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GÉOMÉTRIE

Pour Bisesa, le premier matin fut le plus dur.

La décharge d’adrénaline consécutive au choc devait l’avoir aidée à tenir jusqu’au bout de la journée de ce qu’ils avaient baptisé « Discontinuité ». Mais cette nuit-là, dans la chambre qui leur avait été attribuée par Grove – un débarras converti à la hâte –, elle avait mal dormi sur son mince matelas de plumes. Au matin, après s’être réveillée à contrecœur et s’être aperçue qu’elle était toujours là, elle était retombée des sommets où l’avait propulsée l’adrénaline pour céder au désespoir. La deuxième nuit, sur l’insistance d’Abdi, anxieuse de trouver le sommeil, elle avait descellé sa trousse de survie, s’était mis des bouchons dans les oreilles et un masque noir sur les yeux, avait avalé un comprimé d’Halcion – que Casey surnommait assommoir bleu – et dormi dix heures d’affilée.

Mais les jours se succédaient et Bisesa, Abdikadir et Casey étaient toujours coincés dans le fort de Jamroud. Ils ne captaient rien sur aucune longueur d’ondes militaire, le portable de Bisesa continuait à se plaindre de son isolement, nulle équipe de secours n’accourait depuis la base des Nations unies en réponse à leurs balises qui bipaient patiemment… aucune évacuation sanitaire n’était en vue pour Casey. Et on n’apercevait pas la moindre petite traînée de condensation dans le ciel.

Bisesa passait la plus grande partie de son temps à souffrir de la séparation avec sa fille, Myra. Elle ne voulait même pas y songer, comme si ce seul fait aurait suffi à rendre effective son absence. Elle aurait voulu de toutes ses forces avoir quelque chose à faire… n’importe quoi pour éviter de penser.

Pendant ce temps, la vie continuait.

Après les premiers jours, quand il fut devenu évident que l’équipage du Little Bird n’avait pas d’intentions belliqueuses, la surveillance des soldats britanniques s’était un peu relâchée, même si Bisesa soupçonnait le capitaine Grove d’être trop prudent pour ne pas garder un œil sur eux. Ils n’étaient certes pas autorisés à s’approcher de la petite réserve de pistolets, fusées éclairantes et autres armes du XXI siècle récupérées dans l’épave du Little Bird. Mais elle pensait que le fait que Casey soit un Américain blanc et qu’elle et Abdi puissent être considérés comme appartenant à des « races alliées » avait sans doute aidé à les faire accepter par les Britanniques du XIX siècle. Si les occupants du Little Bird avaient été russes, allemands ou chinois – et il y avait beaucoup de soldats de ces nationalités à Clavius – ils auraient pu se trouver en butte à plus d’hostilité.

Mais, quand on y songeait, le simple fait de réfléchir à de tels problèmes de chocs culturels entre le XIX et le XXI siècle était stupéfiant. Tout, dans cette histoire, était surréel : elle avait l’impression de se déplacer dans une bulle. Et elle était en permanence étonnée de voir avec quelle facilité les autres acceptaient leur situation, la brutale réalité, apparemment indéniable, des glissements temporels, sur cent cinquante ans dans son cas, peut-être un million d’années ou davantage dans celui de la malheureuse australopithèque et de son bébé dans leur cage.

— Je ne pense pas que les Britanniques y comprennent quoi que ce soit, avait dit Abdikadir, et nous, peut-être le comprenons-nous trop bien. En 1895 – c’est-à-dire dans dix ans pour cette zone temporelle ! –, quand H.G. Wells a publié La Machine à voyager dans le temps, il lui a fallu consacrer vingt ou trente pages pour expliquer ce que faisait une telle machine. Non pas comment elle fonctionnait, mais simplement de quoi il s’agissait. Nous, nous avons subi un processus d’adaptation. Après un siècle de science-fiction, nous sommes parfaitement habitués, toi et moi, à l’idée de voyages dans le temps et nous pouvons en accepter immédiatement les implications… malgré l’étrangeté que nous ressentons à le vivre en personne.

— Mais il n’en est rien pour ces Britanniques de l’époque victorienne. Pour eux, une Ford T serait un véhicule d’un futurisme débridé.

— Bien sûr. Et je suppose que les glissements temporels et leurs implications dépassent tout simplement leur imagination… Mais si H.G. Wells était ici – a-t-il jamais visité les Indes ? –, aussi intelligent soit-il, son cerveau risquerait d’exploser en envisageant les conséquences de ce qui nous est arrivé…

Aucun de ces raisonnements ne semblait aider Bisesa. La vérité était peut-être qu’Abdikadir et les autres se sentaient tout aussi bizarres qu’elle, mais qu’ils réussissaient juste à mieux le cacher.

Ruddy, toutefois, comprenait son désarroi. Il lui confia qu’il lui arrivait parfois d’être victime d’hallucinations.

— Quand j’étais enfant, placé dans une horrible famille en Angleterre, je me suis mis une fois à donner des coups de poing à un arbre. Étrange comportement, je vous l’accorde, mais personne n’a compris que j’essayais de voir si c’était ma grand-mère ! Plus récemment, à Lahore, j’ai attrapé la fièvre, peut-être la malaria, et depuis mes « noirs démons » reviennent me visiter de temps à autre. Je sais donc ce que c’est que d’être tourmenté par l’irréalité.

Tout en parlant, il se pencha en avant, concentré, les yeux déformés par les épaisses lunettes que Josh appelait ses « culs-de-bouteille ».

— Mais pour moi vous êtes assez réelle. Je vais vous dire ce qu’il faut faire… travailler ! ajouta-t-il en exhibant ses doigts boudinés tachés d’encre noire. J’y consacre jusqu’à seize heures par jour. Le travail, c’est le meilleur rempart de la réalité…

Elle ressortit plus déboussolée qu’avant de cette séance de thérapie sur la nature de la réalité avec un Rudyard Kipling de dix-neuf ans.



Le temps passant et les deux groupes – les Britanniques de l’époque victorienne et l’équipage de Bisesa – restant privés de communications avec leurs mondes extérieurs respectifs, Grove commença à s’inquiéter sérieusement.

Il y avait à cela une raison très concrète : les réserves du fort ne dureraient pas éternellement. Mais Grove était aussi coupé du vaste appareil de l’administration impériale, dont Bisesa entrevit la complexité au cours d’une brève discussion avec Josh et Ruddy. Même du côté civil, il y avait des commissaires, entourés d’adjoints et de délégués, placés sous les ordres d’un lieutenant-gouverneur, lui-même sous l’autorité d’un vice-roi répondant devant un ministre qui, pour finir, dépendait de l’impératrice, la reine Victoria en personne, dans la lointaine Londres. Les Britanniques étaient censés se considérer comme éléments constitutifs d’une structure sociale unitaire – où que vous la serviez, vous étiez un soldat de la reine, une pièce de son empire universel. Pour Grove, en être isolé était aussi dérangeant que pour Bisesa d’être coupée des réseaux de télécommunications planétaires du XXI siècle.

Grove avait donc entrepris d’envoyer des patrouilles de reconnaissance, constituées principalement de sowars, ces cavaliers indiens capables de couvrir rapidement des distances impressionnantes. Ils avaient atteint Peshawar, où auraient dû se trouver le cantonnement local de l’armée et le centre de commandement militaire… mais Peshawar avait disparu. Il n’y avait aucun signe de destruction, pas même la hideuse vitrification d’une explosion nucléaire que Bisesa avait entraîné les Britanniques à reconnaître. Il n’y avait que de la roche nue, une rivière, une végétation rabougrie et les traces de créatures qui pouvaient être des lions : c’était comme si Peshawar n’avait jamais existé. Les éclaireurs sowars envoyés à la recherche de Clavius, le camp de l’O.N.U. où était cantonnée Bisesa, revinrent avec une histoire similaire. Pas la moindre trace, ne serait-ce que de destruction.

Grove décida alors de pousser plus loin les explorations : en s’enfonçant au cœur de l’Inde le long de la vallée de l’Indus… et vers le nord.

Pendant ce temps, Casey, toujours pratiquement immobilisé, avait lui aussi relevé le défi de reprendre contact avec le monde extérieur. Avec l’aide d’une poignée de soldats du corps des transmissions que lui avait affectés Grove, il avait récupéré le matériel de communication de l’hélicoptère abattu pour improviser une station émettrice-réceptrice dans une petite pièce du fort. Mais, quel que soit le temps qu’il pouvait passer à crier dans le vide, il n’obtenait pas de réponse.

Abdikadir, de son côté, avait d’autres projets, qui concernaient l’étrange sphère flottante. Bisesa les enviait tous deux d’avoir si vite trouvé un travail utile pour s’occuper, comme s’ils s’étaient mieux adaptés qu’elle.

Le matin du quatrième jour, Bisesa sortit du fort pour trouver Abdikadir debout sur un tabouret, tenant en l’air un seau de fer-blanc cabossé. Casey et Cecil De Morgan, assis sur des pliants, le regardaient faire, le visage baigné par le soleil matinal. Casey fit signe à Bisesa.

— Hé, Bis ! Viens voir le spectacle.

De Morgan proposa aussitôt son siège à Bisesa, mais celle-ci s’assit par terre près de Casey. Elle n’aimait pas De Morgan et n’avait aucune envie de lui être redevable de la plus petite chose.

Le seau était rempli d’eau et devait donc être lourd. Abdikadir le cala néanmoins d’une main sur son épaule pour marquer le niveau de l’eau avec un crayon gras. Puis il abaissa le seau, révélant la sphère flottante, le Mauvais Œil, dégoulinant d’eau : Abdi s’assura qu’il récupérait bien la moindre goutte. La tente abritant les deux « femmes-singes » avait été déplacée de quelques dizaines de mètres, soutenue par un poteau central.

— Voilà déjà une demi-heure qu’il fait faire trempette à cette fichue sphère.

— Pourquoi, Abdi ?

— Je mesure son volume. Et je vérifie par souci de précision. On appelle ça la méthode scientifique. Merci de vos encouragements, murmura Abdikadir, puis il réimmergea la sphère.

— Je croyais que le médecin-capitaine t’avait demandé de ne pas quitter le lit, dit Bisesa à Casey.

Casey soupira bruyamment et étendit devant lui sa jambe emmaillotée de bandages.

— Foutaises ! La fracture était nette et ils l’ont très bien réduite. Mais sans anesthésie, avait entendu dire Bisesa.

— Et je n’aime pas rester assis les doigts dans le cul, conclut-il.

— Et vous, monsieur De Morgan, en quoi cela vous intéresse-t-il ? demanda-t-elle.

Le mandataire écarta les mains.

— Je suis un homme d’affaires, madame. C’est la raison première de ma présence. Et je suis constamment à l’affût de nouveautés. Naturellement, je suis intrigué par votre machine volante accidentée ! Je comprends que le capitaine Grove et vous vouliez la garder sous le boisseau. Mais ceci, cet orbe parfait en suspension, ne vous appartient pas plus qu’à Grove… et, dans les jours étranges que nous vivons, il reste plus étrange que tout, même si nous nous sommes rapidement habitués à lui ! Il flotte là, sans rien de visible pour le soutenir. On peut le frapper aussi fort qu’on veut – même avec des balles de fusil… la chose a été tentée, malgré le risque de ricochets –, on ne peut en rien entamer sa surface parfaite, ni même le faire bouger d’un iota. Qui l’a fabriqué ? Qu’est-ce qui le fait tenir en l’air ? Qu’est-ce qu’il y a à l’intérieur ?

— Et combien vaudrait-il ? bougonna Casey.

— Je suis bien obligé d’y penser, répliqua De Morgan en riant sans complexe.

Josh avait parlé à Bisesa des origines de De Morgan. Ce dernier venait d’une famille d’aristocrates ruinés descendant d’un ancêtre qui s’était taillé un riche domaine aux dépens des royaumes saxons vaincus lors de l’invasion de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, plus de huit cents ans auparavant. Au cours des siècles suivants, une « combinaison de cupidité et de sottise qui transcende les générations », selon la désarmante formule de l’intéressé en personne, avait laissé sa famille sans le sou, mais non sans une sorte de mémoire atavique de la fortune et du pouvoir. Ruddy disait que, selon ce qu’il avait pu en voir, le Raj était infesté d’« aigrefins » dans le genre de De Morgan. En ce qui concernait Bisesa, elle ne voyait rien qui inspire la confiance dans la chevelure noire plaquée en arrière et le regard furtif de De Morgan.

Abdikadir descendit de son tabouret. Sombre, sérieux, concentré, il fit passer sa montre en mode calculatrice et entra les chiffres qu’il venait de relever.

— Alors, petit génie, l’interpella Casey d’un ton moqueur, dis-nous ce que tu as découvert.

Abdikadir s’installa par terre près de Bisesa.

— L’Œil résiste à nos investigations, mais il y a quand même des choses que l’on peut mesurer. Tout d’abord, il est entouré d’une anomalie magnétique. Je l’ai vérifié à l’aide d’une boussole de ma trousse de survie.

— Ma boussole à moi est détraquée depuis que nous avons touché le sol, grogna Casey.

Abdikadir secoua la tête.

— Il est vrai qu’on ne peut pas trouver le nord magnétique : il semble être arrivé quelque chose de bizarre au champ magnétique terrestre. Mais il n’y a rien qui cloche dans nos boussoles elles-mêmes. Autour de cette chose, dit-il en regardant l’Œil, les lignes de champ sont resserrées les unes contre les autres. Si on en faisait le diagramme, il ressemblerait à un nœud dans un bout de bois.

— Comment est-ce possible ?

— Je n’en ai pas la moindre idée.

Bisesa se pencha en avant.

— Quoi d’autre, Abdi ?

— Je me suis livré à un peu de géométrie élémentaire, répondit-il en lui adressant un large sourire. Plonger cette chose dans l’eau est le seul moyen auquel j’ai pu penser pour en mesurer le volume… voir de combien montait le niveau dans le seau.

Eurêka ! s’écria moqueusement De Morgan. Monsieur, vous êtes l’Archimède de notre temps…

Abdikadir l’ignora.

— J’ai recommencé une dizaine de fois mes mesures, dans l’espoir de réduire la marge d’erreur, mais ce n’est toujours pas vraiment ça. Je n’arrive pas à trouver un moyen d’en calculer la surface. Mais je crois que mes mesures du rayon et de la circonférence sont assez justes. J’ai adapté un viseur laser de l’hélico…, expliqua-t-il en brandissant un appareil de mesure bricolé.

— Je ne pige pas, dit Casey. Ce n’est qu’une sphère. Si tu connais le rayon, tu peux calculer le reste à l’aide de quelques formules. L’aire de la surface est, voyons, quatre fois π par R au carré…

— On peut la calculer si on part du postulat que cette sphère est comme toutes les autres sphères que l’on connaît, dit doucement Abdi. Mais elle reste en suspension dans les airs comme rien que j’aie jamais vu. Je ne voulais pas formuler de simples hypothèses ; je voulais vérifier tout ce que je pouvais.

Bisesa acquiesça.

— Et tu as trouvé…

— Tout d’abord, c’est une sphère parfaite, dit-il en levant les yeux vers elle. Et je dis bien parfaite, jusque dans les limites de mes visées laser, sous tous les angles que j’ai essayés. Même en 2037, nous ne pourrions façonner aucune matière avec un tel degré de précision.

De Morgan hocha sobrement la tête.

— Un étalage de précision géométrique presque insultant.

— Oui. Mais ce n’est qu’un début.

Abdikadir leva sa montre pour que Bisesa puisse bien en voir le petit écran.

— Tes cours de géométrie du collège, Casey. Le rapport de la circonférence d’un cercle à son diamètre est… ?

— Pi, bougonna Casey. Même un culturiste chrétien sait ça.

— Eh bien, là, ce n’est pas le cas. Pour l’Œil, ce rapport est de trois. Pas à peu près, ni un peu plus de trois… trois pile, avec une précision de laser. Ma marge d’erreur est si faible qu’il est absolument impossible que le rapport soit π, comme il se devrait. Alors, tu vois, tes formules ne marchent pas, Casey. J’obtiens le même chiffre d’après la mesure du volume. Même si, bien sûr, ma marge d’erreur est nettement plus importante : on ne peut pas comparer un laser et un seau d’eau croupie…

Bisesa se leva et tourna autour de l’Œil pour l’examiner. Celui-ci continuait à la mettre mal à l’aise.

— C’est impossible, π est π. Ce nombre est ancré dans la structure de notre univers.

— De notre univers, oui, répliqua Abdikadir.

— Que veux-tu dire ?

Il haussa les épaules.

— Il semblerait que cette sphère – bien que se trouvant de toute évidence ici – n’appartienne pas tout à fait à notre univers. Nous sommes apparemment tombés sur des anomalies temporelles, Bisesa. Ici, il s’agit peut-être d’une anomalie spatiale.

— Si c’est le cas, grogna Casey, qu’est-ce qui l’a causée ? Et que sommes-nous censés faire ?

Il n’y avait pas de réponse, bien sûr.

Le capitaine Grove arriva, l’air affairé.

— Désolé de vous déranger, lieutenant, dit-il à Bisesa. Vous vous rappelez les patrouilles de reconnaissance que j’ai envoyées ? Eh bien, un des sowars vient de nous signaler quelque chose d’assez curieux au nord d’ici.

— « Quelque chose d’assez curieux », dit Casey. J’adore le goût des Britanniques pour la litote !

Grove ne lui prêta aucune attention.

— Vous devriez savoir mieux que n’importe lequel de mes hommes ce qu’il faut en penser… Je me demandais si vous seriez tentée par une petite excursion ?

L'odyssée du temps [1] L'Oeil du temps
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