et demi ce week-end, et évidem-

L’apocalypse dans 5, 4, 3...

ment, comme tout le monde fait

Après le sport extrême...

dans les circonstances, j’ai emmené

Sam Pique ! Sam Pique !

les enfants chez les grands-parents

Assumer sa vache

dimanche.

intérieure

Dans la voiture, trois enfants.

Illustration :

La plupart du temps, l’enfer.

Confession républicaine

Quand l’une ne pleurait pas parce

• Le repas le plus important

de la journée

qu’elle avait perdu sa su-suce (un

La honte

classique), l’autre se prenait le

Anecdote pour un jour de pluie

bras dans son col de chandail et

Le Nouveau Testament

manquait mourir asphyxiée (une

selon Eugénie

nouveauté).

Mais c’est quand même dans la

voiture que j’ai eu droit au moment

le plus rigolo de la fin de semaine :

Fille Aînée — On joue aux devinettes !

Nièce — Ouiiiiii !

Fille Aînée — Je commence. C’est brun, ça se boit…

Nièce — Du lait ?

Fille Aînée — Non. C’est brun.

Nièce — Je donne ma langue au chat !

Fille Aînée — Mais non, voyons. C’est facile. C’est brun, ça se boit, et… ET ! (on sent qu’elle a trouvé l’indice qui tue), tes parents en boivent chaque matin au déjeuner !

130 - Chroniques d’une mère indigne

Nièce — Aaaaaah, ouiiiiii ! Un graaand verre de vin !

Bon, d’accord, elle s’est mélangée avec le souper, mais comme l’a dit Sœur indigne quand je lui ai raconté cette histoire, parfois, ce n’est pas l’envie qui manque.

Les enfants, c’est dégueulasse - 131

La honte

Les enfants,

c’est dégueulasse

Ê tre parent, cela signifie

être parfois aux prises avec

L’apocalypse dans 5, 4, 3...

la honte. Pas la honte de nos

Après le sport extrême...

enfants, non (quoique), mais la

Sam Pique ! Sam Pique !

honte de soi-même, qui, dans

Assumer sa vache

certaines circonstances, s’illustre

intérieure

magnifiquement par l’expression

Illustration :

« filer cheap ».

Confession républicaine

Après le classique « La fois où

Le repas le plus important

de la journée

j’ai eu l’air le plus fou » du défunt

• La honte

magasine Croc, voici donc Mère

Anecdote pour un jour de pluie

indigne dans « La fois où j’ai filé le

Le Nouveau Testament

plus cheap » :

selon Eugénie

Bébé, Fille Aînée et moi

sommes en voiture. Dans le gros

trafic. J’ai particulièrement hâte

d’arriver à la maison, parce que Bébé a décidé qu’au lieu de dormir elle préférait jouer à l’enfant martyr et hurler à pleins poumons aussi longtemps qu’elle serait sanglée dans son siège.Fille Aînée, quant à elle, remue. Sans arrêt. J’essaie de me concentrer sur la route malgré les cris de l’une, et font constamment irruption dans mon champ de vision, à la hauteur du frein à main, une jambe, un bras et les couettes de cheveux de l’autre.

Les minutes sont longues, très longues.

132 - Chroniques d’une mère indigne

Mère indigne — Chérie, reste assise comme il faut, s’il-te-plaît.Fille Aînée — As-tu un crayon ?

Mère indigne — Chérie, il y a du trafic, je dois regarder la route, je ne peux pas chercher de crayon.

Mais, pendant que je proteste, ma main droite fouille entre les deux sièges avant et agrippe un crayon.

Mère indigne — Bon, tu as de la chance, j’en ai un. Tiens.

Fille Aînée — Merci.

Bon. Concentrons-nous sur la rou…

Fille Aînée — As-tu un papier ?

Je laisse échapper un gros et long soupir. N’oublions pas que, pendant tout ce temps, Bébé hurle, hurle encore et hurle toujours plus fort.

Mère indigne — Chérie, je conduis. Il y a du trafic. Ce n’est pas le moment pour moi de chercher un papier.

Ma main droite, qui a décidé aujourd’hui d’ignorer résolument ce que fait la gauche, c’est-à-dire conduire comme il se doit, re-fouille entre les deux sièges et ressort avec une vieille passe de stationnement verte.

Mère indigne — Bon, tu as de la chance, j’en ai un. Tiens.

Fille Aînée — Merci.

Bon. Concentrons-nous sur la rou… (Une masse chevelue se met à frétiller à ma droite.)

Mère indigne — Chérie, arrête de bouger !

Fille Aînée — Mais ma ceinture est bloquée !

Mère indigne — C’est parce que tu n’arrêtes pas de remuer !

Détache-la et remets-la, mais dépêche-toi !

Fille Aînée — C’est parce que je veux mettre un papier sur le siège en avant !

Mère indigne — Ce n’est pas le temps de faire ça !

Les enfants, c’est dégueulasse - 133

Plein de voitures tout autour, cris stridents à l’intérieur, et Fille Aînée qui s’étire malgré tout entre les deux sièges. Un petit papier vert atterrit sur le sac à couches.

Mère indigne — Bon, là, ça suffit. Je suis vraiment de mauvaise humeur. Tu me déranges, tu ne restes pas assise à ta place et c’est dangereux. Tu vas rester assise comme il faut jusqu’à la maison, sinon ça va aller mal. Compris ?

Fille Aînée — Mais…

Mère indigne — Ça suffit. Tu. Restes. Assise !

Silence. Même Bébé a arrêté de crier (devrais-je m’inquié-

ter ? Je ne me pose même pas la question). Fille Aînée semble vaguement malheureuse, mais là, franchement, je m’en fous. Je suis très tatillonne sur la sécurité en voiture et elle a dépassé mes bornes.

Nous parcourons encore deux kilomètres à pas de tortue.

Enfin, enfin !, nous prenons la bretelle de sortie de l’autoroute de l’enfer et retrouvons notre banlieue d’amour et notre drive-way chéri.

Une fois sortie du cauchemar, le contenu du chaudron a cessé de bouil ir et je commence à me sentir un peu mal de m’être emportée. Je m’apprête à dire un mot gentil à Fil e Aînée pour la remettre d’aplomb, mais avant de sortir de la voiture mes yeux se posent sur le petit papier vert : « MAMAN JE T’AIME ».

Tous ensemble : Ah, merde.

Fille Aînée — C’est pour ça que je voulais te le mettre en avant…

Évidemment, tous les petits mots gentils ont été pronon-cés, mais il était trop tard. Malgré toutes les justifications du monde, le sentiment d’avoir été horriblement cheap s’était abattu sur moi comme une tache tenace, et je n’aurais pas assez de Monsieur Net pour la déloger…

134 - Chroniques d’une mère indigne

Anecdote pour un jour de pluie

Q uoi de plus réjouissant que la Les enfants, sexualité ?

c’est dégueulasse

Et quoi de plus paniquant que L’apocalypse dans 5, 4, 3...

les questions sur la sexualité ?

Après le sport extrême...

Fille Aînée a bientôt 7 ans. Sam Pique ! Sam Pique !

Nous avons bien sûr abordé l’as- Assumer sa vache pect « reproduction » avec elle au

intérieure

cours de la dernière année et demie Illustration :

– mon ventre grossissant lui aurait

Confession républicaine

certainement paru un peu étrange Le repas le plus important de la journée

autrement. Mais Fille Aînée n’est La honte pas du genre à poser énormément • Anecdote pour un jour de pluie de questions sur le sujet. J’ai dû Le Nouveau Testament plus souvent débattre avec elle de

selon Eugénie

thèmes comme : « Qu’est-ce qui

est le plus important, la morale ou

la religion ? » (la morale, parce que ça vient avant ; et ne me parle pas de l’œuf et de la poule) ou « Pourquoi on crie “Non à la guerre, oui à la paix” maintenant, i.e. dans la rue à -30 ? »

(parce que si on se met à crier « Oui à la guerre, non à la paix »

maintenant, on va se faire lyncher).

Bref, jusqu’à maintenant, la sexualité pour Fille Aînée se résume pas mal à rire quand elle aperçoit le kiki de Papa, et je ne m’en plains pas trop. (Papa non plus ; ce n’est pas comme si c’est moi qui riais de son kiki, hein.)

Ce qui ne veut pas dire que je ne me considère pas comme préparée à toute éventualité. Pour résumer la chose, je suis Les enfants, c’est dégueulasse - 135

dans une P.A.S. (position d’attente sereine). Or, cette P.A.S. a été mise à l’épreuve il y a quelques mois. La bombe a été larguée pendant que nous soupions tranquillement tous les trois.

Fille Aînée — Maman, est-ce que je peux te poser une question, heu, sexuelle ?

O.K., Maman, c’est l’heure. Check P.A.S. — tout a l’air fonctionnel… GO, GO, GO !

Mère indigne — Ouiiii ?

Fille Aînée — Tu es sûre, ça ne te dérange pas ? C’est une question un peu sexuelle, hein.

Mère indigne, concentrée à mort — Non, non, pas du tout !

Vas-y, ma chérie.

Fille Aînée — Il va où, heu…

(Petit aparté : Vous savez, quand ceux qui ont échappé à la mort disent qu’ils ont vu toute leur vie défiler devant eux ? Moi, c’est toute une myriade de possibilités qui se sont bousculées dans mon esprit en déroute.

Il va où, heu… le zizi ? Facile ! Dans la zézette, voyons !

Enfin, en général. Comment ça, « en général » ? Heu, écoute, demande à ton père. Et ne va pas faire une recherche sur Google.

Il va où, heu… l’œuf ? Quel œuf ? Celui du papa ou celui de la maman ? Comment ça, tu ne sais pas ? Renseigne-toi avant de poser des questions, bon sang ! En tout cas, si c’est de l’« œuf » du papa que tu parles, hé bien il est dans le nid. Quel nid ? Mais, le nid qui est dans le trou, qui, lui, est dans le nœud.

Et le nœud, c’est simple, il est sur la branche. [Wow ! Je n’avais jamais remarqué le potentiel didactique de cette chanson.] Et puisque tu veux vraiment tout savoir, hé bien l’arbre, il est dans ses feuilles, voilà ! Maridon-dondé et C.Q.F.D.

Fin de l’aparté.)

136 - Chroniques d’une mère indigne

Mère indigne — Hum. Tu dis, chérie ?

Fille Aînée —Il va où, heu, le caca, une fois qu’on a tiré la chasse ?

Mère indigne — Hum. Hum… Prrrfffft… Ah, ah, ah !

Excuse-moi, je pensais à autre chose. Bon, il va dans les égouts, et ensuite dans les eaux usées, comme dans Nemo. Hum hum.

Prff… Désolée, chérie, je dois aller aux toilettes.

De retour au calme, quelques instants plus tard, et espérant vraiment qu’elle ne me demandera pas de faire une recherche sur Google :

Mère indigne — Heu, tu sais chérie, le caca, ce n’est pas vraiment sexuel.

Fille Aînée — O.K. Et le kiki ? C’est sexuel ?

Mère indigne — Oui.

Fille Aînée — Ah, bon.

Comment Père indigne a fait pour garder son sérieux pendant cette conversation, à ce jour, je l’ignore encore. Mais il est vrai qu’à « je te tiens, tu me tiens par la barbichette », c’est moi l’éternelle perdante.

Et ne vous en faites pas, quelques explications supplémentaires ont été offertes… Le strict nécessaire, quoi : la sexualité, c’est ce qui concerne les bébés. Pour le reste, je compte offrir à Fille Aînée la discographie complète de Zachary Richard. Elle devrait avoir amplement de quoi méditer sur le sexe avec ça.

Les enfants, c’est dégueulasse - 137

Le Nouveau Testament selon Eugénie

Les enfants,

c’est dégueulasse

P eu avant le souper, Eugénie

sonne à la porte, question

L’apocalypse dans 5, 4, 3...

de grappiller un petit quinze

Après le sport extrême...

minutes avec sa copine. Fille Aînée

Sam Pique ! Sam Pique !

l’accueille ainsi :

Assumer sa vache

— Toi, Eugénie, est-ce que tu

intérieure

connais Jésus ?

Illustration :

— Ben… ouain.

Confession républicaine

— Parce que moi, j’ai des

Le repas le plus important

de la journée

bandes dessinées de Jésus. Ça te

La honte

tente de les voir ?

Anecdote pour un jour de pluie

— Ben… ouain.

• Le Nouveau Testament

(En passant, ce sont mes

selon Eugénie

bandes dessinées de Jésus. Que ma

grand-mère Thérèse m’a données

quand j’étais petite. Je les adorais.

Et Fille Aînée – qui, à son grand dam, n’est pas baptisée – les adore aussi. Jésus, c’est une très belle histoire. Voyons si Eugé-

nie pourra en retenir quelque chose…)

Les filles descendent au sous-sol pour jaser versets bibliques. Dix minutes plus tard, le souper est prêt. Eugénie s’éclipse.

Alors que nous sommes tous attablés devant un sublime repas préparé par votre humble servante, Fille Aînée déclare :

« Maman, y’en a qui disent que c’est sexy s’embrasser sur la bouche quand on est tout nus. Mais moi, je trouve pas. »

Mère indigne et Père indigne — Qui, que, quoi !!!

138 - Chroniques d’une mère indigne

Fille Aînée — C’est vrai, hein. Y’en a qui disent ça. Mais moi, je trouve pas.

Mère indigne — Qui t’a dit que c’était sexy ?

Fille Aînée — Eugénie, tantôt.

Ouaipe, mesdames et messieurs.

Pendant toutes ces années, il y a comme qui dirait un bout important de la visite de l’archange Gabriel qui m’avait complètement échappé.

Les enfants, c’est dégueulasse - 139

Trucs improbables et astuces indignes

Un anti-truc de Mère indigne

Trucs improbables

et astuces indignes

B on, me suis-je dit ce matin. La

fête des Mères est finie, on va

• Un anti-truc de Mère indigne

arrêter de se péter les bretelles et

Combien de fois faut tourner la

de jouer les plus-que-parfaites. On

langue, déjà?

va arrêter de faire accroire qu’il y

Que celui qui n’a jamais péché...

a juste Père indigne qui déconne

Illustration : Confession malhonnête

dans cette maison. On va s’atteler,

Les trucs de Mère indigne : le poids

puis on va dire toute la vérité.

Aidez vos enfants à dire oui, euh, je

Il est temps, me suis-je dit

veux dire non, à la drogue

ce matin, de me sortir la tête du Appel à tous ( 11 )

sable, de retrousser mes manches,

d’avaler mon orgueil, d’endosser

mon plus bel habit d’humilité et de vous raconter… La Fois Où J’ai Eu l’Air La Plus Stupide.

Il était une fois Mère indigne qui faisait à manger à Bébé.

Comme j’avais cru comprendre dans un livre qu’il est préférable de donner du jaune d’œuf mélangé avec des légumineuses si Bébé n’a pas de viande ou de tofu au repas, j’entrepris d’écraser à la fourchette des pois chiches dont j’avais religieusement retiré l’enveloppe transparente, pour ne pas que Bébé s’étouffe avec.

Écraser à la fourchette, mentionnais-je, parce que, comme a coutume de dire Yoda, problèmes de mixeur notre maisonnée avait.La purée ainsi préparée aurait eu tout pour plaire à Bébé, si ce n’avait été des grumeaux. En effet, j’avais eu beau écraser à qui mieux mieux, quelques mini-morceaux de ces saloperies de pois chiches avaient le culot de résister à l’envahisseur 140 - Chroniques d’une mère indigne

fourchu. Et pour un bébé de huit mois, des mini-morceaux de pois chiches, c’est dur et ça énerve.

Après quelques bouchées retournées à l’expéditeur par crachat express, je me rendis à l’évidence : entre les mini-morceaux de pois chiches et moi, il n’y aurait pas de stratégie gagnant-gagnant. Et comme j’étais la seule à posséder un cerveau, je devais me montrer à la hauteur. Les pulvériser, quoi.

Cependant, rappelez-vous, pas possible d’utiliser le mixeur. Un tamis aurait été l’idéal, mais il manque à mon par ailleurs très large (tousse, tousse) éventail d’outils de cuisine.

Un égouttoir pour les pâtes ? Une inspection me révéla des trous trop gros pour faire convenablement la job.

C’est alors que j’eus l’Idée de génie, l’Éclair d’inventivité du siècle.

Et c’est là que ça dérape sérieusement, mesdames et messieurs. Car c’est là qu’apparaît le « Y’a rien qu’à » initiateur de toutes les bêtises.

Qui a besoin d’un tamis ?, me suis-je dit dans ma grande sagesse. Y’a rien qu’à mettre la purée grumeleuse dans un gant de toilette (oui, vous avez bien lu) et à presser. Du coup, la purée toute lisse va sortir alors que les méchants grumeaux vont rester emprisonnés dans le gant de toilette. Dans ma tête, c’était de toute beauté. L’application ingénieuse d’une simple loi de la physique.

J’avais oublié que ce n’est pas moi, le docteur en physique de la maison.

Je vais vous le dire ce qui se passe quand on met de la purée dans un gant de toilette et qu’on presse, mesdames et messieurs.

Toute l’eau sort de la purée alors que toute la vraie nourriture, elle, se transforme en un magma asséché et rugueux – magma que l’on doit alors extirper du fond d’un gant de toilette.

Trucs improbables et astuces indignes - 141

J’avais inventé un truc qui était à la fois l’opposé de pratique et le contraire d’appétissant.

Je vous jure qu’avant de voir l’eau sortir toute seule du gant de toilette je n’avais même pas l’impression d’être en train de faire quelque chose de stupide. Mais, quand le liquide vert-brocoli a giclé au fond du bol, la révélation de ce que j’avais accompli m’a frappée de plein fouet.

J’avais enfourné la nourriture de Bébé dans un gant de toilette ???

Mais, vous demandez-vous, quand donc s’est déroulé cet épisode honteux ? Sûrement, cela a dû se produire quand Fille Aînée n’était qu’un bébé et que vous, Mère indigne, n’étiez encore qu’une génitrice amateur bas de gamme ?

Hé bien non, mes amis. C’était il y a trois semaines.

Allez, riez. Bidonnez-vous, ça me fait plaisir et c’est gratuit.

Mais dites-vous bien une chose : personne n’est à l’abri.

Père indigne, le soir où je lui racontai ma brillante expérimentation, eut ce brillant commentaire :

« Le vieux dicton dit donc vrai : On a toujours besoin d’un petit ami à la maison. »

Petit ami, petit tamis…

Il est drôle, quand même, le bougre.

142 - Chroniques d’une mère indigne

Combien de fois faut tourner la langue, déjà ?

B on, bon, bon.

Trucs improbables

Je vais être obligée d’être un

et astuces indignes

peu vulgaire, là, vers la fin.

Un anti-truc de Mère indigne

C’est bien pour dire. Pendant • Combien de fois faut tourner quinze ans, on fréquente Aristote,

la langue, déjà?

Descartes, Hobbes, Kant, Rous- Que celui qui n’a jamais péché...

seau et Heidegger et une fois, juste Illustration : Confession malhonnête une fois, on se laisse aller à lire un Les trucs de Mère indigne : le poids roman de Xaviera Hollander, et Aidez vos enfants à dire oui, euh, je devinez ce qui colle ?

veux dire non, à la drogue

Soupir.

Appel à tous ( 11 )

Mais ce n’est pas complète-

ment ma faute. C’est un peu celle des enfants. Car, sachez-le, l’innocence n’est pas l’antithèse de la vulgarité. Sans le faire exprès, elle peut même la provoquer. J’en veux pour preuve ces quelques anecdotes, dont le but est de vous rappeler qu’avant de se commettre en répondant à une question il vaut toujours mieux examiner ses dessous (les dessous de la question, il va sans dire. Mais vous pouvez faire ce que vous voulez, tant que ça reste dans votre intimité).

Je ne me souviens plus de l’origine exacte de l’histoire, mais me semble que ça vient de la famille proche (étonnant, non ?).

Elle met en scène un fiston de quatre ans et son papa.

— Papa, qu’est-ce que c’est, un condom ?

— Heu, un condom ?

— Oui.

Trucs improbables et astuces indignes - 143

— C’est, heu, quand un papa et une maman ne veulent pas faire un autre petit bébé, heu…

— Mais c’est quoi ?

— … Euh, c’est une sorte d’enveloppe pour ne pas que le bébé se fasse dans la maman. Et il faut la mettre sur heu…

— C’est une enveloppe ?

— Oui. Une sorte de plastique.

— C’est ça, un condom ?

— Oui.

— C’est ça que tantine s’est achetée à Saint-Sauveur ?

Hé bien oui, chers amis. Le petit bout parlait d’un condo.

J’ai l’habitude des questions sexuelles de Fille Aînée, alors je ne tombe pas facilement dans le piège. Mais, hier soir, elle a failli m’avoir :

— Maman, qu’est-ce que ça veut dire « rester vierge » ?

— Pouf, pouf. Rester vierge. (Argh.) Ça veut dire… que…

tu… (Attention ! Alerte rouge ! Ne te fais pas prendre à expliquer ce qui ne doit pas l’être !) Hum, tu parles de « rester vierge »

comme dans quelle phrase ?

— « Ce terrain doit rester vierge. »

— Ah ! (Ah, ah !) Ça veut dire qu’on ne peut rien bâtir dessus. (We are the champions, my frieeends…) Le plus pervers là-dedans, c’est que, parfois, c’est l’inverse qui se produit. On croit que la question est anodine, et puis…

Fille Aînée — Maman, qu’est-ce que ça veut dire, « reculer » ?Mère indigne — Reculer ? Mais, tu le sais, voyons ! Reculer, c’est marcher par en arrière.

Fille Aînée — Tsk. Non, pas ça. « Reculer », mais pas marcher par en arrière…

Mère indigne — Reculer, comme dans quoi ?

144 - Chroniques d’une mère indigne

Et c’est là que… Vous connaissez la chanson Le ciel est bleu, la mer est calme ? C’est là que Fille Aînée m’a interprété, sur l’air de cette chansonnette, la version qui suit :

« Tu pues du bec, tu sens des pieds

Va te faire reculer ! »

Ah, oui. Se faire reculer.

Dorénavant, dans ces situations, je passe le micro à Père indigne. Quant à moi, vous m’excuserez, mais je ne répondrai plus à ce genre de questions qu’en présence de mon avocat.

Trucs improbables et astuces indignes - 145

Que celui qui n’a jamais péché…

Trucs improbables

et astuces indignes

D ans un groupe de discussion

de mères sur Internet, une

Un anti-truc de Mère indigne

maman s’inquiétait du fait que son

Combien de fois faut tourner la

bébé, malgré une soif apparente, ne

langue, déjà?

voulait absolument pas boire son

• Que celui qui n’a jamais péché...

lait. Du jus, oui. De l’eau, amenez-

Illustration : Confession malhonnête

en. Mais le biberon de lait restait

Les trucs de Mère indigne : le poids

désespérément plein, le bébé s’en

Aidez vos enfants à dire oui, euh, je

détournant infailliblement d’un air

veux dire non, à la drogue

dégoûté. Drame : où Bébé prendra-

Appel à tous ( 11 )

t-il les vitamines nécessaires à sa croissance ? À cet âge, il ne peut pas faire comme les adultes et trouver tous les nutriments dont il a besoin dans un bon café. Et il est aussi beaucoup trop jeune pour Vie de velours ! Discussions entre le papa et la maman : doit-on l’assoiffer au maximum, pour que Bébé n’ait pas le choix de boire son lait ? Doit-on l’amener à l’urgence ?

Jusqu’à ce que la mère se rende compte que la tétine du biberon n’avait pas de trou. Oui, vous avez bien lu : pas de trou.

Le bébé ne pouvait pas boire de lait, parce que le lait ne coulait pas. Il n’était pas dégoûté, mais frustré à mort ! Et la mère de s’autoflageller et de nous supplier de lui jeter des pierres tellement elle se trouvait épouvantable. Ce à quoi je réponds : on se calme ! Tous les parents ont des anecdotes du genre à raconter

– quand ils osent le faire.

Une de mes tantes avait amené son bébé à une réunion de travail. À son retour à la maison, le téléphone sonne : « Tu 146 - Chroniques d’une mère indigne

n’aurais pas oublié quelque chose ? » Oups ! Bébé était resté dans le local de réunion ! Tantine avait donc dû trouver le voyage du retour calme et reposant…

Moi-même, je me suis sentie particulièrement tata et complètement en marge de l’image du parent respectable quand, un bon vendredi, j’ai attendu l’autobus avec Fille Aînée au coin de la rue pendant, oh, une bonne demi-heure. Voyons ? Que fait le chauffeur ? Est-ce qu’on attend encore cinq minutes ou on va te reconduire à l’école ? Jusqu’à ce que le voisin sorte de chez lui : « Attendez-vous l’autobus ? C’est parce qu’aujourd’hui c’est une journée pédagogique. »

L’humiliation publique n’a pas assez bonne presse : c’est excellent pour ramener l’ego de la personne qui en est la cible à des proportions acceptables, et ça rend donc le voisin de bonne humeur !

Un autre de mes classiques à oublier : je jouais au monstre avec Fille Aînée, qui avait alors environ 4 ans. À un certain moment, en prenant une voix caverneuse terrible, je me suis mise à lui raconter que j’avais pris possession du corps de sa mère (déjà, on voit l’intelligence débordante de Mère indigne).

Alors que Petite Chérie m’urgeait de redevenir sa mère, j’ai comme qui dirait porté le coup fatal : « Même quand tu crois que c’est ta mère qui te paaaaarle, c’est toujours mouâââ qui es làààààààà. » Sur quoi, Fille Aînée s’est mise à sangloter et a couru se réfugier dans les bras de Papa. J’ai reçu les « félicita-tions » de toute ma famille pour cette histoire… et je m’en veux encore.

Et pour finir, l’anecdote de Père indigne faisant manger Bébé :Père indigne — J’ai essayé de lui donner des poires, comme tu m’avais dit, mais elle n’a pas vraiment aimé ça.

Trucs improbables et astuces indignes - 147

Licence enqc-62-5026113-sg73071800 accordée le 14 avril 2011 à Archambault.ca 5026113

Mère indigne — Ah non ? C’est étrange, c’est un des seuls fruits qu’elle aime bien.

Père indigne — J’ai vraiment essayé de couper la poire en très petits morceaux, mais on dirait qu’elle a tout de même eu beaucoup de mal à les avaler.

Mère indigne — Heu, Chéri. Elle a cinq mois et demi.

Quand je dis « tu lui donneras des poires », je parle de la purée de poires qui est dans le bac à glaçons du congélo.

Père indigne — …

Mère indigne — …

Père indigne — Comment je pouvais le savoir ? Non, mais c’est vrai !

Mais peu importe ces petits aléas de la vie parentale : la chose à retenir est qu’on apprend de ses erreurs. Je suis certaine que plus jamais la maman du groupe de discussion ne donnera un biberon sans en vérifier l’ouverture. Quant à moi, je vérifie maintenant scrupuleusement les dates de congé scolaire au début de chaque mois. Vous pouvez aussi parier que Bébé n’aura droit qu’à des personnifications de montres tellement gentils qu’ils en seront totalement insipides.

Et Père indigne ? Tiens, je viens de me souvenir que Père indigne avait aussi tenté de donner à Fille Aînée des carottes crues alors qu’elle n’avait que huit mois. Eh bien tant pis pour lui ! Il aura eu sa chance. Dorénavant, il sera de corvée de couches. Pour l’éternité.

Heureusement, il n’a jamais eu trop peur des monstres qui prennent parfois possession des langes de Bébé…

148 - Chroniques d’une mère indigne

Confession malhonnête

Trucs improbables et astuces indignes - 149

Les trucs de Mère indigne : le poids

Trucs improbables

et astuces indignes

V ous êtes une nouvelle

maman ? Si oui, inutile de le

Un anti-truc de Mère indigne

nier, vous êtes aussi à la recherche

Combien de fois faut tourner la

de notre Graal à toutes, aussi connu

langue, déjà?

sous le nom de « poids d’avant la

Que celui qui n’a jamais péché...

grossesse ».

Illustration : Confession malhonnête

Si le simple épuisement et les

• Les trucs de Mère indigne :

nuits blanches ne suffisent pas à

le poids

vous faire retrouver votre taille

Aidez vos enfants à dire oui, euh, je

veux dire non, à la drogue

d’antan, voici un truc absolument

Appel à tous ( 11 )

imparable auquel aucun kilo ne

résistera : fixez-vous une limite

psychologique à ne pas dépasser

– mettons 140 livres. Montez sur le pèse-personne. Maintenant, attention : la prochaine étape est cruciale et demande énormément de concentration, sinon, c’est raté. Lorsque l’afficheur indique 139 livres, SAUTEZ IMMÉDIATEMENT

EN BAS DU PÈSE-PERSONNE. J’ai essayé, et ça marche à tous les coups !

Une solution psychologique à une limite psychologique, c’est toujours mieux que rien, non ?

150 - Chroniques d’une mère indigne

Aidez vos enfants à dire oui,

euh, je veux dire non, à la drogue

L ’autre jour, à la radio, on nous a Trucs improbables donné des nouvelles du cartel

et astuces indignes

colombien (qui se portait, ma Un anti-truc de Mère indigne fois, pas trop mal). J’ai pensé que Combien de fois faut tourner la le moment était plus que propice

langue, déjà?

pour mettre Fille Aînée en garde Que celui qui n’a jamais péché...

au sujet de la drogue.

Illustration : Confession malhonnête

En effet, de nos jours, à quoi Les trucs de Mère indigne : le poids peuvent bien être confrontés les • Aidez vos enfants à dire oui, enfants de la deuxième année du

euh, je veux dire non, à la

drogue

primaire dans nos cours d’écoles ? Appel à tous ( 11 ) Avec tout ce qui fait la une des

journaux en ces temps dégénérés,

qui sait si les jeux à la mode cette année ne seront pas le ballon-sniffeur ou la tag-prostitution ? Mais procédons avec sagesse, attaquons un problème à la fois, et commençons par éduquer nos enfants sur les dangers de la drogue.

Et je dis bien les dangers, n’est-ce pas, pas les plaisirs. Car enfin, si, en des temps immémoriaux, nous avons nous-mêmes tâté de quelques substances illicites – sans jamais inhaler, pour les futurs politiciens –, nous avions, il faut bien le dire, une ma-turité et une connaissance du monde que nos propres enfants n’auront jamais ! D’où le fait qu’il est parfaitement raisonnable qu’ils fassent ce qu’on leur dit de faire, et non ce qu’on a fait, et qu’ils se le tiennent pour dit pour les siècles et les siècles.

Mère indigne — Chérie, sais-tu ce que c’est que (musique menaçante) la drogue ?

Trucs improbables et astuces indignes - 151

Fille Aînée — Oui !

Mère indigne — Ah, bon ???

Fille Aînée — C’est la cigarette et la colle. Je veux dire l’alcool. D’ailleurs, ON A DE LA DROGUE DANS LE FRIGO !

Mère indigne — Oui, bon, enfin, certains médecins s’accordent pour dire qu’un verre de vin par jour serait bon pour la santé.

Fille Aînée — C’est de la bière qu’il y a dans le frigo.

Mère indigne, stratégique — … Mais tu as raison, la cigarette est une drogue.

Surtout que je ne fume pas.

Fille Aînée — Moi, je ne prendrai JAMAIS de drogue comme la cigarette ou l’alcool.

Mère indigne — C’est très bien. Signe ici. (Non, je n’ai pas dit « Signe ici. » Mais ça m’a démangée.) Tu sais, il y a d’autres sortes de drogues très dangereuses.

Fille Aînée, très intéressée — Comme quoi ?

Mère indigne — Des drogues qui peuvent nous faire voir des choses qui n’existent pas. Moi, personnellement, je n’aime pas perdre le contrôle de moi-même, alors je n’en ai jamais pris.En d’autres termes, Chérie, ta mère est super coincée.

D’ailleurs, lors d’un cours de baladi pris il y a des lunes, la prof disait à une élève que ses mains étaient trop raides, à l’autre que sa taille était trop raide ; ta mère, la prof elle lui a dit que c’est dans sa tête que c’était trop raide. Cogito ergo sum nulla baladista. Mais je vois à ses yeux émerveillés que Fille Aînée se fiche bien des problèmes existentiels de sa génitrice.

Fille Aînée — On peut voir des choses qui n’existent pas ?

Mère indigne — Oui, on a des hallucinations. On peut voir, par exemple, des affreuses bestioles qui veulent nous manger.

152 - Chroniques d’une mère indigne

Mais Fille Aînée conserve ses yeux émerveillés et se fiche bien des bestioles horribles. De toute façon, il y a plein d’araignées dans sa chambre.

Fille Aînée — Ça alors ! Cette drogue-là, moi, je veux en prendre ! Je verrais le château de Harry Potter !

Mère indigne, qui sent que ça tourne un peu mal — Heu, on ne choisit pas vraiment ce qu’on va voir ! Peut-être que tu serais la prisonnière de Voldemort, ou pire ! Peut-être que tu serais obligée de jouer dans un carré de sable avec Caillou !

Fille Aînée, très déçue — Ah, ouain. J’en prendrai pas, alors…

Ouf.

Bilan de la discussion : mitigé. Considérons la question réglée pour la cigarette et la colle, heu, l’alcool.

Mais me rappeler la prochaine fois de ne pas mettre l’accent sur de quelconques effets hallucinogènes potentiellement vachement cools, mais plutôt sur les dommages probables au cerveau, genre assèchement de la zone qui contrôle les sphincters, cellules qui s’enflamment spontanément et écoule-ment suspect d’une matière grisâtre par les oreilles.

Ouais, ça, ça devrait fonctionner pas si mal.

Trucs improbables et astuces indignes - 153

Appel à tous !

( 11 commentaires )

Trucs improbables

et astuces indignes

J ’ai eu un courriel la semaine

dernière d’une G.J. (gentil e jour-

Un anti-truc de Mère indigne

naliste) de La Presse qui cherchait à

Combien de fois faut tourner la

savoir ce que les blogues apportaient

langue, déjà?

comme mode de soutien alternatif

Que celui qui n’a jamais péché...

pour les parents. Personnel ement,

Illustration : Confession malhonnête

je crois que les blogues apportent

Les trucs de Mère indigne : le poids

plutôt un soutien alternatif aux

Aidez vos enfants à dire oui, euh, je

gens qui veulent prendre cinq

veux dire non, à la drogue

heures minutes de pause sans le

• Appel à tous ( 11 )

dire au patron (c’est ce que je fais,

même si c’est moi le patron), mais

qu’à cela ne tienne ! J’ai proposé, au grand plaisir de la G.J., de nous mettre tous à contribution afin de partager des trucs parentaux qu’on ne trouve pas dans les guides ordinaires.

J’ai deux trucs en particulier qui sont extrêmement épous-touflants, vous allez voir, vous allez me remercier à genoux : 1. Bébé se réveil e la nuit simplement pour avoir sa su-suce.

Votre grande expérience vous chuchote que ladite su-suce est coincée entre le matelas et le mur, et c’est mauditement pas pratique de la chercher à genoux dans le noir à trois heures du mat’

parmi les hurlements de votre progéniture et les moutons de poussière. La solution ? Certaines personnes mal intentionnées vous diront qu’il est temps de sevrer bébé de la sucette, ce à quoi vous répondrez : « Parlez plus fort, j’ai une banane dans l’oreil e. » La véritable sagesse consiste plutôt à éparpil er 5 ou 6 su-suces supplémentaires dans le lit de Bébé au moment du 154 - Chroniques d’une mère indigne

dodo. Quelques tâtonnements à l’aveugle lui suffiront alors pour retrouver la sérénité sans troubler votre sommeil. Génial, non ?

2. Fille Aînée prend un temps fou à s’habiller le matin.

Elle passe une jambe dans sa culotte et peut mettre jusqu’à dix minutes en niaiseries diverses avant d’y enfiler l’autre jambe.

Là, il n’y a toujours que la culotte de mise, et l’autobus est au coin de la rue. Que faire ? Certaines âmes peu charitables vous conseilleront de vous lever plus tôt le matin, ce à quoi vous répondrez : « Ta mère à poil dans un CD-Rom. » La solution consiste plutôt à mettre la minuterie du four à 2 minutes et à vous écrier : « Je parie que Petite Chérie ne peut pas battre la minuterie et s’habiller en moins de deux minutes ! » Une minute dix-huit secondes plus tard, l’affaire est classée. Je vous jure, le truc fonctionne même pour les adultes. On met la minuterie et hop ! Impossible de résister à l’appel de la compétition ! Il faut relever le défi ! Je vous déconseille cependant de mettre la minuterie pour certains autres types d’activités.

Bon, voilà, ce sont mes trucs. Je parie que, vous aussi, vous en avez des pas piqués des vers. On veut les connaître ! Diantre, La Presse veut les connaître ! Allez, je mets la minuterie à deux minutes et je parie que vous ne pouvez pas trouver vos trucs avant, nananèèère…

Commentaires ( 11 ) :

Dodinette dit :

J’ai des amis qui sont allés jusqu’à 19 (DIX-NEUF !!!!!) sucettes…

dans un moïse (re- !!!!!).

Den the man dit :

Et comment faire pour enfin le ou la sevrer de ses fichues su-suces ? Simple : lorsqu’il (elle) s’endort le soir, on coupe un Trucs improbables et astuces indignes - 155

petit bout de suce et le lendemain on lui dit que le chien (ou le chat) en a mangé un petit bout. Même scénario de « coupure »

le lendemain soir, et ainsi de suite pendant cinq ou six jours, selon votre empressement à dire bye-bye à ces réconfortantes totoches. Garanti que la suce prendra le chemin de la poubelle sans pleurs et autres flaflas et que votre chien (ou chat) prendra le blâme sans dire un mot (ou jappement, devrais-je dire !). Le meilleur des deux mondes !

Grande-Dame dit :

Vos fils laissent traîner leurs bas n’importe où et se plaignent chaque matin qu’ils n’ont pas de bas propres ? Ma solution : les bas rose fluo, qu’ils craignent comme la peste pour la simple raison qu’ils seront obligés de les porter pour aller à l’école si leurs bas sales ne vont pas chaque jour dans le panier.

Catherine dit :

Quelques trucs qui ont bien marché :

1. Leur laisser croire le plus longtemps possible que vous avez un pouvoir spécial de maman qui vous permet de savoir qu’ils font des mauvais coups en cachette. Généralement, c’est connu, il est facile de savoir qu’ils trament quelque chose : on ne les entend plus. Vous continuez donc à tourner la béchamel en lançant : « Hé ! Arrête ça ! » (même si vous n’avez aucune idée de ce qu’est « ça », ça marche toujours). En plus, ils sont tellement mauvais menteurs. Après quelques preuves ainsi fournies de votre « pouvoir », ils se sentent toujours épiés. Vous avez gagné.

2. Vous êtes, comme moi, un peu maniaque sur les aliments nutritifs ? Faites croire, encore là le plus longtemps possible, que les petites galettes de riz sont de la junk food. Rationnez-les au maximum, pour donner à votre subterfuge une impression de vraisemblance. Capitalisez sur les produits naturels qui

« imitent » les boissons gazeuses.

156 - Chroniques d’une mère indigne

3. Leur offrir d’échanger de vie, je l’ai essayé, ça marche très bien aussi.

4. Les suces : elles sont de la famille des bas solitaires, des épingles à cheveux et des élastiques : on en rachète constamment, on ne sait pas où elles disparaissent. Videz le présentoir quand elles sont en spécial.

5. Bébé a un toutou ou une doudou fétiche ? Courez au magasin en racheter trois identiques. Laissez-en un à la garderie et un chez grand-maman, utilisez l’autre en alternance avec l’original (rien de plus triste que de devoir expliquer à bébé que toutou ne peut plus, mais vraiment plus, être rapiécé).

Ainsi, plus de toutou oublié ! Toutefois, soyez prévoyante : arrangez-vous pour qu’il ne tombe pas en amour avec une de ces adorables peluches à 40 $ pièce.

6. Cessez de poser des questions à votre enfant, soyez affirmative. Plus de « Viens-tu brosser tes dents ? » mais bien

« Viens brosser tes dents ! » Quand on y réfléchit, ça tombe sous le sens… Pourquoi vous répondrait-il « Oui ! » quand vous lui demandez s’il veut venir prendre son bain au beau milieu de son jeu favori ?

7. Mais surtout, le meilleur truc qu’on m’ait jamais donné, par une éducatrice en garderie, qui a réellement sauvé ma santé mentale quand mon aîné avait trois ans : les « faux choix ».

Celles qui le connaissent sourient, les autres, le voici : donnez à votre enfant buté l’illusion que c’est lui qui mène quand, en réalité, c’est tout le contraire. Un exemple : « Dans l’auto, tu veux emmener le livre de Caillou ou le livre de Binou ? » Et voilà : sans effort, vous lui avez fait avaler qu’il allait monter dans la voiture.

Diabolique, mais efficace.

Trucs improbables et astuces indignes - 157

Chroniques blondes dit :

Oh, mais c’est que Catherine est redoutable ! J’ai utilisé le numéro 6 pendant un gros 18 ans. Excellent truc. Surtout ne pas leur demander ce qu’ils veulent, mais imposer. Ça sauve un temps fou et de nombreuses crises. C’est l’approche « nous ne négocions pas avec les terroristes ».

Gaalbs dit :

Moi j’avais un truc infaillible pour brosser les dents de mon aîné, qui refusait d’ouvrir la bouche, évidemment ! Je lui racontais ce qu’il avait mangé durant la journée d’après les restes qui étaient soi-disant restés collés sur les crocs en m’exclamant, outrée, lorsque je découvrais un morceau de glace, bonbon, gâteau ou coca en lui faisant remarquer qu’il avait décidément été trop gâté dans la journée ! (Ça le faisait toujours pouffer, comme si il m’avait bien eue, sachant que j’essaie de restreindre les sucreries.)

Pathy dit :

Mes deux plus vieux se disputaient toujours pour savoir qui allait lire la boîte de céréales le matin (vous savez, les fichues boîtes avec les jeux en arrière). Un soir, j’ai collé tous leurs mots de vocabulaire sur la boîte…

C’est drôle comme la boîte peut devenir tout d’un coup moins intéressante !

158 - Chroniques d’une mère indigne

Janis0-0 dit :

J’ai un petit truc pour les enfants qui sont difficiles à l’heure des repas. Faites-leur mettre les épices magiques dans la recette, ça marche à tout coup ! Ils sont tellement sûrs que le souper est succulent grâce à eux…

Magique dit :

Le truc qui a toujours super bien marché ici quand ils ne veulent pas ranger, qu’il s’agisse de jouets ou de vêtements, je sors l’aspirateur et je dis que je m’en viens aspirer tout ce qui traîne. C’est record de vitesse assuré !

Le redoutable grand sac vert à poubelle fait le même effet.

Si ça ne marche pas du premier coup, hop tout dans le sac et disparu dehors.

Je le cache pour quelque temps. Et après, je n’ai qu’à dire que, s’ils ne rangent pas, je vais tout mettre dans un sac. C’est magique.

Jojovy dit :

@Magique : Il faut faire attention avec le sac à poubelle. Une de mes amies a fait le manège aussi, et l’a mis au bord de la route, histoire d’être convaincante. Elle a eu des résultats spectaculaires avec ses deux garçons… Les éboueurs ont ramassé le sac pendant qu’elle rentrait dans la maison en leur faisant la morale !

Trucs improbables et astuces indignes - 159

Mamounet dit :

Fiston a donné sa suce au père Noël à l’âge de 2 ans 9 mois.

C’était bien sûr suite à ma suggestion puisque le père Noël irait remettre cette suce à des bébés très pauvres qui n’en avaient pas. Quelle ne fut pas ma surprise, en plein milieu du mois de janvier, de voir mon grand petit garçon faire toute une crise de colère et de larmes. Il était vraiment en beau maudit contre le père Noël. Pas un peu fâché… en beau maudit. Il était prêt à remettre tous ses cadeaux afin de pouvoir récupérer sa suce.

J’avais le cœur brisé. Par la suite, mon garçon n’a rien trouvé d’autre pour l’aider à se calmer avant de s’endormir que de mettre ses doigts dans son nez. Aujourd’hui il a 4 ans et le problème des doigts dans le nez persiste. À l’aide…

160 - Chroniques d’une mère indigne

Peluches maudites

Les aventures d’un toutou chantant

( 3 commentaires )

N os amis abitibiens sont Peluches maudites les heureux parents d’une • Les aventures d’un toutou charmante fillette et d’un toutou

chantant ( 3 )

animé. Vous savez, le type de Spiritu Toutou peluche qui se met à sautiller La destruction sera totale et à chanter lorsqu’on appuie Illustration : Confession éboueuse inconsidérément sur une partie

quelconque de son anatomie ? En

vente dans toutes les bonnes pharmacies avec prescription automatique d’antidépresseurs ?

Ce toutou-là, un chien vaguement labradorien vêtu d’un ciré jaune et tenant à la main un parapluie, était du genre à entonner Singing in the Rain à la moindre provocation. Il avait la voix avantageuse de Gene Kelly mais, ses batteries commen-

çant à avoir vécu leur vie, Pitou chantant parsemait sa mélodie de hululements angoissés. J’adorais cette créature et profitais de la moindre occasion pour aller lui serrer la pa-patte, déclen-chant ainsi son babil enchanteur.

Ce à quoi je n’avais pas pensé, c’est que nos hôtes, eux, détestaient le toutou. Et même, détester, le mot est faible.

Eux enfermés dans une salle de bain avec Pitou chantant, des ciseaux, un marteau et des allumettes, je vous garantis que l’animal n’en ressortirait pas autrement que par le trou de la cuvette.

Remarquez, j’aurais dû m’en douter, moi dont l’ennemi juré est un nounours sifflant et tambourinant pour lequel j’ai payé un prix d’or à Londres et qui prendrait, je le savais avant Peluches maudites - 161

même d’être passée à la caisse, trop de place dans les bagages.

À quoi imputer cet achat psychotique ? Avait-ce été la faute du fog londonien ? De l’abus de Fish & Chips ? Des deux ? Quoi qu’il en soit, Nounours tambourinant sévit à la maison depuis presque trois ans et c’est à peine si ses batteries montrent le début d’un fléchissement. Ça vous donne une idée du temps écoulé depuis que Pitou chantant, plus très fringant, avait commencé ses frasques. Immémorial.

Et moi qui lui serrais la patte. Et qui lui serrais encore la patte. Et une autre petite fois. Et encore. Et encore.

Et ce n’est pas tout. Que je te fredonne en chœur, de ma voix de fausset ravi, des « Toutoutoudoudou, toutoutoudou-dou, I’m siiiiiiinging in the rain, I’m SIIIIIIINNNNNGING IN

THE RAIN !… »

Jusqu’à ce qu’au milieu d’un souper, alors que j’avais envie d’une ambiance musicale et que tiens !, justement !, Pitou chantant était à portée de main, je surprenne le regard que s’échangèrent nos hôtes. Appelez-moi Gary Kurtz, mais leurs pensées me sont apparues claires comme de l’eau de roche :

« Coudonc, va-t-elle s’arrêter un jour, goddammit !? »

J’ai arrêté, jetant tout de même de temps à autre un regard languide vers la mélodieuse bête qui m’avait procuré tant de bonheur.

J’ai arrêté, mais quand même, lorsque nous sommes repartis, j’ai cru déceler davantage que la marque de l’hospitalité la plus sincère dans les au revoirs enthousiastes de nos amis.

J’ai senti, appelez-moi Gary Kurtz, comme un certain soulagement.

Sûrement mon imagination qui me jouait des tours.

162 - Chroniques d’une mère indigne

Commentaires ( 3 ) :

bibitte dit :

Dans le temps, j’avais acheté un « Furby » à Fille Aînée. Cette charmante bestiole semblait toujours réaliser de nuit que ses batteries étaient sur leur fin et, d’une voie nasillarde, elle nous énonçait : « Hummm ! Moi veut doooormir encore ! (bruit de ronflement). » On l’entendait même au fond de la salle de bain, sous un oreiller !

Catherine dit :

Parmi les cadeaux que ma délicieuse belle-mère a offerts à mon plus jeune fils, il y a eu ce désormais célèbre « Chien vivant », qui devait, si on se fie à l’emballage, comprendre quatre langues, oui madame, quatre langues, et obéir - en quatre langues - aux consignes « Marche ! » et « Assis ! »

Eh bien, c’était vraiment un vrai chien vivant : peu importe la langue, il faisait systématiquement le contraire de ce qu’on lui ordonnait.

Mieux encore : il se mettait à japper au moindre stimuli…

quand tout le monde dormait, au beau milieu de la nuit. Un vrai chien, je vous dis ! Heureusement, il avait un bouton on/off. Et ça, les vrais chiens n’en ont pas.

Cher Ami abitibien dit :

Ce n’est pas grave, Mère indigne.

Tiens, ça me fait réaliser : je n’ai pas entendu ladite chanson depuis votre départ. Aurais-tu discrètement subtilisé singing-toutou ? À moins que Charmante Fillette elle-même n’ait atteint son quota de « Singing in the… » ? Hmmm ! Serait-ce un antidote ? !

Quand reviens-tu ? On a aussi trois pianos en plastique et un Caillou chantant…

Peluches maudites - 163

Licence enqc-62-5026113-sg73071800 accordée le 14 avril 2011 à Archambault.ca 5026113

Spiritu Toutou

Peluches maudites

Les aventures d’un toutou

S aviez-vous, Mesdames et

Messieurs, que, pour une mo-

chantant ( 3 )

dique somme se situant quelque

• Spiritu Toutou

part entre vingt-cinq dollars et

La destruction sera totale

l’infini étoilé, votre enfant pouvait

Illustration : Confession éboueuse

vivre une expérience spirituelle

extraordinaire ? Et qui plus est, au

mont Tremblant ?

C’est facile. Une fois que vous avez fait trois tours de téléphérique et décrété que la file d’attente était vachement trop longue pour les trampolines/bungees, vous constaterez que le village Tremblant, reconstitution exacte d’une époque inconnue dans un style propre-propre, n’a plus rien à offrir à vous et à vos enfants affamés d’expériences profondes. Rien d’autre, en fait, que l’atelier Toutou.

Je vous avertis : n’allez pas à l’atelier Toutou si vos enfants sont inscrits en morale à l’école. Car en morale à l’école, vos enfants, ils ne font que des dessins. Je le sais, Fille Aînée a fait beaucoup de dessins cette année (et elle a appris qu’il ne faut pas marcher sur le gazon quand une pancarte l’interdit, ce qui est pas mal comme début moral dans notre ère dégénérée).

Or, à l’atelier Toutou, foin des dessins. Ce n’est pas assez

« Tremblant », un dessin, surtout s’il ne coûte rien. Non, à l’atelier Toutou, vos petits chéris vont créer un être spirituel.

Ils choisiront d’abord son enveloppe corporelle (Fille Aînée a jeté son dévolu sur un chien Husky, mais y’a aussi des lapins, des chatons, peut-être même des poules et des vers de 164 - Chroniques d’une mère indigne

terre, pour ce que j’en sais). Ensuite, ce sont vos propres enfants qui, en pesant avec émotion sur un piton magique, vont rembourrer leur toutou. Déjà, voyez que l’équation moi=Dieu n’est pas loin.

Mais bon, l’enveloppe corporelle et le rembourrage, ce n’est pas encore le souffle de vie. Le plus corsé reste à venir.

Car faut que vos déités respectives choisissent une âme pour insérer dans le dos de leur toutou (chacun sachant évidemment que le siège de l’âme des toutous est dans leur dos). Si votre bambin choisit une étoile bleue, son toutou sera heureux ; un cœur rouge, c’est l’amour qui caractérisera sa peluche ; et une étoile jaune lui garantira des amis pour la vie. (Père indigne se demande ce qu’en pensent les Juifs qui fréquentent l’endroit, mais ne nous laissons pas arrêter par de tels détails historiques !

On parle de l’âme d’un toutou, ici !)

Finalement, faut le baptiser. Je ne sais pas s’ils encouragent les enfants dans certaines directions, mais le Husky est revenu avec un nom assez ésotérique merci. Huisha ? Oyshi ? Quelque chose du genre – même Fille Aînée doit consulter son certificat de création (comme un certificat de naissance, mais en plus solennel) avant de jouer avec.

Enfin, tout ça pour dire que, si la religion est sortie des écoles, on sait où elle est rendue.

Moi, ce que j’aurais vraiment aimé, c’est me faire faire un toutou, n’importe quelle sorte, refuser de lui donner une âme et le baptiser Chuckie.

Mais rendue là, j’étais à court de modiques sommes.

Peluches maudites - 165

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La destruction sera totale

Peluches maudites

Les aventures d’un toutou

C ’est drôle, les enfants.

Ça fait des choses totalement

chantant ( 3 )

bizarres en croyant que c’est génial,

Spiritu Toutou

et ça fait des choses absolument

• La destruction sera totale

fantastiques en croyant que c’est

Illustration : Confession éboueuse

mal.L’autre jour, par exemple, ma

nièce de trois ans et demi, la fille

de Sœur indigne, s’était enfermée dans la salle de bain. Trois minutes passèrent dans un silence absolu. Puis vint cet avertissement au travers d’une porte close :

« Maman ! Quoi qu’il arrive, n’entre pas dans la salle de bain. »

(Oui, ma nièce de trois ans et demi utilise l’expression

« quoi qu’il arrive ». Elle est aussi friande du commentaire suivant : « Maman, sors de ma vie, ce n’est pas ta vie ! » Je n’étais pas au courant, mais il me semble maintenant évident qu’on diffuse des soaps pour enfants à la télé.) Sœur indigne médita profondément pendant un quart de seconde et parvint à la conclusion qu’il fallait agir, car Dieu sait ce qu’un enfant de trois ans et demi peut infliger à une cuvette de toilette avec des crayons marqueurs indélébiles.

« Chérie, est-ce que tu fais une bêtise ? »

« Oui. »

« Qu’est-ce que tu fais exactement ? »

« Je ne veux pas te le dire. »

166 - Chroniques d’une mère indigne

« Je ne te disputerai pas. Je veux juste être certaine que tu n’es pas en danger. » Ou que ma cuvette n’est pas passée du blanc de blanc aux psychédéliques sixties.

« Je découpe un toutou avec des ciseaux. »

« Ah ! Tu découpes un toutou ! Fallait le dire, ma chouette !

Attends, je t’en amène une vingtaine d’autres, tu sauras quoi faire de ton après-midi. »

Allons, j’avoue : Sœur indigne n’a pas répondu ça. Mais, entre vous et moi, ce n’est pas l’envie qui manquait. Car, comme chaque parent sait, à partir du cinquième toutou, tout toutou est un toutou de trop. (Sauf celui de l’atelier Toutou, qui possède quand même une âme.)

Pensez-y. Cinq toutous, c’est juste bien pour jouer à l’école.

Six toutous, c’est déjà la pagaille dans la cour de récré. Et ça ramasse la poussière. Et ça traîne partout.

Et surtout, ce n’est pas jetable.

C’est vrai : sitôt qu’un toutou est entré dans la maison, impossible de l’en faire sortir. « Est-ce que tu joues encore avec ce toutou ? », demandez-vous à votre chérubine d’amour en brandissant sous son nez un vieil ours pelé et moisi exhalant de suspicieux relents de fond de lit. Et Chérubine d’amour, même à douze ans, y va d’un « OUI ! » retentissant en vous arrachant la bête des mains comme on tirerait Gretel du four de l’immonde sorcière.

Alors quand Chérubine d’amour découpe un toutou, est-ce qu’on la dispute ? Non, mes chers amis. On la félicite avant de l’emmener faire la tournée des Dairy Queen.

Et quand on revient, l’estomac plein de crème glacée molle mais le cœur léger comme les tripes rembourrées de Bouboule gisant sur le carrelage de la salle de bain, qu’est-ce qu’on fait ?

Peluches maudites - 167

On profite du momentum, voilà ce qu’on fait. On offre un marteau à Chérubine et on l’enferme à nouveau dans la salle de bain, accompagnée cette fois de toutes ses figurines Kinder Surprise.

Puis, bercée par le doux son du plastique torturé sans relâche, on jubile.

Et enfin, saisie d’une inspiration subite, on se met soi-même à l’ouvrage. Avec les ciseaux et les slips troués de notre tendre moitié.

« Chéri, quoi qu’il arrive, n’entre pas dans la chambre… »

168 - Chroniques d’une mère indigne

Confession éboueuse

Peluches maudites - 169

Madame Bovary, c’est moi

Mère indigne va trop loin

Madame Bovary, c’est moi

• Mère indigne va trop loin

U n mardi après-midi de juillet.

Il fait beau ; il fait chaud.

Laval-sur-Dallas ( 3 )

Le soleil caresse de ses rayons

Jean-Louis XXX, 38 ans, terrorisé

mordorés la peau farineuse de

Mère indigne, qui se badigeonne

ainsi que ses enfants de FPS 45

malgré les risques hormonaux mais surtout gustatifs de la mixture. Peut-être même la foudre risque-t-elle davantage de s’abattre sur les personnes qui se tartinent avec du Ombrelle force maximum ? Who knows ? Who cares ?

C’est alors qu’arrive, au volant de sa Ford Matrique, Jean-Louis X. Pour les besoins de l’histoire, appelons-le Jean-Louis XXX.C’est le meilleur ami de Père indigne. De sexe masculin, comme son nom le suggère, professionnel, la trentaine jusqu’à nouvel ordre. Un gars propre de sa personne, qui sait se tenir (il a amené du vin blanc) et qui possède un certain sens de l’humour (il a offert une bande dessinée appelée Petit Vampire et la soupe au caca à Fille Aînée, le salaud). Et pour couronner le tout, je vous le donne en mille : un autre Belge.

Mais, pour Mère indigne, c’est aussi et surtout un adulte.

Un homme, qui plus est, qui vient briser l’isolement d’une mère coincée pour jouer aux devinettes quarante fois l’heure.

Un homme qui, par sa seule présence, pulvérise l’angoisse de la susmentionnée maman penchée au-dessus de la table à langer, trop souvent seule face à l’innommable.

170 - Chroniques d’une mère indigne

Bon, tout ce qu’il veut, Jean-Louis qui habite au centre-ville, c’est profiter de notre piscine, mais rien ni personne n’empêchera Mère indigne de n’y voir que du feu et de se rouler dans l’extase. C’est un adulte, bordel ! Un grand ! Qui va se mettre en maillot de bain !!!

Encore une chance que Mère indigne ait été occupée à faire la lessive des draps et à courir après Bébé qui découvre ces jours-ci les joies des escaliers, sinon, elle ne se posséderait plus.Mais bon, avec tout ça, il ne s’est rien passé.

La pression est trop horrible.

La culpabilité trop étouffante.

J’avoue.

J’ai cédé à la tentation. J.-L. and me, on a pris un apéro à trois heures. À trois heures ! Ça ne s’appelle pas sortir de l’enfer du quotidien, ça, messieurs-dames ?

Pire : Jean-Louis a pris soin de Bébé pendant que j’étendais les draps sur la corde à linge ! Pendant que j’allais aux toilettes ! Trop de confort, trop de liberté, flagellez-moi quelqu’un !!!

C’est là que Père indigne est arrivé. De bonne humeur.

Content de voir Jean-Louis assis sur la balancelle à côté de son épouse, Bébé debout entre nous tel un charmant chaperon (mais pas rouge, non – je l’avais bien crémée). Il ne se doutait de rien, Père indigne ; un reflet parfait de l’Innocence et de la Pureté.

C’est quand il est revenu de se mettre en maillot que ça a chauffé. « Dis-donc, Jean-Louis ! Tes vêtements et ceux de ma femme sur le lit, et les draps qui ont été lavés… Quelqu’un pourrait m’expliquer ? »

Madame Bovary, c’est moi - 171

Il a tonné, il a menacé. J’ai pleuré, j’ai supplié. Les voisins ont espionné.

Et Jean-Louis, le lâche, après une dernière saucette, il s’est sauvé.

Mais non, voyons ! On a tous rigolé ! Qu’est-ce que vous croyiez ? Deux Belges, des amis d’enfance ! Un couple qui tient la route depuis dix ans ! (Je parle de Père indigne et moi, là, pas d’eux deux – quoique, parfois, j’ai mes doutes.) Ça va prendre plus que des vêtements étrangers jetés au hasard du matelas conjugal pour déstabiliser Père indigne, que diable !

N’empêche que…

N’empêche que, du fond de mon bungalow, je rêve au prochain apéro.

À trois heures… Avec un grand…

Et c’est pourquoi je lance, direction 15 Sud, ce cri du cœur : Jean-Louis, grand fou, je sais que tu n’en as rien à faire de briser ma solitude ou de pulvériser mon angoisse. Que tu ne songes qu’à ma piscine. Mais c’est d’accord ! Peu m’importe ! Tu viens quand tu veux !

En autant que tu te souviennes qu’ici, c’est apportez votre vin.

172 - Chroniques d’une mère indigne

Laval-sur-Dallas

( 3 commentaires )

H ou, là là, les filles.

Madame Bovary, c’est moi

Vous ne me croirez jamais.

Mère indigne va trop loin

Jean-Louis XXX, sans doute • Laval-sur-Dallas ( 3 ) rendu fou par la crème solaire et Jean-Louis XXX, 38 ans, terrorisé l’air de la banlieue, m’a envoyé un

courriel qui me fait croire qu’il y aurait encore de la vie au bout du tunnel. Et quand il y a de la vie, qu’est-ce qu’il y a aussi, hein, mes chers amis lettrés jusqu’au bout de vos cheveux d’une douceur exceptionnelle au toucher et qui restent propres jusqu’à 48 heures après le champouin ?

Quand il y a de la vie, mes chers amis, il y a de l’espoir.

Chers lecteurs voyeuristes, je vous connais. Vous vous demandez sûrement quel peut bien être le contenu de ce message euphorisant. Or, vous aussi me connaissez : transparente jusqu’à la substantifique moelle. Voici donc, livré à vous tous (et surtout à vous toutes, petites coquines), le contenu du courriel, dans toute son entière intégralité.

> From : Jean-Louis XXX

> To : [email protected]

> Subject : Le retour de Jean-Louis XXX

> Date : Sun, 3 Sep 2006 15 :22 :18 -0400

>>Salut Mère indigne,

>Enfin libre comme l’aire de parking en face de chez moi !

Madame Bovary, c’est moi - 173

>Si le cœur t’en dit, voici un bureau que je vous offre et que je peux venir monter chez vous avec une bouteille de vin et des sushis (le bureau étant une excuse) :

>(Suit un très long lien vers un bureau IKEA dont par ailleurs nous n’avons absolument pas besoin, mais surtout, que ça ne t’empêche pas de venir le monter chez nous, Jean-Louis !)

>Je devrais être disponible toute la semaine, donne-moi tes préférences.

>Et aussi, pour me faire pardonner, je fais don de mon corps pour créer un bel épisode pour ton blogue. Je suis même prêt à me faire photographier.

>Si tu as un scénario d’épisode, je suis partant. Quelques suggestions :

>1- Jean-Louis XXX fait du bricolage (monter le bureau).

>2- Jean-Louis XXX lave sa voiture (si je peux utiliser votre tuyau d’arrosage).

>3- Jean-Louis XXX s’amuse avec Mère indigne pendant que Père indigne joue au simulateur de vol au bureau.

>4- Jean-Louis XXX ne veut pas faire la vaisselle.

>5- Jean-Louis XXX porte les bobettes que sa mère lui envoie à la Noël.

>>>XXX,

>Jean-Louis

Incroyable, n’est-ce pas, les filles ? La vie de Mère indigne prend les allures d’un feuilleton américain : beau, romantique, invraisemblable et interminable !

Mais fi des Dynastie et autres Yin, Young and Yestless. Ne sommes-nous pas plutôt à l’ère de Loft Story et Star Académie ?

Soyons à la mode, ne faisons ni une ni deux et profitons nous 174 - Chroniques d’une mère indigne

Licence enqc-62-5026113-sg73071800 accordée le 14 avril 2011 à Archambault.ca 5026113

aussi des opportunités offertes par notre univers dégénéré : PASSONS AU VOTE. Laquelle des cinq situations mettant en scène Jean-Louis XXX et Mère indigne voudriez-vous voir immortalisée sur pixels et subséquemment postée ici, afin d’en faire un beau laminage qui agrémentera les murs de votre bureau ? (Si vous êtes dentiste ou massothérapeute, on impri-mera même une pensée inspirante au bas de la photo.) Commentaires ( 3 ) :

Mat l’intellex dit :

On peut pousser jusqu’à « Jean-Louis XXX porte les bobettes DE sa mère » ?

Dodinette dit :

Jean-Louis nettoie le simulateur de vol de Père indigne pendant que Mère indigne monte le bureau, habillée des bobettes de la mère de Jean-Louis.

Une fois tout ça terminé, vous faites tous la vaisselle ensemble (et plus si affinités) avec le tuyau d’arrosage des Indigne.

Natcho dit :

Vous ne l’avez pas pantoute, les filles !

Définitivement, Jean-Louis en train de monter son meuble IKEA. Je veux des preuves !

Ça lui prendra un temps fou, il transpirera, mais son orgueil nous poussera à prouver qu’un gars est capable de monter un *&/%$# de meuble en kit sans son père, ni sa mère, encore moins ses bobettes !!!

Madame Bovary, c’est moi - 175

Jean-Louis XXX, 38 ans, terrorisé

Madame Bovary, c’est moi

Mère indigne va trop loin

N e me parlez plus de Jean-Louis

XXX. Plus un mot sur celui

Laval-sur-Dallas ( 3 )

qui, il n’y a pas si longtemps, avait

• Jean-Louis XXX, 38 ans, terrorisé

amadoué Mère indigne avec une

bouteille de blanc et un corps tout

aussi blanc exposé au soleil brûlant

de la cour arrière, avec pour seule barrière à nos vertus respectives un maillot noir judicieusement ajusté sur les parties intéressantes. (Tous les maillots sont comme ça, je sais, mais j’avais envie d’emphatiser.)

Je ne veux plus rien savoir de Jean-Louis, qui devait venir monter un meuble IKEA mercredi.

Car Jean-Louis, il a eu peur. Que dis-je, il a été terrorisé.

Jean-Louis, il n’est pas venu, mercredi.

Et quand il s’est finalement pointé, Jean-Louis, il a fait exprès que Père indigne soit là. Bon, Père indigne est son meilleur ami et ils sont tous les deux en vacances. Et alors, qu’est-ce que ça change ?

Pire, Jean-Louis n’a même pas apporté de sauvignon, croyant probablement que c’est le 13 % de la mixture qui me rend indigne. Alors que toute personne un tant soit peu sensée sait qu’en réalité je suis une sainte (j’ai été au Dairy Queen avec Eugénie, bordel).

Et, oserais-je vous le dire sans risquer que me colle à tout jamais à la peau l’image d’une pauvre femme lésée et abandonnée ? Imaginez-vous donc qu’ils ont folâtré à deux dans la piscine pendant que je m’occupais des enfants. Et que 176 - Chroniques d’une mère indigne

je t’envoie le ballon, et que je t’asperge joyeusement, et que je fume une clope pendant que tu me racontes ta semaine au boulot… Les salauds.

Mais tout ça, en fait, ce n’est rien. Car pour enfoncer le clou, pour être certain que je comprenne bien son cruel message de rejet, vous savez ce qu’il a fait, Jean-Louis ? Dans la piscine, il a essayé d’enlever le maillot à Père indigne.

Jean-Louis, cette fois, tu es allé trop loin. Pas d’excuses, pas de parade futile ou de suppliques hypocrites. Tout est fini entre nous.

Ou alors, la prochaine fois, tu te ramènes avec une maudite bonne bouteille.

Madame Bovary, c’est moi - 177

Les amours au temps de la cour de récré

Comment transmettre nos valeurs en 6 étapes faciles Les amours au temps

de la cour de récré

E xpérimentatrice :

Mère indigne

• Comment transmettre des

Sujet de l’expérimentation :

valeurs en 6 étapes faciles

Fille Aînée

Fourmidable et les habiletés de base

Mission : Implanter dans le

L’art de rester calme. À tout prix.

cerveau du sujet les valeurs qui

Cour de récré Story ( 1 )

comptent le plus dans la vie, c’est-

(Bref) miracle

à-dire celles de l’expérimentatrice.

Thème : L’honnêteté dans

les relations homme-femme (ou homme-homme ou femme-femme, c’est comme vous voulez, mais Fille Aînée possède depuis déjà belle lurette une certaine prédisposition à la con-formité dans ce domaine.)

1re étape : L’ÉCOUTE

— Maman, tu sais pas quoi ? Pascal m’a dit qu’il m’aimait.

— Ah oui ? Comment ça s’est passé ?

— À la première récré, il m’a dit : « Je ne te l’ai jamais dit, mais je te trouve belle. » À la deuxième récré, il m’a dit : « Je t’aime. »

(Hé bien. Même à six ans, on connaît ses classiques.)

— Et toi, tu l’aimes ?

— Euh, c’est un très, très bon ami, mais je ne l’aime pas vraiment.

(Et même à six ans, on connaîtra déjà les affres de l’éternel ami. Du moins c’est ce que l’expérimentatrice croyait, car…)

— Il devait être bien déçu quand tu lui as dit ça.

178 - Chroniques d’une mère indigne

— Euh… je ne voulais pas lui faire de peine alors je lui ai dit que moi aussi je l’aimais.

2e étape : LA DÉTECTION DU PROBLÈME

— Je vois.

3e étape : L’ENDOCTRINEMENT

— Tu sais, c’est peut-être préférable de dire la vérité à Pascal, qu’il n’est qu’un bon ami pour toi.

— Mais ça lui ferait de la peine !

— Oui, mais c’est souvent mieux de dire la vérité, même si ça fait de la peine aux gens. Pascal préférerait certainement que tu lui dises la vérité plutôt que de faire semblant de l’aimer.

— Mais ça lui ferait de la peine !

— Oui, mais l’amour, c’est très important dans la vie des gens. On veut se faire aimer pour vrai, pas pour faire semblant.

C’est vraiment un sujet où c’est préférable de dire la vérité.

— Mais ça lui ferait de la peine !

— Oui, mais c’est mieux que de mentir au sujet de l’amour !

Imagine si c’était toi qui aimais Pascal, et que lui ne t’aimait pas. Préférerais-tu qu’il te dise la vérité ou bien un mensonge ?

— Euh, j’aimerais mieux qu’il me dise qu’il m’aime.

4e étape : LE CONSTAT D’ÉCHEC

— Je vois.

5e étape : LA DERNIÈRE TENTATIVE PATHÉTIQUE

— Bon, écoute, quand tu seras ado et adulte tu comprendras que c’est mieux de dire la vérité au sujet de nos sentiments.

Les amours au temps de la cour de récré - 179

— (Le sujet joue avec ses lacets et répond distraitement :) Huhumm.

6e étape : LA DÉMISSION

— Écoute, pourquoi on ne va pas jouer dehors ? Il fait tellement beau !

— Ouiiiiiiiii !

— Et viens donc me faire un gros câlin avant !

— Ouiiiiiiiiii !

Ce soir-là, alors que je bordais Fille Aînée, elle m’a dit : « Tu vas rire, Maman, mais est-ce que tu veux te marier avec moi ?

C’est parce que j’aimerais rester avec toi toute la vie. »

L’expérimentatrice en moi a alors compris que, de toutes les étapes et malgré l’échec apparent, c’est probablement le câlin qui est le plus important.

180 - Chroniques d’une mère indigne

Fourmidable et les habiletés de base

C onnaissez-vous Fourmidable ? Les amours au temps C’est une fourmi à l’allure un

de la cour de récré

tantinet cauchemardesque qui se Comment transmettre des valeurs balade dans les classes primaires

en 6 étapes faciles

de la province pour aider à incul- • Fourmidable et les habiletés quer confiance et estime de soi

de base

aux petits Québécois. En gros, elle L’art de rester calme. À tout prix.

leur ment effrontément en leur Cour de récré Story ( 1 ) affirmant que scander « je fais des (Bref) miracle efforts, j’essaie, j’essaie encore ! » et

« je persévère, je ne lâche pas ! » leur assurera la réussite dans tous leurs projets. J’espère au moins qu’au secondaire ils auront un homme-sangsue pour leur expliquer le système plogue.

Environ une fois par trois semaines, Fille Aînée ramène à la maison un devoir concernant Fourmidable. La semaine dernière me réservait une belle surprise.

Fille Aînée — Maman, devine c’est quoi, le devoir, ce soir ?

Mère indigne, paniquée — Mais on est vendredi ! Y’a pas de devoirs, d’habitude, le vendredi !

Oui, les parents y tiennent, à leur vendredi de congé. Et il n’y a pas de honte à ça.

Fille Aînée — C’est vrai, sauf quand c’est Fourmidable. Tu sais, Maman, « je fais des efforts, j’essaie, j’essaie encore ! » ? « Je persévère, je ne lâche pas ! » ?

Mère indigne — Ouais, je sais. Bon, sors ton cahier alors.

Fille Aînée — Chais pas y’est où.

Mère indigne — Ton sac est dans l’entrée. Va le chercher.

Les amours au temps de la cour de récré - 181

Fille Aînée — Peux-tu y aller ? Je suis fatiguéééée…

Mère indigne — « Je fais des efforts, j’essaie, j’essaie encore ! »

Fille Aînée — Hum. (Se traîne pour un aller-retour qui semble lui faire très, très mal aux dents vu la façon dont elle gémit. Finalement…) Tiens.

Mère indigne — Bon. « Je décris une situation où j’ai dû faire beaucoup d’efforts et persévérer pour devenir bon/bonne.

Je demande à mes parents de la noter dans mon cahier. » Peux-tu penser à une activité où tu as dû beaucoup te pratiquer avant de devenir bonne ?

(Petite parenthèse pour dire que Père indigne et moi, nous avons eu trop souvent tendance à habituer Fille Aînée à avoir un peu trop tout, tout cuit dans le bec. Alors je me suis mordu la langue et ai retenu les suggestions qui me venaient spontanément à l’esprit : attacher tes lacets, faire du vélo à deux roues…)

Fille Aînée — Je sais !

Mère indigne — Excellent ! Vas-y, je note.

Fille Aînée — Courir après les garçons.

Mère indigne — ???

Fille Aînée sourit candidement.

Mère indigne — Heu, que penses-tu d’attacher tes lacets, faire du vélo à deux roues ?

Fille Aînée — Non, non. Courir après les garçons, ça va. Il a fallu que je me pratique pour courir très, très vite et comprendre leurs façons de m’éviter, hein ?

Mère indigne — Bon, on va mettre « attacher mes lacets ».

182 - Chroniques d’une mère indigne

L’art de rester calme. À tout prix.

M étier : parent. Attitude la plus Les amours au temps utile : l’impassibilité totale.

de la cour de récré

Fille Aînée — Maman, Comment transmettre des valeurs aujourd’hui, j’ai relevé un défi que

en 6 étapes faciles

je m’étais lancée. Un défi énorme !

Fourmidable et les habiletés de base

Vous — Vraiment ? Lequel ?

• L’art de rester calme.

Fille Aînée — J’ai envoyé un

À tout prix.

bisou à Mathieu avant d’entrer Cour de récré Story ( 1 ) dans la classe ! Et tu sais quoi ? Il (Bref) miracle m’a souri !!!

Vous voulez saisir Mathieu par le collet et lui dire de se tenir loin de votre fille, lui et sa tête pleine de poux ( ?). Peut-

être même lui offrir deux-trois piastres pour aller jouer dans le trafic. Vous voulez dire à votre fille d’arrêter de jouer à la femme fatale et de se concentrer sur ses devoirs. Mais vous restez im-pas-si-ble. L’important, si vous voulez continuer à accumuler l’information, est de ne pas effrayer sa source. Alors vous continuez de vider le lave-vaisselle d’un air détaché en répondant que « Hum, oui, c’est tout un défi que tu as relevé là. » Fille Aînée — Mon prochain défi, attends, je vais te le dire dans l’oreille, c’est… d’embrasser Mathieu sur la joue. Mais ça, heille, fiou, ça sera pas avant la 6e année ! Au moins ! Ouf !

Vous vous assoyez sur votre rire et, toujours impassible, décrétez qu’effectivement « la 6e année me paraît être un excellent moment pour embrasser un garçon sur les joues ».

Les amours au temps de la cour de récré - 183

Fille Aînée — Tu sais Maman, Sophie, elle a dit à Mathieu que je voulais faire le sexe avec lui.

Vous pensez : Sophie, petite saleté, tu es dorénavant sur la liste noire des fêtes d’anniversaire. Mais vous restez im-pas-sible. Fille Aînée — J’ai vite été dire à Mathieu que ce qu’elle lui avait dit, Sophie, c’était pas vrai ! Mais ensuite j’ai été dire à Sophie de dire à Mathieu que je voulais l’embrasser et, ensuite, j’ai été dire à Mathieu que ce que Sophie lui avait dit, là, c’était vrai. La dernière chose, là. Que je voulais l’embrasser.

Pas difficile de rester impassible puisque vous savez déjà qu’embrasser, c’est sur la joue et c’est dans quatre ans. Pas de stress, mais là, pas pantoute.

Vous — Mais, je suis curieuse, c’est quoi, au juste, faire le sexe ?Fille Aînée — Euh, c’est des affaires, là… C’est s’embrasser, mais sur la bouche.

Vous, quittant pour un instant votre masque de cire et haussant les sourcils — Oh !

Fille Aînée — Et d’autres choses aussi, des affaires dégueulasses, que Papa et toi vous ne faites jamais. Attends, je vais te le dire dans l’oreille… c’est s’embrasser sur la bouche tout nus dans un lit pendant des heures et des heures. Dis-le à Papa, toi.

Moi je suis trop gênée.

Suite de quoi, Père indigne a pu affirmer en toute honnê-

teté que « c’est vrai, ça, on ne le fait jamais ».

Vous, vous ne riez pas. Vous ne pleurez pas non plus. Vous restez im-pas-si-ble. Pas question de donner des idées à votre progéniture.

Ah, oui. Tout ça, ça a duré environ cinq minutes. Imaginez une semaine.

184 - Chroniques d’une mère indigne

Cour de récré Story

( 1 commentaire )

C ’était un mercredi soir ordi- Les amours au temps naire. Aucun loup n’hurlait

de la cour de récré

à la lune. Aucun orage n’était venu Comment transmettre des valeurs éclairer le ciel de ses sinistres et en 6 étapes faciles

malveillants éclairs.

Fourmidable et les habiletés de base

Je coupais mes légumes L’art de rester calme. À tout prix.

pour concocter une bonne soupe • Cour de récré Story ( 1 ) réconfortante et vachement simple (Bref) miracle à préparer, spécial mère-qui-n’en-peut-plus-de-faire-le-souper. Une soirée ordinaire, donc.

Aucun signe précurseur de la malédiction qui allait s’abattre sur moi.

J’en étais aux carottes quand Fille Aînée est rentrée de l’école.

Mère indigne — Il pleut, il pleut bergèreuh…

(Tchac-tchac-tchac-tchac-tchac.)

Fille Aînée, les joues rouges d’émotion — Maman ! Tu sais à quoi j’ai joué aujourd’hui dans la cour de récré ?

Mère indigne — Non, ma chérie, à quoi donc ?

(Tchac-tchac-tchac-tchac-tchac.)

Fille Aînée — À la tag bisou !

Mère indigne — À la tag bisou ?

(TCHAC !)

Fille Aînée — Mais oui, on courait après les garçons et, quand on les attrapait, on leur donnait un bisou.

Les amours au temps de la cour de récré - 185

Mère indigne, lançant à la volée les carottes dans la casse-role — Qui… que… mais… je croyais qu’à l’école on n’avait pas le droit de se donner de bisous ?

Fille Aînée — Pas sur la bouche.

Mère indigne, très inquiète, empoignant un poireau — Alors où ? Fille Aînée — Ben voyons. Sur la joue.

Mère indigne — Et… tu as donné des bisous à quels gar-

çons ?Fille Aînée, le sourire aux lèvres — Hum… Pas mal à tous les garçons…

Mère indigne — Ah, oui. Ah, bon. Ah, tiens. Eh bien, tu parles.

TCHA-TCHAC ! Tiens le poireau, plus de tête. Plus de corps. Souffre, le poireau, et meurs. Et tacatacatactac, maudit brocoli sale.

Fille Aînée — Ça te dérange ?

Mère indigne — Euh, bien, faudrait qu’on en parle avec ton p…

Fille Aînée — Ah, non, j’veux dire : ça te dérange si je te prends un bout de brocoli ?

Mère indigne — Ah, oui. Euh, non. Et, euh, tu sais, la tag-bisou, va falloir arrêter, ça pourrait te faire attraper des poux.

Fille Aînée m’a regardée l’air de dire : Y a-t-il une limite à tant de mauvaise foi ? Réponse : Non.

Plus tard :

Père indigne — Cette tag-bisou, qui a eu l’idée ?

Fille Aînée — Euh, attends, je réfléchis… C’est moi !

186 - Chroniques d’une mère indigne

Père indigne, outré — C’est toi ? Mais comment ça mar-chait ? Tu donnais un bisou et, ensuite, le garçon courait après les filles ?

Fille Aînée — Non, non. C’est juste les filles qui couraient après les gars et, quand on en avait attrapé un, on repartait après un autre.

Père indigne — Chérie, il te reste des légumes à extermin…

je veux dire à couper ?

Encore plus tard :

Mère indigne — Ta nièce joue à tag-bisou dans la cour de récré.Sœur indigne — Au moins, ce n’est pas la tag-bizoune.

Mère indigne — Seigneur. Quel réconfort. Merci.

Commentaire ( 1 ) :

Lili dit :

Ouh là ! Je stresse : ma crevette n’a que 3 mois… Je n’avais pas envisagé tout ça !

Moi qui croyais que le plus dur à gérer c’était les couches-surprises qui débordent (de préférence quand vous êtes en visite chez la belle-maman), ou les 18 nuits d’affilée en faisant des micro-siestes de 12 minutes 33…

Je commence déjà à prendre des notes : 1) acheter un hachoir.

Les amours au temps de la cour de récré - 187

(Bref) miracle

Les amours au temps

de la cour de récré

U n miracle est arrivé.

Oui, oui. Un vrai de vrai.

Comment transmettre des valeurs

J’étais en train de couper les lé-

en 6 étapes faciles

gumes pour concocter une bonne

Fourmidable et les habiletés de base

soupe réconfortante, etc., quand

L’art de rester calme. À tout prix.

Fille Aînée est rentrée de l’école.

Cour de récré Story ( 1 )

Mère indigne — J’vais à l’étable

• (Bref) miracle

pour tirer ma vache… pas capable

de tirer ma vache…

(Tchac-tchac-tchac-tchac…)

Fille Aînée — Maman, maman ! Tu sais pas quoi ?

Mère indigne — Non, quoi ?

(Tchac-tchac-tchac-tchac…)

Fille Aînée — Y’a Jérémie, au dîner, qui m’a envoyé un petit mot qui disait qu’il m’aimait !

(TCHAC !)

Mère indigne — Encore un qui t’aime ? Coudonc, leur as-tu fait boire de la magique potion ?

Fille Aînée — Ben non… En tout cas, Jérémie, il m’a demandé si je l’aimais aussi, alors je lui ai écrit « oui. » Mais ensuite je lui ai dit que j’aurais dû mettre un point d’interrogation après le « oui », à la place du point, parce que je n’étais pas sûre.

Mère indigne — Et… il a compris ?

Fille Aînée — Ch’sais pas. En tout cas, il m’a fait ça.

(Suit une reconstitution de la scène lors de laquelle Jérémie s’est donné lui-même un bisou sur l’index et le majeur et a porté 188 - Chroniques d’une mère indigne

ces deux doigts dorénavant animés d’un amour surnaturel à son cœur. Yo.)

Mère indigne — Waouwe.

Fille Aînée — Alors finalement, je pense que je l’aime.

Peut-être qu’il va vouloir jouer à la tag-bisou. Puis on va probablement se marier.

(Les petits pois, on n’est pas obligé de les couper, hein ? On les coupe quand même. Avec fougue.)

Mère indigne, vieille adulte aigrie qui ne comprend plus rien aux joies des jeunes amours — Tu sais, pour le mariage, tu as le temps de changer d’idée.

Le visage de Fille Aînée s’éclaire :

— Justement ! Je voulais te dire. Tu te souviens au début de l’année quand j’ai dit : « Aaaaaaaaah, Mathieu, je veux me marier avec lui, je suis sûre qu’on va être ensemble au moins jusqu’en sixième année » et que toi tu m’as dit : « Tu as le temps de changer d’idée » et que moi je t’ai dit : « Non, non, Maman !

Jamais je ne changerai d’idée » ?

Mère indigne — Oui, je me souviens…

Fille Aînée — Eh bien, t’avais raison ! J’ai changé d’idée !

Alors là, la patate m’est tombée des mains. BINGO ! Vous le voyez vous aussi de vos yeux vu, n’est-ce pas ? Le miracle ?

Ma fille me disait, à moi, sa mère, que j’avais eu raison en ce qui concernait sa vie sentimentale ! Sérieusement, je pense que je n’ai encore jamais dit à ma propre mère qu’elle avait eu raison dans ce domaine-là. Lalalalalè-reuh ! 1-0 pour moi, Mamie !

J’ai failli tout arrêter pour la soupe. Faire souffrir de pauvres légumes alors que l’atmosphère était à la liesse… Pourquoi ne pas plutôt fêter ça en allant à l’épicerie chercher un bon poulet rôti que d’autres auraient massacré avant moi ?

Les amours au temps de la cour de récré - 189

Mais, avant tout, je devais tenter de profiter de ce moment de faiblesse de Fille Aînée pour enfoncer le clou encore davantage.Mère indigne — Tu vois ce que ça signifie, ma chérie. Ça veut dire que, pour Jérémie aussi, tu as le temps de changer d’avis.

Fille Aînée — Ah non ! Pas question ! Pour lui, je ne changerai jamais d’idée !

Allez, hop, les haricots ! Au bistouri !

Parfois on gagne, parfois on perd, mais je prédis quand même l’avènement d’un autre miracle d’ici quelques semaines.

Et je prédis également que dans la soupe, cet hiver, les morceaux de légumes vont être petits en sivouplaît.

190 - Chroniques d’une mère indigne

Les pères

Mère indigne se met les mères à dos…

( 2 commentaires )

J e ne sais pas pour vous, mais Les pères moi, personnellement, je suis • Mère indigne se met les mères super sexiste.

à dos... ( 2 )

Non, mais c’est vrai. Par ... et les pères aussi ( 4 ) exemple, je trouve que les femmes Mère indigne sauve son couple sont beaucoup plus belles que les Père indigne prend l’initiative hommes. Vous n’êtes pas d’accord ? Mère indigne change de combat (et Pourtant, je parie que vous n’avez

de chemise de nuit) ( 2 )

jamais entendu quelqu’un s’ex- La ligne Info-Père indigne, pour en clamer : « Oh, comme cet homme

savoir vraiment trop sur les choses

de la vie

est belle ! » Alors voilà : les femmes Un récepteur à la réception ( 3 ) sont plus belles que les hommes.

C’est comme les dames aux

cheveux longs et blonds avec des mèches cendrées : mon expé-

rience m’a démontré qu’elles sont de vrais dangers publics au volant de leur V.U.S. Elles conduisent d’ailleurs beaucoup plus mal que les monsieurs aux cheveux longs et blonds avec des mèches cendrées. Pour tout dire, je n’ai jamais vu un monsieur aux cheveux longs et blonds avec des mèches cendrées mal conduire un V.U.S.

C.Q.F.D.

(Une excellente raison d’être sexiste : c’est tellement facile.

Il faut simplement analyser les choses sous le bon angle.) Bref, je suis sexiste.

Et quand elle a des enfants, une personne sexiste comme moi acquiert plusieurs excellents motifs de sexisterie envers les hommes.

Les pères - 191

Parlons franchement : quelle bande d’irresponsables qui ne pensent qu’à s’amuser ! Et c’est très facile de s’en convaincre. Il n’y a qu’à comparer la manière dont les femmes et les hommes agissent lorsqu’il s’agit d’organiser une sortie avec Bébé.

Maman, fiable et responsable, pense tout d’abord à la possibilité que son rejeton ait faim ou soif. Déjà, de graves problèmes se posent. Admettons que Bébé boive encore du lait tiède au biberon. Comment s’assurer qu’une fois au parc le lait sera à la bonne température ? Maman songe à conserver le lait dans un thermos. Mais elle sait que, le temps passant, d’horribles bactéries se formeront et contamineront le lait tiède que Bébé, innocent, boira jusqu’à la lie pour finir sa brève existence aux prises avec des coliques atroces. Non, décidément, pas de thermos. Offrir du lait froid à Bébé ? Mais Bébé ne boit jamais de lait froid ! L’ombre des coliques revient hanter Maman, qui décide alors d’empaqueter plutôt de la nourriture.

Mais quelle nourriture ? Des raisins ? Faut les couper en quatre avant, c’est bien connu. Le temps qu’on le fasse avant de partir, il sera l’heure de la sieste de Bébé. Quant à les couper en quatre au parc, Maman n’y songe même pas. Jouer du couteau pendant que Bébé se promène en liberté à la merci des bêtes sauvages (écureuils, criquets, mouches) serait totalement contraire à ses prudentes habitudes. Devant l’impasse, Maman décide de simplement se couper les cheveux en quatre.

Autre problème : Bébé peut décider de faire la sieste au parc. Horreur ! S’il s’endort dans la voiture avant d’arriver, on devra le déposer dans sa poussette en arrivant, l’éveillant du même coup et le privant d’un sommeil réparateur dont il a absolument besoin pour devenir un adulte sain et pas trop névrosé. Mais s’il s’endort au parc, dans la poussette, il faudra à un moment ou à un autre le remettre dans son siège d’auto…

192 - Chroniques d’une mère indigne

Cercle vicieux ! « Mais, me direz-vous, peut-être aura-t-on de la chance ? Peut-être Bébé ne dormira-t-il pas au parc ? » Vous appelez cela de la chance !? S’il saute une sieste, le cycle de Bébé sera bouleversé pour les dix-huit prochains mois, et qui va payer pour ça, hmmm ? Encore une fois, le destin ricane à la face de Maman.

Et tout ça, mes amis, c’est sans compter un autre élément crucial : le confort de Bébé. Fait-il chaud, fait-il froid ? Fera-t-il chaud ou froid dans les prochaines heures ? Maman ausculte le ciel, d’un bleu d’azur, et les arbres, dont les feuilles remuent à peine. Peut-être qu’assurer le bien-être de son rejeton ne sera-t-il pas si compliqué aujourd’hui. Quoique… Il semble bien que dans l’horizon lointain, à environ 347,5 kilomètres du parc, de gros nuages se profilent. Mauvais, très mauvais ! Un orage meurtrier surprendra les promeneurs inconscients, c’est couru d’avance !

Alors la mère, fiable et responsable, décide que tout cela est de bien mauvais augure et reste confinée à la maison avec son petit. Elle profite de son après-midi pour se creuser un bunker bétonné dans lequel elle et son poussin seront à l’abri de toutes les intempéries. Grâce à une connexion Internet quadruple vitesse, ils pourront commander et se faire amener les provisions qu’un livreur approuvé par la GRC déposera dé-

licatement entre les deux épaisses portes du sas d’évacuation.

Ils se feront une belle petite vie. Grâce à la maman fiable et responsable, ils seront en sécurité.

Alors que, vous savez de quoi je parle, Mesdames, si c’est le père qui prépare une sortie, ce sera le bordel in-té-gral !

D’abord, le lait chaud ou froid, Papa s’en soucie comme un poisson d’une pomme. (Ça vient de Proust, cette expression, quelque part dans À l’ombre des jeunes filles en fleurs. Vous ne Les pères - 193

me croyez pas ? Lisez-le.) Papa, lui, il met du lait dans un bib’

en se foutant carrément de la température et des bactéries. Un fou dangereux.

Il amène aussi des raisins, oh que oui, mais il les coupe seulement en deux. Pire encore, il les coupe en deux avec ses propres dents ! Fait vécu. Je sanglote encore rien que d’y penser.

Songe-t-il à la possibilité que Bébé fasse une sieste ? « Une sieste ?, vous répondra-t-il. C’est quoi, une sieste ? Ah oui, c’est quand Bébé ferme ses ‘ti-queneuilles pis qu’on l’entend pu pendant un ‘ti-boutte ? Quoi le rapport avec une sortie au parc ? » Vous aurez compris que, pour Papa, « le cycle de Bébé » est une bizarre expression en langue étrangère dont la signification peut bien rester inconnue, on a d’autres chats à fouetter, comme par exemple quitter cette maison de fous et aller prendre l’air.

Et Papa part, Bébé sous le bras, en sifflotant de jolis airs appris lors de son initiation universitaire. Bébé porte un pantalon trop court et un chandail trop chaud, les deux dans des couleurs qui se disent merde l’une à l’autre. Et non, Papa n’est pas daltonien.

En rafale, Maman note également que le chapeau du petit ne couvre qu’une seule de ses oreilles, qu’il porte deux souliers gauches et qu’il a le bec tout sale. Malgré tout, il rigole, l’inconscient.

Maman distribue les au-revoirs en priant pour que la mort les épargne, malgré les noires probabilités.

Mais quand Papa et Poussin sont de retour trois heures plus tard, ils sont tous les deux en pleine forme. Bébé a bu tout son lait froid et, miracle !, ne s’est pas étouffé avec les raisins.

Il a perdu son chapeau mais n’a même pas la décence d’avoir 194 - Chroniques d’une mère indigne

un tout petit peu l’air enrhumé. Il n’a pas dormi, mais il rigole encore.

Maman, furieuse, arrache Bébé des bras du père et court jusqu’à la table à langer. C’est bien ce qu’elle croyait : l’être irresponsable avec lequel elle a eu la folie de procréer n’a pas changé la couche du petit une seule fois pendant la promenade !

Maudits, maudits hommes.

Commentaires ( 2 ) :

Michèle dit :

Excellent… Faire une course avec un bébé, c’est une expédition.

Il faut qu’il soit beau, car les mamies se penchent sur la poussette, il faut avoir tous les rechanges nécessaires, en cas de débordements, sans oublier suce, couverture (dans les centres commerciaux, on se les gèle) et jouets. On transporte la grosse poussette, au cas où bébé voudrait dormir aussi, celle qui est lourde et dure à plier. Papa, lui, prend son paquet sous le bras, les cheveux en bataille, pieds nus, la moustache de jus de raisin, le chandail plus que douteux, et va chercher, en moins de 20

minutes, les vis ou les clous qui lui manquent au Canadian Tire.

mamounia dit :

Oh là là, d’après ta description, je suis un papa tout craché !

Zut, va falloir le dire aux enfants et à l’autre papa maintenant…

Quoique, autant qu’ils continuent à croire qu’ils ont une vraie maman, surtout qu’ils ne sont plus aux couches et aux biberons maintenant et qu’ils sortent tout seuls (d’ailleurs, chose surprenante, cela prend plus longtemps à mes filles à se à se préparer à sortir que lorsque c’est moi qui les préparais à sortir…).

Les pères - 195

… et les pères aussi

( 4 commentaires )

Les pères

Mère indigne se met les mères à

O n a beau dire, les hommes, ils

en ont fait du chemin depuis

dos... ( 2 )

dix mille ans. Que dis-je, ils ont

• ... et les pères aussi ( 4 )

plus évolué en quarante ans que

Mère indigne sauve son couple

depuis les balbutiements de l’hu-

Père indigne prend l’initiative

manité ! Un exemple ?

Mère indigne change de combat (et

Le père des années 1970,

de chemise de nuit) ( 2 )

assis dans la voiture — Coudonc,

La ligne Info-Père indigne, pour en

Chérie, ça fait dix minutes que je

savoir vraiment trop sur les choses

de la vie

t’attends. On part, oui ou non ?

Un récepteur à la réception ( 3 )

La mère des années 1970,

courant partout — J’arrive, j’arrive,

il faut que je prépare le sac à cou-

ches, que j’habille les enfants, que j’appelle la gardienne pour lui dire qu’on s’en vient et que je prépare ton sac de bowling.

Le père des années 1970, qui reste assis dans la voiture — Coudonc, c’est ben long ! On part, oui ou non ?

Scandaleux, n’est-ce pas ? Comparez avec la coopération fantastique d’un mâle reproducteur et reproduit des années 2000 :La mère — Pendant que j’habille les enfants, peux-tu préparer le sac à couches, chéri, s’il te plaît ?

Le père — Bien sûr, mon lapin ! Qu’est-ce qu’il faut mettre dedans ?

La mère — Les couches.

Le père — O.K.

La mère — Les débarbouillettes.

196 - Chroniques d’une mère indigne

Le père — O.K.

La mère — Les vêtements de rechange.

Le père — O.K.

La mère — C’est-à-dire un pantalon, un chandail, une chemisette, des chaussettes, un pyjama.

Le père — O.K.

La mère — Les médicaments.

Le père — O.K.

La mère — Une tétine.

Le père — O.K.

La mère — Et un biberon.

Le père — O.K.

La mère — La crème à fesses.

Le père — O.K.

La mère — Quelques jouets ?

Le père — O.K…

La mère — Tu vois lesquels ?

Le père — Je pense que oui…

Vous avez vu ? C’est merveilleux, non, à quel point ils sont rendus loin, les hommes ? Combien ils s’impliquent ? Combien on peut compter sur eux ? C’est tellement extraordinaire qu’on serait vraiment de mauvaise foi si on leur en demandait un petit peu plus, n’est-ce pas ?

Hé bien, non. Non. NON ! C’tu clair ?

Dans les officines de la maternité, depuis quelque temps, il se murmure des confidences troublantes. « Quand je me fâche parce qu’il a oublié quelque chose, il me dit que j’aurais dû lui faire penser ! Mais j’en ai marre de tout lui dire, tu comprends ?

Je ne suis plus capable de tout superviser ! C’est vrai qu’il m’aide beaucoup, ça me gêne de lui en mettre plus sur les épaules, mais est-ce que c’est trop demander, un peu d’initiative ? »

Les pères - 197

Réponse : non. Non. NON ! C’tu clair ? Assez, c’est assez.

Ils ont fait du progrès, ils peuvent encore en faire. Et c’est pour ça, mesdames, que j’ai décidé de vous rendre service. Je vais leur parler, aux hommes, et pas plus tard que maintenant.

Les gars. J’ai un secret à vous confier. En ce qui concerne Bébé, on a l’air d’avoir la science infuse, nous, les mamans. On sait tellement tout, tout le temps, qu’on dirait qu’on est tombées dans la potion magique quand on était petites. Hé bien, j’ai une grande nouvelle pour vous, les amis : c’est de la foutaise.

Comment la mère sait de quoi Bébé a besoin exactement ?

Les aliments qu’il faut lui offrir pour qu’il ait un repas complet ?

Les choses qu’il faut mettre dans le sac à couches ? L’endroit où se trouvent sa tuque et ses mitaines ? Au risque de provoquer chez vous une poussée d’urticaire, messieurs, je dois vous le révéler : ce n’est pas l’instinct. Ce n’est pas la sagesse millénaire de l’utérus. On sait quoi faire et où trouver les objets qu’on cherche de deux manières : premièrement, on réfléchit, et deuxièmement, on fouille.

Réfléchir.

Fouiller.

Vous me voyez venir.

L’origine de cette science de la réflexion et de cet art du fouillage, elle ne se trouve pas dans nos deux mamelles gorgées de lait. Elle n’est pas la prérogative absolue des propriétaires d’ovaires. Non. Ce savoir, croyez-le ou non, il se trouve à portée de votre main.

Vous savez ce qu’il a dit, Kant ? Il n’a pas juste dit « Ta mère en centerfold de la Critique de la raison pure ». Non, non.

Il a aussi inventé le cri de ralliement des Lumières. Ah ! Les 198 - Chroniques d’une mère indigne

Lumières ! Ce grand élan de remise en question de l’autorité !

Kant a pratiquement allumé les Lumières quand il s’est écrié : Sapere aude ! Ose penser par toi-même, nom d’un petit bonhomme ! T’es beau, t’es bon, t’es capable !

Dorénavant, chers amis, vous pourrez m’appeler Kantine.

Car nous allons vivre quelque chose de merveilleux ensemble.

Je vais vous guider vers la Lumière. Je vais vous amener à réaliser que les hommes et les femmes, en ce qui concerne les soins de Bébé et l’organisation familiale, sont en tous points égaux.

Je vais vous encourager à remettre en question notre autorité suprême et à penser par vous-mêmes, car vous le pouvez, oui !, même quand il s’agit de vérifier si tous les sacs sont dans la voiture avant de partir.

Savez-vous ce qu’il aurait fait, Kant, devant un sac à couches vide ? Il n’aurait pas demandé à sa femme ce qu’il faut mettre dedans, non. Il aurait osé penser par lui-même, notre Kant, et ça l’aurait mené, dans un délai raisonnable, à fourrer couches, débarbouillettes, tétine, biberon, vêtements de rechange, médicaments et crème à fesses dans le sac à couches.

Et peut-être même à faire tout ça sans que sa femme ne doive lui rappeler qu’il faut s’occuper du sac à couches !

Et c’est ce que nous, les femmes, nous vous exhortons à faire aujourd’hui, Messieurs : Sapere aude ! Osez penser par vous-même ! Et ça presse.

Ça a pris dix mille ans pour que vous remplissiez le sac à couches, ça n’en prendra pas un autre dix mille pour que vous sachiez comment le remplir tout seul comme du monde. Ça, non. Dans les officines de la maternité, on fatigue, messieurs.

On veut du changement RIGHT NOW. Pourquoi ? Parce que nous avons toutes confiance en votre intelligence. Nous savons que votre émancipation est possible, que vous pouvez Les pères - 199

devenir des partenaires à part entière du remplissage du sac à couches, entre autres, et ce, en quelques étapes faciles que vous déterminerez vous-mêmes, tellement vous êtes capables.

L’important est que le résultat soit immédiat. Parce que là, c’est juste plus possible.

Et vous, les filles, arrêtez de rigoler. Nous devrons faire des efforts nous aussi. De gros efforts, ô que oui. La reine du logis, c’est fini, Mesdames. À partir d’aujourd’hui, rendons service à nos conjoints en quête de liberté et d’égalité, d’accord ? Arrê-

tons de vérifier la température du biberon qu’il a fait chauffer, la température de l’eau du bain qu’il a fait couler, le contenu de l’assiette de Junior qu’il a préparée. Cessons de lui arracher des bras un bébé hurlant sous prétexte que nous sommes plus aptes à nous en occuper. Ça va faire, ce niaisage. Et on va aussi arrêter de critiquer quand les hommes oublient de mettre des trucs dans le sac à couches ; ça nous arrive à nous aussi et on n’en fait pas tout un plat. Je l’ai dit au début : notre instinct, c’est de la foutaise. En autant qu’ils prennent l’initiative, laissons nos douces moitiés sapere aude en paix, bonté divine.

Entendez-vous, tous et toutes, le chœur des crapauds qui chantent la liberté ?

Messieurs, vous me remercierez un jour.

Et Mesdames, encore une fois, j’accepte les chèques personnels.

200 - Chroniques d’une mère indigne

Commentaires ( 4 ) :

Malaury dit :

J’ai vécu l’illumination des Lumières il n’y a pas si longtemps grâce à… un cours du soir. Un soir par semaine (le jeudi en plus !) et un matin où je laisse bravement Papa et Fiston en tête-à-tête pour éventuellement récolter un bout de papier. Je ne prépare rien : ni couche, ni vêtement, ni repas, ni recommandation, pas le temps.

Et bien au bout de quelques mois je me rends compte que mon chum est compétent, très compétent avec fiston. Pire, il l’est plus que moi pour certaines choses !

Ca m’a pris près de deux ans avant de lâcher prise. Le deuxième arrive dans quelques mois, j’espère ne pas répéter mes erreurs.

Mammouth ergo sum dit :

N’est ce pas Kant qui disait : « Bien des livres auraient été plus clairs s’ils n’avaient pas voulu être si clairs. » À force de trop vouloir démystifier le mystère de la vie de couple, Ô Indigne, vous lui en enlevez tout le charme en plus d’y expulser (comme le placenta) tout le pouvoir de négociation qui existe entre deux êtres. Sur ce, moi, tout à l’heure, je sors prendre un coup aux Amazones et je laisse Madame s’arranger simultanément avec notre fille et sa sortie de filles prévue dans deux heures.

Non mais, scrogneugneu… on veut du changement…

grogne grogne… Sapere aude mon œil, chose…

Chroniques blondes dit :

Ohhhhh. Merveille des merveilles ! Kant, Kant, Kant mon amour !

Je fais deux envois illico presto. Un à l’Office de l’Ingénieux, qui regorge d’hommes qui auraient intérêt à relire Kant avec vos yeux et deux, le chèque personnel à votre intention vénérable.

Les pères - 201

Polydamas dit :

Enfin, il faut tout de même signaler que, si le pôpa commence à prendre des initiatives, il aura beau avoir prévu le biberon, la tétine, les vêtements de rechange, bref tout ce qui faut, tout ce beau boulot sera inspecté, inventorié, et finalement immanquablement défait dans les dix minutes.

En tant qu’aîné d’une famille où j’ai eu le grand bonheur de donner le biberon à mes frangins et frangines, je sais aussi ce qu’il en coûte à un de ces mâles d’aller à l’encontre de la minutieuse, voire pointilleuse, organisation féminine.

J’avoue que, parfois, j’ai quand même du mal avec les filles d’Ève.

202 - Chroniques d’une mère indigne

Mère indigne sauve son couple

C hérie ?

Les pères

— Voui, mon amour ?

Mère indigne se met les mères à

— Ton billet d’hier…

dos... ( 2 )

— Voui ?

... et les pères aussi ( 4 )

— Est-ce que ça me concer- • Mère indigne sauve son couple nait ?

Père indigne prend l’initiative

— Ahnonpasdutout, pourquoi ? Mère indigne change de combat (et

— Parce que j’ai eu l’impres-

de chemise de nuit) ( 2 )

sion que tu parlais de moi.

La ligne Info-Père indigne, pour en

— Ahnonpasdutout.

savoir vraiment trop sur les choses

de la vie

— T’es sûre ? Sûre, sûre ?

Un récepteur à la réception ( 3 )

— Voui.

— Hum.

— Voyons, mon amour. Comment aurais-je pu avoir l’in-décence et la mauvaise foi de te critiquer ? C’est toi-même qui fais la vérification du sac à couches avant qu’on parte. Parfois.

Mon cœur.

— Mais j’ai oublié le sac de cadeaux pour Nièce chérie dans l’entrée dimanche dernier et…

— Et ce n’est pas ta faute si tu as oublié le sac de cadeaux pour Nièce chérie ! Oui, je me suis un peu énervée, mais c’était totalement à tort ! J’aurais dû vérifier moi aussi, c’est tout. Et contre-vérifier. Ça n’a jamais tué personne. Sinon je serais morte depuis longtemps. Chaton.

— Et puis, faut dire que je m’occupe quand même de pas mal de trucs à la maison…

Les pères - 203

— Voui, mon ange. Changer les ampoules (une fois par mois), vider la piscine (une fois l’an), réparer les pneus crevés (à date, jamais). Tu es merveilleux. Mon gentil papou.

— JE FAIS LA LESSIVE ET JE SORS LES VIDANGES

ET JE VIDE LE LAVE-VAISSELLE ET JE ME LÈVE LA NUIT

POUR DONNER LE BIBERON.

— Oui. C’est vrai. Jamais plus je ne renâclerai devant la vérité. Laisse-moi me prosterner devant toi. Mon bel oiseau du Paradis.

— Est-ce que tu te rends compte que ce billet, dans lequel tu te plains des hommes en long et en large…

— Et des femmes, Chouchou.

— … et un peu des femmes, ce billet, dis-je, tout le monde l’a lu et a cru que tu parlais de moi ?

— Ahménonjesuissûrequenon ! Voyons donc ! Qui croirait ça ? D’ailleurs, je ne pense pas un traître mot de ce que j’ai écrit.

Poussin.

— Mais… Mais… Pourquoi as-tu été écrire des choses pareilles, alors ?

— Euh. Bien. Hum. Je. Pour que les filles me paient un verre au 5 à 7 jeudi soir prochain.

— Mais… Mais, c’est dégueulasse !

— Oh, oui ! Encore ! J’aime quand tu me traites de salope !

— Mais je ne te traite pas de salope ! Franchement ! Je disais seulem…

— Allez, mon gros loup, je t’en prie, dis-moi des mauvais mots !— Je voul…

— Donne-moi des ordres !

— Bon, là, ça suffit. Tu te tais, et je vais te dire ce qui va se passer.

204 - Chroniques d’une mère indigne

— Voui… mon King Kong.

— Ce soir, on mange de la soupe. Et c’est moi qui coupe les légumes.

— Tes désirs sont des ordres, Maître…

Les pères - 205

Père indigne prend l’initiative

Les pères

Mère indigne se met les mères à

P ère indigne — Je vais endormir

Bébé.

dos... ( 2 )

Quelques minutes plus tard,

... et les pères aussi ( 4 )

dans la chambre de Bébé : Ouiiin !

Mère indigne sauve son couple

Ouiiin ! Ouiiin ! Ouiiin ! Ouiiiiin !

• Père indigne prend l’initiative

Ouiiiiiiiiiiin ! WAAAAAAAAAA !

Mère indigne change de combat (et

WAAAAAAAAAAAAAAAAA !

de chemise de nuit) ( 2 )

WA— ! Da ! Da ! Da ! Prrrrrrrrrtfff !

La ligne Info-Père indigne, pour en

Bababadada ! GA GA GA ! Agu-

savoir vraiment trop sur les choses

de la vie

Agu-Agu !

Un récepteur à la réception ( 3 )

J’entrouvre la porte de la

chambre. Bébé est debout sur

Père indigne et saute comme une

grenouille sur le speed.

Mère indigne — Je vois que nous avons des techniques diamétralement opposées pour endormir Bébé ?

Père indigne — Je ne sais pas pour toi, mais moi, j’utilise la méthode du docteur Youppi.

Ce sur quoi nous avons eu un fou rire, et Bébé n’a pas fait sa sieste.

206 - Chroniques d’une mère indigne

Mère indigne change de combat

(et de chemise de nuit)

( 2 commentaires )

(Où la batail e des sexes inaugurée Les pères plus tôt s’achève dans une mer de Mère indigne se met les mères à vomi.)

C

dos... ( 2 )

omment régler temporaire- ... et les pères aussi ( 4 ) ment, sinon une fois pour Mère indigne sauve son couple toutes, les chicanes de sac à cou- Père indigne prend l’initiative ches où les insultes fusent et où la • Mère indigne change de combat Critique de la raison pure répond

(et de chemise de nuit) ( 2 )

point par point au Manuel du La ligne Info-Père indigne, pour en parfait mécanicien ? En épongeant

savoir vraiment trop sur les choses

de la vie

du vomi, voilà comment.

Un récepteur à la réception ( 3 )

Car cette nuit, alors qu’elle

sentait sans doute ses parents sur

le point de s’engager dans une dispute irréparable, Bébé s’est donné pour mission de faire reluire le plancher de sa chambre à coucher. Et pas avec du Pine-Sol.

On demandait du partenariat ? On demandait de la solidarité ? Mesdames, on en a eu.

Pendant que la moitié XX du couple se faisait copieusement arroser de restes de pâtes aux tomates à moitié digérées en assurant d’une voix douce à Bébé que « c’est bien, il faut faire sortir le méchant » et en vérifiant que ledit Bébé n’avait pas de fièvre (un des premiers symptômes de scorbut et de peste bubonique), la moitié XY sortait la moppe et les serviettes et ramassait le lait suri que le tube digestif de sa progéniture avait évacué en premier sous la forme d’un jet qui aurait fait l’envie de bien des pompiers.

Comment les 300 mil ilitres du biberon du soir s’étaient-ils Les pères - 207

transformés en format géant spécial quatre litres, mystère. Mais il y en avait partout. Et il y en eut encore. Et encore.

Point de vue du couple, c’était fantastique. Même pas besoin de se parler. Ça roulait, mes amis ! Je suis sûre que, dans les cou-lisses d’un McDo, Père indigne et moi ferions un duo d’enfer.

Alors je préfère vous dire que le sac à couches, hein ? On va faire la même chose avec le sac à couches, pardi ! On va s’en occuper à deux !

Et ce sera d’autant plus approprié qu’il est plein de vomi, lui aussi.

Commentaires ( 2 ) :

Michèle dit :

Festival de la gastro. Que de doux souvenirs. Dans une maison centenaire, vous savez, avec des planchers de bois francs avec de larges craques ? Avec un couteau, côte à côte, vider les craques… Sur le crochet où sont accrochés les habits de neige des trois autres enfants ? En camping… dans un sac de couchage Barbie…

Je suis nostalgique tout à coup…

Souimi dit :

Michèle, je suis aussi remplie de nostalgie. Me concernant, c’est dans un train bondé au retour de Toronto avec mes deux petites. La plus jeune a bien arrosé tout le voisinage et, aussitôt toute nettoyée, c’est la diarrhée qui s’est mise de la partie, alors que nous étions presque arrivées à Montréal. Pas le temps de la changer, il a fallu prendre un taxi arrangées d’même. Un bon chauffeur samaritain italien a ouvert toutes les fenêtres de sa voiture et a ri pendant tout le parcours, disant qu’avec ses cinq enfants, il en avait vu et senti bien d’autres.

Chez nous, mon chum et moi, on appelle ça « nos années slomow ».

208 - Chroniques d’une mère indigne

La ligne Info-Père indigne, pour en savoir vraiment trop sur les choses de la vie

F ille Aînée, au sortir du bain, Les pères s’installe dans le lit parental et Mère indigne se met les mères à entame une discussion avec Père

dos... ( 2 )

indigne. Le ton, me narre-t-il par ... et les pères aussi ( 4 ) la suite, est au plus sérieux.

Mère indigne sauve son couple

— Papa, qu’est-ce que ça veut Père indigne prend l’initiative dire, pédé ?

Mère indigne change de combat (et

— Euh, hum. Pédé ?

de chemise de nuit) ( 2 )

— Oui.

• La ligne Info-Père indigne, pour

Enjeux sociaux graves obligent,

en savoir vraiment trop sur les

choses de la vie

Père indigne est conscient qu’il lui Un récepteur à la réception ( 3 ) faut aller au fond des choses. Courageusement, il plonge.

— Hé bien, pédé, euh, ça vient du mot pé-dé-ras-te, qui signifie, euh, qu’un homme aime les hommes et qu’une femme aime les femmes (tant qu’à expliquer, aussi bien inclure les taxes).

— Ah ?

— Oui, et, euh, tu sais, certaines personnes trouvent que c’est ridicule ou mal d’aimer quelqu’un de notre propre sexe, et même, dans certains pays, c’est illégal et on peut aller en prison.

Mais heureusement ce n’est pas comme ça ici, au Canada, ni en Belgique. Et c’est très mal de rire de ces gens ou de les insulter en les traitant de « pédés ». Tu comprends ?

— Oui. Mais ce que je voulais savoir, c’est pourquoi, sur le roman de Maman, c’est écrit P.D. James ?

— (Merde.)

Les pères - 209

Quand, plus tard, je me suis lancée dans des directives sur la nécessité des parents de demander dans quel contexte la question est posée avant d’y répondre, il m’a lancé un regard noir :— Si ça ne te dérange pas, je pense que j’ai compris.

210 - Chroniques d’une mère indigne

Un récepteur à la réception

( 3 commentaires )

O n ne le dira jamais assez : la vie Les pères de parent est pleine de périls.

Mère indigne se met les mères à

Pour Beauf’ adoré (qui est

dos... ( 2 )

aussi totalement indigne, comme ... et les pères aussi ( 4 ) tous les membres de ma famille Mère indigne sauve son couple sauf ma tante Nicole qui est une Père indigne prend l’initiative sainte), le danger a pris la forme Mère indigne change de combat (et de l’innocent appareil émetteur-de chemise de nuit) ( 2 )

récepteur reliant la chambre de La ligne Info-Père indigne, pour en Bébé avec la salle à manger.

savoir vraiment trop sur les choses

de la vie

L’incident s’est produit alors • Un récepteur à la réception ( 3 ) que ma sœur et mon beauf’ dis-cutaient de sujets mondains (mais

pas trop) avec des invités de grande qualité, autour de l’entrée d’un repas que je qualifierais, connaissant mon beauf’, d’extrê-

mement gastronomique du côté du viandu. Le vin coulait à flot (mais pas trop) ; les échanges étaient spirituels, spontanés, parfois même vifs (mais juste assez). La musique lounge style poussière d’étoiles avec une touche discrète de batterie en arrière-plan prodiguait une ambiance feutrée que rien, à part quelques rires retenus, ne venait troubler. Quand je dis « rien », c’est que Bébé, docile, avait eu l’obligeance de sombrer dans le sommeil avant le souper, laissant entre eux des adultes d’autant plus relaxes qu’ils étaient fortement soulagés par ce dodo ines-péré qui leur permettait de se bâfrer en toute tranquillité.

Les pères - 211

C’est alors que le récepteur posé sur l’exquis buffet sculpté dans du bois d’arbre fit entendre un cri plaintif. Sacrebleu, Bébé avait soif !

Déployant tout son art paternel et sa sollicitude conjugale, Beauf’ adoré s’éclipsa pour aller donner le biberon à sa mou-tarde (« moutard » ne s’utilise que pour les garçons, et ma nièce est une fille, que voulez-vous).

Autour de la table, on devisait gaiement. De quoi ? Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Je n’étais pas invitée. Comme je les connais, ça devait parler avec force et esprit de politique, de cinéma, de musique. De foot. Le récepteur posé sur le buffet retransmettait la succion joyeuse de bébé se gavant de lait.

Tout allait pour le mieux lors de ce souper joli.

Jusqu’à ce que.

Brusquement, les convives se tournèrent vers le récepteur qui, pendant plusieurs secondes, laissa échapper un son horrible, à la fois tonnant, tonitruant et lancinant.

Un pet, quoi. Un long.

Dans la salle à manger, on aurait voulu croire que c’était le bébé, mais leurs quelques rudiments de physique suffirent aux invités choqués et à ma sœur mortifiée pour conclure qu’un tout petit bébé ne pouvait contenir une telle quantité d’air.

Impossible.

Quand mon beauf’ redescendit, tout sourire, ma sœur lui déclara d’un ton sec que « le récepteur était ouvert, chéri ». Il mit quelques instants à comprendre. Un ricanement bref fut sa seule réponse. De toute manière, qu’est-ce qu’il y pouvait ? Le mal était fait.

Il ramassa les assiettes et entreprit de servir le boudin.

212 - Chroniques d’une mère indigne

Commentaires ( 3 ) :

Mariéeobligée dit :

J’ai déjà capté une conversation téléphonique, celle de ma voisine d’en face, j’étais vraiment étonnée de la qualité du son et j’étais restée plantée devant mon appareil, le laissant ouvert n’écoutant pas vraiment le monologue assez banal qui en sortait… Mon tendre époux, qui est mieux élevé que moi, m’a tout de suite dit que ce n’était pas poli d’écouter les conversation des autres !!!

Le lendemain soir, ma fille me demande : « Dis, Maman, est-ce qu’on pourrait écouter Mme T. ? »

cahuette dit :

J’ai eu aussi mon moment de honte quand, oubliant le micro-bébé, ma belle-sœur et moi-même changions la couche de nos bébés respectifs tout en déblatérant sur les dernières frasques de notre chère belle maman… qui mettait le couvert non loin du récepteur posé sur le buffet. Ce fut un lonnnng repas…

Michèle Rader dit :

On était en (belle) famille dans le salon et comme nos angelots faisaient la foire à l’étage, ma tendre moitié décide de faire une descente (enfin, une montée) punitive. Dès qu’il posa un pied sur la première marche (elle grince, enfin elles grincent toutes, notre maison est une vieille dame de 1920), on a entendu, via le micro-bébé, Grand Bébé dire à sa sœur : « vite dans le lit ! », suivi de « ouuuuuuuuuuuuuin ! » car ladite sœur, dans sa précipitation, avait raté son lit. Fou-rire général. On ne le dira jamais assez : qu’est-ce que c’est rigolo d’être parents.

Les pères - 213

Les carnets érotixes de Mère indigne

Le sexe après l’accouchement : ça va chauffer !

( 7 commentaires )

Les carnets érotixes

de Mère indigne

L ’autre jour, alors que je prenais

mon petit déjeuner au lit dans

• Le sexe après l’accouchement :

un hôtel du Canada anglais, j’eus

ça va chauffer ! ( 7 )

l’honneur et le privilège d’être

Mère indigne se (re)lance en affaires

témoin d’un moment de télévision

Illustration : Confession gourmande

absolument horrifiant.

Père indigne va au bâton

Ça parlait de sexe. À 7 h 30 du

Le courrier érotixe du Docteur

mat’. Et pire encore, ça parlait du indigne

sexe chez les mères de famille.

Vive les parents... libres ?

Madame animatrice — Notre

Bobettes blues

invitée, une ravissante mère…

Monsieur animateur — C’est

vrai qu’elle est ravissante…

Ravissante mère — Hi, hi !

Madame animatrice — … a publié un livre dans lequel elle révèle que, dans la vie, les mères ne veulent pas seulement jouer leur rôle de mère 24 heures sur 24.

Ravissante mère — On veut aussi du SEXE ! Hi, hi ! Est-ce que je peux dire ça à la télé ?

Monsieur animateur, hypnotisé — Vous voulez du SEXE ?

Ravissante mère, sautant comme une puce — Vouiiiiiiii !

Hihihi !

Toute cette belle compagnie était excitée comme, eh bien, comme des Canadiens anglais quand ils s’aventurent à dire le mot « sexe ».

Personnellement, j’étais mortifiée. J’ai pensé à toutes ces jeunes mères qui, ayant accouché au cours du dernier des trois 214 - Chroniques d’une mère indigne

derniers des six derniers mois et ayant encore l’impression d’avoir un pamplemousse entre les jambes, écoutaient cette émission en angoissant. « Quoi ??? Nous sommes supposées vouloir du sexe ??? »

La vérité qui fait mal, messieurs (et mesdames qui n’ont pas d’enfant), est la suivante : après avoir accouché, non seulement on n’a pas le goût d’avoir du sexe, mais on n’a même pas le goût de se demander si, oui ou non, on a le goût d’avoir du sexe.

La vérité qui tue, c’est qu’on ne veut tout simplement pas y penser.

Primo, avant six mois… mon Dieu, comment dire ?…

nous l’avons à vif. Pas comme dans « Oooh, chéri, je ressens une chaleur intense qui t’interpelle » mais bien comme dans

« Ouch ! &*%$*&, ça chauffe ! »

Afin de bien comprendre mes propos, messieurs, imaginez-vous qu’une femme vous approche en vous promettant l’amour charnel déchaîné et qu’au lieu de la sensation agréable habituelle vous avez l’impression qu’on vous administre une péniscopie. Bobo, n’est-ce pas ? Eh bien, pour les femmes, le sexe après l’accouchement, c’est ça.

« Fort bien, Mère indigne, nous avons compris. Mais, dites-nous, dans votre grande sagesse, combien de temps après l’accouchement durera cet inconfort ? » Selon mon expérience et divers témoignages, cet inconfort ce calvaire dure environ un mois. Mais non, je blague ! On en a au moins pour six mois !

Qu’est-ce qu’on rigole, n’est-ce pas ? Hum.

Par contre, ensuite, tout rentre très rapidement dans l’ordre. Ah, ah, ah ! Encore une bonne blague !

Je vais vous le dire ce qui se passe ensuite. Pendant la première année, c’est en général la femme qui reste à la maison et qui en profite pour s’épanouir en accomplissant de multiples Les carnets érotixes de Mère indigne - 215

Licence enqc-62-5026113-sg73071800 accordée le 14 avril 2011 à Archambault.ca 5026113

activités fascinantes, comme remplir le lave-vaisselle, vider le lave-vaisselle, faire le souper, passer le balai, faire de la lessive, tout ça en continu mais (allez savoir comment c’est possible) sans que jamais rien ne soit parfaitement en ordre – tout juste assez pour ne pas que la famille meure noyée sous les immondices. Mais, en parallèle avec tout cela, la femme s’épa-nouit également en tenant dans ses bras, 20 heures sur 24, un bébé qui rechigne, certes, mais qui hurlerait à pleins poumons aussitôt qu’on aurait l’impudence de le déposer.

Bref, pendant 20 heures sur 24, la femme reçoit de la chaleur humaine. De la maudite chaleur humaine.

Alors pendant les 4 heures qui lui restent, qu’est-ce qu’elle veut, la femme ? De la chaleur humaine, aussi connue sous le nom de rapport sexuel ? Oh, Seigneur, que nenni ! Elle ne veut surtout pas de rapports sexuels ! Pas de contact avec de la peau, pitié ! Tout ce qu’elle veut, tout ce qu’elle espère, c’est s’isoler farouchement dans un coin perdu de la maison, au creux d’une cachette qui dispensera juste assez de lumière pour qu’elle puisse lire un roman policier dont les multiples meurtres san-glants agiront comme un baume délicat sur sa psyché meurtrie.

Non, la catharsis n’est pas une fleur printanière dans la région du Kilimandjaro.

Vous aurez compris que la ravissante mère du début peut bien aller s’organiser des orgies entre deux changements de couches. Nous, on veut la paix.

Et pour les nymphomanes perverses qui veulent du sexe immédiatement (c’est-à-dire moins de six mois) après l’accouchement, allez former un club avec la ravissante mère et annoncer vos services sur www.jeunesmèrequiveulentdusexe.

com, mais ne venez pas nous déranger. Nous, on dort.

216 - Chroniques d’une mère indigne

Bon, tout ça finira éventuellement par s’arranger et vous redécouvrirez les joies d’une vie sexuelle normale, strictement dans la chambre à coucher, sans faire de bruit, quand les enfants dorment ou, pour les plus pervers, quand ils écoutent un DVD

de Dora. Si vous avez de la chance, mesdames, il vous arrivera peut-être même de devoir aller allaiter en porte-jarretelles !

Est-ce que j’ai dit une vie sexuelle normale, moi ?

Messieurs, je suis désolée. J’avoue que la conclusion ne peut pas vous réjouir. Vous aurez compris qu’il faudra, pendant plusieurs mois (autour de douze, mais je ne voulais pas dire un an, c’est trop dur psychologiquement) :

1. Ne pas insister, pour la simple raison que ça nous emmerde royalement et que c’est, comment dire, contre-productif ;

et 2. Vous faire un nœud dedans.

Je vous conseille d’ailleurs d’utiliser pour ce faire un beau ruban rouge que vous nouerez joliment en boucle festoyante.

Comme ça, quand l’envie nous reprendra, on aura l’impression de déballer un cadeau très, très spécial.

Quant à vous, Mesdames, comme toujours, j’accepte les chèques personnels.

Commentaires ( 7 ) :

Môman-37ans dit :

J’ai eu trois enfants, et chaque fois, c’était la même chose : avant six mois, pour que j’aie envie de « la chose », il fallait que mes enfants se fassent garder par ma belle-mère depuis plusieurs heures, que j’aie pris un bain aux chandelles tranquillos, relaxé au max, regardé un bon film ou m’être changé les idées afin Les carnets érotixes de Mère indigne - 217

d’oublier que je suis une MÈRE, et après que j’aie retrouvé un tant soit peu le feeling d’AVANT la famille, LÀ j’étais partante…

Dans le fond, après la maternité, on est moins exigeante qu’avant côté préliminaires… c’est la sorte de préliminaires qu’on veut qui est différente !

Mammouth Turgescent dit :

Mère indigne, j’ai bien compris vos propos (je me demande pourquoi personne ne m’a expliqué cela avant) et j’ai mis en pratique vos conseils.

Bref, à compter d’aujourd’hui, je ne dis plus rien, je me tais.

Un monument de stoïcisme, je ne vous dis pas. Maintenant, toute demande d’échanges copulatoires, de câlins pervers ou gouli-gouli vachement mignons devra préalablement passer par une sous-commission d’étude, qui par la suite devra émettre des recommandations à un comité aviseur, qui lui-même relèvera du conseil familial, conseil qui a un véritable pouvoir décisionnel. Faisons simple, mais efficace.

Cependant, pour le nœud… Comment dirais-je, c’est un peu délicat à expliquer… m’enfin… vous recommandez quoi ?

Un nœud plat (eeech) ? Un nœud de chaise (oh la la) ? Le nœud de drisse (ouche !) ? Le nœud d’écoute double (aïe aïe aïe) ? Le nœud de jambe de chien (non, pitié, tout mais pas ça) ?

Votre tout dévoué,

Mammouth Turgescent, mais bientôt Flaccide Josie dit :

Mère indigne, merci. Vous venez de me confirmer ce que je soupçonnais depuis longtemps : je suis une nymphomane perverse.

Mère de deux enfants, j’ai repris mes activités sexuelles six semaines après le premier et 4 semaines après la deuxième.

Je sais que vous ne vouliez pas être dérangée par autant de perversité, mais pour le bien de la démographie je me devais de rassurer ces futurs pères complètement sidérés…

218 - Chroniques d’une mère indigne

Licence enqc-62-5026113-sg73071800 accordée le 14 avril 2011 à Archambault.ca 5026113

Grande-Dame dit :

Mère indigne, que faites-vous des femmes tellement heureuses d’être libérées du calvaire de la grossesse, tellement sur un high d’amour et de bonheur qu’elles sautent sur leur homme en plein lit d’hôpital et se font couper le plaisir sous le pied par une infirmière qui entre dans la chambre au moment des préliminaires ?

Ce sont les grandes oubliées…

Natcho dit :

Puis-je ajouter ma petite pierre à l’édifice ? Après un accouchement (dont le déroulement varie d’une femme à une autre), le sexe passe en deuxième, on le sait. C’est la durée de l’après qui varie aussi, d’une femme à une autre.

Si on s’y remet trop vite, oui ça va chauffer et on aura l’impression d’accoucher à l’envers ! Si on s’y remet trop tard, oui on peut avoir perdu de vue notre partenaire. Il faut se ménager du temps SEULS. Même si c’est juste pour dormir, pour être ensemble sans interruption, bref pour être en mesure de prendre le virage en douceur. Quand je vois les entourages bien intentionnés submerger les couples de cadeaux matériels, de peluches inutiles, j’ai envie de hurler. C’est pas d’attrape-poussière qu’ils veulent, c’est retrouver leur souffle et leur intimité !

Le pire, c’est la fatigue. Cette formidable fatigue qu’on a jamais ressentie avant. Si c’était à refaire (ma plus jeune a 12

ans), j’instaurerais une règle immuable : un week-end par mois juste pour nous deux, OK ? ! Le reste, ça peut attendre, ça ne mourra pas. Notre couple peut-être, sinon…

Si vous avez des amis nouveaux parents, pensez-y avant d’ajouter à leur tension !!!

Les carnets érotixes de Mère indigne - 219

LadyW dit :

Le pire dans tout ça c’est qu’en plus, ça ne va pas en s’améliorant : attendez d’avoir un ado gavé d’Occupation double et de One Tree Hill à l’ouïe TRÈS fine qui n’attend que l’occasion de déclarer en bonne compagnie (c’est-à-dire, devant les grands-parents) qu’il vous a entendue miauler la nuit dernière. Très agréable.

Son père et moi nous économisons frénétiquement pour l’envoyer à l’université en Ontario.

Manon dit :

À quelle adresse je le poste, ce chèque ??

220 - Chroniques d’une mère indigne

Mère indigne se (re)lance en affaires

3 février 2006, 10 h a.m.

Les carnets érotixes

Cher Journal,

de Mère indigne

Hier soir, Fille Aînée m’a Le sexe après l’accouchement : demandé des précisions documen-

ça va chauffer ! ( 7 )

taristiques sur le thème « Objectif : • Mère indigne se (re)lance en Bébé ». Ça m’a fait penser : il serait

affaires

temps. Tu sais, « temps ». Le temps Illustration : Confession gourmande de.

Père indigne va au bâton

Père indigne et moi, on a bien Le courrier érotixe du Docteur indigne

essayé « de » une couple de fois au Vive les parents... libres ?

cours des derniers mois, mais je Bobettes blues ne te le cacherai pas, cher Journal,

c’était surtout pour tester la tuyau-

terie. « Me recevez-vous cinq sur cinq, Mike India ? Testing ouane-tou, testing ouane-tou, je vous reçois deux sur cinq, Papa India. Y’a encore de la friture sur la ligne. System failure !

Remballez l’équipement et rentrez à Houston, ça presse. Roger that, 10-4. »

Mais ce soir, cher Journal, ça va changer. En plus, je suis en forme ! Enfin, relativement en forme malgré les quatre réveils de Bébé cette nuit. Mais je peux toujours me reposer pendant ses siestes !

Allez, un petit courriel à Père indigne pour lui dire de se tenir prêt pour le grand jeu !

Les carnets érotixes de Mère indigne - 221

___

À : Père indigne

De : Hot Mama

Mon Biquet adoré,

Je suis tellement hot aujourd’hui que, si je mange de la soupe, c’est elle qui va se brûler. Tiens-toi prêt pour le grand jeu !!!Signé :

Ta Chérie EN FORME !!! xoxoxoxo

___

À : Cutie Mama

De : Rocket Power

Chérie,

Message reçu. Je cours chez Érotim m’acheter des mitaines de cuisine en silicone (s’ils n’en ont pas en latex). Tu ne seras jamais trop hot pour moi !

Signé : Ton Biquet allumé

___

Hou, là là ! Ça va chauffer ce soir, je le sens !

1 h p.m.

Pas moyen d’endormir Bébé. Pauvre chouette, on dirait qu’elle a des coliques. La seule chose qui la calme, c’est quand je danse la Danse des canards en accéléré. J’espère qu’elle s’en-dormira bientôt. Je l’espère vraiment.

5 h p.m.

Bébé n’a pas encore fait de sieste, la p’tite maudite. Je pense que je l’ai trop excitée avec ma chorégraphie. La prochaine fois que je vois un canard, je l’éviscère à mains nues.

222 - Chroniques d’une mère indigne

Et le devoir de Fille Aînée : « Demande à tes parents de lire ton porte-folio, de le commenter longuement et de signer ton bulletin pour demain absolument. » Écrire un petit mot au professeur en invoquant l’« excuse sexuelle » pour remettre ça à plus tard ? Peut-être que Madame Nicole comprendrait, mais pas Fille Aînée (et on ne veut pas qu’elle comprenne non plus).Bref, je suis comme qui dirait un peu fatiguée. Mais courage, on est supposé faire la fiesta ce soir. Rester positive.

Rester en forme. Surtout, rester éveillée.

6 h p.m.

Bébé est crevée mais ne veut pas dormir. Elle pleure non-stop sauf si elle est dans mes bras. Fille Aînée me harcèle pour jouer aux devinettes. Je n’en peux plus.

7 h p.m.

Heureusement, Père indigne est arrivé – avec une bonne bouteille ! Excellent. Ça fait toujours du bien, un petit apéro en préparant le souper (pas facile avec Bébé dans les bras, mais Père indigne voulait prendre une douche et on ne peut pas en vouloir à un homme d’être propre de sa personne, surtout avant the nuit d’amour. Heille, ça va chauffer pas à peu près ! En tout cas, j’espère).

Allez Mère indigne, on remet son verre à niveau et à table tout le monde ! Faut pas être en retard pour le dessert !

4 février 2006, 8 h a.m.

Cher Journal,

Je ne sais pas si Père indigne a eu du sexe hier soir, mais si oui, ce n’était pas avec moi.

Les carnets érotixes de Mère indigne - 223

Les événements sont un peu flous dans ma tête, mais Père indigne m’a tout raconté. Je me souviens que, pendant le souper, j’ai eu l’impression que mon assiette se jetait sur ma figure. En fait, c’est moi qui suis tombée la tête la première dedans. En ronflant. Fille Aînée m’a débarbouillée (il semble que je sois plus docile que Bébé dans ce domaine) et ils m’ont traînée dans le lit. Il paraît que je me suis levée à deux heures du matin pour donner un biberon, mais Père indigne m’a renvoyée me coucher (j’avais mis le reste du vin d’hier soir au lieu du lait dans sa bouteille et j’avais commencé à boire le biberon moi-même – je me demande comment j’ai pu faire un truc pareil !).

La dernière chose dont je me souviens, c’est Père indigne qui me murmurait à l’oreille : « Si j’ai bien compris, tu es en train de me dire : À la prochaine fois. »

Ça, c’est bien vrai ! Je n’ai pas dit mon dernier mot.

Mais en attendant, si ça ne dérange personne, je vais quand même aller me recoucher. Bébé fait une looooongue sieste ce matin. Ah, ah, ah.

224 - Chroniques d’une mère indigne

Confession gourmande

Les carnets érotixes de Mère indigne - 225

Père indigne va au bâton

Les carnets érotixes

de Mère indigne

P our cet autre billet de notre

folle série quasi-XXX, je

Le sexe après l’accouchement :

cède l’antenne à Père indigne, qui

ça va chauffer ! ( 7 )

la saisit d’autant plus volontiers

Mère indigne se (re)lance en affaires

qu’il n’est même pas à la maison

Illustration : Confession gourmande

en ce moment. (Il paraît que le vol

• Père indigne va au bâton

d’identité est à la mode ces temps-

Le courrier érotixe du Docteur

ci, alors pourquoi pas ?)

indigne

Voici donc, en provenance

Vive les parents... libres ?

directe de l’impressionnante plume

Bobettes blues

de mon mari chéri, les trucs de

Père indigne pour mettre de

l’atmosphère.

Chers amis,

Vous êtes comme moi : vous connaissez les femmes. Ou bien croyez-vous seulement les connaître ? Saisissez-vous vraiment l’importance, que dis-je, la crucialité de l’ambiance afin que s’accomplisse dans toute sa splendeur l’acte pour lequel Dieu a créé l’homme et la femme pour qu’ils réalisent la symbiose et atteignent l’apothéose de leurs destinées mêlées, et ce, en moyenne deux fois par semaine ? D’accord, j’exagère, mettons une fois.

Oui, l’ambiance. L’atmosphère. Le climat. Le mood.

226 - Chroniques d’une mère indigne

L’équation est simple. Pas d’ambiance, pas de chance. Pas d’atmosphère, pas de fesses à l’air. Pas de climat, pas de climax.

Pas de mood, sortez l’huile de coude.

Mais comment, vous demandez-vous, au comble de l’anxiété, comment parvenir à instaurer cette ambiance alors que, dans la maisonnée, s’agitent et babillent ces quelques marmots qui, s’ils résultent d’un gros party luxurieux, en constituent après la naissance l’antidote par excellence ?

Trois mots : steak, blé d’Inde, patates. Oh, pardon. J’ai confondu avec autre chose. Je disais donc, trois mots : rapidité, flair, phéromones.

Que sont d’abord les phéromones ? Facile : c’est l’odeur de l’amour. Et comme les phéromones font leur travail en cati-mini, vous n’avez pas besoin de vous en occuper. Faites juste vous croiser les doigts et espérez que les vôtres ont pris leur douche récemment.

Par contre, le flair et la rapidité, ça se travaille. Mais j’ai développé au fil des ans quelques trucs que je partagerai avec vous, en toute confidentialité.

1. Si, comme moi, vous possédez une épouse qui ne rechigne pas sur le côté rigolo de la vie, procédez comme suit (j’ai testé la formule avant de vous la refiler, évidemment) : Dès que vos tout-petits sont au lit (et dorment), abordez votre tendre moitié en vous exclamant, clin d’œil bien senti à l’appui : « Chérie, un homme, c’est comme un meuble : ça s’astique. »

Vous provoquerez ainsi un éclat de rire garanti et cela est juste et bon, mes chers amis, car tout le monde sait que « le slip d’une femme se conquiert par des risettes » (Don Juan de Marco, à moins que ce ne soit ma grand-mère).

Les carnets érotixes de Mère indigne - 227

Par contre, attention. Si le sens de l’humour de votre femme est doublé d’un sens de la répartie aiguisé, vous risquez de vous faire répondre que c’est votre tâche à vous, d’habitude, d’astiquer les meubles dans la maison. C.Q.F.D. et retour à la case départ, j’en conviens.

Il se peut également qu’elle trouve votre blague tellement bonne que l’ambiance tourne à la franche rigolade. Si c’est le cas, vous vous retrouverez ensemble au lit, certes, mais ce sera pour regarder un épisode du Cœur a ses raisons sur votre portable. Croyez-moi, je parle d’expérience.

2. Notre flair nous suggère donc qu’un peu moins d’humour serait de mise. Qu’à cela ne tienne ! Mettons donc les mousses au lit, monitorons l’activité électrique de leur cerveau afin de profiter du moment où ils seront en phase de sommeil profond, et passons à l’action.

Je vous incite fortement à sortir des sentiers battus. Ex-primez à votre douce et tendre vos intentions sulfureuses en faisant fi des déclarations habituelles et convenues, du style « je te veux là, toute nue, sur le paillasson piquant de l’entrée » ou encore « fais-moi un strip-tease sur la Danse des canards et du lip-sync en même temps, pourquoi pas ? » Tout cela a été remâché et rebattu tant de fois par tant d’amoureux à l’imagination sèche et stérile ! Faites-lui plaisir, oubliez ces tactiques poussiéreuses et passez à autre chose, en vitesse.

Pourquoi ne pas, comme moi, lui susurrer à l’oreille par un soir de pleine lune : « Chérie, ce soir, faisons le rite de l’amour. »

En entendant ces propos aussi audacieux que recherchés, elle se jettera sur vous et…

Bon, bon, j’avoue ! Elle a ri ! C’était une blague, aussi. Je suis Belge, bon sang, que voulez-vous que j’y fasse ? Le sérum du 228 - Chroniques d’une mère indigne

rire coule dans mes veines, c’est inné, je n’y peux strictement rien, une fois.

Elle a ri, donc, suite de quoi elle m’a proposé de faire un sa-crifice sur l’autel vaudou du stupre et de la luxure. On a encore ri, puis on a écouté un autre Cœur a ses raisons.

Ce que je voulais vous dire, en fait, les gars, c’est ça : il faut à tout prix créer l’ambiance. C’est juste qu’il ne faut pas créer n’importe laquelle.

Signé : Père indigne et ses anti-trucs

Merci, Père indigne, pour ce périple au fil des chemins les moins fréquentés (avec raison).

Coudonc, vont-ils finir par finir, vous demandez-vous ?

Mystère et boule d’hormones…

En terminant, une petite blague : c’est quoi la différence entre astiquer un homme et astiquer un meuble ? Le meuble, après, il est plus brillant. Prrrfffttt… ! (Il a couru après, avouez.)

Les carnets érotixes de Mère indigne - 229

Le courrier érotixe du Docteur indigne

Les carnets érotixes

de Mère indigne

C hers lecteurs, nous en sommes

à la dernière partie de ce

Le sexe après l’accouchement :

rallye (ou plutôt de cette course à

ça va chauffer ! ( 7 )

obstacles) combinant le presque

Mère indigne se (re)lance en affaires

sexy à la quasi-extase. Afin de vous

Illustration : Confession gourmande

redonner confiance en l’humanité,

Père indigne va au bâton

je vous présente le docteur I., qui a

• Le courrier érotixe du Docteur

une réponse pour chacune de vos

indigne

questions les plus indignes. Suite

Vive les parents... libres ?

de quoi, j’espère que vous mettrez

Bobettes blues

le week-end à profit pour, je ne sais

pas moi, faire du ménage ?

Cher Docteur I.,

Nos amis, qui sont ensemble depuis quinze ans et ont deux enfants en bas âge, font encore l’amour comme des lapins et n’hésitent pas à s’en vanter devant nous, qui sommes en couple depuis huit ans, avec une seule fille plus si jeune que ça. Nous savons que c’est une attitude méprisable de notre part, mais chaque fois qu’ils nous parlent de leur maudite vie sexuelle d’hyperactifs, nous les castrerions avec délectation. Que faire pour conserver l’amitié de ces casse-couilles sans recourir au Ritalin ?

Mariette

230 - Chroniques d’une mère indigne

Chère Mariette,

VOUS N’ÊTES PAS SEULE. Croyez-en mon expérience, ce genre de casse-couilles est extrêmement répandu et suscite bien des envies de castrations intempestives. Heureusement, plusieurs solutions s’offrent à vous.

Par exemple, avez-vous songé à suspendre vos relations amicales pendant une soixantaine d’années ? Parions qu’à 90

ans ils seront moins fringants. Le problème est qu’ils pourront alors vous rebattre les oreilles avec leurs exploits passés, mais à ce stade vous souffrirez probablement d’Alzheimer et n’en aurez cure. En désespoir de cause, vous pourrez toujours leur voler leur dentier ; leurs tentatives de vantardise perdront rapidement de leur mordant.

Si cet écart de soixante ans vous semble quelque peu exagéré, pourquoi ne pas concocter une statuette vaudou maison à leur effigie ? Vous avez sûrement quelques poupées qui traînent chez vous ! (Attention : ne prenez pas la plus vieille et la plus laide, c’est la préférée de votre fille.) En les décorant de quelques aiguilles judicieusement placées, vous refroidirez les ardeurs de Lapineau et de Lapinette, qui ne se vanteront plus tellement de grand-chose lors de vos soupers de couples mais s’éclipseront dorénavant épisodiquement à la salle de bain, question de se rafraîchir le Vagisil.

Finalement (je sais que la solution semblera draconienne, mais qu’à cela ne tienne), pourquoi laisser l’amertume vous envahir au récit exalté de leurs exploits débridés alors que vous pourriez, si j’ose dire, en prendre de la graine ? Un couple de ma connaissance, qui préfère conserver l’anonymat, a tenté l’expérience qui suit :

Les carnets érotixes de Mère indigne - 231

Mère indigne — Je me demande ce que X et Y font ce soir ?Père indigne — Tu sais bien, ils doivent encore être en train de baiser.

Mère indigne — Tiens, ça ne te donnerait pas une idée ?…

Père indigne — T’es folle ! On est lundi !

Mère indigne — Et après ?

Père indigne — Et après, on va être tout mêlés ! Baiser un lundi. Non mais.

Mère indigne — Ouais, peut-être bien… En plus, il est quelle heure ?

Père indigne — Neuf heures vingt-huit.

Mère indigne — Autant dire neuf heures et demie…

Père indigne — Dans exactement deux minutes.

Mère indigne — Tu as raison, ce n’est ni le jour ni l’heure pour faire des cochonneries. Excuse-moi, je ne sais pas où j’avais la tête.

Père indigne — On se regarde un Cœur a ses raisons ?

Mère indigne — Yes !

Hum, oui, bon, enfin, ça ne tourne pas toujours comme on l’avait prévu, mais l’important, c’est d’essayer.

Cher Docteur I.,

Mon mari est fanatique du sexe anal. Que faire ?

Marie-Rose

232 - Chroniques d’une mère indigne

Chère Marie-Rose,

Je remarque tout d’abord que vous n’êtes pas douée pour la dactylographie car vous vouliez bien évidemment parler de

« sexe banal ». Vous êtes toute excusée, ça arrive aux meilleurs d’entre nous.

Donc, votre mari aime le sexe banal. Je conçois votre découragement, mais cette situation a ses bons côtés. Si vous avez des enfants ou prévoyez en avoir, le sexe banal, i.e. discret et confiné à la chambre à coucher, est comme qui dirait une condition ciné-quoi-nonne de l’acte sexuel (j’ai lu du San An-tonio hier soir).

La chambre à coucher, loin d’être cet endroit soporifique décrié par tant de célibataires trop jeunes pour connaître les maux de dos et démangeaisons consécutifs à des séances débridées de remeuleumoileu effectuées sur le carrelage de la salle de bain ou le paillasson piquant de l’entrée, est votre doux refuge, votre molletonneux sanctuaire, où un matelassé ami accueillera vos fèfèsses douillettes sans gémir (ou si peu). De plus, un loquet judicieusement installé sur la porte de cet antre de l’amour-confort empêchera vos petits angelots somnambu-les de découvrir que papa et maman font autre chose ensemble que de la sauce à spaghetti.

Bref, chère Marie-Rose, vive l’amour banal ! C’est sans douleur, et à la portée de toutes les bourses.

En terminant, chers lecteurs, un conseil : s’il vous venait l’envie de pimenter votre valse de l’amour par des déguise-ments quelconques, soyez prudents. Que de couples ai-je vus en consultation suite à une irruption intempestive de Junior Les carnets érotixes de Mère indigne - 233

dans la chambre à coucher, surprenant alors Papa déguisé en cowboy et Maman en danseuse de French cancan ? « Veux jouer, moi aussi » n’est pas une phrase que l’on souhaite entendre au plus fort d’une reconstitution pas très historique d’Il était une fois dans l’Ouest.

Merci, cher Docteur indigne, pour ces calembredaines, cabotinages et douteux conseils que nous ne manquerons pas de mettre en pratique, surtout sur X et Y.

234 - Chroniques d’une mère indigne

Vive les parents… libres ?

H ier, grande expédition pour Les carnets érotixes mener Petite Chérie et Bébé

de Mère indigne

chez les grands-parents pour la Le sexe après l’accouchement : soirée et la nuit. « Au revoir les ça va chauffer ! ( 7 )

enfants », disent Père et Mère in- Mère indigne se (re)lance en affaires dignes. « Vous nous manquerez. » Illustration : Confession gourmande Et ils partent, prodiguant force Père indigne va au bâton câlins et moult bruits de bouche Le courrier érotixe du Docteur rassurants.

indigne

Pendant le trajet du retour • Vive les parents... libres ?

règne dans la voiture un calme Bobettes blues surréaliste.

Mère indigne — Nous sommes libres. LIIIIIIIIIBRES !!!!!

Père indigne — Libres de dormir.

Mère indigne — Oui. Et de faire du ménage.

Père indigne — Ah.

Comme quoi la prison, c’est parfois dans la tête.

Les carnets érotixes de Mère indigne - 235

Bobettes blues

Les carnets érotixes

de Mère indigne

N e me dites pas qu’il n’y en a

pas quelques-unes ici qui

Le sexe après l’accouchement :

aimeraient avoir un dernier petit

ça va chauffer ! ( 7 )

morceau de Jean-Louis XXX à se

Mère indigne se (re)lance en affaires

mettre sous la dent, hummm, les

Illustration : Confession gourmande

filles ?

Père indigne va au bâton

Hé bien, Jean-Louis XXX,

Le courrier érotixe du Docteur

pendant le temps des fêtes, j’ai vu

indigne

ses bobettes.

Vive les parents... libres ?

Je sais, ce n’est pas prudent de

• Bobettes blues

vous dire ça comme ça, à froid, sans

prendre de précaution, alors que

vous avez votre sapin à défaire et pas une minute à consacrer à de quelconques rêveries sulfureuses sur fond de meuble IKEA.

Mais le fait est : j’ai vu ses bobettes.

Attendez que je me souvienne…

Je ne sais pas comment je me suis retrouvée seule avec lui dans le sous-sol, mais toujours est-il que c’est là qu’il m’a fait la grande proposition : « Je te montre les miennes si tu me montres les tiennes. »

Personnellement, les bobettes de Jean-Louis, hein ? Bof.

Après tout, Père indigne aussi en a, des bobettes, et je les regarde quand je veux. Si, si, je vous jure ! Mais j’ai pensé à vous, chères lectrices. Pouvais-je décemment laisser passer une telle occasion de recueillir de l’information sur les célèbres B. de J.-L. ?Alors, j’ai dit : « OK, c’est toi qui commences. »

236 - Chroniques d’une mère indigne

Oh, là là, mes amies ! Bon, j’ai juste eu droit à un bord de bobettes tiré au-dessus du pantalon, mais c’est fort heureux.

J’en étais déjà suffisamment remuée comme ça.

La chose était en léopard. Y’avait du noir, du orange. De ci, de là, des brillants, telles des étoiles scintillant dans le ciel de son entrejambe (diable, je suis poète, ce matin). Ça vous réveillait la bête féroce, le fauve en l’homme, mais sans l’odeur.

Pas de trous apparents, enfin, juste trois aux bons endroits, pour laisser passer les jambes et la taille, j’imagine. Ah, il finis-sait l’année en beauté, le XXX !

Je me suis assise quelques secondes afin de calmer mon émoi culotté. « Jean-Louis, haletais-je, ne me refais jamais ça.

Je suis une femme fragile. »

Ça a eu l’air de l’étonner. Père indigne me pardonne, je crois même que je l’ébranlai. « Tu es fragile, toi ?, me demanda-t-il. »

« Euh, non, mais je vais faire comme si. »

C’était maintenant à mon tour de me dévoiler un bout du coton intime. Or, les copines, on se connaît. On ne commencera pas à se raconter toutes sortes de menteries, n’est-ce pas ? Les bobettes pour filles, toutes les sortes de bobettes, ça finit par remonter. Vous savez, remonter ? Coincer ? D’ailleurs, le jazz aborde cette ô combien sérieuse problématique de la bobette féminine qui se coince dans son grand classique, It Might As Well Be String.

C’est un fait, toutes les bobettes de fille, du string au boxer, se coincent. Toutes, sauf une qui résiste encore à nous envahir : la culotte de grossesse. J’ai fait un sondage une fois, et une personne sur une m’a confirmé que ses bobettes de grossesse ne lui coinçaient jamais là où ça coince habituellement. Jamais.

Alors, bon, mes culottes de grossesse, je les porte encore. Je les porte souvent.

Les carnets érotixes de Mère indigne - 237

Et je les portais en ce soir fatidique du temps des fêtes.

Je n’ai même pas eu besoin de tirer mes bobettes au-dessus du bord de ma jupe, elles dépassaient déjà dans toute leur beige volup splend beigeur.

Jean-Louis, que vouliez-vous qu’il fasse ? Il a remonté l’escalier en courant et s’est envoyé deux vodkas coup sur coup.

Ça doit être pour ça qu’il était vert et que ses yeux étaient pleins de larmes.

Moi, je me sentais bien. En effet, j’avais le sentiment profond d’avoir accompli une bonne action. Car, soyons réalistes, Jean-Louis venait de toucher le fond du baril. Par conséquent, les choses ne pourraient que s’améliorer pour lui en 2007 !

Appelez-moi Bonne Fée Marraine.

En passant, Jean-Louis, ça m’a fait plaisir. Et c’est quand tu veux. Mes bobettes beiges seront fidèles au poste.

238 - Chroniques d’une mère indigne

Remerciements

J e tiens à remercier du fond du cœur tous les lecteurs du blogue Chroniques d’une mère indigne. Depuis le début de cette aventure, ils ont fait souffler sur mes textes un vent de folie qui continue à m’emporter et à m’enchanter.

Merci, donc, à tous mes compères virtuels, les silencieux comme les plus bavards. Ces derniers sont, de mars à décembre 2006 :

[moi], -Fp, °zabel°, 7h48, À bord du 558, a l’ouest, a n g e l, AangeZen, Accent Grave, adeline, Adriana, Agathe, aileen, Alatàriël, Albert, Alex, Aline, alix, Allo, Aloise, altaïr, Amandine, AMBRE, Amélie, Anana, Andre.G.Tremblay, andred, Andrée, Androue, Angela, anita, Annabelle, Anne, Anneau Nyme, Anne-Lune, Annick, annick077, Annie, Annie_Antibrocoli, Annie-Claudine, Anonymous, Anouck, ArbaraK, Arièle, Arielle, Arnaud, AspiranteMamanRévoltée, aurelhie, AuRéUs, AVa, Ava, Ayla, aziliz, babs, Bambi, barb, Barthox, batlebatt, Beah, beamodern, bebert, Bécassine, Bella_Léa07, belle d’ivory, bellzouzou, Beloiseau, Ben, Benoît, bibite, Bibite007, bibitte, Bichonne, Bismarck, Blanche, bleu, boomette, Bourgeois, Bozette, brigitte, cacawet, cahuette, Cakti, Calaly, Cam, camionneuse, Camomille, Cap’n Crunch, Carizak, Caro, Caroline, caroline, Caroline à Londres, CaroO, Cassiopée, cat, Catastrophe, Catherine, catherine, Catrou, CC, cebrefreveil, Celle qui va, Cessy, charlie, Cher Ami, chérie, Chikita, chlorop, Chocolyane, choupette, CHRIS, chris, Christine, Christophe Berget et Ludivine, Chroniques Blondes, CISS, Clara, Clara.be, Claudine, Cleanettte, Clem, clément, clerpée, co de contes, Remerciements - 239

Coccibulle_71, Coccinelle, Cocolico, Coconut!!!, colaille, commère des Pyrénées, commère indigne outre-atlantique, convenir, copain, cosmiclady, couverte, CrazyMrsNancy, cybie, Dafrey, dame automne, Damia, Danaée, Daniel, Daniel Rondeau, Daniel e, darklady_, ddchka, dé.K.lée, Deau, delirium, Delph B., Den the man, Denis L., DescrisenLigne, Didi, didou, Didouchka, Die Sterne, digne fille de ma mere, Dio, Disco, distinkt, Diva du Foyer, djo, djue, Do, Dobby, Dodinette, Dom, Dominique, doparano, Dr Maman, drenka, Duggerzzz, EastEndMomma, Easybelle, Éditeur indigne, Éducatrice indigne, Élie, eliza, Elsie (De Cergy, pas loin de Paris), Elyia’nha, Elyianha, Emma Peel, Emmanuelle Lux, Er Ger, erger, Éric, Estelle, Esther, Etolane, Etudiant alpha, Étudiante Indigne, Eva l’architecte, Eve, Eveline, Fabi, Fabilou, Fairy, fanindigne, Fanny, Faole, Faydra, Fée, Fervente admiratrice, FILLE AÎNÉE et sœur d’ELLE, fille distraite, Fille qui a compris, Fille_ordinaire, fin fond de la pologne, Fleur de la passion, fleur003, Flo, Flo Py, Florence, Folieve, Forsythia, France, Francis Lewss!, Francois, FrançoisBoucane, fred, frédérique-etc, French Lily, frenchgirl, Frère (et parrain) condamnable, Frimousse, ftibo, Gaalbs, Gabbel, Gabu, Gabydoune, Gatto, Ge, GeekGirl, gege, Gen, GeNeViEvE, Geneviève, gengen, Gernobyl, Ginger, Ginnyzz, Gorge, gps légaré, Grande-Dame, Graziella, Gretabel, Gribouye, Grimalmy, Guyli, Helniev, homme, Hope, hoplalavoila, Houssein, ici-julie, Ignacio, Ignoble Vignoble, Importée, Insouciante, Intellexuelle, is@, Isa, isa la gonne, Isabelle, Isabelle N. Miron, Isapooh, Isma, Ivellios, Jacinthe, jacqueline (belgique), Jacques a, Jam, Janis0-0, Jean Louis XXX, Jean-François, Jeann’indigne, Jeanne, jellybinne, Jenny, jennyale, Jessica, jeune maman, Jhon, Jid, J-Jolie, J-Julie, Jo Morgan, Joa, Joblo, Joe, Jojonana, Jojovy, JolyAnn, Josee, Josette 240 - Chroniques d’une mère indigne

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Choquette, Patrick Dion, Pécadilles, Peintre charmant, Père Absent, Père Solitaire, Petite Brune, Petite Maman, petiboutz, petitemaman, Petitspetons, peu importe, Phébus, Philippe-A, Pidou, Pierre-Léon, Pique-casseau, Pivoine, pkdille, Playmo, plume de fée, Pocahuntas, poirebellehelene, Polluxe, Polybo, Polydamas, PomCompot, pomme, Popa Kapab, princesse, Princesse Strudel, priscassacral, Prof Malgré Tout, Prof Maudit, pseudo-philosophe, psynaj, P’tit Ange, ptite bretonne, puce, Pucinette, Rédactrice chauve, Regor, reine du foyer, Reine Mère, Renée-Claude, Rhéa, Ringo Churros, rjf, Rochat, Rose Bonbon, rOuge bizoux, Rox@nne, sAb|dou, sagi, SAM3, sambuka, sammontreal, Sandra, sara, Sara, Sarah, Sarah-

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mere, Yza, Zab, ZabiGG, Zagathe, Zanzie, Zaziki, Zeclarr, Zed Blog, Zezette, zia, Zigounette, zozieau, Zu, Zzz., γιαγιά.

Remerciements - 243

Salutations spéciales au grand Mammouth sous toutes ses géniales incarnations : Mammouth lubrique (à brac) / qui se pavane (à la Fauré) / abasourdi / à la confesse/mystique /conci-liant / dubitatif / « tout ça, pour ça ? » / animalier / sacrificiel /

silencieux / à la Sartre / charmeur / Lambic / perspicace / de Massilia /paternel / « truffes » Godiva / RDI / Péripatéticien /

repentant / Sage / rectificatif / VUS / ergo sum / Pasteur Ted /

Enver Hoxha / Turgescent (mais bientôt flaccide) / Qui ne sais plus / French atmosphere / Maître Chanteur / Maître Chanteur part 2 / Déprime / Reiser / Rôles Inversés / Petit / au béret

/ Edika / Cucurbitacée / Heuuuuuuu /1-0 pour MI / Mono /

Pédalo / Clark Gaybeul / Vincent Poursans.

Aussi, un merci tout particulier aux lecteurs qui ont bien voulu me faire la grâce d’accepter que soient publiés ici certains de leurs commentaires, pour le plus grand bien de ce livre.

Finalement, inutile de me cacher la tête sous le manuscrit : je suis sûre que j’ai oublié des noms. Mes plus plates excuses aux victimes innocentes ; je vous adresse bien sûr, à vous aussi, mes plus vifs remerciements.

244 - Chroniques d’une mère indigne

Table des matières

Préface : Père indigne prend sa plume 7

Introduction

9

Seuls les indignes survivront

9

Les personnages principaux

12

On en a marre !

14

Révélation-choc

14

Combines et combinés

18

L’important, dans la vie

22

Pastus horribilis

25

Cryptomanie

28

Confession estivale

32

Vert luisant, une fiction cathartique

33

À propos de cette grossesse

36

Quoi de neuf, docteur ? (inédit)

36

À bas le bouchon muqueux ! (inédit)

39

L’information c’est le pouvoir, coco

42

Le péril périnéal : lettre à nos amis abitibiens (inédit) 46

Bébés : les aimer, y survivre

50

1001 blagues pour nouveaux parents

50

Dors, dors, ma petite &*$%#@

53

Dodo confession

56

Vacances à Cuba (Guantanamo)

57

Têtes chercheuses

60

Du premier au second : la sortie de Maman 62

C’t’une fois deux mères

65

À la guerre comme à la guerre (inédit)

67

Confession sur l’oreiller (inédit)

71

Sévices de garde

72

À afficher lundi à la garderie

78

T’as une tache là !

81

C’est la fête

86

L’art d’organiser des anniversaires…

86

… et l’art d’y assister

91

Le chocolat équitable, ça ne goûte rien

96

On se reverra en enfer, les p’tits monstres !

98

Indigne et demie

99

Confession photographique

104

Le père Noël est aux ordures

105

Pour en finir avec le père Noël

114

Les enfants, c’est dégueulasse

117

L’apocalypse dans 5, 4, 3…

117

Après le sport extrême…

120

Sam Pique ! Sam Pique !

123

Assumer sa vache intérieure

124

Confession républicaine

129

Le repas le plus important de la journée 130

La honte

132

Anecdote pour un jour de pluie

135

Le Nouveau Testament selon Eugénie

138

Trucs improbables et astuces indignes 140

Un anti-truc de Mère indigne

140

Combien de fois faut tourner la langue, déjà ?

143

Que celui qui n’a jamais péché…

146

Confession malhonnête

149

Les trucs de Mère indigne : le poids

150

Aidez vos enfants à dire oui, euh, je veux dire non, à la drogue 151

Appel à tous !

154

Peluches maudites

161

Les aventures d’un toutou chantant

161

Spiritu Toutou

164

La destruction sera totale

166

Confession éboueuse

169

Madame Bovary, c’est moi

170

Mère indigne va trop loin

170

Laval-sur-Dallas

173

Jean-Louis XXX, 38 ans, terrorisé

176

Les amours au temps de la cour de récré 178

Comment transmettre nos valeurs en 6 étapes faciles 178

Fourmidable et les habiletés de base

181

L’art de rester calme. À tout prix.

183

Cour de récré Story

185

(Bref) miracle

188

Les pères

191

Mère indigne se met les mères à dos…

191

… et les pères aussi

196

Mère indigne sauve son couple

203

Père indigne prend l’initiative

206

Mère indigne change de combat (et de chemise de nuit) 207

La ligne Info-Père indigne, pour en savoir vraiment trop sur les choses de la vie

209

Un récepteur à la réception

211

Les carnets érotixes de Mère indigne

214

Le sexe après l’accouchement : ça va chauffer !

214

Mère indigne se (re)lance en affaires

221

Confession gourmande

225

Père indigne va au bâton

226

Le courrier érotixe du Docteur indigne

230

Vive les parents… libres ?

235

Bobettes blues

236

Remerciements

239

Pour effectuer une recherche libre par mot-clé à l’intérieur de cet ouvrage, rendez-vous sur notre site Internet au www.septentrion.qc.ca Tous les livres de la collection Hamac sont imprimés sur du papier recyclé, traité sans chlore et contenant 100 % de fibres postconsommation, selon les recommandations d’ÉcoInitiatives (www.ecoinitiatives.ca).

En respectant les forêts, le Septentrion espère qu’il restera toujours assez d’arbres sur terre pour accrocher des hamacs.

composé en warnock corps 10

selon une maquette de pierre-louis cauchon ce quatorzième tirage a été achevé d’imprimer en février 2011

sur papier enviro 100 % recyclé

sur les presses de l’imprimerie marquis

à cap-saint-ignace

pour le compte de gilles herman

éditeur à l’enseigne du septentrion

Licence enqc-62-5026113-sg73071800 accordée le 14 avril 2011 à Archambault.ca 5026113