« J’ai l’honneur de vous informer humblement que, le 8 décembre, une maladie a été constatée sur deux garçons, lesquels ont expliqué que les autres enfants de l’école étaient malades de la gorge, fièvre, et d’une éruption sur tout le corps. Ils vont à l’école du zemstvo de Jârovo.

« Le 19 novembre 1885.

« L’ancien du village : Iéfime KIRÎLOV. »

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« M. I.(NB: Ministère de l’Intérieur. (Tr.))Direction du zemstvo de district de N… Au médecin du zemstvo, M. Radoûchnyi.

« Comme suite à la communication de l’ancien du village de Kournôssovo, du 19 novembre, je vous invite, monsieur, à vous transporter à Kournôssovo et à vous employer, selon les règles de la science, à mettre arrêt, le plus rapidement possible, à l’épidémie de maladie qui, est d’après tous les symptômes, de la scarlatine. Il résulte de la communication ci-dessus citée que la maladie a commencé à l’école de Jârovo, sur laquelle je vous prie de porter votre attention.

« Le 4 décembre 1885.

« Pour le président : S. PÂRKINE. »

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« À M. le commissaire rural de la 2 circonscription du district de N…

« Comme suite à la communication de la direction du zemstvo, n° 102, en date du 4 décembre, que je vous transmets ci-joint, je vous prie, monsieur, d’ordonner la fermeture de l’école du village de Jârovo jusqu’à la disparition de l’épidémie de scarlatine.

« Le 13 décembre 1885.

« Le médecin du zemstvo : RADOÛCHNYI. »

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« M. I.Du commissaire rural de la 2e circonscription du district de N…, N°  1011. À l’école du zemstvo de Jârovo.

« Le médecin de zemstvo, M. Radoûchnyi, m’a communiqué le 13 décembre courant qu’on a observé au village de Jârovo une épidémie de la maladie scarlatine, sur les enfants (ou, de diphtérie, comme l’appelle le peuple.) Pour éviter de plus tristes résultats de la susdite maladie, qui augmente progressivement, et soucieux de prendre les mesures prescrites par la loi pour prévenir et faire cesser les cas de propagation de la maladie, je me vois obligé, de mon côté, de vous prier humblement de voir si vous trouverez possible de licencier les élèves de l’école du zemstvo de Jârovo jusqu’au temps de la cessation de la maladie qui sévit, et de m’informer là-dessus en vue d’ordres subséquents.

« Le 2 janvier 1886.

« Le commissaire rural : PODPROÛNINE. »

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« À la direction des écoles primaires du gouvernement de X… À M. l’inspecteur des écoles primaires. Déclaration de l’instituteur de l’école de Jârovo, Fortiânnski.

« J’ai l’honneur de porter à la connaissance de Votre Haute Noblesse qu’en conséquence de la communication de M. le commissaire rural de la 2e circonscription, n° 1011, en date du 2 janvier, il est survenu au village de Jârovo une épidémie de scarlatine, ce dont j’ai l’honneur de vous informer.

« Le 12 janvier 1886,

« L’instituteur : FORTIÂNNSKI. »

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« À M. le commissaire rural de la 2e circonscription du district de N…

« Attendu que l’épidémie de scarlatine a cessé depuis un mois déjà, il n’existe de ma part aucun obstacle à ce que l’école du village de Jârovo soit rouverte, ce que j’ai déjà écrit deux fois à la direction du zemstvo. Je vous l’écris à vous aussi maintenant, et vous prie humblement d’adresser dorénavant vos papiers au médecin du district, car j’ai assez à faire avec la direction du zemstvo. Je suis pris du matin au soir et n’ai pas le temps de répondre à toutes vos bourdes de chancellerie.

« Le 26 janvier 1886,

« Le médecin de zemstvo : RADOÛCHNYI. »

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M. I. – À Sa Haute Noblesse M. le chef de police du district de N… Le commissaire rural de la 2e circonscription. Rapport.

« J’ai l’honneur de transmettre par la présente la communication de M. le médecin de district Radoûchryi en date du 26 janvier 1886, n° 31, pour la soumettre à l’examen de Votre Haute Noblesse, touchant la tradition en justice du docteur Radoûchnyi, en raison des expressions déplacées et au plus haut degré impertinentes, employées par lui dans un document officiel, à savoir : les bourdes de chancellerie. »

« Le 8 février 1886,

« Le commissaire rural : PODPROÛNINE. »

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« Extrait d’une lettre particulière de M. le chef de police au commissaire rural de la 2e circonscription :

« Alexéy Manouïlovitch, je vous retourne votre rapport. Cessez, s’il vous plaît, vos mécontentements continuels au sujet du docteur Radoûchnyi. Un tel antagonisme est pour le moins importun de la part d’un fonctionnaire de la police qui doit porter avant tout, dans ses relations, du tact et de la modération. En ce qui concerne le papier de M. Radoûchnyi, je n’y vois rien d’extraordinaire. J’ai déjà appris que la scarlatine a sévi au village de Jârovo et je ferai, au prochain conseil des écoles, un rapport sur les actes irréguliers de l’instituteur Fortiânnski, que je regarde comme le principal fauteur de toute cette correspondance désagréable. »

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« M. I. P. (NB: Ministère de l’Instruction publique. (Tr.)). – L’Inspecteur des écoles primaires du gouvernement de X… N° 810. À M. l’instituteur de l’école de Jârovo.

« À votre communication du 12 janvier de cette année, je porte à votre connaissance que les études dans l’école qui vous est confiée doivent être immédiatement interrompues, et les élèves licenciés, pour conjurer la propagation ultérieure de la scarlatine.

« Le 22 février 1886,

« L’Inspecteur des écoles primaires,

« I. JILÈTKINE. »

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Après lecture de tous ces documents ayant trait à l’épidémie survenue au village de Jârovo, – en dehors de ceux que j’imprime il y en a encore vingt-huit, – le lecteur comprendra aisément la description ci-dessous, parue dans le n° 36 du Messager du gouvernement de X…

… « En ayant fini avec la mortalité excessive des enfants, passons à quelque chose de plus gai et de plus réjouissant.

« Hier, en l’église de Saint-Michel-Archange, a été célébré solennellement le mariage de la fille du fabricant de papier connu, M…, avec le bourgeois notable héréditaire K… Le mariage a été béni par le Père archiprêtre Kliope Gvôzdév, assisté de tout le clergé de la cathédrale. Le chœur de Krassnopiôrov a chanté. Les deux époux resplendissaient de beauté et de jeunesse. On dit que M. K… reçoit une dot évaluée à un million, et, en outre, la propriété de Blagodoûchnoé, renfermant un haras et une serre, où poussent des ananas et fleurissent des palmiers, ce qui transporte notre imagination bien loin, au sud.

Les jeunes époux, aussitôt après la cérémonie, sont partis pour l’étranger. »

Qu’il fait bon être fabricant de papier !

1886.