QUATRIÈME DE COUVERTURE
Je ne suis pas Jacques Renaud ; je ne reconnais rien ici de ce qui a été à lui. Un moment, oui, en vous écoutant parler, je me suis confondu avec lui. Je vous demande pardon. Mais, voyez-vous pour un homme sans mémoire, un passé tout entier, c’est trop lourd à endosser en une seule Fois. Si vous voulez me faire plaisir, pas seulement me faire plaisir, me faire du bien, vous me permettriez de retourner à l’asile. Je plantais des salades, je cirais les parquets. Les jours passaient… Mais même au bout de dix-huit ans – une autre moitié exactement de ma vie – ils n’étaient pas parvenus, en s’ajoutant les uns aux autres, à faire cette chose dévorante que vous appelez un passé.
Jean Anouilh, né à Bordeaux en 1910, a écrit des « pièce noires » : L’Hermine, Le Voyageur sans bagage, La Sauvage, Antigone, des « pièces roses » : Le Bal des voleurs, des « pièces brillantes » : Colombe, La Répétition, des « pièces grinçantes » : Ardèle, Bitos, Ornifle, des pièces « costumées » : L’Alouette, Becket, des « nouvelles pièces grinçantes » : L’Hurluberlu, la Grotte, L’Orchestre, Le Boulanger, la boulangère et le petit mitron, Les Poissons rouges.