Le Proche-Orient

C’est incontestablement au Proche-Orient que la Déesse des Commencements possède ses lieux les plus sacrés, et peut-être ses lieux les plus secrets. Car il ne suffit pas d’affirmer la prééminence de certains sites majeurs, comme Éphèse, pour placer dans cette région du monde l’origine de tous les cultes en l’honneur de la Déesse. Si cette région est marquée par la présence matérielle de sanctuaires qui lui sont dédiés, c’est sans doute parce que c’est là que s’est produite, aux environs du VIIIe millénaire avant notre ère, la mutation essentielle des sociétés humaines, passant du paléolithique au néolithique.

Les débuts de l’agriculture ont été marqués par une véritable révolution dans les mœurs, et si la sédentarisation a très vite provoqué l’urbanisation, elle a également conduit à une nouvelle vision de la femme, celle-ci devenant le pivot essentiel de la vie familiale, voire tribale. Autrefois simple procréatrice accompagnant l’homme dans ses expéditions, la femme se retrouvait désormais gardienne du foyer et répartitrice des biens de la communauté, d’où une nouvelle formulation du rôle de la Déesse, quel que fût le nom que les différents peuples du Proche-Orient lui donnaient. Ceci explique l’importance des cultes féminins dans cette région.

C’est aussi en fonction de ce changement fondamental de la vision de la femme divine que se justifient la migration d’Abraham et la naissance du peuple hébreu. En effet, si l’on en croit la Bible – et il n’y a aucune raison de ne pas la croire –, Abraham quitta Ur, en Chaldée, pour respecter ses engagements vis-à-vis d’un Dieu père dont le culte était menacé par d’autres liturgies en faveur d’une déesse mère. Abraham représente donc un courant conservateur qui n’accepte pas les nouvelles donnes : il persiste dans son nomadisme et refuse l’agriculture avec tout ce que celle-ci apporte de mutations. Et il maintient dans son errance à travers le désert le culte du Dieu père, unique protecteur de la tribu. En fait, il ne fait que répéter le drame d’Abel et de Caïn, le premier symbolisant l’état pastoral, le second l’état agricole et artisanal, mais au lieu de s’exposer au meurtre, il préfère prendre les devants et s’enfuir. On sait qu’au cours de son histoire tourmentée, le peuple hébreu, en contact permanent et souvent conflictuel avec les peuples voisins, sera maintes fois écartelé entre la fidélité au Dieu père et la tentation des cultes de la déesse mère.

Cependant, parallèlement à cette attitude conservatrice, on pourra observer une volonté réformatrice chez un autre peuple, qui n’est pas sémite comme les Hébreux mais indo-européen, celui des Iraniens. Il semble en effet que ces derniers aient pratiqué dans les premiers temps des cultes analogues à ceux de l’Inde et de l’Asie centrale sous dominante scythique, donc indo-européenne. La réforme de Zoroastre, en établissant une théologie dualiste (l’univers est un perpétuel conflit entre Ahura-Mazda, la Lumière, et Arhiman, les Ténèbres), a fait disparaître toutes les images qu’on donnait à la Déesse des Commencements, celle qui était nommée Anahit ou Anahita. Mais celle-ci ne sera pas perdue pour autant puisqu’on la retrouvera plus tard en Grèce sous le nom d’Anaïtis, en Europe centrale sous une appellation celtique qui a donné le nom du Danube, dans les îles Britanniques sous les noms d’Anna, de Dana et de Dôn, et même chez les Phéniciens sémites sous l’appellation de Tanit, la grande déesse de Carthage. Quant à Arvi, autre nom de la déesse indo-iranienne, elle réapparaîtra chez les Grecs sous les traits de la mystérieuse Artémis, probablement par l’intermédiaire de la non moins mystérieuse « Diane scythique », de toute évidence une divinité solaire féminine.

Mais c’est surtout au sein des innombrables tribus sémitiques du Proche-Orient devenues sédentaires que l’image de la Déesse des Commencements allait s’enrichir de nouveaux ornements correspondant aux multiples fonctions qu’on lui prêtait. Ses noms sont extrêmement divers : à Babylone, on honorait une certaine Anat, probablement la même que l’Anahita iranienne, qui est une sorte de parèdre du dieu Anou, à la fois hittite, donc indo-européen, et assyro-babylonien, donc sémite. Mais on la retrouve également sous la figure de Nanaï ou de Nanâ avant qu’elle se fonde définitivement dans le personnage essentiel de la déesse Ishtar de Babylone, autrement dit l’Astarté des Phéniciens. La caractéristique de cette déesse est sa sexualité, mise en valeur d’une façon qui ne pouvait que choquer les puritains de toute espèce et les partisans d’un Dieu père unique géniteur. Le temple d’Ishtar à Babylone était un sanctuaire réservé à la prostitution sacrée : non seulement les hommes pouvaient s’y accoupler rituellement avec les prêtresses du temple, mais toute femme devait, au moins une fois dans sa vie, jouer le rôle de la prêtresse en allant s’offrir aux hommes dans l’enceinte sacrée. Il s’agissait alors d’un authentique hiérogame, une union directe entre l’humain et le divin, ce divin étant incarné par la prêtresse ou la femme en tenant lieu, l’une et l’autre étant la personnification d’Ishtar.

Car Ishtar n’est pas « vierge » au sens où l’on entend ce terme aujourd’hui. Sa virginité n’est pas physique, elle est placée sur un plan supérieur : au sens étymologique, le mot « vierge » évoque la force et la disponibilité. Et, dans les récits mythologiques qui la concernent, Ishtar représente, par son étrange liaison avec le dieu Dumuzi – dont on ne sait pas très bien s’il est son amant ou son fils, vraisemblablement les deux –, la vie dans toute son intensité. Descendue aux Enfers, elle y fut dépouillée, dit-on, de tous ses pouvoirs et traitée en simple mortelle, ce qui entraîna une rupture dans l’harmonie du monde et donc de grands désordres sur la terre. Pour y remédier, les dieux célestes durent envoyer vers elle son vizir Namtar qui réussit à la ramener à la surface après qu’il l’eut aspergée des eaux de la vie. Mais Dumuzi n’eut pas le même sort : il devait passer la moitié de l’année dans les Enfers. Ce mythe fondamental est le même que celui d’Astarté, de Cybèle et de Déméter.

La représentation d’Ishtar et de ses différentes hypostases est assurément érotique, et le fait pour une femme d’aller se prostituer dans le temple est un rituel de sacralisation par lequel, comme le dit Hérodote, « la femme est sanctifiée aux yeux de la Déesse ». Et, toujours d’après Hérodote, cette Ishtar est « déesse du désir, déesse de la vie, courtisane de l’amour et putain sacrée du temple ». C’est elle-même qui le dit d’ailleurs, par la voix de ses oracles : « Je suis une prostituée compatissante. » Mais, en tant que telle, elle est nécessairement ambiguë et susceptible de revêtir des aspects monstrueux ou terrifiants. De plus, le mythe littéraire d’Ishtar et de Dumuzi (également nommé Tammuz), en l’état dans lequel il nous est parvenu, est loin d’être clair : on peut comprendre qu’Ishtar ait elle-même tué son amant, quitte à le regretter ensuite. Si elle donne la vie, elle donne également la mort. Mais il s’agit d’une mort rituelle, puisque Dumuzi, grâce à elle, renaît une moitié de l’année. Ishtar est donc comparable à la Grande Déesse représentée symboliquement sur les gravures de certains cairns mégalithiques, cette divinité funéraire qui est censée procurer aux défunts une nouvelle existence dans un autre monde, et cela en engloutissant d’abord l’homme dans son ventre, puis en le maturant dans ses entrailles avant de l’accoucher dans un état supérieur. C’est le thème qui préside à toutes ces étranges Sheela-na-Gigs, très nombreuses en Irlande et dans une partie de la Grande-Bretagne, dont la vulve largement ouverte invite à s’y engouffrer.

Mais, dans les représentations assyro-babyloniennes, Ishtar, toute « érotique » qu’elle soit par ses prolongements, est définie comme une divinité multifonctionnelle. Certes, le premier rôle est dévolu à Mardouk, le dieu tutélaire de Babylone, ainsi qu’à Assour, le dieu assyrien proprement dit, mais cela ne fait pas oublier que dans la tradition primitive, tout entière marquée par les correspondances entre la voûte céleste et la terre (on sait que les Assyro-Babyloniens sont les créateurs de l’astrologie), il existe une triade essentielle, celle de Sin, la Lune, de Shamash, le Soleil, et d’Ishtar, la planète Vénus. Et ces entités divines ne sont, dans la théologie complexe des sémites du Proche-Orient, que les résultats du démembrement de la déesse Tiamat, qui correspond au chaos originel. De cette origine, les divinités dites classiques conserveront des emblèmes significatifs : à Sin, seront attribués le dragon et le disque lunaire, et le Yahveh hébreu, ancien dieu du mont Sinaï, conservera pendant longtemps le même symbolisme, réapparaissant au cours des âges, notamment à travers la nuée ardente qui n’est autre que le souffle enflammé du dragon. Quant à Shamash, son ambiguïté en fait une divinité universelle : il a comme emblèmes le lion et le disque solaire, ce qui en fait l’énergie personnifiée, la chaleur, la vie, mais sans implication sexuelle particulière. Si Sin est incontestablement un dieu mâle et Ishtar une déesse femelle, Shamash est indifférencié, comme s’il était androgyne.

C’est cependant Ishtar qui règne sur ce monde divin de Babylone et de Ninive. Elle est vraiment la déesse aux mille aspects, souvent représentée avec une robe conique, des bras ailés et un chapeau conique évoquant une ziggourat, sorte de tour à degrés de plus en plus restreints, qui semble avoir été le type de la fameuse tour de Babel. Et Ishtar possède des emblèmes qui témoignent de ses fonctions : elle est la Dame aux Serpents (qu’on retrouvera en mer Égée), parce qu’elle connaît tous les secrets du monde souterrain et préside donc à la germination des grains ; elle est aussi la Dame au Lion qui donne la puissance et la victoire ; elle est enfin la Dame à la Colombe qui suscite et protège l’amour, ainsi que la sexualité. Ces caractères d’Ishtar, on les retrouvera curieusement dans un domaine proprement indo-européen, en l’occurrence chez la déesse irlandaise Morrigane (la « grande reine »), maîtresse de l’amour, de la guerre et de la fécondité, qui deviendra la fée Morgane des romans dits de la Table ronde.

Sur les bords de la Méditerranée, Ishtar n’est plus connue que sous son nom déformé d’Astarté, et c’est cette Astarté qui, une fois hellénisée, deviendra Aphrodite, ou encore Vénus. Alors, son amant-fils sera Adonis, mais l’aventure sera identique. Un peu plus au nord, dans la Turquie actuelle, cette même entité divine sera la Phrygienne Cybèle, en fait la mère de tous les dieux ; comme son amant Attis s’est châtré pour elle, ses prêtres dévoués, les galles, se feront eux-mêmes eunuques et porteront des vêtements féminins pour s’assimiler davantage à la Déesse. Attis renaîtra chaque année, redeviendra viril par conséquent, et ensemencera de nouveau Cybèle, c’est-à-dire la Terre mère, en un inceste sacré qui montre l’importance du lien entre la mère et le fils – lien soumis à un interdit absolu pour le commun des mortels et que seuls les dieux ont le droit et le devoir de transgresser pour assurer l’équilibre de l’univers. Lorsqu’à la période hellénistique, Cybèle sera quelque peu confondue avec l’Artémis des Grecs – la Diane scythique –, on s’efforcera de gommer l’aspect trop sexuel de la Déesse en en faisant une chaste gardienne des animaux sauvages et en mettant en lumière son intransigeante virginité : alors, malheur à qui verra la Déesse entièrement nue ! Il sera condamné à mort ou à la castration. Cette évolution puritaine du mythe n’en détruit absolument pas la signification primitive.

Mais si la Déesse des Commencements a été particulièrement honorée dans tout le Proche-Orient, le christianisme et surtout l’islam l’en ont chassée honteusement. Les figurines d’Anatolie, en terre cuite, représentant la Mère universelle aux hanches très larges, sont réparties dans les musées. Les figurations d’Ishtar ont été dérobées aux ruines de Babylone pour échouer au Louvre ou au British Museum. Si l’on veut actuellement accomplir un pèlerinage aux sanctuaires de la Déesse, il faut aller se recueillir sur des chantiers de fouilles d’où sont extraits tant bien que mal les vestiges de sa splendeur passée. Qu’elle soit représentée très simplement, et symboliquement, à l’époque néolithique, plus réaliste à l’époque assyro-babylonienne, plus chaste à l’époque hellénistique, elle semble avoir disparu des paysages familiers de l’Asie Mineure. Pourtant, à travers les statues qui montrent Cybèle couronnée d’une tour crénelée marquant sa puissance, ou au voisinage d’un pin, elle réveille des images fixées à jamais dans l’inconscient humain.

Le pin deviendra d’ailleurs son symbole, et ce symbole sera parfaitement expliqué par les auteurs de l’Antiquité qui décrivent avec d’abondants détails le culte qu’on lui rendait. Les grandes fêtes en l’honneur de Cybèle commençaient aux ides de mars : on observait alors une semaine de deuil qui commémorait la mort d’Attis, semaine marquée par une continence sexuelle absolue. Puis, le jour de l’équinoxe, les prêtres de Cybèle allaient couper un pin qu’on enveloppait de bandelettes, comme une momie, et qu’on ornait d’une statuette figurant Attis, avant de le porter en procession jusqu’au temple de la Déesse. Le pin représentait donc le fils-amant de Cybèle. Puis, le 24 mars, on célébrait la fête du Sang. Les plus exaltés des fidèles se tailladaient les épaules et les bras pour arroser le pin de leur sang, et donc participer eux-mêmes à la passion d’Attis. Le pin était alors descendu dans un caveau du temple où avait lieu une veillée de purification.

Le lendemain, aux premières lueurs de l’aurore, quand les rayons du soleil commençaient à pénétrer dans le sanctuaire, on pouvait alors contempler, étendu sur un lit de parade placé au pied de la statue de Cybèle, le jeune dieu ressuscité, incarné par un jeune fidèle. Ainsi débutait une journée triomphale où l’on célébrait la renaissance d’Attis. On disposait sur un char tiré par quatre chevaux l’image de Cybèle et celle d’Attis, en bonnet phrygien, portant le bâton pastoral. Suivait une procession composée de joueurs de flûte et de tambourin, de cymbaliers, de chanteurs, de porteurs de torches, de prêtres et de prêtresses vêtus de blanc et couronnés d’or, qui encadraient le grand prêtre, au pallium de pourpre. La procession parcourait la ville, s’arrêtant dans les temples de tous les autres dieux, ce qui était logique puisque Cybèle était la Mater deum, la « mère des dieux ». Tout se terminait par des festins et des beuveries interminables.

Cependant, ce n’était que la partie visible du rituel, d’autres cérémonies avaient lieu, dans le plus grand secret, que les chroniqueurs n’ont fait que suggérer. On peut supposer que les jeunes néophytes recevaient un baptême du sang et participaient à un repas de communion mystique, avec partage du pain et du vin, comme aux mystères d’Éleusis – et dans la Cène chrétienne. Puis ils devaient pénétrer dans la chambre nuptiale de Cybèle, vraisemblablement une cave obscure, image du ventre maternel, à laquelle on ne pouvait accéder qu’après avoir suivi un long couloir76 symbolisant le conduit vaginal. Là, tout nouvel élu devait alors s’identifier à Attis et épouser mystiquement la déesse mère, ce qui lui faisait acquérir la certitude de partager la résurrection du fils-amant de Cybèle.

Nous connaissons fort bien les rituels – du moins extérieurs – de la dévotion à Cybèle parce que celle-ci est répandue très tôt dans tout l’empire romain, s’y mêlant au culte de Mithra et devenant ce qu’on a appelé la religion métroaque. Nous savons également que, pendant les 1er et IIe siècles de notre ère, cette religion métroaque s’est trouvée en concurrence directe et en rivalité farouche avec le christianisme naissant. Mais si les villes de l’empire romain, lequel comprenait alors la plus grande partie du Proche-Orient, accueillaient favorablement le culte de la déesse mère Cybèle, le plus grand centre métroaque était incontestablement Éphèse, où la Déesse avait été successivement honorée sous les noms d’Anahita, de Tanit, d’Astarté, de Cybèle bien entendu, mais aussi d’Aphrodite et d’Artémis.

Dans ces conditions, on ne peut guère s’étonner que les auteurs des Actes des Apôtres aient tenu à faire d’Éphèse le lieu où, après l’ascension de Jésus, la Vierge Marie était censée s’être retirée en compagnie de l’apôtre Jean. Le couple Cybèle-Attis avait cédé la place au « couple » Marie - Jean. On ne peut guère s’étonner non plus qu’au cours du fameux concile d’Éphèse, en 435, ait été solennellement défini le dogme de la Theotokos, de la « mère de Dieu ». Quant à l’empereur Justinien et à l’impératrice Théodora, ils savaient parfaitement ce qu’ils faisaient en ordonnant la construction à Constantinople de la plus grande église de la chrétienté, dédiée à sainte Sophie, autrement dit à la Vierge Marie, cette Vierge des Commencements qui existait avant même que le monde fût créé par la parole – et le souffle – de Yahveh Adonaï. Le Proche-Orient n’est pas seulement le lieu de naissance de Jésus-Christ : il est aussi celui de la Vierge.

 

La grande déesse
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