CHAPITRE DEUX

 

Noël à Came-Village, dit Qwilleran au rédacteur en chef, qu’en pensez-vous ?

Assis à son bureau, Arch Riker dépouillait le courrier du vendredi et en écartait la plus grande partie. Perché au coin de la table, Qwilleran attendait la réaction de son vieil ami, sachant qu’il ne pourrait rien déceler sur son visage impassible.

— Came-Village, dit-il enfin, il y a peut-être quelque chose à en tirer. Comment vous y prendriez-vous ?

— J’irais me promener dans Zwinger Street et me mêlerais aux gens pour les amener à parler.

— Et ensuite ? demanda le rédacteur en chef, en se balançant sur son siège.

— C’est un sujet brûlant, j’y mettrais beaucoup de cœur.

Le cœur était le mot clef du Daily Fluxion. De fréquents rappels invitaient les différents rédacteurs à mettre du sentiment dans leurs rubriques, y compris celle de la météorologie. Riker approuva.

— Cela plaira au patron et ça devrait nous attirer des lecteurs. Ma femme sera intéressée, c’est une cliente assidue de Came-Village.

Qwilleran sursauta :

— Rosie ? Vous voulez dire…

Riker continuait à se balancer, avec insouciance, dans son fauteuil.

— Oui, elle y a pris goût, il y a environ deux ans, et Dieu seul sait ce que cela me coûte !

Qwilleran mordit sa moustache pour dissimuler son désarroi. Il connaissait Rosie depuis des années, alors que Arch et lui débutaient dans le métier, à Chicago.

Comment est-ce arrivé, Arch ? demanda-t-il avec douceur.

Une amie l’a entraînée, un jour, à Came-Village et cela a suffi. Je commence moi-même à partager son vice. Figurez-vous que j’ai payé vingt-huit dollars une vieille théière en étain. C’est le genre de choses auxquelles je ne résiste pas : boîtes en étain, lanternes en étain travaillé…

— Hein ! De quoi diable parlez-vous ?

— De quoi parlez-vous vous-même, Qwill ? Il s’agit de la camelote, de la brocante, qu’imaginiez-vous ?

— Je pensais à la came, à la drogue, si vous préférez. N’est-ce pas ce que vous aviez en tête ?

— Pour votre information, Came-Village est le quartier où tous les brocanteurs de la ville se trouvent réunis pour vendre leur camelote.

— Mais… le chauffeur de taxi m’a dit que l’on y trouvait des trafiquants de drogue !

— Bah ! Vous savez ce qu’il faut penser des propos d’un chauffeur de taxi. Bien sûr, c’est un quartier en plein déclin et je ne nie pas qu’il puisse s’y dérouler certains trafics, la nuit venue, mais pendant la journée on y rencontre de nombreux amateurs d’antiquités, comme Rosie et ses amies. Votre ex-femme ne vous a-t-elle jamais emmené chez un brocanteur ?

— Je l’ai accompagnée, une fois, chez un antiquaire de New York, mais je n’aime pas les vieilleries.

— C’est dommage. Noël à Came-Village me paraît une bonne idée, mais il faut se cantonner à la brocante, le patron ne voudra jamais entendre parler d’un éventuel trafic de drogue.

— Pourquoi pas ? Je pourrais en tirer une émouvante histoire de Noël.

— Non, déclara catégoriquement Riker, ce n’est pas le genre de la maison. Pourquoi ne pas approfondir cette idée, Qwill, et écrire une série d’articles sur le monde de la brocante ?

— Je n’aime pas ça, je vous l’ai déjà dit.

— Vous changerez d’avis quand vous serez à Came-Village. Vous vous laisserez prendre, comme les autres.

Tout en parlant, il sortit son portefeuille et en tira une petite carte jaune.

— Tenez, voici une liste des brocanteurs intéressants de Came-Village. N’oubliez pas de me la rendre.

Qwilleran jeta un coup d’œil sur quelques noms : Came-Lot, Les Trois Parques, La Belle Occase, Le Roi Lear, Au Bric-à-brac. Il eut une moue dédaigneuse.

— Écoutez, Arch, j’ai l’intention d’écrire quelque chose pour le concours, un papier qui prendra les lecteurs aux tripes. Que pourrais-je tirer d’un pareil sujet ? J’aurais de la chance en gagnant la vingt-cinquième dinde surgelée !

— Vous serez peut-être surpris. Came-Village regorge de pittoresque. Il y a justement une vente aux enchères, cet après-midi.

— Je déteste ça.

— Celle-ci promet d’être intéressante. On liquide tout le stock d’un brocanteur qui s’est tué, il y a deux mois.

— Les ventes aux enchères sont des attrape-nigauds, si vous voulez mon opinion.

On trouve beaucoup de femmes seules, parmi les brocanteurs, veuves ou divorcées, c’est un point qui devrait retenir votre attention. Écoutez, mon vieux, je n’ai pas de temps à perdre pour vous vanter les perspectives d’un tel reportage. Vous en êtes officiellement chargé. Au travail.

— Très bien. Donnez-moi un bon pour un taxi. Allez et retour, dit Qwilleran, d’un air sombre.

Il prit le temps de se faire couper les cheveux et tailler la moustache, puis il appela un taxi qui le conduisit à Zwinger Street.

De jour, la rue offrait un aspect encore plus misérable. La plupart des vieilles demeures victoriennes et des hôtels particuliers étaient abandonnés. Certains avaient été transformés en maisons meublées, tandis que d’autres étaient défigurés par l’adjonction d’une devanture de magasin. Des détritus mêlés à de la neige sale bouchaient les caniveaux et des boîtes de conserve vides encombraient la chaussée.

— Ce quartier est une honte pour la ville, on devrait le raser, grommela le chauffeur de taxi.

— Soyez tranquille, cela ne tardera guère, répondit Qwilleran.

Il contempla la rue, sans enthousiasme excessif. Ainsi, tel était Noël à Came-Village ! À l’encontre des autres artères commerçantes de la ville, Zwinger Street n’offrait aucune décoration de circonstance. Ni éclairage spécial, ni guirlandes. Les piétons étaient rares et les voitures circulaient rapidement, dans leur hâte à s’éloigner de ce quartier.

Une brusque bourrasque lui fit presser le pas. Le premier magasin qui se présenta était sombre et la porte fermée à clef. S’efforçant de regarder à l’intérieur, à travers la vitre, le journaliste aperçut une gigantesque sculpture en bois, représentant un arbre noueux sur les branches duquel se balançaient des singes grandeur nature. Il recula. À côté se trouvait la boutique baptisée Les Trois Parques. Elle était fermée, bien qu’une carte sur la porte invitât à entrer.

Le journaliste releva le col de son pardessus, en songeant qu’il avait eu tort de se faire couper les cheveux. Sans plus de succès, il essaya d’entrer à La Belle Occase. Le magasin appelé Came-Lot semblait n’avoir jamais été ouvert. Entre deux boutiques de brocanteurs, il découvrit une sorte de bazar aux vitres sales. L’une d’elles portait l’inscription POPOPOPOULOS Fruits, tabac, articles divers.

Il y entra pour acheter un paquet de tabac qui s’avéra tristement sec. De plus en plus morose, il passa devant un magasin de coiffure délabré et un dispensaire minable, avant d’atteindre une grande boutique d’antiquités à l’angle de la rue. Les scellés avaient été apposés sur la porte et une affiche annonçait la vente aux enchères. En regardant à travers la vitre, Qwilleran distingua des meubles poussiéreux, des pendules anciennes, des miroirs et des statues en marbre. Il vit aussi se refléter la silhouette d’un homme qui approchait en clopinant. Une voix grave dit sur un ton aimable :

— Cette boutique vous plaît-elle ?

En se retournant, il se trouva en face d’un ivrogne loqueteux et débonnaire, une couverture de cheval jetée sur le dos. L’homme reprit :

— Savez-vous ce que c’est ? De la crotte ! Oui, monsieur, de la crotte !

Il répéta le mot à plusieurs reprises en soufflant son haleine avinée sur le journaliste qui recula avec dégoût.

— Vous ne pouvez pas entrer, poursuivit l’ivrogne, la porte est fermée, depuis le meurtre.

Il dut lire une lueur d’intérêt dans les yeux de son interlocuteur, car il ajouta, en faisant le geste de plonger une arme imaginaire dans la poitrine de son vis-à-vis :

— Poignardé, monsieur !

— Allez-vous-en, murmura Qwilleran, en s’éloignant.

Un peu plus loin, il aperçut d’anciennes écuries transformées en atelier de réparation. Sans grand espoir, il essaya d’ouvrir la porte. Ses pressentiments ne l’avaient pas trompé. Il commençait à éprouver une impression de malaise, dans cette rue où tous les magasins paraissaient n’être là que pour servir de décor. Où pouvaient bien se trouver les commerçants ? Où étaient ces collectionneurs prêts à payer vingt-huit dollars pour une vieille théière en étain ? Les seuls êtres vivants en vue étaient deux enfants qui jouaient dans la neige, une vieille femme en noir, tenant un filet à provisions, et l’ivrogne, maintenant assis sur le bord du trottoir gelé.

Au même instant, Qwilleran leva les yeux et crut percevoir un mouvement derrière la vitrine bombée d’un petit immeuble à la façade fraîchement repeinte, dont la porte était ornée d’un bel heurtoir en cuivre. La maison avait un aspect résidentiel, mais une enseigne discrète indiquait : Le Dragon bleu.

Il gravit huit marches de pierre et essaya de tourner la poignée de la porte. À sa surprise, elle s’ouvrit et il entra dans un magasin d’une élégance raffinée. Un tapis persan couvrait le parquet ciré, les murs étaient garnis de tapisseries chinoises. Un miroir doré, surmonté de trois plumes sculptées, était pendu au-dessus d’une table en acajou verni, portant un vase de porcelaine rempli de chrysanthèmes. Un parfum de bois exotique et de cire remplissait la pièce, et le silence environnant n’était coupé que par le tic tac d’une pendule.

Stupéfait, Qwilleran se tenait immobile, lorsqu’il eut l’impression d’être épié. Il se retourna, mais ce n’était qu’une statue en ébène, représentant un esclave nubien, coiffé d’un turban, un éclair diabolique dans ses yeux de pierreries. Le journaliste avait maintenant conscience de l’irréalité de Came-Village. Il se trouvait dans un palais enchanté, au cœur d’une sombre forêt.

Une corde recouverte de velours bleu défendait l’accès d’un escalier, mais au fond de la pièce les portes étaient ouvertes, comme pour vous inviter à entrer, et Qwilleran pénétra, prudemment, dans une salle à haut plafond, remplie de meubles, de tableaux, d’argenterie et de porcelaine de Chine. Des lustres de cristal pendaient du plafond travaillé, le parquet craquait sous ses pas et il toussa, intimidé. Puis son regard fut attiré par une note de couleur, à la fenêtre. Il y vit un dragon en porcelaine bleue ; comme il s’en approchait, il buta sur ce qui lui parut être un pied dans une pantoufle brodée. Il recula précipitamment. Une silhouette féminine, enveloppée d’un long kimono de satin turquoise, se détachait sur un fauteuil à haut dossier sculpté ; le coude posé sur le bras du fauteuil, une main fine tenait un long fume-cigarette. Le visage semblait être fait de porcelaine opalescente et la tête portait une perruque d’un noir bleuté. Qwilleran poussa un soupir de soulagement en se félicitant de ne pas avoir renversé ce ravissant mannequin, lorsqu’il remarqua la fumée qui montait de la cigarette.

— Recherchez-vous quelque chose en particulier ? dit l’apparition.

Seules les lèvres remuaient, dans son masque impassible ; les grands yeux sombres, frangés de longs cils soulignés d’un trait noir, fixaient le nouveau venu sans rien exprimer.

— Non… je regardais seulement, dit-il avec gaucherie.

— Il y a deux autres pièces derrière et des peintures du XVIIIe siècle à la cave, indiqua-t-elle, d’une voix cultivée.

Il étudia son visage, en prenant mentalement des notes pour son article. Pommettes hautes, joues creuses, teint sans défaut, cheveux de jais coiffés à l’orientale, regard obsédant, boucles d’oreilles en jade. Elle pouvait avoir trente ans.

— Je suis rédacteur au Daily Fluxion, dit-il, en se ressaisissant. Je me propose d’écrire un reportage sur Came-Village.

— Je préfère ne pas m’exposer à la publicité, répliqua-t-elle, d’un ton glacial.

Trois fois seulement, au cours de ses vingt-cinq années de journalisme, il avait entendu quelqu’un décliner l’honneur d’être cité dans la presse, et les trois personnes avaient pour cela une bonne raison : peur de la loi, du chantage, d’une épouse acariâtre. Mais quel commerçant a jamais refusé le bénéfice d’une publicité gratuite ?

— Tous les autres magasins sont-ils fermés ?

— En principe, ils ouvrent à onze heures, mais les brocanteurs ne sont jamais ponctuels.

— Combien vaut ce dragon, en vitrine ?

— Il n’est pas à vendre. Vous intéressez-vous aux porcelaines chinoises ? J’ai une tasse bleu et blanc de l’époque Hsuan-Te.

— Non, je cherche seulement une histoire. Savez-vous quelque chose sur la vente aux enchères qui doit avoir lieu aujourd’hui ? Qui était le propriétaire de cette boutique ?

— Andrew Glanz, une autorité unanimement respectée en matière d’antiquités, dit-elle, d’une voix soudain plus basse.

— Quand est-il mort ?

— Le seize octobre dernier.

— A-t-il été tué au cours d’un cambriolage ?

— Qu’est-ce qui vous fait penser qu’il s’agit d’un meurtre ?

— Je l’ai entendu dire et dans ce quartier… vous comprenez…

— Il a trouvé la mort au cours d’un accident.

— En voiture ?

— Non. Il est tombé d’une échelle, affirma-t-elle, en éteignant sa cigarette. Je préfère ne pas en parler. C’est encore trop… trop…

— Était ce un de vos amis ? dit-il, en s’efforçant d’exprimer sa sympathie.

— Oui, mais si cela ne vous ennuie pas, Mr…

Mr…

— Qwilleran.

— Un nom irlandais ? demanda-t-elle, en changeant délibérément de conversation.

— Non, écossais. Il s’écrit QW. Puis-je vous demander votre nom ?

— Duckworth. Miss Mary Duckworth, soupira-t-elle. J’ai des antiquités écossaises à côté. Voulez-vous les voir ?

Elle se leva pour lui montrer le chemin. Grande et mince, le kimono lui conférait une sorte de grâce tranquille.

— Ces chenets sont écossais, dit-elle, ainsi que ce plateau en cuivre. Aimez-vous le cuivre ? En général, les hommes l’apprécient.

L’attention de Qwilleran se porta sur un objet placé contre le mur, à extrémité de la pièce.

— Qu’est-ce que c’est ? s’enquit-il, en désignant un écusson en fer forgé d’environ un mètre de diamètre, surmonté par trois chats en colère.

— Je pense qu’il s’agit d’un détail ornemental d’une grille de fer. Il provient, sans doute, de la porte d’entrée d’un château et représente les armoiries de la famille.

— Mais c’est l’emblème des Mackintosh ! s’exclama Qwilleran, je reconnais la devise : « Ne touchez pas le chat sans mettre de gants. » Ma mère était une Mackintosh, ajouta-t-il, en tirant complaisamment sur sa moustache.

— Vous devriez l’acheter, suggéra Miss Duckworth.

— Qu’en ferais-je ? Je n’ai même pas d’appartement. Combien vaut-il ?

— Deux cents dollars, mais s’il vous plaît, je vous le laisserai pour cent vingt-cinq dollars. En fait, c’est ce que je l’ai payé.

Elle souleva la pièce pour la présenter sous un meilleur éclairage.

— Vous feriez une excellente affaire. Si vous le revendez un jour, vous en obtiendrez toujours au moins ce prix et peut-être plus. C’est le bon côté des antiquités. Cela conviendrait parfaitement au-dessus d’une cheminée. Regardez, il reste des traces d’une décoration en émail.

Les yeux brillants, elle s’était animée pour vanter sa marchandise. Qwilleran se sentit mollir.

Il commençait à considérer cette séduisante créature comme une cavalière possible pour la soirée de réveillon au Club de la Presse.

— Je vais réfléchir, dit-il, en se détournant à regret. Entre-temps, je dois assister à cette vente aux enchères. Savez-vous où je pourrais me procurer une photographie d’Andrew Glanz ?

— Quel genre d’article comptez-vous écrire ? demanda-t-elle, sa réserve première soudain revenue.

Je décrirai seulement la vente, en donnant un aperçu sur la personnalité du défunt. S’il s’agit d’une autorité respectée…

J’ai quelques photographies, dans mon appartement, au-dessus. Voulez-vous les voir ? dit-elle, après une courte hésitation.

Elle décrocha la corde en velours qui barrait l’escalier. Un berger allemand montait la garde et grondait d’un ton hostile, en haut du palier. Miss Duckworth l’enferma avant de conduire Qwilleran à travers un long couloir aux murs garnis de photographies. Il reconnut des notabilités. Elle lui tendit trois photos de Glanz. Qwilleran en choisit une, montrant un homme jeune, au menton volontaire, avec une bouche ferme et des yeux intelligents. Un visage honnête et sympathique.

— Puis-je vous emprunter celle-ci ? Je la ferai reproduire et vous la rendrai aussitôt.

Elle acquiesça, d’un air triste.

— Vous avez un bel appartement, dit-il, en jetant un coup d’œil sur le salon tout en velours vieil or et soie bleue qui constituait un décor romantique. Je ne m’attendais pas à trouver un endroit pareil à Came-Village.

— Il serait souhaitable que des gens compétents achètent ces vieilles maisons et les restaurent. Jusqu’à présent, les seuls à suivre cette voie sont les Cobb. Ils ont un hôtel particulier près d’ici. Leur magasin est au rez-de-chaussée et les étages ont été divisés en appartements.

— Savez-vous s’ils en ont un à louer ?

— Oui, dit-elle, en baissant les yeux. Il y en a un de vacant.

— Je vais me renseigner, je cherche justement un logement.

— Mrs. Cobb est une femme charmante. Ne vous laissez pas impressionner par son mari.

— On ne m’intimide pas facilement.

Miss Duckworth se tourna vers l’escalier. Des clientes venaient d’entrer dans le magasin.

— Descendez, dit-elle, je fais sortir le chien et je vous rejoins.

En bas, deux femmes élégantes se promenaient parmi les meubles.

— Quelle ravissante boutique, s’émerveilla l’une.

— Il paraît qu’on y trouve d’anciennes verreries Steuben, ajouta l’autre.

— Oh ! Freda, regardez cette cafetière, ma grand-mère a exactement la même. Je me demande ce qu’elle coûte.

— Ici, ce n’est pas donné, mais il y a toujours des pièces de qualité. Ne vous montrez pas trop enthousiaste, vous y gagnerez sur le prix. On raconte que la propriétaire était l’amie d’Andy, murmura-t-elle.

— Vous voulez dire Andy… celui qui ?

— Oui. Vous savez comment il est mort ?

— Chut ! la voici, fit l’autre, avec un petit signe de tête.

Pendant que Mrs. Duckworth entrait, Qwilleran se dirigea vers le fond du magasin pour examiner de plus près écusson des Mackintosh.

Il était massif et grossièrement travaillé. Il voulut le déplacer et fit la grimace. L’objet pesait au moins cinquante kilos. Et cependant, il se souvenait que la délicate Mrs. Duckworth l’avait soulevé sans effort apparent.