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CONFÉRENCE

Répondant à la convocation d’Alexandre, le capitaine Grove, ses officiers, Bisesa et Abdikadir, avec Cecil De Morgan pour interprète – plus Ruddy et Josh qui devaient consigner cette stupéfiante conférence dans leurs carnets –, se dirigèrent vers la tente du roi. Du côté macédonien, il y aurait Alexandre lui-même, Eumène, Héphestion, Philippe – le médecin personnel du roi –, et un nombre impressionnant de courtisans, conseillers, pages et chambellans.

Le lieu de la rencontre était splendide : la propre tente d’Alexandre, venue avec lui du delta, immense, soutenue par des colonnes dorées et drapée de toile pailletée. Des sofas aux pieds d’argent avaient été disposés pour les visiteurs devant le trône en or du roi. Mais l’atmosphère était tendue : il y avait bien cent soldats en alerte dans toute la tente – les porte-boucliers, vêtus d’écarlate et de bleu roi, et les « Immortels » de Perse, avec leurs splendides mais malcommodes tuniques brodées.

Eumène, cherchant à éviter toute friction inutile, avait brièvement instruit Bisesa du protocole attendu des visiteurs en présence du roi. À leur entrée, les naufragés du futur s’étaient donc livrés à la proskynesis, nom grec d’une sorte de révérence perse consistant à envoyer un baiser au roi avant de s’incliner. Comme il fallait s’y attendre, la chose avait mis Abdikadir mal à l’aise, mais le capitaine Grove et ses officiers étaient restés d’un flegme imperturbable. Isolés aux marges de leur empire et entourés de roitelets, d’émirs et de rajahs, les Britanniques étaient à l’évidence habitués à se plier aux coutumes locales les plus farfelues.

Ce détail mis à part, Abdikadir avait l’air euphorique. Bisesa avait rencontré peu de gens aussi réalistes que lui, mais il se complaisait manifestement dans le fantasme que ces fastueux Macédoniens étaient vraiment ses ancêtres.

La délégation s’installa sur de luxueux sofas, des pages et des échansons apportèrent nourriture et boissons et la conférence put commencer. L’interprétation, par le truchement de lettrés grecs et de De Morgan, était parfois exaspérante de lenteur, mais ils faisaient des progrès réguliers, par moments à l’aide de cartes, de dessins et même en griffonnant sur des tablettes de cire macédoniennes ou des feuilles de papier arrachées aux carnets de Josh et de Ruddy.

Ils commencèrent par échanger des renseignements. Les sujets d’Alexandre n’avaient pas été surpris par le Mauvais Œil de Jamroud, qui continuait à planer au-dessus de la place d’armes. Depuis «le jour où le soleil avait sauté dans le ciel », comme l’appelaient les Macédoniens, leurs éclaireurs en avaient rencontré dans toute la vallée de l’Indus. Comme les Britanniques, ils s’étaient vite habitués à ces observateurs muets et les traitaient avec la même désinvolture.

Pragmatique, le chancelier Eumène s’intéressait moins à ces mystères qu’à la politique du futur qui avait conduit ces étrangers sur la Frontière. Il fallut un certain temps pour lui faire comprendre, ainsi qu’aux Macédoniens, que les Britanniques et Bisesa venaient de deux époques différentes – même si la période qui les séparait, à peine un siècle et demi, paraissait minime face au gouffre de vingt-quatre siècles entre l’époque d’Alexandre et celle de Bisesa. Néanmoins, quand le capitaine Grove esquissa les origines du Grand Jeu du xixe siècle, Eumène prouva qu’il avait l’esprit vif.

Bisesa se serait attendue que son conflit du xxie siècle soit moins compréhensible pour les Macédoniens, mais quand Abdikadir évoqua les réserves de pétrole d’Asie centrale, Eumène lui coupa la parole. Il se rappelait que, sur les berges d’une rivière de Perse, deux sources d’un étrange liquide avaient jailli du sol près de l’endroit où avait été dressée la tente royale.

— Cela ressemblait à de l’huile d’olive, dit Eumène, même si le sol n’était pas propice aux oliviers.

Alexandre, à l’époque, s’était demandé quels bénéfices pourraient être retirés de telles découvertes, si l’on en faisait d’autres – mais son devin personnel l’avait mis en garde, déclarant que cette huile était un présage de difficultés à venir.

— Nous sommes venus en ce pays chacun à notre époque avec des ambitions différentes, dit Eumène. Mais nous y sommes venus, même à des millénaires de distance. Peut-être s’agit-il des arènes où est de toute éternité destiné à se jouer le sort du monde.

Alexandre lui-même parlait peu. Assis sur son trône, le menton appuyé sur son poing, les yeux mi-clos, il levait parfois le regard avec une timidité étrangement enjôleuse, la tête inclinée. Il laissait le soin de conduire les débats principalement à Eumène, dont la grande intelligence frappait Bisesa, et à Héphestion, qui interrompait par moments son collègue pour lui demander des clarifications ou même pour le contredire. De toute évidence, il régnait entre eux une grande tension, mais peut-être Alexandre se félicitait-il des dissensions entre ces rivaux potentiels.

Puis la discussion porta sur la signification de ce qui leur était arrivé, à eux tous – la façon dont l’histoire avait pu être découpée en tranches, et pourquoi.

Les Macédoniens ne semblaient pas aussi impressionnés que Bisesa l’avait naïvement imaginé. Pour eux, il ne faisait aucun doute que les glissements de temps étaient l’œuvre des dieux, aux desseins par nature impénétrables : leur vision du monde, qui n’avait rien à voir avec la science, était étrangère à Bisesa, mais elle était assez souple pour s’accommoder de tels mystères. C’étaient de rudes soldats qui avaient parcouru des milliers de kilomètres dans d’étranges contrées et, comme leurs conseillers grecs, ils étaient dotés d’un psychisme solide.

Pour sa part, Alexandre semblait fasciné par les aspects philosophiques de la chose :

— Les morts peuvent-ils revivre ? murmura-t-il de sa profonde voix de baryton. Car, pour vous, je suis moi-même mort depuis longtemps… Et le passé peut-il être rétabli… les anciennes injustices amendées, les regrets effacés ?

— Un homme qui a autant de sang sur les mains que ce roi doit trouver attirante l’idée de corriger le passé…, chuchota Abdikadir à l’oreille de Bisesa.

— Pour la plupart des philosophes, le temps est cyclique, dit Héphestion. Comme les battements du cœur, le passage des saisons, les phases de la Lune. À Babylone, les astronomes ont établi un calendrier cosmique fondé sur le mouvement des planètes, avec une Grande Année qui dure, je crois, plus de quatre cent mille ans. Quand les planètes se regroupent dans une constellation donnée, il y a un gigantesque incendie, et l’« hiver », qui correspond à une autre configuration planétaire, est marqué par un déluge… Certains affirment même que les événements du passé se répètent exactement d’un cycle au suivant.

— Mais cette idée dérangeait Aristote, dit Alexandre, qui avait suivi les enseignements de ce philosophe. Si je vis autant avant la chute de Troie qu’après, quelle a pu être la cause de la guerre ?

— Et pourtant, dit Héphestion, s’il y a du vrai dans cette idée de cycles, cela peut expliquer bien des événements bizarres. Par exemple, les oracles et les prophéties : si le temps est cyclique, la prophétie est peut-être autant une question de mémoire du lointain passé qu’une vision de l’avenir. Et ce curieux mélange d’époques auquel nous sommes confrontés paraît beaucoup moins inexplicable. N’es-tu pas d’accord, Aristandre ?

Le vieux devin acquiesça.

Et la conversation se poursuivit ainsi entre Alexandre, Héphestion et Aristandre, parfois trop vite pour permettre à la cascade poussive d’interprètes de bien suivre.

— Ces gens sont admirables, murmura Ruddy, fasciné.

— Assez philosophé, dit Eumène, réaliste comme toujours.

Il demanda si quelqu’un avait une idée de la conduite à tenir.

Le capitaine Grove répondit qu’il avait une suggestion. Il avait apporté un atlas – une vieillerie, même selon ses critères, empruntée à une salle de classe victorienne – qu’il ouvrit.

Les Macédoniens avaient l’habitude des cartes et de leur confection. Dans ses campagnes, Alexandre s’était fait accompagner de topographes et de dessinateurs chargés de dresser celle des territoires conquis, dont beaucoup étaient peu connus du monde grec antique. Les Macédoniens furent donc intéressés par l’atlas et ils s’attroupèrent autour du petit ouvrage, fascinés par la qualité de l’impression, la régularité des caractères et la vivacité des couleurs. Les Macédoniens semblaient n’avoir aucun mal à accepter que le monde méditerranéen qu’ils connaissaient n’était qu’une petite partie de la planète, et que celle-ci était une sphère, comme l’avait annoncé Pythagore des siècles avant eux. En fait, Aristote, le précepteur d’Alexandre, avait écrit tout un livre à ce propos. Pour sa part, Bisesa trouvait amusantes les grandes étendues colorées en rose représentant les territoires de l’Empire britannique à son apogée.

Pour finir, Alexandre s’impatienta et demanda qu’on apporte l’atlas jusqu’à son trône. Mais il fut consterné quand on lui montra les limites de son empire sur le planisphère.

— Je pensais avoir marqué le monde d’une profonde empreinte… mais il y a tant de choses que je n’ai pas vues, dit-il.

Atlas en main, le capitaine Grove suggéra qu’ils joignent leurs forces pour faire route vers Babylone.

Abdikadir essaya d’expliquer les signaux radio repérés par le Soyouz. Comme il fallait s’y attendre, les Macédoniens ne comprirent pas de quoi il s’agissait, jusqu’à ce que Josh et Ruddy trouvent des métaphores heureuses.

— C’est comme le son de trompettes inaudibles, expliqua Ruddy. Ou l’éclat de miroirs invisibles…

— Et le seul signal que nous ayons repéré venait de , enchaîna Abdikadir en montrant du doigt Babylone. C’est sans aucun doute notre meilleure chance de découvrir ce qui nous est arrivé, à nous et au monde.

Tout ceci fut transmis à Alexandre.

Babylone parlait aussi à l’imagination des Macédoniens. Ils n’avaient pas eu de nouvelles de Macédoine ni de nulle part en dehors de la vallée de l’Indus depuis des jours et des jours – pas plus que les Britanniques n’avaient reçu de messages de leur propre époque. La question qui se posait était de savoir où s’installer si la situation ne s’arrangeait pas. Alexandre avait toujours envisagé de faire de Babylone la capitale d’un empire s’étendant de l’Inde à la Méditerranée, uni par les voies maritimes et fluviale. Ce rêve était peut-être encore réalisable, même avec les ressources dont il disposait, même si le reste du monde qu’il avait connu n’existait plus.

Pour toutes ces raisons, la conduite à adopter semblait s’imposer d’elle-même. Un consensus finit par se dégager et Ruddy, enthousiaste, s’écria :

— Babylone ! Grand Dieu… Où cette aventure ne nous entraînera-t-elle pas ?

Ils passèrent vite aux détails de calendrier et de logistique. À l’extérieur de la tente la lumière déclinait, à l’intérieur les domestiques circulaient pour resservir du vin et le niveau sonore des conversations montait peu à peu.

Dès qu’ils le purent, Josh, Abdikadir, Ruddy et Bisesa se regroupèrent à l’écart des Macédoniens.

— Il va falloir laisser quelque chose pour Zabel et Kolya, au cas où ils réussiraient à arriver jusqu’ici, dit Bisesa.

Ils envisagèrent de construire des repères tels que de grandes flèches de pierres sur le sol, de cacher des messages dans des cairns, ou même de laisser des radios pour les cosmonautes naufragés.

— Et vous êtes d’accord pour vous allier avec Alexandre et sa clique ? demanda Abdikadir.

— Oui, répondit aussitôt Ruddy. Aristote lui a appris l’ouverture d’esprit, la générosité, la curiosité pour ce qui l’entourait. Son voyage était autant une exploration qu’une expédition militaire…

— Le capitaine Cook à la tête d’une armée de cinquante mille hommes, dit Abdikadir, songeur.

— Et c’est certainement cette même ouverture d’esprit, poursuivit Ruddy, qui leur a permis d’accepter les coutumes de peuplades étrangères… et ainsi de souder un empire qui, sans la mort prématurée d’Alexandre, aurait pu durer des siècles et faire progresser la civilisation de mille ans.

— Mais ici, fit remarquer Josh, Alexandre n’est pas mort…

Bisesa prit conscience que celui-ci les observait. Il se pencha en arrière pour murmurer quelque chose à l’oreille de son eunuque et elle se demanda s’il avait entendu ce qu’ils disaient.

— Je ne crois pas que l’on puisse laisser un plus bel héritage, conclut Ruddy, que d’avoir fondé un « Empire britannique » en Europe et en Asie deux mille ans avant notre époque !

— Mais l’empire d’Alexandre, protesta Josh, n’avait rien à voir avec la démocratie ou les valeurs grecques. Il a commis des atrocités – l’incendie de Persépolis, par exemple. Il a financé chaque étape de sa campagne avec le butin de la précédente. Et il a sacrifié des vies sans compter… près de trois quarts de million, selon certaines estimations.

— C’était un homme de son temps, dit Ruddy, aussi sérieux et cynique que s’il était deux fois plus âgé. À quoi aurait-il fallu s’attendre ? Dans son monde, l’harmonie ne pouvait venir que de l’empire. À l’intérieur de ses frontières régnaient l’ordre, la culture, les germes de la civilisation. À l’extérieur, ce n’était que chaos et barbarie. Il n’existait pas d’autre moyen de gouverner ! Et ce qu’il a accompli a duré, même s’il n’en a pas été de même pour son empire. Il a diffusé la langue grecque d’Alexandrie à la Syrie. Quand les Romains ont étendu leur empire vers l’est, ils ont trouvé, non pas des barbares, mais des peuples de culture grecque. Sans cet héritage, le christianisme aurait eu du mal à se répandre hors de Judée.

— Peut-être, dit Abdikadir avec un large sourire. Mais, mon cher Kipling, je ne suis pas chrétien !

Le capitaine Grove vint les rejoindre.

— Je crois que l’affaire est réglée, dit-il tranquillement. Je suis bien content que nous soyons parvenus si vite à un accord et il est remarquable que nous ayons tant de choses en commun. Je suppose qu’en deux mille ans rien de fondamental n’a changé en matière de déplacement des armées… Mais regardez : je crois que la réunion commence à dégénérer légèrement. J’ai entendu parler d’Alexandre et de ses débauches, ajouta-t-il avec un sourire contrit, et même si je préférerais m’en abstenir, je crains qu’il soit de bonne politique de m’attarder pour faire plus ample connaissance avec ces garçons. Ne craignez rien : je tiens bien l’alcool ! Mes hommes vont rester, eux aussi – mais si vous voulez vous éclipser…

Bisesa saisit la perche qui lui était tendue. Josh et Ruddy décidèrent de partir, avec cependant, pour ce dernier, un regard de regret vers le miroitant intérieur de la tente royale où une jeune femme aux courbes avantageuses simplement vêtue d’un long voile commençait à danser.



Hors de la tente, Bisesa trouva Philippe, le médecin personnel d’Alexandre, qui l’attendait. Elle s’empressa d’appeler De Morgan. Le mandataire était déjà à moitié ivre, mais encore capable de traduire.

— Le roi sait que vous avez parlé de sa mort, dit Philippe.

— Euh. Je suis désolée.

— Et il vous demande de lui dire comment il mourra.

Bisesa hésita.

— Nous avons une légende. Un récit de ce qui lui est arrivé…

— Il va donc mourir bientôt, murmura Philippe.

— Oui. C’est ce qui devrait se passer.

— Où ?

Elle hésita encore.

— À Babylone.

— Alors il va mourir jeune, comme Achille, son héros. Ça lui ressemble bien !

Philippe jeta un coup d’œil vers la tente du roi où, à en juger par le bruit, l’orgie prenait tournure. Il avait l’air inquiet, mais résigné.

— Eh bien, ce n’est pas une surprise. Il boit comme il se bat, assez pour dix hommes. Et il a presque été tué par une flèche qui lui a traversé le poumon. Je crains qu’il ne prenne pas le temps de se remettre, mais…

— … il n’écoutera pas son docteur.

— Certaines choses ne changent jamais, conclut Philippe en souriant.

Bisesa se décida rapidement. Elle fouilla dans sa trousse de survie, sous sa combinaison, et en sortit une plaquette de comprimés contre la malaria. Elle montra à Philippe comment extraire les cachets de leur logement.

— Donnez ceci à votre roi, dit-elle. Personne ne sait avec certitude ce qui lui est arrivé. La rumeur, les rivalités et les chroniques mensongères ont obscurci la vérité. Mais certains pensent qu’il est mort de la maladie que ces comprimés lui éviteront.

Philippe fronça les sourcils.

— Pourquoi me donnez-vous ça ?

— Parce que je pense que votre roi va beaucoup compter pour notre avenir à tous. S’il meurt, au moins ce ne sera pas de cette façon.

Philippe prit la plaquette de comprimés et sourit.

— Merci. Mais, dites-moi…

— Oui ?

— Se souviendra-t-on de lui, dans le futur ?

Encore une fois, le curieux dilemme d’une trop grande connaissance… complétée, pour Bisesa, par de longues séances avec son portable pour compléter ses souvenirs de l’histoire d’Alexandre.

— Oui. On se souviendra même de son cheval !

Bucéphale était mort au cours d’une bataille au bord de la Jhelum.

— Dans plus de mille ans, les souverains d’un pays situé par-delà l’Oxus prétendront que leurs chevaux avaient autrefois des cornes sur la tête parce qu’ils descendaient de Bucéphale, qui les avait engendrés à l’occasion du passage d’Alexandre.

Philippe était ravi.

— Alexandre avait fait confectionner une coiffe avec des cornes d’or que Bucéphale portait à la bataille. Si jamais la mort du roi est proche…

— Dites-le-lui, alors.

Quand il fut parti, elle se tourna vers De Morgan :

— Et vous, gardez ça pour vous.

— Bien sûr. Il faut conserver Alexandre en vie… Si nous sommes coincés ici, il pourrait bien être notre meilleur espoir de préserver quelque chose de notre avenir. Mais par tous les dieux, Bisesa ! Pourquoi ne pas lui avoir vendu ces pilules ? Alexandre est mille fois plus riche que n’importe quel homme de son temps ! Quel gâchis…

Elle s’éloigna en riant.

L'odyssée du temps [1] L'Oeil du temps
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