{1} Il se rendit de nouveau au Thibet, dans le pays de Pemakoitchén, en 1924, y ayant été envoyé par le gouvernement anglais ou autorisé par lui. Le capitaine Kingdon Ward est un naturaliste qui a écrit d’intéressantes relations de voyage.

{2} The unveiling of Lhasa (Lhassa dévoilée), par Edmund Candler.

{3} L’on suppose que le Frère Oderic de Portenone est allé à Lhassa en 1325, mais l’authenticité de sa relation est sujette au doute (cette note est de Ed. Candler).

{4} L’auteur dit, dans une note, que se trouvant à Lhassa, il y a trouvé dans le Djo Khang une cloche portant l’inscription : Te Deum laudamus, qui avait probablement appartenu aux Capucins.

{5} Ce qui montre qu’il s’était avancé librement jusqu’à cet endroit, ce qui est devenu impossible.

{6} Il faut ajouter à cette liste : Bogie en 1774 et Turner en 1783 qui se rendirent, non point à Lhassa, mais à Jigatzé comme envoyés de Warren Hastings, gouverneur de l’Inde, au Tachi-lama.

{7} Tatchienlou, ville thibétaine, centre de commerce important, située à l’extrémité orientale du pays de Kham et comprise dans la province de Szetchouan (Chine).

{8} Dokpas, pasteurs vivant sous la tente.

{9} Dokpas, littéralement « gens des solitudes ». Pasteurs habitant sous la tente et vivant du produit des troupeaux, sans cultiver la terre.

{10} Khandoma, « promeneuse à travers l’espace ». Une sorte de fée qui apparaît généralement sous l’aspect d’une femme âgée. Les Thibétains leur donnent le titre de « mère ». La prononciation habituelle est khan-douma ou khandoma.

{11} Une chaîne de montagnes située au nord-ouest du Yunnan, comprenant de hauts pics couverts de neiges éternelles, qui est un lieu de pèlerinage très fréquenté par les Thibétains.

{12} Farine faite avec de l’orge préalablement grillé qui constitue l’aliment principal des Thibétains et tient chez eux la place que le pain occupe en France.

{13} Au cours d’autres voyages sur le sol interdit qui, bien que n’ayant pu se terminer selon les plans que j’avais formés, eurent pour résultat inattendu de me conduire à travers des régions extrêmement intéressantes et de me donner l’occasion d’étudier de près la situation faite aux indigènes du Thibet oriental depuis que le gouvernement de Lhassa a établi son autorité sur leur pays.

{14} Dans les anciens textes hindous cette expression désignait spécialement les membres de la caste de Kchatryias.

{15} Un genre de monument thibétain correspondant aux stûpas de l’Inde, qui renferme des objets religieux ou les cendres de grands lamas.

{16} Dopkas : des pasteurs vivant sous la tente, dans les solitudes où paissent les grands troupeaux de yaks ou de moutons. Littéralement, dopkas signifie « homme des solitudes ».

{17} Un cairn placé sur les routes ou à n’importe quelle place en l’honneur des dieux. Dotcheu signifie une offrande de pierres.

{18} Huit mois durant mon dernier voyage, celui qui me conduisit à Lhassa, et deux mois pendant un autre voyage au Thibet oriental.

{19} Lama sorcier.

{20} Parce que les femmes des régions que j’allais traverser ont le teint foncé pareil à celui des gitanes, tandis que, dans les provinces de U et de Tsang, se rencontrent nombre de beautés à la peau blanche, aux joues rosées.

{21} Littéralement : « place où les gens restent ; » quelques pierres disposées de façon à supporter un chaudron sur le feu, que l’on rencontre le long des chemins fréquentés, aux endroits où les voyageurs ont l’habitude de camper.

{22} Mi ma yin : littéralement « qui n’est pas un être humain ». C’est l’une des six classes d’êtres dont les Thibétains reconnaissent l’existence.

{23} Dzoung : formule magique. (En sanscrit : dhârani.)

{24} La signifie col.

{25} Djinda : celui qui pourvoit à l’entretien d’un religieux.

{26} La signifie col. D’après les cartes anglaises, l’altitude du col de Dokar est de 5412 mètres. Comme mesure de comparaison, je rappellerai l’altitude du mont Blanc : 4810 mètres.

{27} Signe magique.

{28} Paroles magiques.

{29} Latza, cairn situé sur les sommets et construit en l’honneur des dieux locaux. Les voyageurs qui viennent de gravir la montagne ajoutent une pierre au monticule en criant : Lha gyalo ! Dé tamtché pam ! (Les dieux triomphent, les démons sont vaincus !)

{30} Tsaphog, la halte coupant l’étape vers le milieu du jour.

{31} Une femme médium qui est crue possédée, à certains 265moms, par des dieux, des démons ou les esprits des morts qui parlent par sa bouche. Quand le médium est un homme il est appelé paouo.

{32} Une sorte de sorciers très redoutés qui, d’après les Thibétains ont le pouvoir de commander aux démons et peuvent tuer n’importe quel être, humain ou non, à distance.

{33} Littéralement : « mère secrète. » C’est le titre respectueux donné aux épouses des lamas appartenant aux sectes tantriques, qui ont reçu une initiation particulière leur conférant le droit de célébrer les rites ésotériques avec leur mari.

{34} La très large jupe qui fait partie du costume religieux des lamas.

{35} Lhakhang, littéralement : maison d’un dieu ; une chapelle. Lhakhangra signifie l’enclos de la maison d’un dieu.

{36} Mendong : un mur bas fait de pierres sur lesquelles sont gravés des textes des Écritures sacrées ou des phrases mystiques.

{37} Seuls ont vraiment droit au titre de lama : les tulkous (ceux que les étrangers dénomment improprement des « Bouddhas vivants », les khempos placés à la tête des collèges existant dans les grands monastères et les religieux ayant obtenu le grade universitaire de géchés. Tous les autres moines sont appelés trapas (étudiants). Cependant il est d’usage courant, dans la conversation, d’appeler lama, par politesse, tout homme d’apparence respectable qui porte l’habit religieux.

{38} Sacristain.

{39} Nom thibétain de la Salouen.

{40} La formule bien connue et presque toujours mal traduite : Aum mani padme houm hri ! Aum est la syllabe sacrée empruntée à l’Inde où elle signifie nombre de choses, mais surtout le Brahman (ne pas confondre avec le dieu Brahmâ ou la caste des Brahmins) qui est l’absolu. Mani padme veut dire : « le joyau dans le lotus » et a, de même que houm et hri, divers sens, tant exotériques qu’ésotériques.

{41} Ces mœurs rudes ne signifient point que les Thibétains aient le cœur dur. Ils s’efforcent, autant que possible, de laisser les malades dans un village ou un campement, mais cela n’est pas toujours possible, et, alors, dans les régions inhabitées, la question des vivres se pose brutalement. Les voyageurs valides ne peuvent s’attarder longtemps sous peine d’épuiser leurs propres provisions de route alors qu’ils n’ont aucune possibilité de se ravitailler. Je connais cette situation par ma propre expérience, m’étant trouvée réduite au jeûne avec mes gens et mes bêtes, au milieu des neiges, dans les grandes solitudes du Thibet septentrional.

{42} Noub dewa tchen : le « Paradis occidental de la grande béatitude », plus connu sous le nom sanscrit de Soûkhavati, par ceux à qui le bouddhisme mahâyaniste est familier – où préside le bodhisatva Tchenrézigs, également mieux connu sous son nom sanscrit : Avalokitéçvara.

{43} Voir la note 10. D’après les Thibétains, elles apparaissent généralement sous l’aspect de femmes âgées et sont appelées les «mères ».

{44} « Allez doucement », expression d’adieu à ceux qui s’en vont.

{45} « Restez ou asseyez-vous doucement », adieu poli à ceux qui restent.

{46} Le Koukou nor signifie, en langue mongole : « le lac bleu », en thibétain tso ñeune po. C’est l’immense lac situé au milieu du désert d’herbe près du pays d’Amdo. Il donne son nom à toute la région environnante.

{47} Philings (prononcez pilinegues), étrangers occidentaux et plus spécialement Anglais. Littéralement le mot signifie : « gens d’en dehors du pays. »

{48} Non seulement le lac lui-même est connu sous ce nom, mais l’appellation s’étend à l’immense région herbeuse où il est situé.

{49} Pèlerins.

{50} Un mur plus ou moins long et épais composé de pierres qui, toutes, portent des inscriptions religieuses. Quelquefois, sur un certain nombre de ces pierres, rangées côte à côte, peuvent se lire de longs fragments et même des chapitres entiers d’ouvrages philosophiques ou mystiques.

{51} Un clairvoyant, un prophète, littéralement quelqu’un qui « sait d’avance ».

{52} Louanges à la Mère universelle. Une personnalité mystique du panthéon tantrique appelée Tara en sanscrit.

{53} Dzoung (sanscrit dhârani), une formule magique.

{54} Jampéion, mieux connu des orientalistes sous le nom sanscrit de Mandjouçri. Riwotsé nga est situé en Chine et appelé, en chinois, Woutaï-chan.

{55} Kuntou-Zangpo, le « tout bon », en sanscrit Samantabhadra. D’après une ancienne légende il visita le mont Omi (au Szetchouan) qui lui a été ensuite, dédié.

{56} Le Bouddha.

{57} Trapa, le véritable titre d’un moine lamaïste qui n’est pas un dignitaire de l’ordre religieux. Littéralement, trapa signifie un écolier ; un disciple.

{58} Karmapa Kiéno, Karmapa le sait ou Tu le sais ô Karmapa !

{59} Altitude approximative : 3100 mètres.

{60} Monastère de Pédo. Gön est une abréviation de gompa, qui signifie monastère.

{61} La poche que forme sur la poitrine la robe des Thibétains fortement serrée à la taille avec une ceinture.

{62} Instrument composé de deux morceaux de bambou ou de bois courbé entre lesquels on serre les bagages à l’aide de petites courroies ou d’une corde et que l’on porte sur le dos en voyageant. L’équivalent des crochets de nos portefaix.

{63} Les Thibétains ont l’habitude de porter un bol en bois dans cette sorte de poche. Il est de règle presque générale au Thibet de ne jamais boire dans un bol appartenant à une autre personne, d’où la nécessité de porter toujours le sien avec soi. Quant aux gens des classes riches, leur bol est placé dans une boîte et confié à un domestique qui les suit.

{64} Pönpo, un chef, un haut fonctionnaire.

{65} « Les dieux sont vainqueurs ! » Une exclamation de triomphe et un vœu pour la victoire du bien et des déités, que les Thibétains crient bruyamment au passage des cols et sur les sommets des montagnes.

{66} Ce récit doit faire partie de la relation d’une autre période de mes pérégrinations à travers le Thibet.

{67} Un homme appartenant à la noblesse.

{68} Jétsunema : révérende dame.

{69} Dans certaines parties du Thibet l’on se sert parfois de chèvres ou de moutons comme bêtes de somme pour transporter de légers fardeaux.

{70} Col de Kou.

{71} Dzong, originairement un château fort, mais, de nos jours, n’importe quelle demeure d’un haut fonctionnaire du gouvernement ou d’un chef de tribu, lorsque celle-ci n’est pas dénommée podang : « palais ».

{72} Non qu’elles aient naturellement le teint si foncé, mais parce que les Thibétaines des campagnes ne se lavent presque jamais et s’enduisent le visage de beurre, de noir de fumée et de diverses laques et résines qui les transforment à peu près en négresses.

{73} Nemo : hôtesse, maîtresse de maison, en parlant de femmes du peuple.

{74} Dayul et quelquefois Drayul est le nom porté sur les cartes, mais les indigènes appellent l’endroit Téyou et quelquefois Déyou.

{75} Le « pont de fer ». Un pont suspendu sur le Dji-tchou, un gros affluent du Mékong. Il est formé de chaînes sur lesquelles des planches sont simplement posées les unes à côté des autres sans être nullement fixées. Je le franchis nuitamment, au cours d’un précédent voyage. Cet épisode compte parmi les plus dramatiques de ceux qui ont émaillé mes pérégrinations en pays thibétain. Le domestique qui m’accompagnait, l’esprit égaré par la peur, fut pris d’une crise de folie soudaine et je dus lutter avec lui sur le pont qui se balançait comme une escarpolette, pour le faire continuer son chemin et empêcher que nous soyons tous deux précipités dans les rapides qui écumaient au-dessous de nous.

{76} Il existe, au Thibet, de rustiques stations thermales où des piscines sont bâties dans des maisonnettes. Les baigneurs y viennent souvent d’assez loin et il, en est qui y font des cures annuelles régulières.

{77} Riwotché, un endroit situé dans le Thibet oriental.

{78} Le cours supérieur de la Salouen.

{79} Bardo signifie littéralement : « entre les deux ». D’après les croyances populaires, c’est le temps qui s’écoule entre la mort et la renaissance, durant lequel le « namchés », c’est-à-dire la « conscience-énergie », conditionnée par les actions accomplies pendant des vies antérieures, cherche la voie de sa réincarnation. Les enseignements des lettrés et des sectes ésotériques, à ce sujet, sont très compliqués et diffèrent grandement des conceptions du commun des lamaïstes. Certaines sectes parlent de six différentes espèces de Bardo, d’autres de sept, d’autres de quatre seulement.

{80} Dans cette région, les toits plats des maisons de paysans n’ont point de garde-fou.

{81} Un grand nombre de Thibétains des provinces et même de Lhassa le croient aussi. À Lhassa, les gens du petit peuple tiennent pour étrangers tous les Hindous, Népalais ou gens de L’Himalaya qui portent le costume européen.

{82} Mig Kar : yeux blancs, un sobriquet d’usage courant par lequel les Thibétains dénomment les étrangers qui, à ce qu’ils croient, ont tous des yeux pâles – bleus ou gris – une chose qui leur semble le comble de la laideur.

{83} Tsaouaï lama, père spirituel.

{84} Lama Kiéno ! « Sache-le, ô lama ! » adjuration à son père spirituel.

{85} Sang ngags tchös dzong : « le fort de la doctrine des charmes magiques », appelé par d’autres : Tsang kha tchou dzong, « le fort de la source pure.

{86} Le colonel Bayley en 1911 et, sauf erreur, avant lui le R. P. Desgodin ou un autre missionnaire français.

{87} Les renseignements qui me furent fournis, plus tard, confirmèrent que nul étranger n’avait encore exploré cette région.

{88} Les sectateurs de la religion existant au Thibet avant l’introduction du bouddhisme.

{89} Mo, pratiques divinatoires.

{90} Celui qui pratique l’art de la divination.

{91} Géchés : docteur ès lettres et ès philosophie.

{92} Littéralement : « en ouvrir la bouche », c’est-à-dire sortir le livre de l’étoffe qui le recouvre et en lire les premières pages ou la première ligne de chaque page. Les livres thibétains sont formés de feuillets détachés ; on les conserve enveloppés dans un carré d’étoffe soigneusement ficelé qui est inséré entre deux planchettes serrées par une courroie. L’étoffe, parfois très riche, qui enveloppe le volume, est appelée sa « robe ».

{93} Voir note 52.

{94} Le noir de fumée avait remplacé, pour le maquillage, la poudre de cacao, décidément trop peu adhérente et dont il ne me restait, d’ailleurs, qu’une très petite quantité que je préférais consommer sous forme de boisson.

{95} Soupe épaisse.

{96} Voir note 21.

{97} Cet adjectif possessif précédant le mot lama peut indiquer le lama fondateur ou le chef de la secte à laquelle la personne qui l’emploie appartient, ou bien encore le lama chef du monastère auquel elle se rattache, soit comme bienfaiteur, tenancier, serf ou moine. Mais il a aussi une autre acception : dans le cas présent, mon lama signifie un directeur, un père spirituel (celui que les Hindous nomment « gourou ») ; avec qui l’on a entretenu des relations de disciple à maitre pendant le cours de plusieurs existences successives.

{98} Namchés, qu’il ne faut, en aucun cas, traduire par âme et qui est multiple.

{99} La cérémonie entière est dénommée – bien qu’improprement – Powa, c’est-à-dire « changer de lieu », se déplacer, « transmigrer ».

{100} J’emploie le terme « principal » faute d’en trouver un autre, mais il est loin d’être adéquat.

{101} L’on comprendra que je ne puis m’étendre sur ce sujet. Il comporte de longues explications qui ne peuvent trouver place que dans un ouvrage d’orientalisme.

{102} Noub doua tchen, voir note 42.

{103} J’eus un jour l’occasion de voir ainsi les cadavres dispersés, parmi les buissons et les pierres, de quarante mules que la bourrasque avait jetées à bas du sentier. Trois de leurs conducteurs avaient péri de la même manière.

{104} Les femmes et les hommes n’appartenant pas à l’ordre religieux ne sont pas admis à séjourner pendant la nuit dans l’enceinte des monastères lamaïstes. C’est en vertu de permissions très spéciales qu’il m’a été permis d’occuper une maison particulière dans quelques-uns de ceux-ci. La même règle s’applique aux hommes et aux femmes laïques dans les monastères de religieuses.

{105} Yul : « pays. » Po yul : « pays de Po. »

{106} La Déou la et la Po Gotza la.

{107} Cette grand’route est, bien entendu, une simple piste non carrossable.

{108} Voir les détails donnés à son sujet dans l’introduction.

{109} Voir la note 29.

{110} Djoua : bouse de yak ou de vache appelée aussi ongoua au Thibet septentrional.

{111} Jétsunema, révérende dame.

{112} Rèskyang signifie : « un coton seulement », sous-entendu un vêtement de coton, parce que ceux qui se livrent à cet entraînement, de même que ceux qui y sont experts, ne portent, comme unique vêtement, qu’une jupe et une veste de coton.

{113} Trop longue pour pouvoir trouver place, ici, l’explication des moyens employés pour produire toumo sera donnée dans un ouvrage traitant de l’entraînement psychique chez les Thibétains.

{114} Non pas de la véritable mousse. Les Thibétains se servent du duvet dont sont couvertes certaines plantes des hautes altitudes.

{115} Appelé Po mèd : le bas pays de Po.

{116} Je suis, certainement, loin de la prime jeunesse, mais pour changer complètement ma personnalité je m’étais gratifiée d’un certain nombre d’années supplémentaires et j’affectais, en présence des Thibétains, les allures de la décrépitude la plus complète, bien propres à écarter l’idée que je pouvais être une exploratrice si jamais des enquêtes avaient lieu à mon sujet. Malgré tout, je portais mal, paraît-il, les soixante-deux ans que je m’étais donnés. Des femmes s’étonnaient de me voir toutes mes dents et pas de cheveux gris. Je décidai donc de diminuer quelque chose de cet âge respectable et le réduisis à cinquante-six ans que je conservai jusqu’à Lhassa où j’eus la coquetterie de me rajeunir encore un peu.

{117} Voyez note 32.

{118} Pèlerins. Littéralement : quelqu’un qui va d’un lieu de pèlerinage à l’autre.

{119} Les lamaïstes, comme les autres bouddhistes, parlent de « conséquences » suivant les actes, mais jamais de récompenses ou de châtiments parce que, d’après leur doctrine, causes et effets se suivent par l’action des lois naturelles sans que nul dieu ait à agir en tant que juge.

{120} Rima : crotte de chèvre ou de mouton.

{121} « Oui, oui, révérend moine. » Un gelong est un religieux ayant reçu l’ordination supérieure, qui observe le célibat. Lags est une expression polie qui ne signifie rien par elle-même. Employée seule elle peut signifier : « Oui, très bien », et ajouté à un autre mot, spécialement à une appellation, elle rend cette dernière phrase plus respectueuse, plus cérémonieuse.

{122} Nepo : villageois, maître de maison. La maîtresse est appelée nemo.

{123} L’habitude générale au Thibet est de dormir sans conserver de vêtements au-dessus de la ceinture, les hommes gardent seulement un pantalon et les femmes un jupon. Les gens en voyage, néanmoins, dorment la plupart du temps tout habillés.

{124} Sangue : différentes sortes de plantes desséchées et pulvérisées, brûlées comme parfum dans divers rites lamaïstes, de même que l’encens l’est dans l’Église romaine. Le cyprès est le plus employé, mais dans quelques régions les feuilles des azalées croissant sur les hautes montagnes, les bourgeons de certaines espèces de fougères et, dans l’Himalaya, une plante du genre du pyrèthre, servent aussi à cet usage.

{125} Gyalpo : roi.

{126} Chapelain.

{127} Koucho : monsieur, avec une nuance déférente ; l’équivalent du sir anglais.

{128} Lha Gyalo : « les dieux triomphent ! » (Voir note 65.)

{129} Sa phoug, prononcer sapoug, est une caverne en terre, distinguée d’une caverne en roc appelée thug phoug.

{130} D’après la division bouddhiste.

{131} Les bottes de paysans que nous portions sont confectionnées en drap avec une semelle faite d’une seule épaisseur de cuir de yak, non tanné. Cette semelle est peu solide et doit être renouvelée souvent ; pour cette raison il est d’usage, dans les longs voyages, d’être toujours muni d’un morceau de cuir à cet effet.

{132} « Ici ! Ici ! Il y a une maison. »

{133} Les cavaliers thibétains ont l’habitude d’attacher une clochette au cou de leur monture.

{134} Ainsi que cela a déjà été expliqué, il s’agit de cuir de yak simplement séché, puis assoupli en le frottant avec du thé ou du lait caillé, et qui n’a point été tanné.

{135} Dieu des ancêtres paternels et maternels.

{136} Mos, pratiques divinatoires.

{137} Pönpo, un chef, un haut fonctionnaire.

{138} Honorable moine.

{139} Tul chougs : nom d’une doctrine philosophique qui enseigne une complète indifférence à l’égard de toutes choses.

{140} Bien que les castes, telles qu’elles sont établies dans l’Inde, n’existent point au Thibet, certaines classes de gens : les forgerons, les bouchers et surtout les vagabonds, mendiants de profession, sont plus ou moins considérés comme impurs. Quant aux autres voyageurs, ils peuvent, croient les Thibétains, s’être trouvés en contact avec des gens ou des objets impurs et avoir, de ce fait, contracté une souillure, ou bien encore être accompagnés par de mauvais esprits.

{141} Tchougpo : un homme riche.

{142} Un endroit où demeurer, où dormir.

{143} Soung dzong : soit « le fort du Verbe » – en orthographe thibétaine gsoung= verbe, parole ; – soit « le fort du guet » – en orthographe thibétaine : bsroung= garde, surveillance, guet. – La prononciation est, à peu de chose près, la même dans les deux cas, et la façon particulière d’énoncer les lettres composées, dans différents dialectes locaux, ajoute à la confusion.

{144} La prononciation habituelle donne à peu près Khandjour. Le Bkha hgyur (orthographe thibétaine) signifie « Paroles traduites. » C’est la bible lamaïste contenant une partie des Écritures bouddhistes traduites du sanskrit.

{145} Ambag : la poche formée sur la poitrine par la large robe serrée au-dessous de la taille avec une ceinture. Les Thibétains n’en ont pas d’autres. La quantité de choses, de diverses natures, qu’ils y mettent -souvent en contact direct avec la peau, car les gens du peuple ne portent pas de vêtements de dessous – est réellement étonnante et fait paraître obèses les plus maigres d’entre eux.

{146} Tsham khang : ermitage.

{147} Les Lous (orthographe thibétaine Klu), mieux connus sous leur nom sanskrit : nâgas, sont des divinités serpents que l’on croit habiter l’océan, les lacs, les sources et posséder des richesses fabuleuses. Elles passent pour enrichir ceux qui les honorent. On leur offre du lait et de l’eau claire. La malpropreté, toutes les mauvaises odeurs, et particulièrement celle de la viande, leur répugnent et les irritent.

{148} Toutefois il y a, certaines années, une différence de quelques jours entre le premier de l’an, d’après les Chinois, et le jour reconnu comme tel à Lhassa. La Chine a maintenant adopté le calendrier grégorien, mais son usage est restreint aux services officiels, l’ancien calendrier lunaire continuant à être généralement employé.

{149} C’est une spécialité du Po mèd. Les autres Thihétains emploient l’huile de moutarde.

{150} Toupas, bateliers, passeurs de bacs et, par extension, ceux qui halent les voyageurs, leurs bagages et leurs animaux le long des câbles tendus, d’un bord à l’autre des rivières.

{151} Cette montagne est nommée, selon les uns : Gyalwa Péri (victorieuse lotus montagne) et selon d’autres : Gyalwa Pal Ri (victorieuse noble montagne). Sa hauteur dépasse 7 000 mètres.

{152} Nommé Yésrou tsango dans la partie supérieure de son cours qui traverse le Thibet. Le qualificatif honorifique tsango (pur) est donné, par les Thibétains, à un grand nombre des cours d’eau importants de leur pays.

{153} En plus de ces pistes, existent aussi, celle par laquelle nous étions venus et une autre se détachant d’elle non loin de Tong mèd. Cette dernière conduit au pays d’Yigong qui a donné son nom à la rivière.

{154} Meulame : « bons vœux ». Et, par extension, l’assemblée des moines appartenant aux trois monastères d’Etat : Séra, Galden et Dépung, qui se réunit au début de l’année pour assurer, par la lecture des Saintes Écritures et d’autres cérémonies, la prospérité du Thibet et de son lama-roi.

{155} Yeune : honoraires des ecclésiastiques pour la célébration des services religieux.

{156} Tranka, une pièce d’argent thibétaine dont la valeur ordinaire est d’environ le quart d’une roupie de l’Inde.

{157} Ces sortes d’échanges dans lesquels chacune des parties vise à obtenir plus qu’elle n’a donné, sont d’un usage général au Thibet. On n’y peut faire aucune visite privée ou officielle, sans emporter un présent avec soi, mais celui qui le reçoit est tenu à rendre la réciproque. C’est là où se manifeste sa générosité ou sa pingrerie, et, comme contrepartie, la satisfaction ou le déplaisir du donateur du cadeau. Ce que l’on reçoit de cette façon d’une personne d’un rang supérieur au sien est poliment dénomme seura : don, aumône.

{158} Satong, littéralement « terre vide ». Nom donné par les Thibétains aux grands espaces inhabités.

{159} De forme différente de celui des lamas vivant dans les monastères.

{160} Theu tréng, un chapelet formé de cent huit rondelles dont chacune est découpée dans un différent crâne humain.

{161} Kalé jou dén jag : « Asseyez-vous doucement. »

{162} Tchang, dans le langage courant, indifféremment, de la bière ou de l’eau-de-vie d’orge.

{163} Zen, un manteau ressemblant à une toge, porté par les religieux.

{164} Des anneaux symboliques dont l’un, en or, est orné d’un « dordji » et l’autre, en argent, d’une sonnette. Ils ne sont portés que par une certaine classe d’ermites. Le « dordji » symbolise la méthode, l’habileté, et la sonnette, le savoir.

{165} En dehors des craintes que j’entretenais au sujet de mon incognito, j’obéissais à un autre motif. Dans les occurrences de ce genre il est de règle, parmi les mystiques thibétains, de ne jamais chercher de propos délibéré à faire naître l’occasion d’une nouvelle rencontre. Ils justifient cet usage par d’excellentes raisons. L’une de celles-ci est qu’un enseignement, une doctrine, des idées, sont essentiellement impersonnels et doivent demeurer tels pour celui qui les entend exprimer. Il doit se garder de les rattacher à l’instrument humain ou autre, qui les lui a fait entendre à un moment précis et qui, l’instant d’après, mû par d’autres causes, produira peut-être des manifestations d’ordre très différent.

{166} C’est une bande d’étoffe dont les deux extrémités sont cousues ensemble. Elle sert aux ascètes qui demeurent de longues heures en méditation et, parfois, passent toutes leurs nuits les jambes croisées dans la posture habituelle des statues du Bouddha. Cette bande a pour but de soutenir les reins et de faciliter l’immobilité requise. En voyage la gomethag se porte en bandoulière.

{167} Le bâton surmonté d’un trident qui fut, dit-on, importé au Thibet par Padmasambhâva. C’est un accessoire des yôguis çivaïstes, mais la forme du trident thibétain est différente de celui des çivaïstes.

{168} « Moi, la yôguini sans peur. »

{169} Le Grand Lama du monastère de Tachilhumpo à Jigatzé, généralement appelé Tachi Lama par les étrangers. Les Thibétains le nomment Péntchén rimpotché : « Le précieux ou très excellent savant ». Le mot péntchén équivalant au terme sanscrit pandita.

{170} Eu pag méd (sanscrit Amitâbha) : « lumière infinie ».

{171} Il doit être entendu que je me borne à répéter ce qui m’a été raconté, sans prendre de responsabilité quant à l’exactitude des faits qu’il m’était impossible de contrôler.

{172} Tsang. La très vaste province située à l’ouest de celle d’U. La capitale de Tsang est Jigatzé ; celle d’U est Lhassa.

{173} Tulkou, littéralement « corps magique ». Un de ces lamas que les étrangers désignent improprement par les noms de « lamas incarnés » et de « Bouddhas vivants ».

{174} Gyarong pas : nom des Thibétains appartenant aux tribus établies dans les vallées chinoises de l’extrême ouest du Szetchouan.

{175} Il y a toujours lieu de tenir compte de l’exagération orientale ; le nombre des cavaliers ne dépassait probablement pas cinquante.

{176} Une sorte de colonel ou de général.

{177} Jakyendo, la ville thibétaine située aux confins du désert d’herbe, dont il a été parlé plusieurs fois au cours de ma relation de voyage.

{178} Tchang Chambala (Chambala du Nord) est, pour les initiés des sectes mystiques, une fiction symbolique correspondant à des faits d’ordre psychologique et spirituel. Certains lettrés considèrent Chambala comme un État idéal, une sorte d’équivalent oriental d’Utopie. D’autres en parlent comme d’un séjour paradisiaque du genre de Zang dog pal ri (la noble montagne couleur de cuivre), résidence de Padmasambhâva. J’ai connu des gens qui prétendaient y avoir été et d’autres, plus modestes, qui se bornaient à dire qu’ils en connaissaient le chemin.

Quoi qu’il en soit, laissant à part mythologie et symbole, un grand nombre de Thibétains placent aujourd’hui Chambala en territoire russe et l’identifient avec la Sibérie.

{179} Kong bou Bön ri : « la montagne des Böns au Kongbou ».

{180} Malgré les recherches auxquelles se sont livrés les orientalistes au sujet du chamanisme, il reste encore pas mal à découvrir sur ce terrain. Sous le nom de chamanistes sont classés des gens professant des croyances très différentes et, du reste, là, comme pour le lamaïsme, les étrangers n’ont guère été en rapport qu’avec le vulgaire. Il existe une élite de chamans, comme il en existe une parmi les lamas, mais la première, beaucoup moins nombreuse, se bornant à des individus isolés est plus difficile à découvrir.

{181} À part le court embranchement postal desservant Jigatzé.

{182}.Voir note.

{183} Littéralement : « vieille mère », une appellation polie et affectueuse : un peu l’équivalent de « dame âgée » employé en Chine, mais beaucoup moins cérémonieux et s’adressant seulement aux femmes du peuple.

{184} Sur le second sommet est construit le collège de médecine.

{185} Ce sont les prêtas des textes sanscrits.

{186} Séra : « la grêle ».

{187} Les étrangers seuls appellent le Grand Lama de Lhassa Dalaï Lama. Ce dernier nom est un titre qui lui a été conféré par un empereur mongol et signifie Océan Lama, c’est-à-dire, en phraséologie orientale : excellentissime lama. Les Thibétains appellent leur souverain Gyalwa rimpotché (précieux conquérant) ou Gyap gueune rimpotché (précieux protecteur) ; ou encore : Gyap gueune bou (le protecteur du Centre), allusion à la province de U (centre), dont la capitale est Lhassa. Les serviteurs du palais le dénomment familièrement Bou tout court, mais ils se gardent bien de se servir de cette appellation écourtée devant les gentilshommes de la cour, car il leur en cuirait.

{188} En thibétain on dit : « Le résultat des causes antérieures. » C’est là une phraséologie empruntée au strict déterminisme de la doctrine bouddhiste et, quelque piètres bouddhistes que soient les Thibétains, en général, leur conviction sur ce point est strictement orthodoxe.

{189} Sorte de couronne portée par les femmes de Lhassa.

{190} La haute coiffure, en forme de cornes, des femmes de Tsang.

{191} Femme de Ladak, au Thibet occidental.

{192} Norbouling, l’île ou l’endroit joyau. C’est-à-dire beau et excellent pareil à un joyau.

{193} « Yeux blancs », en thibétain : mig kar, une épithète injurieuse adressée aux étrangers. Les Thibétains ne connaissent guère comme Blancs que des peuples chez qui les yeux bleus ou gris sont en majorité et ils trouvent ceux-ci absolument hideux.

{194} Il y a là une sorte de jeu de mots. Thog signifie un toit et Tog signifie le bouton des mandarins sous l’ancien régime chinois. La prononciation des deux mots diffère un peu. You veut dire turquoise.

{195} Se rappeler ce qui a été expliqué précédemment au sujet du mot lama. C’est un titre honorifique auquel ont seuls réellement droit les religieux occupant un rang élevé dans le clergé. Tous les autres sont appelés trapas : étudiants, disciples. Cependant, dans le langage courant, le mot lama est fréquemment employé pour désigner de façon polie, tous ceux qui appartiennent à l’ordre religieux.

{196} Djo Khang : la maison du seigneur.

{197} Sur la façon de recevoir l’eau bénite. Voir note

{198} Sér-ti rimpotché : précieux trône d’or, allusion à sa dignité. C’est sous ce nom qu’il est généralement désigné à Lhassa. Son véritable titre est Galden ti pa : « celui qui occupe le trône de Galden ». C’est-à-dire le trône de Tsong-Khapa, le fondateur de la secte des Geloups pa (« ceux qui ont une règle ou des habitudes vertueuses »), connue sous le nom de secte des « bonnets jaunes ». Le monastère de Galden fut construit par Tsong Khapa qui y résida et y a son tombeau.

{199} Il est plus que probable que depuis mon séjour à Lhassa l’armement des Thibétains s’est accru. Dans les derniers jours que je passai au Thibet, des caravanes y apportaient des munitions et des fusils expédiés de l’Inde.

{200} La polygamie et la polyandrie sont toutes deux légales au Thibet, ainsi que le divorce.

{201} Les Thibétains portent une longue boucle d’oreille à une oreille et un bouton à l’autre.

{202} Le grand meulame dont il a été parlé dans le chapitre précédent.

{203} Lud a le sens de rançon, de rachat. On appelle ainsi tout argent donné pour racheter la vie d’un homme ou d’un animal, ou toute chose offerte à une divinité ou à un démon, afin d’être épargné par eux. Lud Kong kyi Gyalpo (le roi des rançons), est offert en lieu et place des pécheurs et des malades, afin que s’exerce sur lui, et non sur eux, la vengeance des dieux et la malignité des démons.

{204} Celle-ci ne se rencontre que parmi les lamas lettrés et, surtout, parmi les ermites appelés « gomtchènes », mais les uns et les autres se gardent bien d’afficher leur incrédulité et ne l’avouent que devant leurs pairs ou les plus avancés de leur disciples.

{205} Pays, pris ici au sens de la petite patrie qu’est la tribu ou la province, la seule qui compte au Thibet. Ces femmes ne doutaient point que je fusse de race thibétaine, mais comprenaient que je n’étais point de Lhassa, mon costume n’étant point celui porté dans la capitale.

{206} Cette saleté est volontairement entretenue par eux pour se donner l’air terrible.

{207} C’est le costume des dignitaires ecclésiastiques dont les fonctions ont trait à des affaires temporelles, non à la religion, tels que les grands intendants, etc. Pendant la durée des fêtes du Nouvel an, les fonctionnaires civils de Lhassa sont temporairement privés de leur autorité qui est exercée par les lamas du monastère de Depung.

{208} Les tantras sont des ouvrages sanscrits traitant de doctrines mystiques et de cérémonies rituelles. Ils sont appelés gyud en thibétain.

{209} Les Gyud supérieurs et les Gyud inférieurs.

{210} Ce sont des accessoires de théâtre confectionnés en une sorte de terre glaise couverte de chiffons peints ; les poignards sont en bronze ou en cuivre pour les danseurs remplissant les premiers rôles et en bois peint pour les autres.

{211} Yang, la prospérité, les biens matériels.

{212} Ou Khang : « maison des souffles vitaux ». Un appartement particulier qui est censé être habité par des démones se repaissant du souffle vital des êtres.