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Lorsque Doug ouvrit la porte et pénétra dans la boutique d’articles de voyage avec Adelle et les trois mômes, il y régnait une effervescence incroyable. Tout d’abord, il crut que leur arrivée en était la cause mais comprit sa méprise, lorsqu’il aperçut la flaque de sang sur le sol et l’homme dont la narine gauche avait été emportée.

Leur break était hors d’état de marche ; il avait heurté le poteau d’une palissade et il n’irait plus nulle part sans l’aide d’une dépanneuse. Ils avaient donc franchi à pied la distance jusqu’à Sierra Gold Pan, en essayant vaguement de faire du stop, sans succès. Ils n’avaient réussi qu’à se faire éclabousser de boue. Les mômes ne s’étaient plaints ni du froid, ni de cette marche à pied, ni de l’accident, ce qui était surprenant. Mais plus surprenant encore : Adelle n’avait pas émis une seule plainte. Non pas qu’elle n’ait aucun motif de se lamenter, bien au contraire. Au cours de cette marche forcée, Doug s’était maudit d’avoir tellement insisté pour la conduire chez sa mère. À l’avenir, il se souviendrait de ce voyage et saurait qu’Adelle était parfaitement capable de se prendre en main. Il réfléchirait à deux fois avant de se lancer dans une pareille entreprise. Mais au moins, ils avaient encore un avenir. Doug pouvait remercier le ciel. Hormis quelques bosses, des égratignures et une méchante entaille, personne n’avait été sérieusement blessé.

Jamais Doug n’avait eu aussi froid de sa vie et il crut qu’il ne parviendrait pas à se réchauffer. Si la circulation du sang se rétablissait dans ses pieds, ses mains et son visage, cela suffirait largement à son bonheur. Une fois arrivé au Sierra Gold Pan, il oublia ses malheurs à l’instant où Adelle s’appuya contre lui et, se cramponnant à son poignet, murmura :

— Ô Seigneur ! qu’est-ce que c’est que ça ?

Cece enfouit son visage dans le manteau de sa mère et se mit à geindre. Dara se détourna en chuchotant :

— Ô mama miiiaa !

— Mon Diiieu ! souffla Jon.

Doug avait un peu le cœur au bord des lèvres.

Un individu au crâne en forme de poire et à moitié déplumé était appuyé de tout son poids contre un échangeur de monnaie. Il se cramponnait à cette machine avec tellement de force que ses articulations étaient blanches. Il avait le visage couvert de sang. Ça dégoulinait sur son veston vert et se répandait sur le carrelage. Sa mâchoire tombait, ses yeux vitreux avaient un regard lourd, son visage était livide. Bien que plusieurs personnes l’entourent avec des mines choquées et horrifiées, aucune ne semblait disposée à s’occuper du blessé. Le trou dans le nez – qui ressemblait en fait à une déchirure – s’ouvrait et se refermait au rythme de sa respiration, projetant à chaque palpitation un jet de sang dans un bruit de ronflement et de gargouillis.

Lorsqu’ils étaient arrivés, un énorme Noir avait abandonné son seau et ses balais pour se ruer auprès du blessé en hurlant : « Appelez une ambulance », d’une voix qui avait transformé toutes les poitrines en caisse de résonance. Une grande femme, mince et blonde, vêtue d’un corsage bleu marine, jaillit de derrière la caisse de la boutique pour le rejoindre. Elle contempla, interloquée, le nez du malheureux et déclara :

— J’vais chercher des glaçons.

— Que s’est-il passé ? demanda le Noir au blessé.

La tête de ce dernier dodelina lentement de gauche à droite.

— Une… bagarre, haleta-t-il. Une torche.

— Hein ???

— Un type… dans le parking… m’a cogné la gueule… avec une… torche.

— Et appelez la police, aussi ! glapit le Noir pardessus son épaule.

— Tout de suite ! brama une femme installée derrière la caisse pour l’essence.

La boutique était remplie de gens, mais personne ne faisait un geste. Tout le monde restait planté en un vague cercle, à contempler le sang de l’homme agressé.

La porte s’ouvrit derrière Doug. Il sentit l’odeur du nouveau venu avant même d’entendre sa voix. Il puait le gros lard qui n’a pas touché un savon depuis une éternité. Il parlait avec une voix évoquant de la gelée aspirée par un aspirateur à bout de souffle :

— … Fait un vache de temps qu’on attend, alors on… Bordel, c’est quoi c’merdier ? Ooooh ! Putain !

Doug jeta un regard discret par-dessus son épaule et vit le type : très gros, pas très grand, des cheveux noirs et gras coiffés en arrière ; une tronche évoquant une sablière et des chicots ressemblant à de l’écorce d’arbre pourrie. Celui à qui il s’adressait était un rien plus grand, un rien moins gros mais avec les mêmes cheveux. Son visage était couvert de boutons, dont certains avaient la couleur de cerises mûres. Ils étaient tous les deux si répugnants qu’ils auraient pu être frères, ou tout au moins cousins germains. Ils fixaient la flaque de sang qui s’élargissait sur le sol, l’air affolé. Le plus court et le plus gros se pencha vers l’autre obèse et, l’œil toujours cloué sur la flaque, bougonna :

— Foutons le camp. Faut pas qu’un d’eux s’ramène ici. Ça les rendra fous.

L’autre opina lentement, recula de quelques pas, puis pivota en se ruant vers la porte.

— Un téléphone, bredouilla Adelle, comme prise de vertige. On devrait téléphoner.

Doug l’enlaça et l’entraîna vers le restaurant.

— Ouais mais d’abord, prenons une table et buvons un café, d’accord ? Allez, venez, les mômes !

Ils se frayèrent un chemin à travers la foule jusque dans le corridor et s’approchèrent de la caisse où se tenait une jeune femme parlant au téléphone.

— Il faut attendre combien de temps pour une table ? s’enquit Doug.

La caissière plaqua une main sur le combiné.

— Environ quarante… (Elle s’arrêta court, les regarda et fronça les sourcils.) Ô mon Dieu ! vous autres, vous n’avez pas passé une bonne nuit, n’est-ce pas ?

Doug poussa un petit rire.

— Malheureusement.

Se penchant vers eux, la jeune caissière chuchota sur un ton de conspiratrice :

— Ma foi… Laissez-moi le temps de voir ce que je peux faire pour vous, d’accord ?

— Reste ici avec les gosses, lança Doug à Adelle. Moi, j’vais voir si je peux trouver une dépanneuse. Fais-moi signe si tu as une table.

Il regagna la boutique où Byron épongeait le sang. Le blessé avait disparu mais il avait laissé dans son sillage une ligne de gouttes rouges sur le sol. Un jeu de piste sanglant qui traversait le magasin jusqu’à une porte marquée bureau. Doug demanda à la caissière où se trouvaient les cabines téléphoniques. Elle pointa le doigt en direction de la caisse pour l’essence. Alors qu’il contournait le Noir, Doug faillit être renversé par le gros type dégoûtant qui se trouvait derrière lui, quelques instants auparavant.

— Dieu de Dieu ! grommela tranquillement le type en fuyant vers la porte.

Doug le vit saisir par le bras une fille maigre et pâle, perdue dans un énorme et long manteau noir. Bouche ouverte, elle contemplait le va-et-vient du balai du Noir essuyant la flaque de sang.

— Y t’a pas dit qu’y fallait pas v’nir ici ? grinça le gros en la faisant brusquement pivoter et en la poussant vers la porte. Dégage, bon Dieu de bon Dieu !

Comme une somnambule, la fille franchit la porte et s’éloigna d’un pas lent.

Doug se retourna et se dirigea vers les cabines téléphoniques en hochant la tête et en souhaitant, une fois de plus, n’être jamais venu ici…

 

Une fois installés par l’hôtesse dans un box d’angle près d’une fenêtre, Jon sentit des fourmillements dans ses orteils.

— Je vous fais passer avant les autres, chuchota l’hôtesse, parce que vous m’avez l’air d’en avoir sacrément besoin, d’ac ? Mais pas un mot, hein ?

Jon retira son blouson, se glissa vite à côté de la fenêtre et lorgna par les stores entrouverts. Il glissa l’index entre deux lamelles pour abaisser celle du bas. Il observa les poids lourds, tandis que sa mère commandait du café et du chocolat chaud pour tout le monde. Elle plongea une serviette en papier dans son verre d’eau glacée, tapota sa lèvre coupée, puis demanda :

— Les enfants, vous êtes sûrs que vous allez tous bien ? Personne n’a été blessé ?

Jon et les filles opinèrent d’un air épuisé.

Chaque table était munie d’un téléphone auquel était reliée une carte en plastique annonçant « PCV et Cartes téléphoniques uniquement ». Adelle demanda une communication en PCV pour Grants Pass, chez tante Janice.

La serveuse apporta leurs boissons et les menus, mais Jon n’ouvrit pas le sien. Il avait eu très faim en cours de route, mais à présent son appétit était coupé. Le Sierra Gold Pan lui donnait la nostalgie de son papa.

En effet, ils avaient mangé tous les deux dans ce restoroute six ans auparavant. Jon avait alors neuf ans. C’étaient les vacances d’été et son père l’avait emmené avec lui pour livrer une cargaison de fibrociment à Tacoma, dans l’État de Washington. Ce n’était pas la première fois que Jon montait dans le camion de son père. C’était un Kenworth bleu marine et argent, et il semblait à un gamin de neuf ans beaucoup plus grand qu’il n’était en réalité. Dans ses souvenirs, il s’était beaucoup plus amusé pendant ce voyage qu’à Disneyland. Sans doute parce qu’il s’était retrouvé seul avec son papa dans cet engin monstrueux qui dévorait la route. Ils avaient pu se raconter des blagues cochonnes sans que maman les gronde. Cece, qui avait deux ans à l’époque, ne les avait pas dérangés avec ses babillages et Dara n’était pas là non plus, à se plaindre sans arrêt de tout et de rien. Lui, son papa et le camion, c’est tout.

Ah ! Et les arrêts en cours de route ! Ils avaient mangé une fois dans un resto aménagé dans un vieux train. Ils s’étaient même arrêtés au Mont Shasta où des centaines de gens se réunissaient pour une cérémonie pendant laquelle ils adoraient les petits hommes qui, selon eux, habitaient à l’intérieur de cette montagne. Ils avaient visité également un petit bled qui ressemblait à un décor pour western et Jon avait eu droit à la première bière de sa vie. Mais son meilleur souvenir, c’était la nuit au Sierra Gold Pan, lors du retour.

Pourtant, ce restoroute ne présentait a priori guère d’intérêt. Il était moins grand que la plupart de ceux où ils s’étaient arrêtés. Seulement, quelque chose avait enflammé l’imagination de Jon. Cette nuit-là, le Sierra Gold Pan grouillait de monde, à une heure pourtant tardive. Il y régnait une atmosphère de carnaval que Jon avait trouvée formidable. Les moteurs des camions faisaient vibrer la chaussée du parking et des voix spectrales s’interpellaient dans les ténèbres. À l’intérieur, il y avait de la musique, le brouhaha des voix, les cliquetis des caisses enregistreuses et, tout au fond, une salle remplie de jeux vidéo, de flippers et autres appareils à sous avec leurs clics, leurs bips et leurs bzzz. Son papa avait échangé un billet de dix dollars contre des pièces de monnaie et l’avait envoyé s’amuser tout seul dans cette salle, pendant qu’il prenait une douche. Quelques routiers étaient venus le regarder jouer et l’avaient encouragé pour qu’il claque ses trois parties gratuites.

Mais aujourd’hui, ce n’était pas pareil. Sans son papa, ce restoroute ressemblait à n’importe quel autre restoroute rempli de voyageurs fatigués, de serveuses et de caissières surmenées. Tout était différent sans son papa.

— Je t’ai déjà dit, déclara Adelle d’un ton cassant dans le combiné, que nous arriverons dès que… Oh ! ne recommence pas, Janice ! C’est toi qui vis dans ce trou perdu. Moi, je vis à plusieurs centaines de kilomètres et on a… Parce que je n’ai pas les moyens de m’offrir l’avion, voilà !

Dents serrées, Jon regardait son bol de chocolat fumant. Il détestait la voix de sa mère quand elle se mettait en colère ou qu’elle était sur la défensive. Une voix amère et dure, rarement aiguë mais toujours tranchante. C’était à cause de cette voix affreuse, Jon en aurait mis la main au feu, que son papa avait disparu un an auparavant…

Il se retourna vers la fenêtre et écarta de nouveau les lamelles du store pour regarder dans la nuit. Il neigeait beaucoup. Les flocons tombaient en diagonale, poussés par le vent qui soufflait en rafales. La voie s’éloignant à la droite de l’autoroute était bordée de lampadaires qui brillaient dans la nuit comme autant de petites lunes. Plus loin, elle contournait un bouquet d’arbres, puis disparaissait. Un peu en retrait de ce coude, se dressait une grande maison à un étage. Une vive lumière brillait devant cette bâtisse, et trois fenêtres projetaient une douce lueur : deux au rez-de-chaussée, et une au premier. Dans l’embrasure de celle du premier, se découpait une petite silhouette. Quelques instants plus tard, une autre, plus grande, vint poser les mains sur les épaules de la petite, puis les deux disparurent de sa vue.

— Alors, les médecins pensent-ils qu’elle tiendra encore jusqu’au matin ? demanda sa maman, d’une voix à présent plus douce et un tantinet tremblante. (Adelle garda les lèvres collées contre le combiné, puis reprit :) Non, on ne fait pas du tourisme, on a eu un accident. J’ignore combien de temps nous…

Cece, arrête de jouer avec le sel… J’ignore combien de temps nous allons rester ici. Il nous faut une dépanneuse, ensuite on doit faire réparer le break et… Oh ! oh ! Et voilà ! Tu es repartie encore une fois dans une de tes petites tirades bien culpabilisantes, comme tu les aimes.

Jon leva les yeux au ciel. Dehors, c’était vraiment plus intéressant.

En lisière du parking, devant lui, près de la route, il vit quelqu’un sous une lampe à mercure. Une fille. Du moins, cela en avait l’air. Elle faisait face au restaurant. Elle portait un long manteau noir qui lui battait les mollets à cause du vent. Une casquette était baissée sur ses yeux, et ses longs et beaux cheveux volaient en éventail autour de son visage et de son cou. Dans la lueur du lampadaire, son visage avait l’air hanté et très pâle, comme plâtré de farine. Elle ne bougeait pas, se tenait raide comme un piquet dans la tempête de neige, les mains au fond des poches. Elle surveillait quelque chose.

Jon plissa les yeux, baissa encore le store et mit une main en visière, le nez collé à la vitre.

La fenêtre… C’était la fenêtre qu’elle surveillait, sa fenêtre ! Debout là, indifférente à la neige et au vent glacial, elle… regardait ! Le regardait, lui !

— Mais qu’a dit le médecin à propos du caillot de sang ? demanda sa mère en tambourinant la table de ses ongles. A-t-il dit que ça pourrait… Jon… Jon-athan ! Ne tripote pas ces stores. (Puis dans le combiné :) A-t-il dit que ça pourrait s’arranger ?

Jon fit la sourde oreille.

La fille était toujours là, immobile.

Un camion roula lentement à travers le parking et passa devant elle. Jon attendit que le poids lourd s’éloigne.

La fille avait disparu.

Il redressa le buste, regarda à droite, à gauche mais ne put la retrouver. Où était-elle donc partie ? Une seconde à peine s’était écoulée, elle n’avait donc pas eu le temps de disparaître complètement, quand même ! À moins qu’elle ne se soit accroupie derrière une voiture…

Les stores grincèrent, comme Jon tirait dessus en se dévissant la nuque pour regarder dans les deux sens, tout le long de la façade du restaurant.

— Vas-tu cesser, oui ou non ? fit Adelle d’une voix menaçante.

Jon s’écarta de la fenêtre à l’instant où sa mère plaquait de nouveau le combiné contre son oreille.

— Bien sûr que David est déjà arrivé, Janice ! Il a pris l’avion, lui. En avion, ce n’est qu’à deux heures de L.A. C’est un avocat. Lorsque je serai avocate et que je ferai ma propre pub à la télé, moi aussi, je prendrai l’avion, O.K. ? Écoute, change de disque, s’il te plaît ! Et papa ? Comment prend-il la chose ?

Jon jeta un coup d’œil à sa mère. Lorsqu’elle avait les yeux fixés sur sa tasse de café en se rongeant l’ongle du pouce, elle ne remarquait jamais rien, il le savait. Aussi abaissa-t-il de nouveau le store…

… Poussa un cri en plaquant une main sur sa bouche. Le store se remit en place avec un bruit sec.

Un visage maigre et blanc contre la vitre. De grandes lèvres esquissant un sourire, bouche close. Et les yeux… Immenses, souriants… Des yeux pleins de vie… étincelants…

— Mais qu’est-ce que c’est que ce cirque ? grinça Adelle en retroussant les lèvres sur ses dents serrées, une main couvrant le combiné. Ta petite sœur se conduit mieux que toi.

— Je… je suis… je… euh… j’étais…

— Eh bien, arrête ! (Écartant la main du combiné :) Oui, désolé, Janice, les gosses. Écoute-moi, dis à papa que nous arrivons aussi vite que possible. Et dis à maman… Dis-lui que je l’aime, d’accord ?

Les mains de Jon tremblaient à cause du choc. Assise devant lui, Cece déchirait avec application une serviette en petits morceaux. À côté de lui, Dara était absorbée dans la lecture du menu. Ni l’une ni l’autre n’avaient rien remarqué. Sa mère continuait à parler au téléphone, si bas à présent qu’il n’entendait plus ce qu’elle disait à cause du brouhaha de la salle.

Jon souleva très lentement la main, glissa un doigt tremblant entre deux lamelles de store et appuya sur celle du bas.

Le visage était toujours là, mais cette fois-ci, il n’eut pas de choc.

C’était la fille qui s’était postée sous la lampe de l’autre côté du parking. Elle lui lança un sourire espiègle et malicieux et avança un tout petit peu la tête, de façon à le regarder à travers ses longs cils. Puis elle leva très lentement une main blanche qu’elle serra en poing et pointa son long et fin index, le replia… l’étendit, le replia… Elle l’invitait.

Jon laissa le store se refermer mais un bref instant seulement. Lorsqu’il risqua de nouveau un œil, elle se tenait bras croisés et sourcils haut levés. Je t’attends, lut-il sur ses lèvres.

Il donna une claque sur la cuisse de Cece.

— Pousse-toi !

— Quoi ?

— J’veux sortir.

— Maintenant ?

— Allez, bouge. J’veux sortir.

— Jon, où vas-tu ?

Jon se tourna vers sa mère, toujours pendue au téléphone.

— J’ai plus envie de rester assis. J’vais faire un tour.

— Et qu’est-ce que tu vas manger ?

— J’ai pas faim.

— Écoute, tu ferais mieux de manger maintenant, car je ne sais pas quand…

— Un cheeseburger. Commande-moi un cheeseburger.

— Mais où vas-tu ?

— Euh… juste voir ce que fabrique Doug.

A la seconde où Cece se leva, il jaillit du box, traversa le restaurant, le hall encombré, puis sortit dans le froid…