CHAPITRE VII
La vie compliquée de Mr. Polopetsi
Mr. J.L.B. Matekoni fut ravi du demi-arbre venu de Mokolodi. L’adapter à la voiture était une tâche délicate, qui nécessitait l’assistance des deux apprentis – à qui il fallait cependant tout expliquer. Le lendemain matin, tandis que tous trois conféraient au-dessous du véhicule hissé sur le pont de graissage, l’on confia donc à Mr. Polopetsi, dernier ajout en date au personnel du Tlokweng Road Speedy Motors, le travail de routine du garage. Mr. Polopetsi avait été recruté à la suite de son accident avec Mma Ramotswe, qui l’avait renversé alors qu’il roulait à vélo. Elle avait confié la bicyclette à réparer au garage, et c’était en venant la récupérer qu’il leur avait révélé son histoire : alors qu’il travaillait à la pharmacie de l’hôpital, il avait fourni un mauvais remède à une patiente et s’était retrouvé en prison. Il n’était pas responsable de l’erreur, mais le vrai coupable, lui, avait menti, et le juge avait considéré qu’une condamnation, assortie d’une peine de prison ferme, était nécessaire pour apaiser l’indignation de la famille de la victime. Ce récit, ajouté à la situation critique du pauvre homme, avait ému Mma Ramotswe, qui l’avait fait engager au garage. Cette décision s’était révélée positive : Mr. Polopetsi était un travailleur méthodique, qui avait très vite appris à effectuer les révisions, ainsi que quelques réparations de base. C’était un homme intelligent, mais aussi discret, et Mma Ramotswe ne doutait pas qu’un jour il se rendrait utile à l’Agence No 1 des Dames Détectives. Bien sûr, il n’y serait pas engagé officiellement : c’était inenvisageable pour une agence de dames détectives. Toutefois, il pourrait réaliser certaines tâches nécessitant une intervention masculine. Il serait commode, par exemple, de disposer de lui pour savoir ce qui se passait dans tel ou tel bar si une affaire l’exigeait. Ce type de mission ne convenait guère, en effet, à une dame détective, qui se verrait sans cesse contrainte de repousser les avances des hommes qui importunaient les femmes dans ces établissements.
C’était un plaisir d’avoir Mr. Polopetsi au garage, entre autres parce qu’il venait souvent prendre le thé avec Mma Ramotswe et Mma Makutsi. Mr. J.L.B. Matekoni était généralement trop occupé pour s’accorder une pause et les apprentis aimaient boire leur thé assis sur des bidons d’huile retournés, en regardant passer les filles sur la route. Mr. Polopetsi, lui, avait pris l’habitude d’entrer dans l’agence, sa tasse à la main, et de demander à Mma Makutsi s’il y avait assez de thé pour lui. On lui répondait invariablement qu’il était le bienvenu, on l’invitait à s’asseoir sur la chaise réservée aux clients et l’on remplissait sa tasse. En réponse, Mr. Polopetsi utilisait toujours la même formule, répétée comme un mantra : « Vous êtes bien aimable, Mma Makutsi. Des dames aussi gentilles que vous et Mma Ramotswe, il n’y en a pas beaucoup. C’est la vérité. » Il ne semblait pas se rendre compte qu’il disait toujours la même chose, et les dames se gardaient bien de le lui faire remarquer. « Nous répétons tous les mêmes choses », avait un jour expliqué Mma Ramotswe à son assistante. « Vous avez raison, Mma Ramotswe », avait répondu Mma Makutsi, une phrase qu’elle employait très souvent.
Ce matin-là, Mr. Polopetsi entra dans le bureau en essuyant la sueur de son front.
— Je crois que c’est l’heure du thé, déclara-t-il en posant sa tasse sur le classeur métallique. Il fait très chaud dans l’atelier. Savez-vous pourquoi cela rafraîchit de boire un liquide chaud comme le thé, Mma Ramotswe ?
Mma Ramotswe avait beaucoup réfléchi à cette question, mais elle n’était jamais parvenue à une conclusion. Tout ce qu’elle savait, c’était que le thé la rafraîchissait bien davantage qu’un verre d’eau froide.
— Expliquez-le-moi, Rra, répondit-elle. Pendant ce temps, Mma Makutsi va mettre l’eau à bouillir.
— Parce que le liquide chaud nous fait transpirer, dit Mr. Polopetsi. Ensuite, quand la sueur sèche sur la peau, cela donne une sensation de fraîcheur. C’est comme ça que ça marche.
Mma Makutsi appuya sur le bouton de la bouilloire.
— C’est invraisemblable, lança-t-elle d’un ton sec.
Indigné, Mr. Polopetsi se tourna vers elle.
— C’est pourtant la vérité, rétorqua-t-il. Je l’ai appris au cours de pharmacie que nous avions à l’hôpital. Le Dr Moffat nous donnait des conférences sur le fonctionnement du corps.
Cet argument n’impressionna pas Mma Makutsi.
— Moi, je ne transpire jamais quand je bois du thé, affirma-t-elle. Mais cela me rafraîchit malgré tout.
— Eh bien, vous n’êtes pas obligée de me croire, répliqua Mr. Polopetsi. J’ai pensé que cette explication pouvait vous intéresser, voilà tout.
— Moi, je vous crois, intervint Mma Ramotswe, apaisante. Je suis sûre que vous avez raison.
Elle jeta un coup d’œil à Mma Makutsi. Quelque chose troublait l’assistante, cela ne faisait aucun doute. Manifester une telle brusquerie vis-à-vis de Mr. Polopetsi, qu’elle aimait beaucoup, ne lui ressemblait guère. Cela devait être lié à sa conversation avec Phuti Radiphuti – et à l’aveu de sa sympathie pour le féminisme. Avait-il pris cette remarque à cœur ? Mma Ramotswe espérait que non ; l’idée que les fiançailles de Mma Makutsi puissent tourner court l’effrayait. Après toutes ces années d’attente et d’espérance, Mma Makutsi avait enfin trouvé un homme, et voilà qu’elle se prenait à tout gâcher en le faisant fuir. Oh, imprudente, imprudente Mma Makutsi ! pensa Mma Ramotswe. Et cet homme ! Fallait-il être insensé pour prendre au sérieux une déclaration aussi anodine !
Mma Ramotswe sourit à Mr. Polopetsi.
— Je connais la femme du Dr Moffat, dit-elle. Je peux aller lui poser moi-même la question. Elle en parlera au docteur et, ainsi, nous tirerons sans peine cette affaire au clair.
— C’est déjà très clair pour moi, déclara Mr. Polopetsi. Il n’y a aucun doute dans mon esprit, en tout cas.
— Alors, répondit Mma Ramotswe, il est inutile de se tourmenter davantage.
— Je ne me tourmente pas pour ça, riposta Mr. Polopetsi en s’installant sur la chaise des clients. J’ai bien d’autres soucis en tête. Contrairement à certaines personnes…
Bien que prononcés à mi-voix, ces derniers mots n’échappèrent pas à Mma Ramotswe. En revanche, Mma Makutsi, à qui ils étaient destinés, ne les entendit pas. Debout près de la bouilloire, elle attendait le déclic en observant le petit gecko blanc accroché au plafond par les minuscules ventouses de ses pattes.
Mma Ramotswe en profita pour changer de sujet. Elle avait découvert que, quand Mma Makutsi était dans un tel état d’esprit, la meilleure tactique consistait à éviter les controverses.
— Ah bon ? fit-elle. D’autres soucis ? De quoi s’agit-il, Rra ?
Mr. Polopetsi lança un coup d’œil à Mma Makutsi par-dessus son épaule. Mma Ramotswe s’en aperçut et lui adressa un discret signe de main, comme pour lui dire : « Ne vous occupez pas d’elle. » Il comprit aussitôt.
— Je suis très fatigué, Mma, avoua-t-il. Voilà mon problème. Faire tant de chemin à vélo par une chaleur pareille, ce n’est pas facile.
Mma Ramotswe regarda par la fenêtre. Le soleil, ce jour-là, était implacable ; il pesait sur le sommet du crâne, comme s’il prenait un malin plaisir à l’enfoncer. Même le matin de bonne heure, juste après le petit déjeuner – l’heure idéale pour se promener dans son jardin et inspecter les arbres, par exemple –, il était déjà chaud et pénible à supporter. Et il en serait ainsi, elle le savait, jusqu’à l’arrivée des pluies, fraîches et bienfaisantes, comme une tasse de thé destinée à la terre, songea-t-elle. Elle se retourna vers Mr. Polopetsi. Oui, le pauvre homme avait l’air exténué, assis sur le siège des clients, avachi, en sueur.
— Ne pourriez-vous pas prendre le minibus ? suggéra-t-elle. La plupart des gens le font.
Mr. Polopetsi se décomposa davantage encore.
— Vous êtes venue chez moi, Mma Ramotswe. Vous savez où j’habite. Aucun minibus ne passe par là. Il faut marcher longtemps pour atteindre l’arrêt le plus proche. Et en plus, les bus sont souvent en retard.
Mma Ramotswe hocha la tête. La vie n’était pas facile lorsqu’on vivait hors de la ville. Le coût des logements à Gaborone ne cessait d’augmenter et pour la plupart des gens, habiter la capitale représentait un rêve inaccessible. Il fallait donc se contenter de quartiers comme Tlokweng, voire plus éloignés encore, ce qui impliquait un long trajet pour se rendre au travail. Tout allait bien, supposait-elle, lorsqu’on était jeune et vigoureux, mais Mr. Polopetsi, même s’il n’avait pas encore atteint la cinquantaine, ne paraissait pas très robuste : il était même chétif, et avec cet aspect tout fripé qu’il avait… Si une violente bourrasque arrivait tout à coup du Kalahari, il serait aussitôt soulevé dans les airs et emporté au loin. Elle l’imagina, en pantalon et en chemise kaki, bras écartés, ramassé par le vent et projeté à travers le ciel jusqu’en Namibie, puis lâché au sol, désorienté, en terre étrangère. Elle vit alors un cavalier herero arriver vers lui au grand galop et lui hurler quelque chose, tandis que Mr. Polopetsi se relevait, essuyant la poussière de ses vêtements, et tentait de tout expliquer en désignant le ciel avec de grands gestes.
— Pourquoi souriez-vous, Mma Ramotswe ? interrogea Mr. Polopetsi.
Elle se redressa.
— Je suis désolée, dit-elle. Je pensais à autre chose.
Mr. Polopetsi remua sur sa chaise.
— Cela avait l’air drôle, marmonna-t-il.
Mma Ramotswe détourna le regard.
— Il y a des choses amusantes qui viennent à l’esprit, expliqua-t-elle. Parfois, on songe à un sujet grave et, tout à coup, quelque chose de très drôle se présente en pensée. Mais dites-moi, Rra : et si vous achetiez une voiture ? Cela ne vous serait-il pas possible ? Maintenant que vous avez un salaire. Et votre femme travaille aussi, non ? Ne pourriez-vous pas vous offrir une voiture bon marché, une vieille occasion qui roule encore ? Mr. J.L.B. Matekoni pourrait vous en procurer une.
Mr. Polopetsi secoua la tête avec véhémence.
— Je n’ai pas du tout les moyens de me payer une voiture, affirma-t-il. Pourtant, ce serait l’idéal, cela résoudrait tous mes problèmes. Je pourrais emmener des gens avec moi et leur faire partager l’essence. Mon voisin ne travaille pas très loin d’ici. Il viendrait avec moi, et il a aussi un ami. Ils seraient très contents de faire le trajet dans ma voiture. Mon frère, lui, il en a une. Il a de la chance.
Le thé était prêt à présent. Mma Makutsi apporta la tasse de Mr. Polopetsi, qu’elle plaça au bord du bureau de Mma Ramotswe, juste devant lui.
— Vous êtes bien aimable, Mma Makutsi, déclara Mr. Polopetsi. Des dames aussi gentilles que vous et Mma Ramotswe, il n’y en a pas beaucoup. C’est la vérité.
Mma Ramotswe accueillit le compliment d’un bref signe de tête.
— Mais votre frère, Mr. Polopetsi, s’enquit-elle. Il est riche ?
Mr. Polopetsi prit une gorgée de thé.
— Non, répondit-il. Il n’est pas riche du tout. Mais il a une bonne place. Il travaille dans une banque. Évidemment, ce n’est pas avec ce qu’il gagne qu’il a pu acheter sa voiture. C’est mon oncle qui lui a prêté l’argent. Il lui a accordé l’un de ces prêts que l’on rembourse par des mensualités si faibles qu’on ne s’en aperçoit même pas. Mon oncle est généreux. Et il a beaucoup d’argent à la banque.
— Un oncle riche ? s’étonna Mma Ramotswe. Mais cet oncle ne pourrait-il pas vous prêter de l’argent, à vous aussi ? Pourquoi vous préférerait-il votre frère ? Un oncle devrait tout de même…
Elle s’interrompit. Il existait une raison parfaitement évidente à la préférence que manifestait cet oncle pour l’un des deux frères, et elle comprit, à l’embarras qu’elle constata dans l’attitude de son interlocuteur, qu’elle avait vu juste.
— Il ne m’a pas pardonné, expliqua simplement Mr. Polopetsi. Il ne m’a pas pardonné de… d’être allé en prison. Il dit que j’ai amené la honte sur toute la famille.
Mma Makutsi, qui s’était servie et revenait à présent s’asseoir à sa place, releva vivement la tête à ces mots.
— Mais il ne doit pas penser ça ! protesta-t-elle. Vous n’êtes pour rien dans ce qui vous est arrivé ! C’était une erreur judiciaire !
— J’ai essayé de le lui expliquer, assura Mr. Polopetsi en se tournant vers elle. Mais il n’a rien voulu entendre. Il a refusé. Il ne faisait que crier.
Il hésita.
— C’est qu’il est vieux, vous comprenez, ajouta-t-il. Souvent, les vieux ne veulent pas écouter.
Un silence s’installa, au cours duquel Mma Ramotswe et Mma Makutsi digérèrent l’information. Mma Ramotswe comprenait. Il y avait au Botswana de vieilles personnes – en particulier des hommes – qui avaient des idées très arrêtées sur les choses et qui étaient réputées pour l’obstination qu’elles mettaient à soutenir leurs propres points de vue. Son père à elle, le défunt Obed Ramotswe, n’en faisait pas partie. Au contraire, il avait toujours gardé l’esprit ouvert. En revanche, elle se souvenait de certains amis à lui qui se montraient difficiles à convaincre. Il avait un jour discuté avec l’un d’entre eux, hostile à l’indépendance : cet ami voulait voir le Protectorat continuer. Selon lui, mieux valait avoir quelqu’un qui s’occupe de protéger le pays contre les Boers, et il avait encore soutenu cela quand Obed lui avait demandé : « Mais ces troupes censées nous protéger, où sont-elles ? Où sont-elles ? » Bien sûr, il n’y en avait aucune. Il pouvait comprendre, en revanche, la loyauté envers la reine Élisabeth. C’était une grande amie de l’Afrique, affirmait-il. Elle l’avait toujours été, car elle comprenait parfaitement des idées comme la droiture et le devoir ; elle savait pourquoi, pendant la guerre, de nombreux hommes du Protectorat étaient allés combattre. C’étaient des braves, qui avaient vu des choses terribles en Italie et en Afrique du Nord ; à présent, tout le monde les avait oubliés. « Nous ne devons pas oublier ces choses-là, disait-il. Nous ne devons pas les oublier. »
— Je comprends, répondit-elle à Mr. Polopetsi. Quand quelqu’un a une idée en tête, il est parfois très difficile de le faire changer d’avis. Les vieilles personnes sont souvent comme cela.
Elle marqua un temps d’arrêt.
— Comment s’appelle votre oncle, Mr. Polopetsi ? Et où habite-t-il ?
Mr. Polopetsi le lui dit. Puis il termina sa tasse et se leva. Il ne vit pas Mma Ramotswe saisir un crayon et griffonner quelques mots sur un morceau de papier. Il ne la vit pas non plus glisser ce morceau de papier dans son corsage, l’endroit le plus sûr pour conserver les choses. Jamais elle n’oubliait d’accomplir les tâches répertoriées en ce lieu particulier, et elle n’oublierait pas non plus les renseignements qu’elle venait de noter – Mr. Kagiso Polopetsi, lotissement 2 487, Limpopo Drive – et à la suite desquels elle avait ajouté « vieil oncle cruel ».
Mma Makutsi rentra chez elle de bonne heure cet après-midi-là. Elle expliqua à Mma Ramotswe qu’elle avait le repas de Phuti Radiphuti à préparer et qu’elle tenait à ce qu’il fut délicieux. Mma Ramotswe trouva l’idée excellente, ajoutant qu’il serait également judicieux de reparler du féminisme avec lui.
— Tranquillisez-le, conseilla-t-elle. Expliquez-lui que vous n’êtes pas de ces femmes qui ne le laisseraient pas en paix une seconde. Que vous êtes quelqu’un de très traditionnel, dans le fond.
— Entendu, répondit Mma Makutsi. Je vais lui montrer qu’il n’a pas à s’inquiéter, que je ne serai pas là à le critiquer à longueur de journée.
Elle se tut et contempla Mma Ramotswe, qui lut alors sur son visage une pénible douleur. Aussitôt, la compassion envahit Mma Ramotswe. Pour elle, les choses étaient différentes : elle avait épousé Mr. J.L.B. Matekoni et se sentait en sécurité. Mais si Mma Makutsi perdait Phuti Radiphuti, elle n’aurait plus rien d’autre que la perspective d’un dur labeur pour le restant de ses jours, à tenter de subsister avec le maigre salaire qu’elle récoltait et le petit supplément que lui rapportait l’École de dactylographie pour hommes du Kalahari. Cette école représentait une bonne source de revenus additionnels, mais l’obligeait à travailler si dur qu’il ne lui restait presque plus de temps pour se reposer.
De retour chez elle, Mma Makutsi prépara le dîner avec le plus grand soin. Elle mit une grosse marmite de pommes de terre à bouillir et un épais ragoût de bœuf à mijoter, auquel elle ajouta carottes et oignons. Ce dernier dégageait un délicieux fumet ; elle y plongea l’index pour le goûter. Cela manquait un peu de sel, mais une fois l’assaisonnement rectifié, c’était parfait. Elle s’installa alors pour attendre Phuti Radiphuti. Celui-ci arriverait à sept heures et il était six heures et demie, aussi feuilleta-t-elle un magazine, mais sans parvenir à se concentrer, durant la demi-heure restante.
À sept heures et demie, elle se posta à la fenêtre et, à huit heures, elle marcha jusqu’à la grille pour observer la route. Il faisait chaud et l’air portait de lourdes odeurs de cuisine et de poussière. De la maison voisine parvenaient le bruit de la radio ainsi que des éclats de rire. Elle sentit le frôlement d’un insecte sur sa jambe.
Elle remonta l’allée jusqu’à la porte, entra, s’assit sur le sofa et fixa le plafond. Je suis une fille de Bobonong, se dit-elle. Je suis une fille de Bobonong avec des lunettes. J’avais trouvé quelqu’un qui acceptait de m’épouser, quelqu’un de très gentil, mais je l’ai fait fuir avec ma manie de parler à tort et à travers. Maintenant, je me retrouve de nouveau seule. Voilà l’histoire de ma vie. L’histoire de Grace Makutsi.