle. Est-ce qu’elle va te payer, au moins ?
— Non, répondit-il. Elle ne sait rien. Je vais faire ce travail en cachette.
Mma Polopetsi tourna la cuillère en bois dans la marmite de farine de maïs.
— Je vois, dit-elle. Mais tu ne fais rien d’illégal, hein ?
Elle se souvenait du séjour de son mari en prison – pouvait-on oublier pareille période de solitude et de honte ? – et n’avait manifesté aucun enthousiasme en apprenant qu’une agence de détectives l’avait engagé : avec ce genre de métier, estimait-elle, les choses pouvaient vite mal tourner. Cependant, tout ce qu’elle savait désormais de Mma Ramotswe lui inspirait confiance et elle partageait la gratitude de son mari envers une personne qu’elle considérait comme le sauveur de la famille.
Mr. Polopetsi hésita un instant, puis secoua la tête.
— Ce n’est pas illégal, affirma-t-il. Et la seule raison pour laquelle je n’en ai pas parlé à Mma Ramotswe, c’est qu’il s’agit d’un problème qui lui cause beaucoup de souci. J’ai découvert ce qui se passe et je vais tout arranger. Je veux lui faire une belle surprise.
La surprise, comme il l’appelait, avait nécessité un travail de préparation, ainsi que la coopération d’un voisin et ami, David, qui possédait un vieux taxi dont il se servait pour transporter des employés de bureau, à partir d’un emplacement de parking situé sous un arbre près du Mail, au centre-ville, jusqu’à leur domicile. David devait une faveur à Mr. Polopetsi à la suite d’une dispute qui avait éclaté entre plusieurs voisins au sujet d’une chèvre. Mr. Polopetsi l’avait soutenu et lui avait permis d’obtenir gain de cause, et cela avait cimenté l’amitié qui les unissait. Ainsi, lorsque Mr. Polopetsi lui avait demandé de le conduire à Mokolodi et de l’aider à accomplir une certaine tâche là-bas, David avait-il accepté sans hésiter.
Ils se mirent en route peu après sept heures. En ville, il y avait encore beaucoup de monde et la circulation restait dense, mais dès l’instant où ils passèrent les dernières lumières de Gaborone et distinguèrent la silhouette sombre du mont Kgale, sur le côté, il leur fut difficile d’imaginer qu’il pût y avoir du monde derrière eux. Certes, il leur arrivait de croiser une voiture occasionnelle sur la route de Lobatse, mais en dehors de ces rares événements, on ne voyait rien d’autre que l’ombre des acacias, qui se découpaient brièvement dans les phares, de part et d’autre de la route, pour se laisser aussitôt engloutir par la nuit. Mr. Polopetsi n’avait pas encore précisé à son ami la nature précise de leur mission ; il était temps de le faire à présent.
— Tu n’as pas besoin de m’accompagner, assura-t-il en conclusion. Contente-toi de garer la voiture à côté et de m’attendre ; je m’occuperai de tout.
David fixait la route devant lui.
— Cette histoire ne me plaît pas beaucoup, commenta-t-il. Tu aurais pu m’expliquer avant.
— Il n’y a rien à craindre, affirma Mr. Polopetsi. Tu n’es pas superstitieux, tout de même ?
C’était un défi qu’il lui lançait, et David n’avait guère le choix dans sa réponse.
— Je ne crains pas ces choses-là, non.
Ils atteignirent l’embranchement pour Mokolodi et David engagea son taxi sur la route de la réserve. Sur un côté se dressait un petit groupe de maisons avec quelques lumières allumées, mais pour le reste, tout était sombre. Au bout d’un moment, Mr. Polopetsi tapota l’épaule de son ami et le pria d’éteindre ses phares.
— À partir de maintenant, nous allons avancer tout doucement, décréta-t-il. Là-bas, tu pourras te garer sous un arbre et tu n’auras plus qu’à m’attendre. Personne ne te verra.
Ils s’arrêtèrent et le moteur fut coupé. Mr. Polopetsi sortit du véhicule et referma délicatement la portière derrière lui. Tout était silencieux et l’on ne percevait que le bourdonnement des insectes, murmure persistant qui semblait provenir de nulle part et de partout à la fois. Un son curieux : celui des astres qui rappelaient leurs chiens de chasse, affirmaient certains. Il leva les yeux. C’était une nuit sans lune et des milliers d’étoiles brillaient, si hautes et blanches que l’on eût dit une immense couverture ondulant au-dessus de lui. Il se retourna pour chercher le sud et la découvrit, très bas dans le ciel, comme suspendue à un fil invisible : la Croix du Sud. La nuit, par la fenêtre de la prison, il voyait toujours cette constellation depuis la planche agrémentée de couvertures qui lui servait de lit et, d’une étrange façon, elle l’avait soutenu. On l’avait injustement emprisonné ; il n’était pas responsable du drame qui s’était produit, et la vue des étoiles lui rappelait la petitesse du monde des hommes et leurs iniquités.
Il se dirigea vers un point de la clôture situé près de l’entrée principale, écarta les fils de fer et se glissa à l’intérieur. À sa droite, il apercevait de la lumière dans les logements du personnel, carrés jaunes brillant dans le noir. Il s’immobilisa et attendit, afin de s’assurer que nul ne se trouvait à proximité : une chaude soirée comme celle-ci pouvait inciter les gens à s’installer devant leurs maisons, mais cette nuit-là, il n’y avait personne. Mr. Polopetsi avança. Il savait exactement ce qu’il devait faire et espérait qu’il n’y aurait pas de bruit. Car, dans le cas contraire, il lui faudrait fuir dans le bush, puis rester plaqué au sol en attendant que tout danger soit écarté. Mais avec le sac qu’il tenait à la main, il n’y avait aucune raison que les choses ne se déroulent pas en silence, et rapidement. Et le lendemain matin, les gens constateraient ce qui s’était passé et ce serait le grand sujet de conversation, mais la peur, cette terrible angoisse qu’ils avaient ressentie, aurait disparu. Tout le monde serait satisfait – tout le monde –, même si l’on ne pourrait lui en être reconnaissant, dans la mesure où il agissait dans le plus grand secret. Mais Mma Ramotswe, elle, le remercierait, il n’en doutait pas.
Il se trouvait que, à l’instant précis où Mr. Polopetsi progressait dans l’obscurité en imaginant la gratitude de son employeur, Mma Ramotswe était installée avec Mr. J.L.B. Matekoni à la table du dîner et tous deux venaient justement d’avoir une courte conversation au sujet de Mr. Polopetsi et de l’excellent travail qu’il accomplissait au garage. Leurs enfants adoptifs, Motholeli et Puso, étaient assis à leur place, fixant intensément la marmite de ragoût qu’elle servirait bientôt. À un signal de Mr. J.L.B. Matekoni, ils joignirent les mains et fermèrent les yeux.
— Nous sommes reconnaissants pour cette nourriture qui a été préparée pour nous, déclara Mr. J.L.B. Matekoni. Amen.
L’action de grâces terminée, les enfants rouvrirent les yeux et regardèrent Mma Ramotswe remplir les assiettes.
— Je n’ai jamais vu cet oncle, lança Motholeli. Qui est-ce ?
— C’est quelqu’un qui travaille au garage, expliqua Mma Ramotswe. C’est un très bon mécanicien, comme toi, Motholeli.
— Il n’est pas mécanicien, rectifia Mr. J.L.B. Matekoni. Un mécanicien est quelqu’un qui a reçu une véritable formation. On n’est pas mécanicien tant que l’on n’a pas suivi une période d’apprentissage.
En prononçant ce dernier mot, il parut soudain s’assombrir et, pendant quelques instants, contempla son assiette d’un air mécontent. L’image des deux apprentis avait surgi à son esprit et, en règle générale, il n’aimait pas trop penser à eux. Il n’était pas certain qu’ils termineraient un jour leur apprentissage, car l’un et l’autre avaient raté l’examen de fin d’année d’un des cours qu’ils avaient suivis et il leur faudrait redoubler. À les entendre, les raisons de leur échec tenaient à un mélange de copies et à l’ambiguïté d’une certaine question concernant les systèmes Diesel. Mr. J.L.B. Matekoni les avait contemplés avec commisération : croyaient-ils vraiment qu’il allait avaler une telle histoire ? Non, mieux valait ne pas trop penser à ces deux-là une fois que l’on avait quitté le garage.
— Ce que je voulais dire, précisa Mma Ramotswe, c’est qu’il se débrouille bien avec les voitures. Et il se débrouille également très bien comme détective.
— Mais est-il vraiment détective ? interrogea Mr. J.L.B. Matekoni en piquant une pièce de viande avec sa fourchette. On ne peut pas s’intituler détective comme cela ! Il doit bien y avoir une formation à…
Il s’interrompit. Mma Ramotswe n’avait suivi aucune formation, bien sûr, quoiqu’elle ait lu Les Principes de l’investigation privée de Clovis Andersen. Toutefois, il doutait fort que Mr. Polopetsi, pour sa part, ait pris la peine d’en faire autant.
— Le métier de détective privé est différent de celui de mécanicien, expliqua Mma Ramotswe. On peut très bien se déclarer détective sans posséder de diplômes officiels. D’ailleurs, à ma connaissance, il n’existe pas d’écoles de détectives. Je ne crois pas que Mr. Sherlock Holmes ait suivi une quelconque formation.
— Qui est ce Rra Holmes ? s’enquit aussitôt Motholeli.
— C’était un détective très célèbre, répondit Mma Ramotswe. Il fumait la pipe et était très intelligent.
Mr. J.L.B. Matekoni se caressa le menton.
— Je ne suis pas certain qu’il ait réellement existé, objecta-t-il. Il me semble qu’il était juste dans un livre.
Motholeli se tourna vers Mma Ramotswe pour clarification.
— Peut-être, répondit celle-ci. Cela se peut.
— Il vient d’un livre, confirma soudain Puso. La maîtresse nous a parlé de lui. Elle nous a raconté qu’il était allé voir des chutes d’eau et qu’il était tombé par-dessus la barrière. Elle a dit que c’est le genre de chose qui arrive aux détectives.
Mma Ramotswe parut réfléchir.
— Moi, je ne suis jamais allée aux chutes Victoria, déclara-t-elle.
— Si tu tombais dans les chutes Victoria, rétorqua Mr. J.L.B. Matekoni avec entrain, je suis sûr que tu ne te noierais pas. Tu as une constitution trop traditionnelle pour ça. Tu flotterais et tu rebondirais sur l’eau comme un gros ballon en caoutchouc. Tu ne te ferais aucun mal.
Les enfants éclatèrent de rire et Mma Ramotswe sourit, du moins un court instant. D’ordinaire, elle prêtait peu attention aux remarques relatives à sa constitution traditionnelle – dont elle était même fière, et à laquelle elle faisait souvent référence elle-même. Mais soudain, lui semblait-il, trop de personnes se mettaient à attirer son attention sur ce point. Il y avait eu cette remarque de Mr. Polopetsi, certes anodine, lancée au détour d’une conversation, mais qui n’en suggérait pas moins que les lions seraient ravis de la dévorer, parce qu’elle était grosse et juteuse. Et puis, l’infirmière, qui lui avait conseillé de surveiller sa tension et suggéré qu’un bon moyen serait de suivre un régime. Et à présent, voilà que Mr. J.L.B. Matekoni lui-même la comparait à un gros ballon de caoutchouc, et que les enfants riaient à cette idée (qu’ils devaient sans doute approuver).
Mma Ramotswe regarda son assiette. Elle n’avait pas l’impression de trop manger (si l’on omettait les gâteaux, et les beignets, et le potiron, et peut-être quelques autres choses encore), et sa constitution traditionnelle n’était qu’une question de nature. Toutefois, il ne faisait guère de doute qu’elle pouvait se permettre de perdre quelques kilos, ne fût-ce que pour éviter certaines situations embarrassantes, comme l’autre jour, lorsqu’en se penchant pour s’asseoir à son bureau elle avait fait craquer sa jupe. Mma Makutsi avait eu le tact de se dispenser de commentaire, mais l’incident ne lui avait pas échappé, car ses yeux s’étaient légèrement agrandis. Il existait certes de nombreux arguments en faveur de la constitution traditionnelle, mais il fallait reconnaître qu’il serait agréable de ne plus avoir à subir ces petites piques que lui lançaient les gens. C’était là, sans doute, un bon argument en faveur du régime, après tout, et elle montrerait aux autres qu’elle était capable de maigrir si elle le décidait. Seulement, on disait toujours qu’il fallait débuter sur-le-champ, au moment même où l’idée vous traversait l’esprit. Si l’on remettait le régime à plus tard, si l’on se promettait de commencer le lendemain, ou la semaine suivante, on ne le faisait jamais. On trouvait toujours une raison qui rendait l’entreprise impossible, ou peu pratique. Elle devait donc s’y mettre sans attendre, à l’instant même, avec cette appétissante assiette de ragoût posée juste devant elle.
— Motholeli et Puso, lança-t-elle, voulez-vous vous partager le ragoût que je me suis servi ? Je ne crois pas que je vais le manger.
Puso fut prompt à acquiescer et à pousser son assiette pour obtenir la portion supplémentaire, et sa sœur suivit aussitôt son exemple. Quant à Mr. J.L.B. Matekoni, il considéra Mma Ramotswe avec stupéfaction. Il reposa sa fourchette avant de l’avoir portée à sa bouche.
— Tu ne te sens pas bien, Mma Ramotswe ? s’enquit-il. Il paraît qu’il y a un virus qui se promène en ville. Beaucoup de gens ont mal au ventre.
— Je vais très bien, affirma Mma Ramotswe. J’ai simplement décidé qu’à partir de maintenant, je vais manger un peu moins.
— Mais tu vas mourir, intervint Puso avec angoisse. Quand on ne mange pas, on meurt. C’est la maîtresse qui nous l’a dit.
— Je ne vais pas cesser complètement de manger, le rassura Mma Ramotswe en riant. Ne t’en fais pas. Non, c’est juste que j’ai décidé de me mettre au régime, voilà tout. Je mangerai, mais pas autant qu’avant.
— Plus de gâteau, déclara Puso. Et plus de beignets.
— C’est exact, répondit Mma Ramotswe. La prochaine fois que Mma Potokwane me proposera de son fameux cake aux fruits, je lui dirai « Non, merci, Mma ». Voilà ce que je lui dirai.
— Et moi, je mangerai ta part, approuva Mr. J.L.B. Matekoni. Je n’ai pas besoin de suivre un régime, moi.
Mma Ramotswe garda le silence. Elle sentait déjà la faim la tenailler alors que le régime n’avait débuté que depuis quelques minutes. Peut-être pourrait-elle prendre juste un peu de ragoût ? Il en restait un fond dans la marmite. Elle se leva.
Mr. J.L.B. Matekoni sourit.
— Tu vas aller à la cuisine te servir du ragoût en cachette ? suggéra-t-il.
Mma Ramotswe se rassit.
— Pas du tout, répondit-elle vivement. Je ne voulais pas aller à la cuisine. Je me suis levée pour ajuster ma robe. Elle est un peu large, tu comprends…
Elle contempla le plafond. Elle avait entendu dire qu’il n’était pas facile de suivre un régime. Quelque temps auparavant, elle avait lu dans un article que les régimes incitaient les gens à se montrer malhonnêtes vis-à-vis de leur entourage – et vis-à-vis d’eux-mêmes. Une enquête menée dans l’un de ces instituts qui aidaient les gens à maigrir avait révélé que presque tous les participants au stage possédaient une réserve secrète d’en-cas. Elle avait trouvé cela amusant : l’idée de ces adultes qui se comportaient comme de petits enfants et se procuraient clandestinement des bonbons et du chocolat l’avait fait rire. Mais maintenant qu’elle était elle-même au régime, elle ne trouvait plus cela drôle du tout. Ça lui semblait plutôt triste, au contraire. Ces pauvres gens qui avaient faim et que l’on n’autorisait pas à manger ! Les régimes étaient cruels : ils constituaient une atteinte aux droits de l’homme. Oui, c’était bel et bien cela, et elle ne se laisserait pas manipuler de la sorte !
Elle s’arrêta. Elle ne faisait rien d’autre que se chercher des excuses pour interrompre son régime, songea-t-elle. Mais Mma Ramotswe était d’une autre trempe, et elle persisterait ! Ainsi, pendant que sa famille dégustait le dessert qu’elle avait préparé – une crème renversée à la banane, avec de la confiture rouge au milieu –, elle demeura assise, comme collée à son siège, et les regarda se régaler.
— Tu es sûre que tu n’en veux pas un petit peu, Mma Ramotswe ? interrogea Mr. J.L.B. Matekoni.
— Non, dit-elle, avant de se reprendre : Oui, j’en suis sûre. Ce qui veut dire non.
Mr. J.L.B. Matekoni sourit.
— Elle est très bonne, tu sais, dit-il.
C’est comme cela que nous nous laissons tenter, comprit Mma Ramotswe. Mais au moins, certaines personnes ont la force de résister.
Elle ferma les yeux. Il était plus facile d’être fort, pensa-t-elle, avec les yeux fermés. Quoique cela ne fonctionnât que dans une certaine mesure. On ne pouvait se promener indéfiniment les yeux fermés, surtout quand on était détective privé. Toute autre considération mise à part, cela allait à l’encontre des conseils que donnait Clovis Andersen dans Les Principes de l’investigation privée, dont un chapitre était intitulé : « De l’importance de garder les yeux ouverts. » Clovis Andersen avait-il déjà suivi un régime ? se demanda-t-elle. Il y avait une photographie de lui au dos du livre, à laquelle elle n’avait jamais prêté grande attention. Or, maintenant qu’elle y réfléchissait, un détail lui sautait à l’esprit : Clovis Andersen était de constitution traditionnelle.