III. LE NÉO-DRUIDISME.
Ce sujet ne fait normalement pas partie de notre domaine de recherche, encore que les recherches le concernant ne manquent nullement d’intérêt. Mais la majeure partie du public est, à notre époque, incapable de faire la moindre distinction entre le « druidisme » qui disparaît lors du triomphe du christianisme à la fin de l’antiquité et le « néo-druidisme » qui apparaît au début du XVIIIe siècle. Les quelques lignes qui suivent ne sauraient constituer de notre part qu’une information simple, dépourvue de tout commentaire, à l’intention du lecteur curieux. La majeure partie des documents fondamentaux, qui existent en Grande-Bretagne, ne sont d’ailleurs pas accessibles.
Les trois branches du néo-druidisme sont bien connues et elles n’ont d’ailleurs jamais cherché à dissimuler leurs origines. Basées sur la franc-maçonnerie, elles ont été fondées au XVIIIe siècle à Londres, respectivement :
– le 22 septembre 1717 à The Apple Tree Tavern, par l’Irlandais John Toland (Ancient Druid Order) ;
– le 28 novembre 1781 à la King’s Arms Tavern, par un charpentier, Henry Hurle {Ancient Order of Druids) ;
– le 21 juin 1792 sur la colline de Primrose Hill, par un Gallois, ouvrier maçon, de son nom bardique Iolo Morganwg, qui est à l’origine de tout le « bardisme » gallois.
La branche bretonne, issue de la Gorsedd galloise, est plus tardive puisqu’elle a été fondée le samedi 1er septembre 1900, dans le café de la veuve Le Falc’her, route de Callac (maintenant rue des Salles) à Guingamp, par quelques personnes dont aucune ne possédait la moindre formation traditionnelle. Auparavant, le terrain avait été préparé par Hersart de La Villemarqué qui avait assisté, entre autres, à l’Eisteddfod d’Abergavenny en 1838, en compagnie d’Alphonse de Lamartine. La Villemarqué, qui devait publier en 1838 le Barzaz Breiz, n’a jamais osé sauter le pas de la fondation d’une Gorsedd bretonne.
Ce néo-druidisme se base sur quelques textes apocryphes gallois, en particulier sur la faible partie des Iolo Manuscripts parus en 1848 et le Barddas du pasteur William Ab Ithel, paru en 1862. Ces textes sont en gallois moderne et il n’en existe, à notre connaissance, aucune version plus ancienne.
Faute de pouvoir exploiter des documents qui existent mais dont nous ne pouvons avoir connaissance, nous ne porterons aucun jugement de valeur sur les liens éventuels du néo-druidisme et de la franc-maçonnerie écossaise. Mais il ne peut s’agir, au mieux, que d’initiations artisanales qui, considérées comme telles, n’ont rien de parodique, sans toutefois pouvoir être transférées ou reportées à une filiation sacerdotale, ce qui, à nos yeux, classe définitivement la question d’une initiation sacerdotale éventuelle. Il n’existe pas, à notre connaissance de néo-druidisme irlandais. Il n’existe pas, en tout cas, pas plus qu’au pays de Galles et en Bretagne armoricaine ou, a fortiori en Gaule, pour toutes les raisons que nous avons exposées plus haut, d’organisation ou de groupe, ouvert ou fermé, qui dispose d’une filiation traditionnelle remontant aux druides de l’antiquité.