Marc est mort.

Ses yeux et sa bouche sont restés ouverts. Le sang coule en filet fin de son visage, se disperse sur le volant avant de tomber en goutte à goutte sur le siège. Ploc, ploc, ploc. Léa agite les bras dans tous les sens, chasse furieusement les mouches qui s’intéressent déjà à son cadavre, poussant un hurlement vain.

Elle attend les toutes premières lueurs de l’aube pour se pencher vers le corps froid et essayer de localiser l’objet tombé de la casquette. Elle tremble, écrasée par la sinistre impression que Marc va bouger d’un instant à l’autre. Elle tend le bras, palpe à l’aveugle sur le sol, entre les morceaux de plastique et de tôle. Elle est obligée de toucher le cadavre, tout raide, tout dur, pour augmenter son champ d’exploration. Pas loin des pédales, ses doigts explorent soudain un objet rectangulaire, qu’elle ramène à elle.

Un téléphone portable.

Léa retient son souffle lorsqu’elle laisse son doigt enfoncé sur le bouton marche. L’engin s’illumine, le système d’exploitation démarre. La jeune femme a repris sa place, son cœur doit battre à cent cinquante pulsations. Elle imagine déjà le pire : pas de réseau. Elle rit nerveusement, manquerait plus qu’elle crève avec un téléphone fonctionnel dans la main. Non, non, ça va marcher, elle y croit, elle le sait. En attendant, ses yeux se portent vers le jeune étalé sur le capot. Il a bougé tout à l’heure, il n’est pas mort, c’est certain, mais vu son état, il sera bien incapable de lui faire du mal à présent.

— Vite, vite !

Les icones apparaissent, la batterie est bien chargée, les barres indiquant la présence de réseau s’affichent.

Dire que Marc avait ce téléphone à portée... Que n’importe quand, il aurait pu les sortir de là. Elle lui en veut terriblement, il voulait l’entraîner avec elle dans sa chute.

Elle se rue sur les touches, compose le 17, retient son souffle. Une voix, enfin.

— Gendarmerie nationale…

La fin du cauchemar.