Jean-Jacques Goldman

Les paroles de 105 chansons

A l'envers

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

J'ai bu dans toutes les tasses
J'ai goûté à tous les verres
J'ai perdu cent fois la face
Mais sans rien gagner derrière

J'voudrais bien trouver ma place
Naufragé cherche une terre
Déposer un peu d'angoisse
Y respirer un peu d'air
Autre part, autre frontière

La tête à l'envers
J'fais jamais jamais jamais l'affaire

Déguisé comme un gagnant
Tout dehors et rien dedans
Bronzage été comme hiver
Ça j'ai jamais su le faire

J'suis tombé profond profond
J'croyais tous les zéros frères
Mais dans la jungle des bas-fonds
Rallume un peu la lumière
J'suis pas plus doué pour l'enfer

La vie à l'envers
J'fais jamais jamais jamais l'affaire

J'ai cherché dans tous les livres
En long en large en travers
J'ai rien trouvé qui délivre
J'ai rien trouvé qui espère

J't'ai pas dit les mots des autres
J'connais pas l'vocabulaire
Suffit pas d'être sincère
Y a des façons des manières
J'suis pas doué j'sais pas y faire

Le cœur à l'envers
J'fais jamais jamais jamais l'affaire

A nos actes manqués

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1990 "Fredericks, Goldman, Jones"

autres interprètes: Jean-Jacques Goldman

A tous mes loupés, mes ratés, mes vrais soleils
Tous les chemins qui me sont passés à côté
A tous mes bateaux manqués, mes mauvais sommeils
A tous ceux que je n'ai pas été

Aux malentendus, aux mensonges, à nos silences
A tous ces moments que j'avais cru partager
Aux phrases qu'on dit trop vite et sans qu'on les pense
A celles que je n'ai pas osées
A nos actes manqués

Aux années perdues à tenter de ressembler
A tous les murs que je n'aurai pas su briser
A tout c'que j'ai pas vu, tout près, juste à côté
Tout c'que j'aurai mieux fait d'ignorer

Au monde, à ses douleurs qui ne me touchent plus
Aux notes, aux solos que je n'ai pas inventés
Tous ces mots que d'autres ont fait rimer qui me tuent
Comme autant d'enfants jamais portés
A nos actes manqués

Aux amours échouées de s'être trop aimé
Visages et dentelles croisés juste frôlés
Aux trahisons que je n'ai pas vraiment regrettées
Aux vivants qu'il aurait fallu tuer

A tout ce qui nous arrive enfin, mais trop tard
A tous les masques qu'il aura fallu porter
A nos faiblesses, à nos oublis, nos désespoirs
Aux peurs impossibles à échanger
A nos actes manqués

A quoi tu sers?

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Tu parles, parles, c'est facile, même sans y penser
Les mots, les mots sont immobiles, triés, rangés, classés
Laisse aller, laisse-les jouer
Se cogner, te séduire
"Sensualiser", te bouger
Quand ça veut plus rien dire
Swinguer les mots, les mots, sans ça
On va les rétrécir
Swinguer les mots, ne surtout pas
Toujours les réfléchir

Les mots, l'émo, l'émotion vient
Les mots font l'émotion
Coûte que coûte, écoute-les bien
Rythmer nos déraisons
Les sons, les sons, laissons-les rire
Faut pas les écouter
Juste pour éviter le pire
On va les déchaîner

A quoi tu sers? Pourquoi t'es là?
Qu'est-ce que t'espères? A quoi tu crois?

Y en a qui meurent, qui prient pour un morceau de terre
Y en a qui risquent leur vie pour passer la frontière
Y en a qui bronzent et d'autres s'font la peau plus claire
Certains s'effraient au fond quand d'autres font des affaires

Mais y a toujours la lune qui s'méfie du soleil
Et quand tout ça changera, c'est pas demain la veille
Certains smatchent ou labourent, d'autres soignent ou bien peignent
C'est à toi, c'est ton tour, qu'est-ce que t'as dans les veines?

A quoi tu sers? Pourquoi t'es fait?
Terminus
Terre, un seul ticket

Y en a qui grimpent en l'air pour un peu plus d'silence
Y en a qui vivent sous terre où ça hurle, où ça danse
Y en a qui pointent des comptes quand d'autres comptent les points
Y en a qui lèvent des croix pour ceux qui n'y croient pas

Y en a qui pincent des cordes, y en a qui frappent des peaux
Certains "import exportent" ou bien se jouent des mots
Y en a qui s'font des billes quand d'autres tombent les filles
Certains ne donnent qu'aux hommes, mais d'autres n'aiment personne

Mais y a toujours la lune qui s'méfie du soleil
Et quand tout ça changera, c'est pas demain la veille
Y en a qui courent une vie pour gagner deux dixièmes
A présent, c'est ton tour, qu'est-ce que tu nous amènes?

A quoi tu sers? Pourquoi t'es fait?
T'as la lumière, et puis après?

Aïcha

(Outlandish)

Si douce, si belle
Chaque jour comme une reine sur son trône
Personne ne sait ce qu'elle ressent
Un jour Madame Aicha ce sera réel
Elle se déplace, elle se déplace comme une brise
Je le jure je ne peux la faire sortir de mes rêves
Pour qu'elle rayonne à mes côtés
Je sacrifierais toutes les larmes de mes yeux

[Refrain]

Aicha, Aicha, passe près de moi (et la voilà à nouveau)
Aicha, Aicha, la mienne, la mienne, la mienne, la mienne (est-ce vraiment réel?)
Aicha, Aicha, souris-moi maintenant
Aicha, Aicha, dans ma vie

Elle tient son enfant contre son coeur
On a l'impression qu'elle est bénie des dieux
S'endort sous ses larmes douces
Sa berceuse s'envole au loin avec ses peurs
Oh…

[Refrain 1/2]

Aicha, Aicha, passe près de moi
Aicha, Aicha, la mienne, la mienne, la mienne

Elle a besoin de quelqu'un sur qui compter
Quelqu'un de corps, d'esprit et d'âme
Pour prendre sa main pour prendre son monde
Et lui montrer la période de sa vie, si vraie
Se débarrasser de la douleur pour de bon
Sans comtemplation, booo

Le Seigneur sait ce qu'elle ressent
Elle commence chaque journée en son nom
Pour qu'elle rayonne à mes côtés
Je sacrifierais toutes les larmes de mes yeux
Aicha, Aicha, écoute-moi

[Refrain]

Appartenir

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Mon doudou, mon chéri
Mon amour
Mon amant, mon mari
Mon toujours
Des mots si doux
Mais qui m'effraient parfois
Je ne t'appartiens pas
Des mots si chauds
Mais à la fois si froids
Je n'appartiens qu'à moi

Au bout de mes rêves

Musique: Jean-Jacques Goldman

autres interprètes: Les Enfoirés (2000)

Et même si le temps presse
Même s'il est un peu court
Si les années qu'on me laisse
Ne sont que minutes et jours

Et même si l'on m'arrête
Ou s'il faut briser des murs
En soufflant dans des trompettes
Ou à force de murmures

J'irai au bout de mes rêves
Tout au bout de mes rêves
J'irai au bout de mes rêves
Où la raison s'achève
Tout au bout de mes rêves
J'irai au bout de mes rêves
Tout au bout de mes rêves
Où la raison s'achève
Tout au bout de mes rêves

Et même s'il faut partir
Changer de terre ou de trace
S'il faut chercher dans l'exil
L'empreinte de mon espace

Et même si les tempêtes
Les dieux mauvais, les courants
Nous feront courber la tête
Plier genoux sous le vent

J'irai au bout de mes rêves
Tout au bout de mes rêves
J'irai au bout de mes rêves
Où la raison s'achève
Tout au bout de mes rêves
J'irai au bout de mes rêves

Et même si tu me laisses
Au creux d'un mauvais détour
En ces moments où l'on teste
La force de nos amours

Je garderai la blessure
Au fond de moi, tout au fond
Mais au-dessus je te jure
Que j'effacerai ton nom.

J'irai au bout de mes rêves
Tout au bout de mes rêves
J'irai au bout de mes rêves
Où la raison s'achève
Tout au bout de mes rêves
J'irai au bout de mes rêves
Tout au bout de mes rêves
Où la raison s'achève
Tout au bout de mes rêves (x2)

Autre histoire

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

J'ai vu le théâtre et je connais les décors
La pièce d'un acte joue encore
Je connais le texte, les costumes et les acteurs
Les répliques, je les sais par cœur

L'histoire est banale, elle n'intéresse personne
Le public est rare, j'en vois même un qui dort
Une vie qui passe, une vie en deux heures
Moi, le premier acteur, je rêve d'un auteur

Une autre histoire, une autre histoire
Ecrivez-moi une autre histoire
Une autre histoire, une autre histoire
J'voudrais bien vivre une autre histoire

J'y mets toutes mes forces, tout mon talent, tout mon cœur
J'ai beau crier fort, nulle rumeur
J'accentue les gestes, les grimaces, rien n'y fait
Les effets de scène, sans succès

Mais c'est pas ma faute, ce dénouement banal
Regardez les autres, ça finit toujours mal
J'ai pas eu ma chance, ni guerre, ni grande idée
A vaincre ou à défendre, ni passion, ni secret

Une autre histoire, une autre histoire
Ecrivez-moi une autre histoire
Une autre histoire, une autre histoire
J'voudrais bien vivre une autre histoire

Seulement pour voir, seulement pour voir
Une autre farce dérisoire
Sans même y croire, sans même y croire
Tricher avec un peu d'espoir

Back to the city again

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

J'avais lu les revues, écouté mes amis.
J'étais convaincu, ça ne pouvait plus durer.
La vie vidait ce qu'on nous faisait avaler.
J'ai fait comme tout le monde et j'ai quitté Paris.
Là-bas, on m'a présenté les moutons un par un.
Entre nous, tu sais, ça n'accrochait pas très bien.
J'ai tenu deux mois au régime végétarien
Et puis je me suis préparé un beau matin.

Back to the city again:
Retremper mes racines dans le goudron,
Retrouver le coca et les néons,
Les filles pleines de sun qui sentent bon.
Back to the city again:
Respirer le métro à plein poumons,
Reparler de rien, mais avec le ton,
Me gaver de ketchup et de béton.

A la gare, déjà, je respirais bien mieux.
Je retrouvais les peaux blanches, le rimmel aux yeux,
Le bruit, les pubs, la pub, les bombes anti-sueur,
Tous ces gens pressés qui ne sont jamais à l'heure,
Les coiffeuses et les vendeuses des magasins.
Tu te crois à Hollywood en achetant ton pain
Et toutes ces super Marylin secrétaires,
La ville des lumières et des Folies Bergères.

Back to the city again:
Retremper mes racines dans le goudron,
Retrouver le coca et les néons,
Les filles pleines de sun qui sentent bon.
Back to the city again:
Respirer le métro à plein poumons,
Reparler de rien, mais avec le ton,
Me gaver de ketchup et de béton.

Et les folk-songs back to the roots à la terre,
Ça va bien cinq minutes en prenant un verre.
Tout le monde chantait et tapait des mains ensemble.
Moi, je m'endormais en rêvant de Mick Jagger.
Je me suis considéré irrécupérable,
Au retour à l'authentique bien incapable.
J'étais honteux mais mon Dieu que c'était bon
Quand j'ai rebranché ma guitare, l'ampli à fond.

Back to the city again:
Retremper mes racines dans le goudron,
Retrouver le coca et les néons,
Les filles pleines de sun qui sentent bon.
Back to the city again:
Respirer le métro à plein poumons,
Reparler de rien, mais avec le ton,
Me gaver de ketchup et de béton.

Bienvenue sur mon boulevard

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1985 "Non homologué"

J'ai rencontré des mecs qui changeaient de costard
D'après le cours du kopeck ou celui du dollar

Des monstres dégoûtants, des crapauds pleins de bave
Ecroulés de rire en contemplant d'autres épaves

J'ai vu des femmes et des enfants, les yeux fardés, tout noirs
Perdus et pourtant si sûrs d'eux, bizarre, bizarre

Des gigots qui gigotent et des clodos qui mégotent
Des musiciens qui jouent toujours la même note

Je les ai rencontrés un soir
Dans ma vie, ma rue, au hasard
Ils sont restés dans ma mémoire
Chacun rangé dans son tiroir

Bienvenue sur mon boulevard
Quand vient la nuit, quand ma raison s'égare
Ombres paumées, recalés de l'espoir
Compagnons du blues et du dérisoire
Oubliés dans les moments de candeur
Vous revenez dès que j'ai mal au cœur
Partager mes faiblesses et mes erreurs
Vous êtes un peu de mes amarres, un peu de mon histoire
Mais bienvenue sur mon boulevard
Quand vient la nuit, quand ma raison s'égare

J'ai vu des vermeils et des bleus, des vertes et des biens mûres
Des muets mauvais qui écrivaient sur les murs

Les filles étaient de joie, les hommes étaient de peine
Point commun: dans leurs yeux c'est bien la même haine

Des révolutionnaires qui voulaient remplacer
Les méfaits de leurs pères par leurs propres excès

Je les ai rencontrés un soir
Dans ma vie, ma rue, au hasard
Ils sont restés dans ma mémoire
Chacun rangés dans son tiroir

Bienvenue sur mon boulevard
Quand vient la nuit, quand ma raison s'égare
Ombres paumées, recalés de l'espoir
Compagnons du blues et du dérisoire
Oubliés dans les moments de candeur
Vous revenez dès que j'ai mal au cœur
Partager mes faiblesses et mes erreurs
Vous êtes un peu de mes amarres, un peu de mon histoire
Mais bienvenue sur mon boulevard
Quand vient la nuit, quand ma raison s'égare

Bienvenue sur mon boulevard

Bonne idée

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"

Un début de janvier, si j'ai bien su compter
Reste de fête ou bien vœux très appuyés
De Ruth ou de Moïshé, lequel a eu l'idée?
Qu'importe si j'ai gagné la course, et parmi des milliers
Nous avons tous été vainqueurs même le dernier des derniers
Une fois au moins les meilleurs, nous qui sommes nés
Au creux de nos mères qu'il fait bon mûrir
Et puis j'ai vu de la lumière alors je suis sorti
Et j'ai dit
Bonne idée

Y avait du soleil, des parfums, de la pluie
Chaque jour un nouveau réveil, chaque jour une autre nuit
Des routes et des motards et des matches de rugby
Des spaghetti, Frédéric Dard et Johnny Winter aussi
On m'a dit c'est qu'une étincelle avant l'obscurité
Juste un passage, un arc-en-ciel, une étrange absurdité
Des frères, des tendres, des trésors à chercher
Des vertiges à prendre, à comprendre et des filles à caresser
J'me suis dit
Bonne idée

Et puis y a toi qui débarque en ouvrant grand mes rideaux
Et des flots de couleurs éclatent et le beau semble bien plus beau
Et rien vraiment ne change mais tout est différent
Comme ces festins qu'on mange seul ou en les partageant

Je marchais au hasard le soir était tombé
Avec mon sac et ma guitare j'étais un peu fatigué
Tout était si désert, où me désaltérer?
Et puis j'ai vu de la lumière et je vous ai trouvés

Bonne idée

Brouillard

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Brouillard et matin
Blanches et froides mes mains
Le poids du sac aux épaules

Brumes dans la tête
Les secondes et les gestes
Le froid qui brûle et qui frôle

L'heure n'est plus aux projets, regrets passés, oubliés rêves et délires
Si tu ne sais pas où tu vas, l'habitude est là pour te le dire

Muscle qui fatigue
C'est l'outil qui te guide
Le feu l'acier qui imposent

Douces dans la tête
Des voix, loin, te répètent
Il y a des rêves qu'on ose

L'heure n'est plus aux projets, regrets passés, oubliés rêves et délires
La route est là, ton pas claque pour de vrai, pour ne plus revenir

Je prendrais la nationale
Guidé par une évidence
Par une fièvre brutale et je partirai

Je prendrai les pluies du Sud
Pures et lourdes à bras le corps
Les tiédeurs et les brûlures et je renaîtrai
J'écouterai les secondes dans les pays arrêtés
Elles durent tout un monde, une éternité
Et quand j'atteindrai le terme quand le tour sera joué
Je n'aurai jamais plus jamais les yeux baissés

Oublier les visages
Regretter son sourire
Les larmes au coin de ses cils

Savoir briser partir
Pour ne jamais haïr
C'est tellement difficile

L'heure n'est plus aux projets, regrets passés, oubliés rêves et délires
La route est là, ton pas claque pour de vrai pour ne plus revenir

C'est pas grave papa

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Il est rentré un soir avec une drôle de tête.
Il n'a pas dit un mot, n'a presque pas dîné,
Puis, sans nous regarder, il a dit d'une traite:
"Les enfants, votre père a été renvoyé."

Il nous avait parlé d'une fusion probable
Entre sa firme et un puissant groupe financier.
Les organisateurs ont dit: "C'est regrettable
Mais nous sommes obligés de comprimer les frais."

Mais c'est pas grave papa.
Te mets pas dans cet état.
Lève les yeux et regarde-moi:
J'ai peut-être jamais été si proche de toi

Et c'est pas grave papa.
Te mets pas dans cet état.
Lève les yeux et regarde-moi:
J'ai peut-être jamais été si proche de toi.

Tu me disais: "Mon fils, il faudra te battre.
Coupe tes cheveux longs et mets-toi au boulot.
Tu perds ton temps et, tu sais, jamais on ne rattrape
Ces années-là. Tu dois apprendre ce qu'il faut."

Tu disais: "T'as de la chance d'avoir un père comme moi.
Moi, j'ai dû bosser seul pour en arriver là."
Maintenant, tu me dis plus rien, t'es plus sûr de rien.
Reste assis, écoute-moi et surtout dis-toi bien

Qu'c'est pas grave papa.
Te mets pas dans cet état.
Lève les yeux et regarde-moi:
J'ai peut-être jamais été si proche de toi

Mais c'est pas grave papa.
Te mets pas dans cet état.
Lève les yeux et regarde-moi:
J'ai peut-être jamais été si proche de toi.

Que tu doives trimer pour nous entretenir,
On est bien d'accord, encore merci et bravo,
Mais que t'en redemandes et que ça te suffise,
Tu sais il y a bien d'autres choses que ton boulot.

T'as plus d'emploi du temps ni dossier pour t'occuper.
Tu sais que t'as de l'argent pour un bon moment.
Sors tes amis, ta femme, ton violon du grenier.
Remercie pour ta lettre de remerciement

Car c'est pas grave papa.
Te mets pas dans cet état.
Lève les yeux et regarde-moi:
J'ai peut-être jamais été si proche de toi

Mais c'est pas grave papa.
Te mets pas dans cet état.
Lève les yeux et regarde-moi:
J'ai peut-être jamais été si proche de toi.

C'est pas vrai

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Et partout ça mitraille 100 000 vérités
On jure on clame on braille
Ça vient d'tous les côtés, mais c'est pas vrai

Ça fait pas mal
Tu n'as pas changé
On ne sort jamais jamais de son quartier
C'était très bien
Moi je ne vote plus
Les politiciens sont tous corrompus
Tout va plus mal
C'est le grand capital
Je te le rendrai
C'est la destinée
C'est tel père tel fils,
C'est maman ou putain,
La femme de ma vie
Ça vous va très bien

Et partout ça mitraille 100 000 vérités
On jure on clame on braille, ça vient d'tous les cotés
Radios et haut parleurs des chaînes par milliers
Et passent les rumeurs promis craché juré
Vérifié officiel certifié

Mais… c'est pas vrai l'amour ça dure pas
Quelle soirée super!
T'es trop bien pour moi
Nous c'est pas pareil
Appelle on en parle
Quand tu veux tu passes
C'est inévitable, un jour on se lasse
Je ne démissionnerai pas je le jure
Oh cette crème gomme vos vergetures
Tout se paye un jour
J'arrête quand je veux
C'est chacun son tour
Je fais ce que je peux

Et partout ça mitraille 100 000 vérités
On jure on clame on braille
Ça vient d'tous les cotés
Radios et haut parleurs des télés par milliers

Des infos des rumeurs
Les diplômes n'empêchent pas d'être chômeur c'est pas vrai
Les vaches sont herbivores c'est pas vrai
Faut être un tueur pour réussir c'est pas vrai
Là, normalement ça devrait marcher c'est pas vrai
Ne quittez pas, un agent va vous répondre c'est pas vrai
Sans piston on arrive à rien c'est pas vrai
Molière est mort sur scène c'est pas vrai
Ce joueur est intransférable c'est pas vrai
Y a plus de morale c'est pas vrai
C'est à deux pas, y'en pour cinq minutes c'est pas vrai
Je suis désolé c'est pas vrai.
C'est pas vrai, c'est pas vrai…

Et partout ça mitraille et cent mille vérités
On jure on clame on braille ça vient d'tous les cotés
Radios et haut parleurs des chaînes par milliers
Et passent les rumeurs promis craché juré vérifié officiel
Certifié de source sûre

C'est pas vrai, c'est pas vrai
Dans la vie, t'as les gagnants et les perdants
Le national socialisme, c'est 1 000 ans de paix
Pas de sélection à l'entrée de l'université
Du passé faisons table rase
Y a de plus en plus de racisme
I love you vous êtes vraiment super
C'est mon choix la Pravda
Ce sont des victimes de la société
Je te rappelle sans fautes
Ils font tous pareil
C'était mieux avant
Une de perdue, 10 de retrouvées

C'est ta chance

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Il faudra que tu sois douce
Et solitaire aussi
Il te faudra gagner pouce à pouce
Les oublis de la vie
Oh, tu seras jamais la reine du bal
Vers qui se tournent les yeux éblouis
Pour que tu sois belle, il faudra que tu le deviennes
Puisque tu n'es pas née jolie

Il faudra que tu apprennes
A perdre, à encaisser
Tout ce que le sort ne t'a pas donné
Tu le prendras toi-même
Oh, rien ne sera jamais facile
Il y aura des moments maudits
Oui, mais chaque victoire ne sera que la tienne
Et toi seule en sauras le prix

C'est ta chance, le cadeau de ta naissance
Y a tant d'envies, tant de rêves qui naissent d'une vraie souffrance
Qui te lance et te soutient
C'est ta chance, ton appétit, ton essence
La blessure où tu viendras puiser la force et l'impertinence
Qui t'avance un peu plus loin

Toi, t'es pas très catholique
Et t'as une drôle de peau
Chez toi, les fées soi-disant magiques
Ont loupé ton berceau
Oh, tu seras jamais notaire
Pas de privilège hérité
Et si t'as pas les papiers pour être fonctionnaire
Tout seul, apprends à fonctionner

C'est ta chance, ta force, ta dissonance
Faudra remplacer tous les "pas de chance" par de l'intelligence
C'est ta chance, pas le choix
C'est ta chance, ta source, ta dissidence
Toujours prouver deux fois plus que les autres assoupis d'evidence
Ta puissance naîtra là

C'est ta chance, le cadeau de ta naissance
Y a tant d'envies, tant de rêves qui naissent d'une vraie souffrance
Qui te lance et te soutient
C'est ta chance, ton appétit, ton essence
La blessure où ti viendras puiser la force et l'impertinence
Qui t'avance un peu plus loin

Comme toi

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

autres interprètes: Alamina (2000), Ishtar

Elle avait les yeux clairs et la robe en velours
À côté de sa mère et la famille autour
Elle pose un peu distraite au doux soleil de la fin du jour
La photo n'est pas bonne mais l'on peut y voir
Le bonheur en personne et la douceur d'un soir
Elle aimait la musique surtout Schumann et puis Mozart

Comme toi comme toi comme toi comme toi
Comme toi comme toi comme toi comme toi
Comme toi que je regarde tout bas
Comme toi qui dort en rêvant à quoi
Comme toi comme toi comme toi comme toi

Elle allait à l'école au village d'en bas
Elle apprenait les livres elle apprenait les lois
Elle chantait les grenouilles et les princesses qui dorment au bois
Elle aimait sa poupée elle aimait ses amis
Surtout Ruth et Anna et surtout Jérémie
Et ils se marieraient un jour peut-être à Varsovie

Comme toi comme toi comme toi comme toi
Comme toi comme toi comme toi comme toi
Comme toi que je regarde tout bas
Comme toi qui dort en rêvant à quoi
Comme toi comme toi comme toi comme toi

Elle s'appelait Sarah elle n'avait pas huit ans
Sa vie c'était douceur rêves et nuages blancs
Mais d'autres gens en avaient décidé autrement
Elle avait tes yeux clairs et elle avait ton âge
C'était une petite fille sans histoire et très sage
Mais elle n'est pas née comme toi ici et maintenant

Comme toi comme toi comme toi comme toi
Comme toi comme toi comme toi comme toi
Comme toi que je regarde tout bas
Comme toi qui dort en rêvant à quoi
Comme toi comme toi comme toi comme toi

Compte pas sur moi

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1985 "Non homologué"

Oublier d'où je viens
Ma mémoire et les miens
Non, non, non, non, non
Endosser pour faire bien
Les nouveaux lieux communs
Non, non, non, non, non
Penser qu'on a moins tort
Quand on hurle plus fort
Non, non, non, non, non

Oh t'en trouveras des tas
Pour chanter ces choses-là
Alors, compte pas trop sur moi
Compte pas sur moi

Des scandales en gros plan
Sur l'empire de mes sens
Non, non, non, non, non
Des jurons, des slogans
Toutes ces fausses insolences
Non, non, non, non, non
Des looks, ces uniformes
Qui font marcher au pas
Non, non, non, non, non

Oh t'en trouveras des tas
Pour te faire ces plans-là
Alors, compte pas trop sur moi
Compte pas sur moi

Y en a des biens plus gros
Des biens plus "respectables"
Moins ringards et rétros
Des biens plus présentables
Qui visiblement parlent à la postérité
Loin de mon éphémère et ma futilité
Des grands, des créateurs, avec une majuscule
Loin de tout quotidien, sans le moindre calcul!
Les rockers engagés sont nos derniers des justes
Ils nous sauvent peut-être pendant qu'on s'amuse

De médailles en pseudo respectabilité
Non, non, non, non, non
Me baisser pour quelques caresses autorisées
Non, non, non, non, non
Quand la partie sera finie, tirer les penalties
Non, non, non, non, non

Des comme ça, t'en trouveras
Juré, t'en manqueras pas
Alors, compte pas sur moi
Compte pas sur moi {3x}

Confidentiel

Musique: Jean-Jacques Goldman 1993 "Non Homologué"

Je voulais simplement te dire
Que ton visage et ton sourire
Resteront près de moi sur mon chemin
Te dire que c'était pour de vrai
Tout ce qu'on s'est dit, tout ce qu'on a fait
Que c'était pas pour de faux, que c'était bien.
Faut surtout jamais regretter
Même si ça fait mal, c'est gagné
Tous ces moments, tous ces mêmes matins
Je vais pas te dire que faut pas pleurer
Y a vraiment pas de quoi s'en priver
Et tout ce qu'on n'a pas loupé, le valait bien
Peut-être que l'on se retrouvera
Peut-être que peut-être pas
Mais sache qu'ici bas, je suis là
Ça restera comme une lumière
Qui me tiendra chaud dans mes hivers
Un petit feu de toi qui s'éteint pas.

Délires schizo maniaco psychotiques

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1985 "Non homologué"

J'ai lavé des voitures et ciré des chaussures
Et plus tout ça brillait, plus moi je m'encrassais

J'ai connu bien des filles accueillantes et gentilles
Mais jamais qui ne soient tout ça rien que pour moi

J'demande pourtant pas des millions
Une femme, un boulot, une maison
Pardonnez les rêves hystériques
De mes délires schyzo maniaco psychotiques

Y a des enfants qui dansent et d'autres sans enfance
Ça m'empêche pas de dormir mais parfois j'y pense

Demain t'aurais raison, mais aujourd'hui t'as tort
Ça dépend des saisons, de l'endroit, du plus fort

Il parait qu'on est des milliards
A s'ignorer dans ce bazar
Mais comment trouver l'identique
A mes délires schyzo maniaco psychotiques

Quelqu'un quelque part…

Les calmants, les infirmeries sont les mêmes dans tous les pays
Trouver l'être et l'endroit critique
A mes délires schyzo maniaco psychotiques

Pourquoi noyer tout ça dans l'alcool ou l'éther
Quand on voit, y a de quoi se resservir un verre

Tant de grands sentiments, de colloques en séances
Pour souffler tant de vent, une telle impuissance

Je renonce à tout héritage
Du raisonnable scientifique
J'aime autant rester dans la cage
De mes délires schyzo maniaco psychotiques

Des bouts de moi

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

J'ai laissé
Dans mon rétroviseur
Loin
Au milieu d'un décor
Des images
Impressions et couleurs
Et des flashes et des cris qui s'emmêlent
Et me collent au corps
Blanc
Le silence avant vous
Noire
La scène avant les coups
Longue
L'attente de vous voir
Et nos bras, nos regards au moment de se dire bonsoir

J'ai laissé des bouts de moi au creux de chaque endroit
Un peu de chair à chaque empreinte de mes pas
Des visages et des voix qui ne me quittent pas
Autant de coups au cœur et qui tuent chaque fois
Une ville que la nuit rend imaginaire
Une route qu'on prend comme on reprend de l'air
Et les papillons retournent brûler leurs ailes
Pour toucher la lumière
pour énerver l'hiver
Pour un peu d'éphémère

L'hôtel
La même chambre, hier
Gestes
Compte à rebours, horaire
Tests
Rassurants, quotidiens
Les choses aussi retiennent leur souffle
Et puis le moment vient
Brûlent les lights et vos regards
Volent
Vos voix dans nos guitares
Belles
Les mains des musiciens
Et vos yeux que n'éteindra jamais un sommeil artificiel

J'ai laissé des bouts de moi au creux de chaque endroit
Un peu de chair à chaque empreinte de mes pas
Des visages et des voix qui ne me quittent pas
Autant de coups au cœur et qui tuent chaque fois
Une ville que la nuit rend imaginaire
Une route qu'on prend comme on reprend de l'air
Et les papillons retournent brûler leurs ailes
pour toucher la lumière
pour énerver l'hiver
Pour un peu d'éphémère

J'ai laissé des bouts de moi au creux de chaque endroit
Un peu de chair à chaque empreinte de mes pas
Des visages et des voix qui ne me quittent pas
Autant de coups et cœur et qui tuent chaque fois
Un matin pour s'étonner de nos impudeurs
Signatures alibis, mais il est déjà l'heure
Et les papillons retournent brûler leurs ailes
pour toucher la lumière
Pour énerver l'hiver
Pour que tout s'accélère

J'ai laissé des bouts de moi au creux de chaque endroit
Un peu de chair à chaque empreinte…

Dors, bébé, dors

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Dors, bébé, dors
Bébé, dors, il pleut dehors
Dors encore

Dors, bébé, dors
Bébé, dors, il pleut dehors
Dors encore

Il n'est pas tard et le matin
S'est perdu sur son chemin
Il nous reste quelques heures
Avant que la nuit de meure

Dors, mon amour, dors
Mon amour, dors, il pleut dehors
Dors encore

Dors, mon amour, dors
Mon amour, dors, il pleut dehors
Dors encore

Il n'est pas tout à fait demain
Rien ne presse ce matin
Il nous reste quelques heures
De quiètude et de tièdeurs

Et moi, j'écoute les bruits de vos silences
Dans notre ilôt de chaleur et de confiance
Quand le soleil sera là, vous partirez
Parce que c'est comme ça

Autre part, autres combats
D'autres que je connais pas
Et je guetterai vos pas

Dors, bébé, dors
Bébé, dors, il pleut dehors
Dors encore

Dors, bébé, dors
Bébé, dors, il pleut dehors
Dors encore

C'est tout juste l'aube et demain
Paresse un peu ce matin
Et moi, pendant que je veille
Je surveille vos sommeils
Si vous saviez comme vos sommeils
Veillent sur mes trop longues veilles

Doux

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

C'est pas moi qui vous ferai des plans
De loup-garou, de grand méchant
S'il faut se battre pour que ça vous plaise
Malaise

Je vous aimerai pas dans la sueur
Genre stakhanoviste du bonheur
La voix mielleuse: 'Alors, heureuse?'
Horreur

Genre Australien, blond, sable chaud
Surf sur les vagues, sel sur la peau
Grands les sourires, gros biscotos
Zéro

Mais je serai doux
Comme un bisou voyou dans le cou
Attentionné, tiède, à vos genoux
Des caresses et des mots à vos goûts
Dans la flemme absolue, n'importe où
Mais doux

Je serai doux
Comme un matou velours, un cachou
A l'abri lovés dans notre igloo
Couchés, debout, sans dessus-dessous
Grand Manitou de tous vos tabous
Si doux

S'il vous faut un intellectuel
Un bel esprit, un prix Nobel
S'il faut briller dans le tout Paris
Sorry

Si la réussite vous excite
Le style Yuppie cool mais dynamique
Coke pour le speed, pills pour la nuit
Oublie

J'expliquerai pas de large en long
Le Kama Sutra en dix leçons
Les modes d'emploi, notices, techniques
J'évite

Mais je serai doux
Comme un bisou voyou dans le cou
Attentionné, tiède, à vos genoux
Des caresses et des mots à vos goûts
Dans la flemme absolue, n'importe où
Mais doux

Je serai doux
Comme un matou velours, un cachou
A l'abri lovés dans notre igloo
Couchés, debout, sans dessus-dessous
Grand Manitou de tous vos tabous
Si doux

Le complice avoué, le joujou
De vos fantasmes et tous vos Pérous
Capitaine exclusif à vos cours
Si doux
Si doux…

Elle a fait un bébé toute seule

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Elle a fait un bébé toute seule
Elle a fait un bébé toute seule

C'était dans ces années un peu folles
Où les papas n'étaient plus à la mode
Elle a fait un bébé toute seule

Elle a fait un bébé toute seule
Elle a fait un bébé toute seule

Elle a choisi le père en scientifique
Pour ses gènes, son signe astrologique
Elle a fait un bébé toute seule

Et elle court toute la journée
Elle court de décembre en été
De la nourrice à la baby-sitter
Des paquets de couches au biberon de quatre heures
Et elle fume, fume, fume même au petit déjeuner

Elle défait son grand lit toute seule
Elle défait son grand lit toute seule
Elle vit comme dans tous ces magazines
Où le fric et les hommes sont faciles
Elle défait son grand lit toute seule
Et elle court toute la journée
Elle court de décembre en été
Le garage, la gym et le blues alone
Et les copines qui pleurent des heures au téléphone
Elle assume, sume, sume sa nouvelle féminité

Et elle court toute la journée
Elle court de décembre en été
De la nourrice à la baby-sitter
Des paquets de couches au biberon de quatre heures
Et elle fume, fume, fume même au petit déjeuner

Elle m'téléphone quand elle est mal
Quand elle peut pas dormir
J'l'emmène au cinéma, j'lui fait des câlins, j'la fais rire
Un peu comme un grand frère
Un peu incestueux quand elle veut
Puis son gamin, c'est presque le mien, sauf qu'il a les yeux bleus
Elle a fait un bébé toute seule

Elle attend

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "? + 81- 91 L 'intégrale"

Elle attend que le monde change
Elle attend que changent les temps
Elle attend que ce monde étrange
Se perde et que tournent les vents
Inexorablement, elle attend

Elle attend que l'horizon bouge
Elle attend que changent les gens
Elle attend comme un coup de foudre
Le règne des anges innocents
Inexorablement, elle attend

Elle attend que la grande roue tourne
Tournent les aiguilles du temps
Elle attend sans se résoudre
En frottant ses couverts en argent
Inexorablement, elle attend

Et elle regarde des images
Et lit des histoires d'avant
D'honneur et de grands équipages
Où les bons sont habillés de blanc
Et elle s'invente des voyages
Entre un fauteuil et un divan
D'eau de rose et de passion sage
Aussi purs que ces vieux romans
Aussi grands que celui qu'elle attend

Elle avait 17 ans

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1993 "Rouge"

A quoi tu rêves? Redescends
C'est comme ça, pas autrement
Faudra bien que tu comprennes
A chaque jour suffit sa peine

Après tout ce qu'on a fait pour toi
A ton âge, on se plaignait pas
L'excès en tout est un défaut
T'as pourtant pas tout ce qu'y te faut?

Ça devrait être interdit
Tous ces mots tranchants comme des scies
Antidotes à la vie, à l'envie
Mais quelle est sa maladie?

Elle avait dix-sept ans
Elle avait tant et tant de rêves à vivre
Et si peu l'envie de rêver
Comme ces gens âgés qui tuent le temps
Qu'ils n'ont plus, assis sur des bancs
Dix-sept ans
Elle dérivait à l'envers
Loin des vérités avérées
Elle disait: "Qui vivra verra
Et moi je vivrai, vous verrez!"

"Méfie-toi de tes amis
Dans la vie, pas de sentiment
On ne vit pas avec des si
Y a les gagnants et les perdants
T'as trop d'imagination
Mais garde un peu les pieds sur terre
Faudra que tu te fasses une raison
Attends, tais-toi, mais pour qui tu te prends?"

Elle aimait pas les phrases en cage
Être sage, pas le courage
Elle disait, quitte à tomber de haut
Qu'elle vendrait chèrement sa peau

Elle avait dix-sept ans
Elle prenait la vie comme un livre
Qu'elle commençait par la fin
Ne voulait surtout pas choisir
Pour ne jamais renoncer à rien
Dix-sept ans
Elle était sans clé, sans bagages
Pauvres accessoires de l'âge
Elle voulait que ses heures dansent
Au rythme de ses impatiences

Face à tant d'appétit vorace
Que vouliez-vous que j'y fasse?

A tant de violente innocence
J'avais pas l'ombre d'une chance

Elle ne me voit pas

Paroles: Jean-Jacques Goldman. Musique: Jean-Jacques Goldman, Roland Romanelli 1999 "Astérix et Obélix contre César"

note: Bande originale du film "Astérix et Obélix contre César".

Quand elle passe, elle efface comme un éclat
Devant un ciel c’est elle qu’on voit
Elle est si reine qu’elle ne mérite qu’un roi

Et je ne suis pas roi
Elle ne me voit pas

Quand elle danse, tout danse, ses reins ses bras
Près d’elle tout s’éclaire un peu, pourquoi?
Elle a cette grâce que les autres n’ont pas

Tout ce que je n’ai pas
Elle ne me voit pas

Et moi, plus j’approche et plus je me sens maladroit
Plus je déteste et mon corps et ma voix
Il est des frontières qu’on passe malgré des milliers de soldats
Mais les nôtres, on ne les franchit pas

Il a de l’allure, des gestes délicats
La vie légère de ce monde-là
Il est aussi, tellement, tout ce qu’il n’est pas

Mais les femmes ne savent pas voir ces choses-là
Elle ne me voit pas

On peut changer tellement de choses si l’on veut, si l’on combat
Mais pas ces injustices-là

Quand elle passe, elle efface comme un éclat
Devant un ciel c’est elle qu’on voit
Elle est si reine qu’elle ne mérite qu’un roi

Un autre que moi
Je ne suis pas roi
Elle ne me voit pas

En passant

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"

Toutes les ébènes ont rendez-vous
Lambeaux de nuit quand nos ombres s'éteignent
Des routes m'emmènent, je ne sais où
J'avais les yeux perçants avant, je voyais tout

Doucement reviennent à pas de loups
Reines endormies, nos déroutes anciennes
Coulent les fontaines jusqu'où s'échouent
Les promesses éteintes et tous nos vœux dissous

C'était des ailes et des rêves en partage
C'était des hivers et jamais le froid
C'était des grands ciels épuisés d'orages
C'était des paix que l'on ne signait pas

Des routes m'emmènent, je ne sais où
J'ai vu des oiseaux, des printemps, des cailloux
En passant

Toutes nos défaites ont faim de nous
Serments résignés sous les maquillages
Lendemains de fête, plus assez saouls
Pour avancer, lâcher les regrets trop lourds

Déjà ces lents, ces tranquilles naufrages

Déjà ces cages qu'on attendait pas

Déjà ces discrets manques de courage

Tout ce qu'on ne sera jamais, déjà

J'ai vu des bateaux, des fleurs, des rois
Des matins si beaux, j'en ai cueilli parfois
En passant

Encore un matin

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

autres interprètes: Les Enfoirés

Encore un matin
Un matin pour rien
Une argile au creux de mes mains
Encore un matin
Sans raison ni fin
Si rien ne trace son chemin

Matin pour donner ou bien matin pour prendre
Pour oublier ou pour apprendre
Matin pour aimer, maudire ou mépriser
Laisser tomber ou résister

Encore un matin
Qui cherche et qui doute
Matin perdu cherche une route
Encore un matin
Du pire ou du mieux
A éteindre ou mettre le feu

Un matin, ça ne sert à rien
Un matin
Sans un coup de main
Ce matin
C'est le mien, c'est le tien
Un matin de rien
Pour en faire
Un rêve plus loin

Encore un matin
Ou juge ou coupable
Ou bien victime ou bien capable
Encore un matin, ami, ennemi
Entre la raison et l'envie
Matin pour agir ou attendre la chance
Ou bousculer les évidences
Matin innocence, matin intelligence
C'est toi qui décide du sens

Un matin, ça ne sert à rien
Un matin
Sans un coup de main
Ce matin
C'est le mien, c'est le tien
Un matin de rien
Pour en faire
Un rêve plus loin

Ensemble

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Souviens-toi
Etait-ce mai, novembre
Ici ou là?
Etait-ce un lundi?
Je ne me souviens que d'un mur immense
Mais nous étions ensemble
Ensemble, nous l'avons franchi
Souviens-toi

Reviens-moi
De tes voyages si loin
Reviens-moi
Tout s'ajoute à ma vie
J'ai besoin de nos chemins qui se croisent
Quand le temps nous rassemble
Ensemble, tout est plus joli.

Entre gris clair et gris foncé

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Décolorés, les messages du ciel
Les évidences, déteintes au soleil

Fané, le rouge sang des enfers
L'Eden, un peu moins pur, un peu moins clair
Souillé, taché, le blanc des étendards
Brûlé le vert entêtant de l'espoir
La sérénité des gens qui croient
Ce repos d'âme qui donnait la foi

Organisés, les chemins bien fléchés
Largués, les idoles et grands timoniers
Les slogans qu'on hurle à pleins poumons
Sans l'ombre, l'ombre d'une hésitation
Télévisées, les plus belles histoires
Ternis, les gentils, troublants, les méchants
Les diables ne sont plus vraiment noirs
Ni les blancs absolument innocents

Oubliées, oubliées
Délavées, nos sages années, programmées
Entre gris clair et gris foncé

Scénarisées, les histoires d'amour
Tous les "jamais", les "juré", les "toujours"
Longue et semée d'embûches est la route
Du sacré sondage et du taux d'écoute
Psychiatrisées, l'amitié des romans
Celle des serments, des frères de sang
Les belles haines qui brûlaient le cœur
Contrôlées à travers un pacemaker

Oubliées, oubliées
Délavées, nos sages années, programmées
Entre gris clair et gris foncé

Envole-moi

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Minuit se lève en haut des tours
Les voix se taisent et tout devient aveugle et sourd
La nuit camoufle pour quelques heures
La zone sale et les épaves et la laideur

J'ai pas choisi de naître ici
Entre l'ignorance et la violence et l'ennui
J'm'en sortirai, j'me le promets
Et s'il le faut, j'emploierai des moyens légaux

Envole-moi {3x}
Loin de cette fatalité qui colle à ma peau
Envole-moi {2x}
Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots
Envole-moi

Pas de question ni rebellion
Règles du jeu fixées mais les dés sont pipés
L'hiver est glace, l'été est feu
Ici, y a jamais de saison pour être mieux

J'ai pas choisi de vivre ici
Entre la soumission, la peur ou l'abandon
J'm'en sortirai, je te le jure
A coup de livres, je franchirai tous ces murs

Envole-moi {3x}
Loin de cette fatalité qui colle à ma peau
Envole-moi {2x}
Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots
Envole-moi

Me laisse pas là, emmène-moi, envole-moi
Croiser d'autres yeux qui ne se résignent pas

Envole-moi, tire-moi de là
Montre-moi ces autres vies que je ne sais pas
Envole-moi {3x}
Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas
Me laisse pas là, envole-moi
Avec ou sans toi, je n'finirai pas comme ça
Envole-moi, envole-moi, envole-moi…

Et l'on n'y peut rien

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Comme un fil entre l'autre et l'un
Invisible, il pose ses liens
Dans les méandres des inconscients
Il se promène impunément

Et tout un peu tremble
Et le reste s'éteint
Juste dans nos ventres
Un nœud, une faim

Il fait roi l'esclave
Et peut damner les saints
L'honnête ou le sage
Et l'on n'y peut rien

Et l'on résiste on bâtit des murs
Des bonheurs, photos bien rangées
Terroriste, il fend les armures,
Un instant tout est balayé

Tu rampes et tu guettes
Et tu mendies des mots
Tu lis ses poètes
Aimes ses tableaux

Et tu cherches à la croiser
T'as quinze ans soudain
Tout change de base
Et l'on n'y peut rien

Il s'invite quand on ne l'attend pas
Quand on y croit, il s'enfuit déjà
Frère qui un jour y goûta
Jamais plus tu ne guériras

Il nous laisse vide
Et plus mort que vivant
C'est lui qui décide
On ne fait que semblant
Lui, choisit ses tours
Et ses va et ses vient
Ainsi fait l'amour
Et l'on n'y peut rien

Être le premier

Musique: Jean-Jacques Goldman

Ça a été très long mais il y est arrivé
Il fait le compte de ce qu'il y a laissé
Beaucoup plus que des plumes des morceaux entiers
Et certains disent même on peu d'identité
Pourtant elle est en lui cette force immobile
Oui le pousse en avant l'empêche de dormir
Toujours vers l'effort à côté des plaisirs
Jusqu'à l'obséder par cet unique mobile
Pour être le premier
Pour arriver là-haut tout au bout de l'échelle
Comme ces aigles noirs qui dominent le ciel
Pour être le premier
Pour goûter le vertigo des hautes altitudes
Le goût particulier des grandes solitudes
Pour être le premier
Elle était innocence douceur et jolie
De ces amours immenses où l'on blottit sa vie
Mais d'une âme trop simple pour comprendre un peu
Que l'on puisse désirer mieux que être heureux
On dit qu'il a la chance mais qu'il n'a plus d'amis
Mais moi je sais qu'au moins il est bien avec lui
Comme s'il avait le choix ou cette liberté
Quand on a cette voix qui vous dit d'avancer.

Fais des bébés

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Acide, amer
Sans point de repère
Cassé, KO, bout du rouleau, sans plus rien qui adhère
Le monde entier t'a déçu
Tu hais l'humanité toute entière
Et bien entendu plus d'eau chaude au moment de prendre ton bain

Et tu sais pas
Et tu te mens
Les rêves à plat, bête et méchant, et tu coules en ramant
Plus d'essence et encore pas mal de kilomètres à faire
Et des tas de feux rouges qui t'bouffent le temps, évidemment

Reste un moyen facile qui peut rapporter gros
S'il te reste un peu de sang, les os et la peau
Bien mieux qu'un safari, aventure garantie

Si ton présent plus qu'imparfait hurle au secours
C'est une affaire à deux à saisir nuit et jour
Ne s'use pas si l'on s'en ressert, ça c'est sûr
Quand t'as froid, ça fait monter la température

Jouer c'est pas tricher, surtout dans le désordre
Et plus tu joues, plus tu touches, t'as même le droit de mordre
C'est comme j'te dis, Baby

Fais des bébés, fais des bébés
Si tu sais plus c'que tu fous là, ni à quoi tu sers
Eux le sauront pour toi, redeviens mammifère
Pas compliqué, fais des bébés

En éprouvette, inséminé
Qu'importe le flacon pourvu qu't'aies l'ivresse ou le pied
Du passé, table rase, la voilà ta nouvelles base
Histoire d'expérimenté les parts de l'acquis et de l'inné
(Bonne chance)

Ils t'trouveront beau, intelligent
Grand et costeau, intéressant au moins jusqu'à huit ans
Problème existentiel, la bouillie coule-t-elle ou pas?
L'ennemi: les grumeaux, ou bien trop chaud ou trop froid

C'est gratuit, des fois même t'en as cinq pour le prix d'un
Ça plaît aux filles et ça fait marrer les copains
Permanent cinéma, 100 fois mieux qu'FR3

OK, ça fait du bruit, ça sent pas toujours bon
Mais entre nous, c'est elle qui s'occupent des biberons
Ça te ferais moins dormir que les amphétamines
Ça résoudra tes problèmes, tes doutes et tes spleens

Si longs, longs, longs
Comme un jour sans toi
Ou un jour avec toi d'ailleurs
Ça dépend des fois
C'est comme j'te dis, chérie

Fais des bébés, fais des bébés
Si tu sais plus c'que tu fous là, ni à quoi tu sers
Eux le sauront pour toi, redeviens mammifère
Pas compliqué, fais des bébés

Fais des bébés, fais des bébés
Ça f'ra p'têtre des cadavres pour leurs saletés de bombes
Mais aussi des cerveaux pour ne pas qu'elles tombent
ABCD, fais des bébés

Fais des bébés, fais des bébés
Tu leur diras jamais qu'y a des guerres qui sont saintes
Que la raison d'état efface les cris, les plaintes
C'est pas sorcier, fais des bébés

Famille

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Et crever le silence
Quand c'est à toi que je pense
Je suis loin de tes mains
Loin de toi, loin des tiens
Mais tout ça n'a pas d'importance

J'connais pas ta maison
Ni ta ville, ni ton nom
Pauvre, riche, batard
Blanc, tout noir ou bizarre
Je reconnais ton regard

Et tu cherches une image
Et tu cherches un endroit
Où je dérive parfois

Tu es de ma famille
De mon ordre et de mon rang
Celle que j'ai choisie
Celle que je ressens
Dans cette armée de simple gens

Tu es de ma famille
Bien plus que celle du sang
Des poignées de secondes
Dans cet étrange monde
Qu'il te protège s'il entend

Tu sais pas bien où tu vas
Ni bien comment, ni pourquoi
Tu crois pas à grand chose
Ni tout gris, ni tout rose
Mais ce que tu crois, c'est à toi

T'es du parti des perdants
Consciemment, viscéralement
Et tu regardes en bas
Mais tu tomberas pas
Tant qu'on aura besoin de toi

Et tu prends les bonheurs
Comme grains de raisin
Petits bouts de petits riens

Tu es de ma famille {2x}
Du même rang, du même vent
Tu es de ma famille {2x}
Même habitants du même temps
Tu es de ma famille {2x}
Croisons nos vies de temps en temps

Filles faciles

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

J'ai une tendresse particulière
Pour ces filles qui n'ont pas d'manières
Les hospitalières, les dociles
Vous les appelez les filles faciles
Celles qui marchandent pas leur corps
Ni pour des mots ni pour de l'or
Pour qui faut pas tout un débat
Ni pour leur haut ni pour leur bas
Pour quelques notes de guitare
Elles dormiront un peu plus tard
Elles disent que les matins c'est bien
Elles disent qu'à deux, c'est encore mieux
Les inespérées, les timides
Celles qui comprennent sans qu'on leur dise
Pour qui ne suffit qu'un regard
Pour que tout s'allume en un soir

Petite chanson d'reconnaissance
Pour ces stars d'mon adolescence
Je n'en ai oublié aucune
Chères et précieuses une à une

Celles qui m'ont trouvé consommable
Avant que j'sois dans les hit-parades
Dans les bals ou les MJC
Comme au plus haut des colisées
Celles qui n'échangent pas leur plaisir
Pour ce qu'on pense ou c'qu'on va dire
Qui disent OK pour les enfers
Contre un peu d'paradis sur terre
Des p'tits moments piqués en fraude
Comme un automne aux pays chauds
Plein du goût des baisers volés
Toujours un p'tit peu plus sucré
Sans qu'on en parle ou qu'on y pense
Sans après promis ni juré
Ça n'a pas la moindre importance
Quand c'est l'amour qu'on aime aimer

Ce soir, je veux leur rendre hommage
Ce sera la seconde fois
Qu'elles sachent qu'il m'est dommage
De ne le faire que par la voix

Frères

Paroles: Jean-Jacques Goldman 1993 "Rouge"

autres interprètes: Jean-Jacques Goldman

Je viens des plaines
Je suis des montagnes
Ces terres-là sont les miennes
Ce sont nos campagnes
A nous depuis la nuit des temps
Nous y étions avant
Nous combattrons pendant 1000 ans
Jusqu'au dernier sang

Les mêmes cris, mêmes discours
Les mêmes dialogues de sourd
Contraires et semblables aussi
Identiques au fond de la nuit

Frères, la même jeunesse, même froid sous la même pluie
Frères, mêmes faiblesses, la même angoisse aux mêmes bruits
Frères, frères de pleurs, frères douleurs
Du même acier dans les mêmes ventres déchirés

Je reçois des lettres
Chaque semaine,
Les mères s'inquiètent
Elle font des prières
J'ai une photo de ma femme
J'ai aussi le goût de ses larmes

Après, quand tout sera fini
Quand la victoire aura souri
Après, la vie la belle vie
Bientôt quand tout s'ra fini

Frères, mêmes tremblements, même peur et même fusil
Frères, mêmes talismans, même alcool pour un même oubli
Frères, frères d'instant, frères d'histoire
Gravés sur la même pierre glacée sans mémoire
Frères, même anonymat, frères d'absurdité
Frères, frères d'attente au fond des mêmes tranchées
Frères, frères de sang, frères de mal
De pulsions libérées du fond du même animal
Du même animal.

Il changeait la vie

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

C'était un cordonnier, sans rien d'particulier
Dans un village dont le nom m'a échappé
Qui faisait des souliers si jolis, si légers
Que nos vies semblaient un peu moins lourdes à porter

Il y mettait du temps, du talent et du cœur
Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie

C'était un professeur, un simple professeur
Qui pensait que savoir était un grand trésor
Que tous les moins que rien n'avaient pour s'en sortir
Que l'école et le droit qu'a chacun de s'instruire

Il y mettait du temps, du talent et du cœur
Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie

C'était un p'tit bonhomme, rien qu'un tout p'tit bonhomme
Malhabile et rêveur, un peu loupé en somme
Se croyait inutile, banni des autres hommes
Il pleurait sur son saxophone

Il y mit tant de temps, de larmes et de douleur
Les rêves de sa vie, les prisons de son cœur
Et loin des beaux discours, des grandes théories
Inspiré jour après jour de son souffle et de ses cris
Il changeait la vie

Il me restera

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Il me restera de la lumière
Il me restera de l'eau, du vent
Des rêveries sucrées, d'autres amères
Et le mal au cœur de temps en temps
Il me restera des souvenirs
Des visages et des voix et des rires
Il me restera du temps qui passe
Et la vie, celle qui fait mourir

Il me restera ces choses qu'on amasse
Sans y penser, sans y compter, sans savoir
Quand on vit fort, on vit sans mémoire
Mais elle prend des photos sans qu'on sache

Il me restera de longs silences
Longues secondes au passé, tristesse
Il me restera aussi Valence
Ici, naquit un peu de tendresse
Il me restera deux, trois bricoles
Une épingle, un parfum oubliés
Un disque, un vieux bouquin, des babioles
Mais que je ne pourrai pas jeter

Il me restera ces choses qu'on amasse
Sans y penser, sans y compter, sans savoir
Quand on vit fort, on vit sans mémoire
Mais elle prend des photos sans qu'on sache

Il suffira d'un signe

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1981 "Démodé"

autres interprètes: Fredericks, Goldman et Jones (1992), Les Enfoirés (1998)

Il suffira d'un signe, un matin
Un matin tout tranquille et serein
Quelque chose d'infime, c'est certain
C'est écrit dans nos livres, en latin

Déchirées nos guenilles de satin
Les fers à nos chevilles loin bien loin
Tu ris mais sois tranquille un matin
J'aurai tout ce qui brille dans mes mains

Regarde ma vie tu la vois face à face
Dis moi ton avis que veux-tu que j'y fasse
Nous n'avons plus que ça au bout de notre impasse
Le moment viendra tout changera de place

L'acier qui nous mutile du satin
Nos blessures inutiles au lointain
Nous ferons de nos grilles des chemins
Nous changerons nos villes en jardins

Et tu verras que les filles, oh oui tu verras bien
Auront les yeux qui brillent, ce matin
Plus de faim de fatigues, des festins
De miel et de vanille, et de vin

Il y a

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Il y a
Du thym, de la bruyère
Et des bois de pin
Rien de bien malin
Il y a
Des ruisseaux, des clairières
Pas de quoi en faire
Un plat de ce coin
Il y a
Des odeurs de menthe
Et des cheminées
Et des feux dedans
Il y a
Des jours et des nuits lentes
Et l'histoire absente
Banalement
Et loin de tout, loin de moi
C'est là que tu te sens chez toi
De là que tu pars, où tu reviens chaque fois
Et où tout finira
Il y a
Des enfants, des grand-mères
Une petite église
Et un grand café
Il y a
Au fond du cimetière
Des joies, des misères
Et du temps passé
Il y a
Une petite école
Et des bancs de bois
Tout comme autrefois
Il y a
Des images qui collent
Au bout de tes doigts
Et ton cœur qui bat
Et loin de tout, loin de moi
C'est là que tu te sens chez toi
De là que tu pars, où tu reviens chaque fois
Et où tout finira
Et plus la terre est aride, et plus cet amour est grand
Comme un mineur à sa mine, un marin à son océan
Plus la nature est ingrate, avide de sueur et de boue
Parce que l'on a tant besoin que l'on ait besoin de nous
Elle porte les stigmates de leur peine et de leur sang
Comme une mère préfère un peu son plus fragile
enfant
Et loin de tout, loin de moi
C'est là que tu te sens chez toi
De là que tu pars, où tu reviens chaque fois
Et où tout finira.

J'oublierai ton nom

Paroles: Michael Jones, Jean-Jacques Goldman. Musique: Jean-Jacques Goldman 1986 "Gang"

autres interprètes: Jean-Jacques Goldman, Florent Pagny (2001)

De semaines inutiles en futiles dimanches
De secondes immobiles aux aiguilles qui penchent
J'oublierai ton nom

De quatre nouveaux murs dans un autre quartier
De pinceaux de peinture en meubles à installer
J'oublierai ton nom

De la piste suante à la dernière danse
De quelques nuits de feu aux matinées de cendres
De cette agitation dénuée de tout sens
Du fond de ma raison jusqu'à mon inconscience

De la main d'un ami au baiser d'une bouche
Tous ceux qui sauront lire que le mal a fait mouche
J'oublierai ton nom

J'oublierai ton nom
De mille façons
Et cette certitude
Me fait plus mal encore
J'aimais cette blessure
C'était toi encore

I know it's been tough
I've hurt you enough
But you'll never see
That I must be free
Forget my name

You'll find someone, somewhere
All your troubles to share
She'll wipe out the past
And fell at last
Forget my name

All the good and bad times
We've ever had
Will seem so far away
Will be lonely sad

There's hundreds of ways
To kill away the time
That's how you are made
You know you'll never be mine

De la main d'un ami
Au baiser d'une bouche
Tous ceux qui sauront lire
Que le mal a fait mouche
J'oublierai ton nom

J'oublierai ton nom
De mille façons
Et cette certitude
Me fait plus mal encore
J'aimais cette blessure
C'était toi encore

J'oublierai ton nom
De mille façons

Pour les mêmes raisons qui m'ont fait t'aimer
Parce qu'il fallait bien vivre avant d'oublier

J'oublierai ton nom
De mille façons
Et cette certitude
M'est la pire des morts
J'aimais cette blessure
C'était toi encore

J'oublirai ton nom

J't'aimerai quand même

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Jusqu'au tréfonds de mes veines
Jusqu'aux gouttes de mon sang
Jusqu'aux lourdes portes en chêne
De tous mes châteaux d'enfant
Même si les dieux s'en mêlent
Ou si le diable me prend
Mais que nos âmes s'emmêlent
Dans le grand feu qui m'attend

J't'aimerai quand même

Même au frisson de tes peines
Sans passions, sans émotions
Sans les mensonges et ses chaînes
Moi, je redirai ton nom
Dans le vide du départ
Sans l'image et sans la voix
Reste en plein cœur une écharde
Je te hurlerai tout bas

J't'aimerai quand même

Même si c'est interdit
Illégal ou hors la loi
Impur, obscène ou maudit
Par les hommes et par les croix
Je me mettrai dans la marge
Je m'écarterai des loi
Parmi les fous d'être sage
Enfin délivré de moi

J't'aimerai quand même

Je chante pour ça

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Parce qu'un jour, John a écrit "Because"
Parce que tout tangue tant quand on cause
Parce que tes yeux sonnent comme un do dièse
Et que àa swingue quand le jour s'achève

Parce que la terre est au dessous du ciel
Pas au-delà, que ça vous plaise ou pas
Parce que les notes sont belles et rebelles
Un peu de tout ça
Un p'tit peu de voix
Un p'tit peu d'émoi
Et 1, 2, 3

Je chante pour ça {2x}
Ces mots, ces airs-là
Naissent dans ma tête, au bout de mes doigts
Un peu pour toutes ces raisons-là
Je chante pour ça
Pourquoi? Je sais pas
Peut-être un peu à cause de tout ça
Et tout ce que je ne comprends pas

Parce que désespoir pour désespoir
Autant noyer tout ça dans le caviar
Parce que l'amour nous trahit chaque fois
Autant le faire dans des draps de soie
Parce que les dingos, les vrais marginaux
Sont dans les palaces, pas dans les ghettos
Parce qu'on est cuit et qu'on y croit quand-même
Le temps d'un regard
Le temps d'un panard
Le temps d'un "je t'aime"
Ou d'un poème

Je chante pour ça {2x}
Ces mots, ces airs-là
Naissent dans ma tête, au bout de mes doigts
Un peu pour toutes ces raisons-là
Je chante pour ça
Pourquoi? Je sais pas
Peut-être une peu à cause de tout ça
Et tout ce que je ne comprends pas

Je commence demain

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Faudrai que j'me cloture
Faudrai que j'coupe du bois
Que j'me mette en costume
Et que je marche plus droit

Faudrai que j'devienne plus sage
Que j'sois plus raisonnable à mon âge

j'sais bien, j'sais bien, j'sais bien
Je commence demain

Faudrai que j'quitte la route
Et que j'pose ma guitare
Faudrai que j'les écoute
Avant qu'il soit trop tard

Faudrai que j'devienne plus sage
Que j'sois plus raisonnable à mon âge

J'sais bien, j'sais bien, j'sais bien
Je commence demain

Faudrai que j'trouve une femme
Une gentille, une "maman"
Faudrai que j'quitte ces dames
Qui m'font rougir le sang

Faudrai que j'devienne plus sage
Que j'sois plus raisonnable à mon âge

J'sais bien, j'sais bien, j'sais bien
Je commence demain

Faudrai que je t'oublie…

Je marche seul

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1985 "Non homologué"

Comme un bateau dérive
Sans but et sans mobile
Je marche dans la ville
Tout seul et anonyme

La ville et ses pièges
Ce sont mes privilèges
Je suis riche de ça
Mais ça ne s'achète pas

Et j'm'en fous, j'm'en fous de tout
De ces chaînes qui pendent à nos cous
J'm'enfuis, j'oublie
Je m'offre une parenthèse, un sursis

Je marche seul
Dans les rues qui se donnent
Et la nuit me pardonne, je marche seul
En oubliant les heures,
Je marche seul
Sans témoin, sans personne
Que mes pas qui résonnent, je marche seul
Acteur et voyeur

Se rencontrer, séduire
Quand la nuit fait des siennes
Promettre sans le dire
Juste des yeux qui traînent

Oh, quand la vie s'obstine
En ces heures assasines
Je suis riche de ça
Mais ça ne s'achète pas

Et j'm'en fous, j'm'en fous de tout
De ces chaînes qui pendent à nos cous
J'm'enfuis, j'oublie
Je m'offre une parenthèse, un sursis

Je marche seul
Dans les rues qui se donnent
Et la nuit ma pardonne, je marche seul
En oubliant les heures,
Je marche seul
Sans témoin, sans personne
Que mes pas qui résonnent, je marche seul
Acteur et voyeur

Je marche seul
Quand ma vie déraisonne
Quand l'envie m'abandonne
Je marche seul
Pour me noyer d'ailleur
Je marche seul…

Je ne vous parlerai pas d'elle

Musique: Jean-Jacques Goldman

Je vous dirai ma vie dans son nu le plus blême
Dans les matins pâlis ou plus rien ne protège
Je vous dirai mes cris jusqu'aux plus imbéciles
Je vous livrerai tout jusqu'au bout de mes cils
Tous mes gestes promis tout ce que je pense
De mes coups de colère à mes coups de romance
En toute complaisance en toute impudeur
Compte rendu fidèle de toutes mes heures
J'avouerai tous les trucs interdite les méthodes
Je vous dirai les clés vous livrerai les codes
Les secrets inconnus à lire entre les lignes
Les talismans perdus les chiffres et les signes
Mes arrière pensées avec inconscience
Mes goûts et mes dégoûts et tous mes coups de chance
Même sans intérêt même un peu faciles
Mes fantasmes enterres mes idées les plus viles
Mais je ne vous parlerai pas d'elle
Je ne vous parlerai pas d'elle
Elle est à côté de moi quand je me réveille
Elle a sûrement un contrat avec mon sommeil
Je ne vous parlerai pas d'elle
Elle est mon sol elle est mon ciel
Elle est là même où mes pas ne me guident pas
Et quand je suis pas là elle met mes pyjamas
Elle est plus que ma vie elle est bien mieux que moi
Elle est ce qui me reste quand je fais plus le poids
Je ne vous parlerai pas d'elle

Je te donne

Musique: Jean-Jacques Goldman

I can give a voice, bred with rythms and soul
the heart of a Welsh boy who's lost his home
put it in harmony, let the words ring
carry your thoughts in the song we sing
Je te donne mes notes, je te donne mes mots
quand ta voix les emporte a ton propre tempo
une épaule fragile et solide a la fois
ce que j'imagine et ce que je crois.

Je te donne toutes mes differences,
tous ces défauts qui sont autant de chance
on sera jamais des standards des gens bien comme il faut
je te donne ce que j'ai ce que je vaux

I can give you the force of my ancestral pride
the well to go on when i'm hurt deep inside
whatever the feeling, whatever the way
it helps me to go on from day to day
je te donne nos doutes et notre indicible espoir
les questions que les routes ont laissées dans l'histoire
nos filles sont brunes et l'on parle un peu fort
et l'humour et l'amour sont nos trésors

Je te donne toutes mes differences…

Je te donne, donne, donne ce que je suis

I can give you my voice, bred with rythm and soul,
je te donne mes notes, je te donne ma voix
the songs that i love, and the stories i've told
ce que j'imagine et ce que je crois
i can make you feel good even when i'm down
les raisons qui me portent et ce stupide espoir
my force is a platform that you can climb on
une épaule fragile et forte a la fois
je te donne, je te donne tout ce que je vaux, ce que je suis, mes dons,
mes défauts, mes plus belles chances, mes differences

Je voudrais vous revoir

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Cette lettre peut vous surprendre
Mais sait-on? peut-être pas
Quelques braises échappées des cendres
D'un amour si loin déjà

Vous en souvenez-vous?
Nous étions fous de nous

Nos raisons renoncent, mais pas nos mémoires
Tendres adolescences, j'y pense et j'y repense
Tombe mon soir et je voudrais vous revoir

Nous vivions du temps, de son air
Arrogants comme sont les amants
Nous avions l'orgueil ordinaire
Du "nous deux c'est différent"
Tout nous semblait normal, nos vies seraient un bal
Les jolies danses sont rares, on l'apprend plus tard
Le temps sur nos visages a soumis tous les orages
Je voudrais vous revoir et pas par hasard

Sûr il y aurait des fantômes et des décors à réveiller
Qui sont vos rois, vos royaumes? mais je ne veux que savoir
Même si c'est dérisoire, juste savoir
Avons-nous bien vécu la même histoire?

L'âge est un dernier long voyage
Un quai de gare et l'on s'en va
Il ne faut prendre en ses bagages
Que ce qui vraiment compta
Et se dire merci
De ces perles de vie
Il est certaines
Blessures au goût de
Victoire
Et vos gestes, y reboire
Tes parfums, ton regard
Ce doux miroir
Où je voudrais nous revoir

Jeanine médicament blues

Musique: Jean-Jacques Goldman

Hey bonsoir Mr Blues… bonsoir Mr Cafard
Bonsoir vieille compagne Mrs araignée noire
Je ne vous avais pas sonné je préfères pas trop
vous voir
Mais puisque vous êtes là vous pouvez vous asseoir
On va se faire une fête rien qu'entre vous et moi
Nous arranger la tête les grands dans tes petits plats.
Puisque mes sentiments sont en panne de moteur
Puisque je ne sais plus où pourquoi à quelle heure
Moi j'ai quelques amis qui me laissent jamais tomber
En liquide en pilule en poudre en comprimé
Les seuls à pouvoir encore me faire ressentir
Des morceaux d'émotion des bouffées de plaisir.
Une rose pour la vie
Une rouge pour l'amour
Une noire pour la nuit
Et une bleue pour le jour
Une jaune pour être speed
Une mauve pour être cool
Orange pour le rire
Et marron pour les moules
Une blanche pour être bien
Une verte pour la route
Et Jeanine Jeanine Jeanine pour éviter le pire
Quand les fêtes de la chandeleur sont bien terminées
Qu'il ne reste plus un roi plus une reine a tirer
Quand j'ai tout à l'envers quand je tiens plus la route
Quand il n'y a plus de mystère et plus l'ombre d'un doute
J'ai toute une panoplie rangée dans un placard
Superinsecticide spécial anti-cafard
Ne laissez plus vos sens dans les mains du hasard
Au gré de vos amours des retours des départs
Quand petit papa Noël pas descendu du ciel
Quand seul dans ton dodo plus de petit cadeau
Décide donc toi-même d'être bien d'être mal
Le bonheur en couleur sécurité sociale.
Une rose pour la vie
Une rouge pour l'amour
Une noire pour la nuit
Et une bleue pour le jour
Une jaune pour être speed
Une mauve pour être cool
Orange pour le rire
Et marron pour les moules
Une blanche pour être bien
Une verte pour la route
Et Jeanine Jeanine Jeanine pour éviter le pire

Jour bizarre

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

C'était un jour bizarre,
Un jour sans soleil et sans vent.
Il faisait doux,
Juste doux.
Dans une rue banale,
Une fille pas mal
Qui est passée, c'est tout
Et c'est tout.

On a croisé nos pas
Et croisé nos regards,
Comme des gens qui se regardent
Sans honte et sans espoir.
Ses jambes, ses genoux,
Sa taille et son sourire
Et un parfum si doux
Saisi juste avant de partir.

C'était un jour bizarre,
Un jour sans soleil et sans vent.
Il faisait doux,
Juste doux.
Dans une rue banale,
Une fille pas mal
Qui est passée, c'est tout
Et c'est tout.

Je me suis retourné
Pour voir où elle allait.
Je suis sur qu'elle savait que, de loin, je la regardais.
Ses cheveux fous, ses hanches,
Ses épaules et son cou,
Comment lui dire "Attends" sans qu'elle me prenne pour un fou?

C'était un jour bizarre,
Un jour sans soleil et sans vent.
Il faisait doux,
Juste doux.
Dans une rue banale,
Une fille pas mal
Qui est passée, c'est tout
Et c'est tout.

Juste quelques hommes

Musique: Jean-Jacques Goldman

Après les brumes, où commence
le ciel
Où les aigles reculent, où manque
l'oxygène
Où les grands froids règnent
même au soleil
Aux neiges éternelles
Où rien ne pousse, où les âmes
s'éteignent
Où plus rien ne frisonne
Plus rien ni personne
Juste quelques hommes
Quelques hommes

Au fond des fonds aux entrailles des mers
Où les sirènes sombrent en leurs sombres repaires
Plus loin que loin, aux extrêmes extrêmes
Où plus un être n'ose
Des astres éteints au sein des volcans même
Où les laves fusionnent
Ni rien, ni personne
Juste quelques hommes
Quelques hommes

Au plus sauvage, où renoncent les fauves
Dans les grands marécages où les humains pataugent
Au bout du mal, où tous les dieux nous quittent
Et nous abandonnent
Dans ces boues noires où même les diables hésitent
A genoux pardonnent
Juste quelques hommes
Quelques hommes justes
Quelques hommes justes

Juste un petit moment

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1981 "Une autre histoire"

Juste, juste un p'tit moment encore

Ici, il fait beau, il fait si froid dehors

Ça ne prendra pas bien longtemps

Un tout petit instant

Attends au moins la fin du slow

Contre toi, c'est si doux, si chaud.

L'absence

Paroles: Jean-Jacques Goldman. Musique: Jean-Pierre Goussaud 1990 "J'te prêterai jamais"

autres interprètes: Jean-Jacques Goldman ("Urgence" contre le Sida, 1992)

Le tango lent de ton sang dans mes veines
J'entends battre ta vie plus que la mienne
Quand la nuit rapproche ceux qui sont loin
Le matin prend ma place et je m'éteins

Nulle envie, nulle pensée pour personne
L'absence a tout pris, que l'on me pardonne
Quand on n'est même plus la moitié d'un
Comme un billet déchiré ne vaut rien

Les saisons ne sont plus que de passage
Les couleurs ont déserté mes images
Je reverrai tout quand tu seras là
Je repeindrai tout quand tu reviendras

Je reverrai tout quand tu seras là
Je repeindrai tout quand tu reviendras.

La pluie

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

On voudrait savoir éviter
La pluie
Entre les gouttes se glisser
Deux, trois nuages et l'on
Court à l'abri
On n'aime pas trop se mouiller

On se dit qu'ailleurs
Sous d'autres latitudes
Le soleil est brûlant
Même en plein hiver
On rêve d'Orient,
De cap au sud
De sable et de mer

Et l'on attend sous des portes
Cochères
Ou transi sous un parapluie
On met des chapeaux, des gants,
Des impers
On se cache, on se rétrécit

Faudrait pas s'éloigner,
Rester dans son coin
Une averse et l'on risque
D'être surpris
Pas de jolie vie,
De joli chemin
Si l'on craint la pluie

On prie le ciel
Et les grenouilles
Et l'hirondelle
Que le temps tourne
Comme tourne la chance
Dieu que tout baigne
Quand il y a du soleil
Mais voilà,
Le mauvais temps ça
Recommence

Mais
Dans les vies sèches
L'eau se venge aussi:
Y a des ouragans,
Des moussons,
Des déserts.
Autant apprendre
A marcher
Sous la pluie
Le visage
Offert

La vie c'est mieux quand on est amoureux

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Ta ba dam tam da
Ta ba dam tam da
Ta ba dam tam da
Ta dou dam mmh ba dou dam
Ta dou dam da dam
Ta dou dam da dam
Ta dou dam da dam

La vie c'est mieux quand on est amoureux
La vie c'est mieux quand on est amoureux
Ta da da dam ta da dam ta da dam
Ta da da dam ta da dam ta da dam

Ta ba dam tam da
Ta ba dam tam da
Ta dou dam mmh ba dou dam
Ta dou dam da dam
Ta dou dam da dam
Ta dou dam da dam

La vie c'est mieux quand on est amoureux
La vie c'est mieux quand on est amoureux
Ta da da dam ta da dam ta da dam
Ta da da dam ta da dam ta da dam

La vie par procuration

Musique: Jean-Jacques Goldman

{Refrain:}

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons
Elle vit sa vie par procuration
Devant son poste de télévision

Lever sans réveil, avec le soleil
Sans bruit, sans angoisse, la journée se passe
Repasser, poussière, y a toujours à faire
Repas solitaire, en point de repère

La maison si nette, qu'elle en est suspecte
Comme tous ces endroits où l'on ne vit pas
Les êtres ont cédés, perdu la bagarre
Les choses ont gagné, c'est leur territoire

Le temps qui nous casse, ne la change pas
Les vivants se fanent, mais les ombres pas
Tout va, tout fonctionne, sans but sans pourquoi
D'hiver en automne, ni fièvre ni froid

{au Refrain}

Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s'étale
Mais finalement de moins pire en banal
Elle finira par trouver ça normal

{Refrain partiel:}

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons

Des crèmes et des bains qui font la peau douce
Mais ça fait bien loin que personne ne la touche
Des mois des années sans personne à aimer
Et jour après jour l'oubli de l'amour

Ses rêves et désirs si sages, si possible
Sans cri, sans délires sans inadmissible
Sur dix ou vingt pages de photos banales
Bilan sans mystères d'années sans lumière

{au Refrain}

Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s'étale
Mais finalement de moins pire en banal
Elle finira par trouver ça normal

{Refrain partiel:}
Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons

Elle apprend dans la presse à scandale
La vie des autres qui s'étale
Mais finalement de moins pire en banal
Elle finira par trouver ça normal

{Refrain partiel:}

Elle met du vieux pain sur son balcon
Pour attirer les moineaux les pigeons

Là-bas

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

autres interprètes: Florent Pagny, Natasha St Pier (2002), Corey Hart, Pascal Obispo

Là-bas
Tout est neuf et tout est sauvage
Libre continent sans grillage
Ici, nos rêves sont étroits
C'est pour ça que j'irai là-bas

Là-bas
Faut du cœur et faut du courage
Mais tout est possible à mon âge
Si tu as la force et la foi
L'or est à portée de tes doigts
C'est pour ça que j'irai là-bas

N'y va pas
Y a des tempêtes et des naufrages
Le feu, les diables et les mirages
Je te sais si fragile parfois
Reste au creux de moi

On a tant d'amour à faire
Tant de bonheur à venir
Je te veux mari et père
Et toi, tu rêves de partir

Ici, tout est joué d'avance
Et l'on n'y peut rien changer
Tout dépend de ta naissance
Et moi je ne suis pas bien né

Là-bas
Loin de nos vies, de nos villages
J'oublierai ta voix, ton visage
J'ai beau te serrer dans mes bras
Tu m'échappes déjà, là-bas

J'aurai ma chance, j'aurai mes droits
N'y va pas
Et la fierté qu'ici je n'ai pas
Là-bas
Tout ce que tu mérites est à toi
N'y va pas
Ici, les autres imposent leur loi
Là-bas
Je te perdrai peut-être là-bas
N'y va pas
Mais je me perds si je reste là
Là-bas
La vie ne m'a pas laissé le choix
N'y va pas
Toi et moi, ce sera là-bas ou pas
Là-bas
Tout est neuf et tout est sauvage
N'y va pas
Libre continent sans grillage
Là-bas
Beau comme on n'imagine pas
N'y va pas
Ici, même nos rêves sont étroits
Là-bas
C'est pour ça que j'irai là-bas
N'y va pas
On ne m'a pas laissé le choix
Là-bas
Je me perds si je reste là
N'y va pas
C'est pour ça que j'irai là-bas

Laëtitia

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Et quand, les soirs d'hiver, je rentrais chez moi,
J'aimais bien le son de la neige sous mes pas.
Je voyais la lumière de la chambre de loin.
Tu me crois pas, mais le froid, je le sentais moins.

Ça pouvait être, tu sais, ces soirs de cafard,
Des journées qu'on oublierait bien, des journées noires
Mais je voyais la lumière de chez nous de loin
Et j'oubliais un peu et je me sentais bien.

J'avais Laëtitia,
J'avais Laëtitia,
J'avais Laëtitia,
Je l'avais près de moi.
J'avais Laëtitia,
J'avais Laëtitia,
J'avais Laëtitia,
Je l'avais près de moi.

Je suis pas bien malin, on me l'a répété.
Depuis toujours, j'ai préféré plutôt rêver.
Chez moi, on ne pardonne pas d'être fragile.
Ça ne se faisait pas d'être aussi malhabile.

Au bureau aussi, ils se moquent tous de moi.
Tu comprends, je fais pas les choses comme il se doit.
J'aime pas leurs blagues idiotes puis je ne bois pas
Mais quand je rentrais, les nerfs à bout, tant de fois,

J'avais Laëtitia,
J'avais Laëtitia,
J'avais Laëtitia,
Je l'avais près de moi.
J'avais Laëtitia,
J'avais Laëtitia,
J'avais Laëtitia,
Je l'avais près de moi.

Six jours déjà que j'attends ici dans le noir.
Laëtitia est partie, c'était vendredi soir.
Elle a laissé un mot "Adieu, oublie-moi."
Et je ne comprends pas et je guette ses pas.

J'ai briqué la maison pour qu'elle ne trouve pas
Le désordre et la poussière quand elle rentrera.
De peur de la manquer, j'ai pas osé sortir.
J'ai la tête qui tourne, parfois j'entends son rire

Et j'attends Laëtitia,
J'attends Laëtitia,
J'attends Laëtitia,
Depuis si longtemps déjà.
J'attends Laëtitia,
J'attends Laëtitia,
J'attends Laëtitia,
Laëtita qui ne vient pas,
J'attends Laëtitia,
Laëtita qui ne vient pas…
{Ad libitum}

Le coureur

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"

Je courais sur la plage abritée des alizés
Une course avec les vagues, juste un vieux compte à régler
Pieds nus comme couraient mes ancêtres oh j'ai bien vu derrière ses lunettes
Un type avec un chronomètre

Je suis rentré au soir quand les vagues ont renoncé
Il était déjà tard mais les parents m'attendaient
Y avait l'homme bizarre à la table, ma mère une larme, un murmure
Des dollars et leur signature

J'ai pris le grand avion blanc du lundi
Qu'on regardait se perdre à l'infini
J'suis arrivé dans le froid des villes
Chez les touristes et les automobiles
Loin de mon ancienne vie

On m'a touché, mesuré comme on fait d'un cheval
J'ai couru sur un tapis, pissé dans un bocal
Soufflé dans un masque de toutes mes forces, accéléré
plein d'électrodes
Pour aller jusqu'où j'avais trop mal

On m'a mis un numéro sur le dos
Y avait des gens qui criaient, des drapeaux
On courait toujours en rond, des clous aux deux pieds pour écorcher la terre
Je la caressais naguère

J'ai appris à perdre, à gagner sur les autres et le temps
A coups de revolver, de course en entraînement
Les caresses étranges de la foule, les podiums
Et les coups de coude
Les passions, le monde et l'argent

Moi je courais sur ma plage abritée des alizés
Une course avec les vagues, juste un vieux compte à régler
Puis le hasard a croisé ma vie
J'suis étranger partout aujourd'hui,
Est-ce un mal, un bien?
C'est ainsi

Le rapt

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Restez calme et surtout, surtout n'ayez pas peur
Je ne vous toucherai pas et j'suis pas un voleur
Déséquilibré un peu, mais inoffensif
Je ne vous garderai ici que quelques heures
J'ai pas l'intention d'abuser de vos charmes
Ne craignez rien, regardez-moi, je suis sans armes
Mais j'en pouvais plus de vous croiser dans la rue
Sans un regard, comme si vous ne m'aviez pas vu

C'est un ravissement, c'est comme un rapt in blues
C'est un message, un cri, un nouveau billet doux
C'est un attentat, un acte de désespoir
C'est un rêve en réalité, mais pour un soir
C'est votre beauté glacée, votre indifférence
Pourtant si proche, votre inaccessible absence
Moi, j'espérais tous les soirs à six heures un quart
Vous me laissiez perdant sur ce maudit trottoir

Avoue / J'avoue tout
Il est fou / Pas si fou
Corde au cou / Je m'en fous
Haut et court / Pauvre amour

J'aurais pu vous rencontrer dans une party
Vous m'auriez parlé, peut-être m'auriez souri
Entre gens d'un certain milieu, d'un certain style
Le contact est permis, on se trouve en famille
Mais une fois sortis de ces beaux appartements
Les visages et les cœurs se ferment comme avant
Ma famille à moi, mon domaine, c'est la rue
Mais comment se rencontrer sur une avenue?

Vous pouvez rentrer chez vous, il est déjà tard
On doit sûrement s'inquiéter de votre retard
J'ai aimé les minutes de votre présence
Vous ai donné les preuves de mon innocence
J'ai aimé votre désarroi, votre peur
Je me suis réchauffé à votre malheur
J'ai brisé l'apparence toute glacée
J'ai même trouvé une larme inespérée

Les choses

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Si j'avais si j'avais ça
Je serais ceci je serais cela
Sans chose je n'existe pas
Les regards glissent sur moi
J'envie ce que les autres ont
Je crève de ce que je n'ai pas
Le bonheur est possession
Les supermarchés mes temples à moi

Dans mes uniformes, rien que des marques identifiées
Les choses me donnent une identité

Je prie les choses et les choses m'ont pris
Elles me posent, elles me donnent un prix
Je prie les choses, elles comblent ma vie
C'est plus 'je pense' mais 'j'ai' donc je suis

Des choses à mettre, à vendre, à soumettre
Une femme objet qui présente bien
Sans trône ou sceptre je me déteste
Roi nu, je ne vaux rien

J'ai le parfum de Jordan
Je suis un peu lui dans ses chaussures
J'achète pour être, je suis
Quelqu'un dans cette voiture
Une vie de flash en flash
Clip et club et clop et fast food
Fastoche speed ou calmant
Mais fast, tout le temps zap le vide
Et l'angoisse

Plus de bien de mal, mais est-ce que ça passe à la télé
Nobel ou scandale? on dit 'V.I.P'

Je prie les choses et les choses m'ont pris
Elles me posent, elles me donnent un prix
Je prie les choses, elles comblent ma vie
C'est plus 'je pense' mais 'j'ai' donc je suis

Des choses à mettre, à vendre, à soumettre
Une femme objet qui présente bien
Sans trône ou sceptre je me déteste
Roi nu, je ne vaux rien

Je prie les choses et les choses m'ont pris
Elles me posent, elles me donnent un prix
Je prie les choses, elles comblent ma vie
C'est plus 'je pense' mais 'j'ai' donc je suis

Un tatouage, un piercing, un bijou
Je veux l'image, l'image et c'est tout
Le bon 'langage' les idées 'qu'il faut'
C'est tout ce que je vaux

Les murailles

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"

Géantes ces murailles bâties de pierres et de sang
Plus hautes que les batailles, défiant le poids des ans
Aujourd'hui quatre vents feraient s'envoler ses tours
Et l'on jurait avant que ça durerait toujours

Corons, terrils au nord, litanie des paysages
Aux vivants comme aux morts, la mine histoire et langage
Ce charbon peine et chance, chaque mineur l'a vécu
Mais un jour ce silence, oh pas un ne l'aurait cru

Et j'avais fait des merveilles en bâtissant notre amour
En gardant ton sommeil, en montant des murs autour
Mais quand on aime on a tort, on est stupide, on est sourd
Moi j'avais cru si fort que ça durerait toujours
J'avais cru si fort que ça durerait toujours

Les nuits de solitude

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

On s'était dit: "Peut-être que c'est mieux.
On n'est pas forcément heureux à deux.
Séparons-nous, oublions si l'on peut.
Ça va être dur pendant un mois ou deux."

Un mois ou deux ou bien peut-être plus,
Réapprendre à vivre seul et tenir,
Rompre les liens serrés par l'habitude
Tout en attendant les moments, les pires.

Oh ces nuits, ces nuits de solitude,
Les yeux ouverts, le plafond blanc, le bruit du temps
Qui passe et se bouscule,
Des images que l'on chasse mais qui reviennent tout le temps,

Le matin que l'on a vu arriver,
Se lever sans réfléchir, s'habiller,
Sortir dans la rue, rencontrer des gens,
Sourir et oublier jusqu'au moment…

Oh ces nuits, ces nuits de solitude,
Les yeux ouverts, le plafond blanc, le bruit du temps
Qui passe et se bouscule,
Des images que l'on chasse mais qui reviennent tout le temps,

Se rencontrer par hasard et jouer,
Parler sans rien dire mais se regarder
Et puis ces heures devant le téléphone,
La tête dans les mains en attendant qu'ça sonne

Et ces nuits, ces nuits de solitude,
Les yeux ouverts, le plafond blanc, le bruit du temps
Qui passe et se bouscule,
Des images que l'on chasse mais qui reviennent tout le temps,

Ces nuits de solitude,
Les yeux ouverts, le plafond blanc, le bruit du temps
Qui passe et se bouscule,
Des images que l'on chasse mais qui reviennent tout le temps.

Les p'tits chapeaux

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Elle met plein de p'tits
Chapeaux bizarres
Elle sourit quand elle
Marche dans la rue…

Aux indiens, aux livreurs, aux motards

C'est pas la plus jolie,
Ça tombe bien, moi non plus…
Elle ramasse
Les paumés, tout c'qui
Traîne…

Les vieux, les chats
Dans l'tas y avait moi

Les plaies, les bosses, ceux qui saignent, elle aime…

Quand on lui demande pourquoi, elle répond: "pourquoi pas?"

Elle a comme une
P'tite douleur dans l'regard
Cette ombre qui rend les gens
Fréquentables

Elle m'est tombée
Dessus sans trop crier gare
J'voudrais qu'elle me garde
Un p'tit peu plus tard

Elle me trouve beau et puis je la crois
Elle dit: "ça m'saoûle", "c'est pas laid",
"Ça m'pèle"… elle a trop chaud
Toujours, ou trop froid

Le monde lui fait pas peur, elle trouve la vie mortelle

Et j'aime aussi comme elle
Se passe de moi
Comme elle est fière
Et secrète parfois
Comme elle donne tout
A chaque fois
Elle met des petits chapeaux
Et moi ça me va…

Les restos du coeur

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1986 " Les Enfoirés – Les Restos du coeur 86"

autres interprètes: Les Enfoirés, Johnny Hallyday

note: Reprise dans tous les albums des "Enfoirés"

{Les Enfoirés – Les Restos du cœur 86

avec Yves Montand, Michel Platini, Nathalie Baye,

Jean-Jacques Goldman, Michel Drucker et Coluche.}

Moi, je file un rancard
A ceux qui n'ont plus rien
Sans idéologie, discours ou baratin
On vous promettra pas
Les toujours du grand soir
Mais juste pour l'hiver
A manger et à boire
A tous les recalés de l'âge et du chômage
Les privés du gâteau, les exclus du partage
Si nous pensons à vous, c'est en fait égoïste
Demain, nos noms, peut-être grossiront la liste

{Refrain}

Aujourd'hui, on n'a plus le droit
Ni d'avoir faim, ni d'avoir froid
Dépassé le chacun pour soi
Quand je pense à toi, je pense à moi
Je te promets pas le grand soir
Mais juste à manger et à boire
Un peu de pain et de chaleur
Dans les restos, les restos du cœur

Autrefois on gardait toujours une place à table
Une soupe, une chaise, un coin dans l'étable
Aujourd'hui nos paupières et nos portes sont closes
Les autres sont toujours, toujours en overdose

{Au refrain}

J'ai pas mauvaise conscience, ça m'empêche pas d'dormir
Mais pour tout dire, ça gâche un peu l'goût d'mes plaisirs
C'est pas vraiment ma faute si y en a qui ont faim
Mais ça le deviendrait, si on n'y change rien

J'ai pas de solution pour te changer la vie
Mais si je peux t'aider quelques heures, allons-y
Y a bien d'autres misères, trop pour un inventaire
Mais ça se passe ici, ici et aujourd'hui

{Au refrain, ad lib}

Lisa

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

note: du film "L'Union Sacrée" d'Alexandre Arcady.

Verts
Et bruns à la fois,
Verts ou bruns quand elle aime ou
N'aime pas,
Dans
Les yeux de Lisa,
Moi je lisais ma vie,
Autrefois.

Moi,
Semaine après mois,
Loin du reflet de ses yeux
Verts et bruns,
Moi,
J'existe un peu moins.
Sans ces yeux-là, je ne me
Vois pas,
Lisa.

Long is the road

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Au-delà de nos vents, passée notre frontière
Dans ces pays soleil de sable et de pierre
Là où malgré les croix et malgré les prières
Les dieux ont oublié ces maudites terres

Dans sa pauvre valise, ses maigres affaires
Une histoire banale d'homme et de misère
Il tient dans sa chemise ses ultimes richesses
Ses deux bras courageux, sa rude jeunesse
Et tout contre sa peau, comme un trésor inca
Son nom sur un visa pour les U.S.A.

But long is the road
Hard is the way
Heavy my load
But deep is my faith
Long is the road

Sur des highway sixty one, l'ombre d'un Zimmerman
Dix trains de losers pour un Rockfeller
Brûler sa peau pour être un Battling Joe
Quand chaque espoir se décline en dollars

Jusqu'aux bannières où les stars s'affichent
Sous les lumières, tout est blanc, propre et riche
Du "jeudi noir" jusqu'aux bleus de John Ford
Dans chaque histoire se cache un chercheur d'or

But long is the road
Hard is the way
Heavy my load
But deep is my faith
Long is the road

Minoritaire

Musique: Jean-Jacques Goldman

Je n'ai pas mérité de jouer du rock'n'roll
Mes ghettos mes idées ne sont pas homologues
J'ai pas le bon blouson j'ai pas les bonnes bottes
Et en haut de mon bras je n'ai rien fait tatouer.
J'ai donné aux curés du sauvetage collectif
J'ai joué les mêmes notes swingué les mêmes riffs
Peu a peu j'ai compris les données du débat
Que rien ne bouge et l'égalité par le bas.
Et tant pis si la foule gronde
Si je ne tourne pas dans la ronde
Papa quand je serai grand je sais que je veux faire
Je veux être minoritaire.
J'ai pas peur
J'ai mon temps mes heures
Un cerveau un ventre et un cœur
Et le droit à l'erreur.
J'ai pas la fascination des petites tueurs
Miniloubarrivistes ou grands rastallumés
Les rats de la misère et ses perpetueurs
Qui jouent tellement bien le rôle qu'on leur fait jouer
Je ne sais pas encore d'où viendra la lumière
Les solutions magiques plus douces et plus belles
Je ne suis pas certain qu'elle sortira des computers
Mais je suis sur qu'elle ne viendra jamais des poubelles.
J'en pendu mon cerveau aux potences du ciel
Je l'ai pendu si haut et je rêve quand même
J'ai vendu mes oreilles aux silences des hommes
Jusqu'au fond du sommeil je les entend qui sonnent
J'ai jeté leurs prières et leurs plaintes sans larmes
Et je me suis reforgé de nouvelles armes
Pour ne plus m'attendrir pour ne plus en souffrir
Pour entendre et sentir avant de réfléchir.

Natacha

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"

De mes tristesses me reste un grand manteau
Qui laisse passer le froid
De ces lambeaux de jeunesse un vieux chapeau
Qui ne me protège pas
Je sais mieux choisir un chemin,
Me méfier d'une main
Tu vois je ne sais rien
Le temps qui passe ne guérit de rien
Natacha
Toi tu le sais bien

De mille ans de froid, de toundra
De toutes ces Russies qui coulent en toi
De trop d'hivers et d'espoirs et d'ivresse
Au chant des Balalaïkas
Tu dis qu'on a peur et qu'on glisse en ses peurs
Comme glissent les nuits de Viatka
Dans chacun de tes baisers Natacha
C'est tout ce qui m'attache à toi

Né en 17 à Leidenstadt

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1991 "Fredericks, Goldman, Jones"

autres interprètes: Jean-Jacques Goldman (2003)

{Refrain:}

Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt
Sur les ruines d'un champ de bataille
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens
Si j'avais été allemand?

Bercé d'humiliation, de haine et d'ignorance
Nourri de rêves de revanche
Aurais-je été de ces improbables consciences
Larmes au milieu d'un torrent

Si j'avais grandi dans les docklands de Belfast
Soldat d'une foi, d'une caste
Aurais-je eu la force envers et contre les miens
De trahir: tendre une main

Si j'étais née blanche et riche à Johannesburg
Entre le pouvoir et la peur
Aurais-je entendu ces cris portés par le vent
Rien ne sera comme avant

On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau?
Ou le pire ou plus beau?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau
S'il fallait plus que des mots?

{au Refrain}

Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps
D'avoir à choisir un camp

Ne lui dis pas

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman "Rouge"

Troubles images issues du temps
Messages d'enfant
Vagues voyages au gré d'avant

Ne lui dis pas
Ce n'est qu'à toi
Rêve tout bas
Ne lui dis pas

Tendres caresses, fièvres et sang
Les peaux s'entendent et se tendent
Paupières closes, qui te prend?

Ne lui dis pas
Ça sert à quoi
Ce n'est qu'à toi
Ne lui dis pas

On n'avoue rien si l'on est innocent
Les mots sont vains, les mystères indulgents
La pénombre éclaire
Du silence au mensonge
C'est l'espace des songes

Page après page, vie sur vie
Quand les questions dansent
N'est-ce que ça? Etait-ce lui?

Ne lui dis pas
Ce n'est qu'à toi
Rêve plus bas
Ne lui dis pas

Qu'il est si tard, qu'il ne t'étonne plus
Qu'il ne sait pas et qu'il n'a jamais su
Que bientôt l'hiver
Si c'était à refaire
Mais "chut" mieux vaut se taire
Ne lui dis pas

Nos mains

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"

Sur une arme les doigts noués
Pour agresser, serrer les poings
Mais nos paumes sont pour aimer
Y a pas de caresse en fermant les mains

Longues, jointes en prière
Bien ouvertes pour acclamer
Dans un poing les choses à soustraire
On ne peut rien tendre les doigts pliés

Quand on ouvre nos mains
Suffit de rien dix fois rien
Suffit d'une ou deux secondes
A peine un geste, un autre monde
Quand on ouvre nos mains

Mécanique simple et facile
Des veines et dix métacarpiens
Des phalanges aux tendons dociles
Et tu relâches ou bien tu retiens

Et des ongles faits pour griffer
Poussent au bout du mauvais côté
Celui qui menace ou désigne
De l'autre on livre nos vies dans les lignes

Quand on ouvre nos mains
Suffit de rien dix fois rien
Suffit d'une ou deux secondes
A peine un geste, un autre monde
Quand on ouvre nos mains

Un simple geste d'humain
Quand se desserrent ainsi nos poings
Quand s'écartent nos phalanges
Sans méfiance, une arme d'échange
Des champs de bataille en jardin

Le courage du signe indien
Un cadeau d'hier à demain
Rien qu'un instant d'innocence
Un geste de reconnaissance
Quand on ouvre comme un écrin
Quand on ouvre nos mains.

Nous ne nous parlerons pas

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

J'ai bien reçu tous vos messages
Je vous ai lu page après page
Je sais vos hivers et vos matins
Et tous ces mots qui vous vont si bien

En quelques phrases, en quelques lettres
Il me semble si bien vous connaître
On écrit bien mieux qu'on ne dit
On ose tout ce que la voix bannit

Mais vous désirez me rencontrer
Et moi, j'ai si peur de tout gâcher
Nos confessions, nos complicités
Comment garder tout ça sans rien casser

Nous ne nous parlerons pas
Nous oublierons nos voix
Nous nous dirons en silence
L'essentiel et l'importance
Utilisons nos regards
Pour comprendre et savoir
Et le goût de notre peaux
Plus loquace que des mots
Nos bras ne tricheront pas
Nos mains ne mentiront pas
Mais surtout, ne parlons pas

Je connais un endroit charmant
Très à la mode et très bruyant
De ces endroits où les solitudes
Se multiplient dans la multitude

On n'a qu'une envie, c'est d'en sortir
Vous n'aurez besoin que d'un sourire
Je comprendrai qu'il est déjà tard
Nous irons boire un verre autre part

Nous ne nous parlerons pas
Nous oublierons nos voix
Nous nous dirons en silence
L'essentiel et l'importance
Utilisons nos regards
Pour comprendre et savoir
Et le goût de notre peaux
Plus loquace que des mots
Nos bras ne tricheront pas
Nos mains ne mentiront pas
Mais surtout, ne parlons pas

Nous ne nous parlerons pas

On ira

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"

On partira de nuit, l'heure où l'on doute
Que demain revienne encore
Loin des villes soumises, on suivra l'autoroute
Ensuite on perdra tous les nord

On laissera nos clés, nos cartes et nos codes
Prisons pour nous retenir
Tous ces gens que l'on voie vivre comme s'ils ignoraient
Qu'un jour il faudra mourir

Et qui se font surprendre au soir

Oh belle, on ira
On partira toi et moi, où?, je sais pas
Y a que les routes qui sont belles
Et peu importe où elles mènent
Oh belle, on ira, on suivra les étoiles et les chercheurs d'or
Si on en trouve, on cherchera encore

On n'échappe à rien pas même à ses fuites
Quand on se pose on est mort
Oh j'ai tant obéi, si peu choisi petite
Et le temps perdu me dévore

On prendre les froids, les brûlures en face
On interdira les tiédeurs
Des fumées, des alcools et des calmants cuirasses
Qui nous a volé nos douleurs
La vérité nous fera plus peur

Oh belle, on ira
On partira toi et moi, où?, je sais pas
Y a que des routes qui tremblent
Les destinations se ressemblent
Oh belle, tu verras
On suivra les étoiles et les chercheurs d'or
On s'arrêtera jamais dans les ports

Belle, on ira
Et l'ombre de nous rattrapera peut-être pas
On ne changera pas le monde
Mais il nous changera pas
Ma belle, tiens mon bras
On sera des milliers dans ce cas, tu verras
Et même si tout est joué d'avance, on ira, on ira

Même si tout est joué d'avance
A côté de moi,
Tu sais y a que les routes qui sont belles
Et crois-moi, on partira, tu verras
Si tu me crois, belle
Si tu me crois, belle
Un jour on partira
Si tu me crois, belle
Un jour

P'tit blues peinard

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman "Long is the road"

J'suis rentré un soir,
Pas bien, pas beau, blafard.
J'ai pris ma guitare
Comme dans toutes ces histoires.
J'ai fait couler mes idées noires
Dans un p'tit blues peinard.

Mon voisin Léo, c'lui qui joue du piano.
Léo est pas beau, Léo est laid et gros.
Ça l'empêche pas d'prendre son panard
Dans mon p'tit blues peinard.

Les félés du d'ssus,
Sympas quand ils ont bu.
Ces rois d'la rythmique,
Batterie, basse électrique,
Ils sont fêlés mais pas ringards
Dans mon p'tit blues peinard.

Les lapins du d'ssous
Ont bien dix-sept enfants
Mais ils sont tous fous
D'un instrument à vent.
Quand ils jouent, tu t'crois dans un' gare,
Pas dans un blues peinard.

On n'est pas malin,
Pas très beau, pas très bien.
On n'est pas certains d'être encore là demain.
En attendant, pour nos cafards,
Y a nos p'tits blues peinards.

J'suis rentré un soir,
Pas bien, pas beau, blafard.
J'ai pris ma guitare
Comme dans toutes ces histoires.
J'ai fait couler mes idées noires
Dans un p'tit blues peinard.

On n'est pas malin…

Parler d'ma vie

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

J'voulais t'parler d'ma vie, c'est rare quand ça m'arrive
Un moment suffira, y a pas grand chose à dire
Passé trente ans et je sais, au moins j'imagine
Je n'aurai jamais mon nom dans les magazines

Vois-tu, je suis de ceux que la foule rassure
On ne peut être bien que parmi des milliers
"Has been" avant d'avoir été, c'est un peu dur
Ma vie, tout l'monde aurait si bien pu s'en passer

Je te dis pas les peurs, les lueurs et les flammes
Je te dis pas le sang qui fait cogner le cœur
Je te dis pas ces moments si froids et si pâles
Et son visage qui justifiait mes heures

Je suis le cours des choses, je vais où l'on m'entraîne
Je suis de ces gens-là qui ne choisissent pas
Tu peux bien penser que ces vies sont des vies vaines
Mais le hasard invente et colorie parfois
Quand je pense à tout ça, ça m'colle la migraine
Pourquoi vendre toujours quand y a tant à donner
T'as beau m'expliquer qu'ça fait partie d'un système
Il me faut bien des pilules pour l'avaler

Je te dis pas les peurs, les lueurs et les flammes
Je te dis pas le sang qui fait cogner le cœur
Je te dis pas ces moments si froids et si pâles
Et son visage qui justifiait mes heures

Pas l'indifférence

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1981 "Jean-Jacques Goldman"

J'accepterai la douleur
D'accord aussi pour la peur
Je connais les conséquences
Et tant pis pour les pleurs

J'accepte quoiqu'il m'en coûte
Tout le pire du meilleur
Je prends les larmes et les doutes
Et risque tous les malheurs

Tout mais pas l'indifférence
Tout mais pas le temps qui meurt
Et les jours qui se ressemblent
Sans saveur et sans couleur

Et j'apprendrai les souffrances
Et j'apprendrai les brûlures
Pour le miel d'une présence
Le souffle d'un murmure

J'apprendrai le froid des phrases
J'apprendrai le chaud des mots
Je jure de n'être plus sage
Je promets d'être sot

Tout mais pas l'indifférence
Tout mais pas le temps qui meurt
Et les jours qui se ressemblent
Sans saveur et sans couleur

Je donnerai dix années pour un regard
Des châteaux, des palais pour un quai de gare
Un morceau d'aventure contre tous les conforts
Des tas de certitudes pour désirer encore

Echangerais années mortes pour un peu de vie
Chercherais clé de porte pour toute folie
Je prends tous les tickets pour tous les voyages
Aller n'importe où mais changer de paysage

Effacer ces heures absentes
Et tout repeindre en couleur
Toutes ces âmes qui mentent
Et qui sourient comme on pleure

Pas toi

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1985

autres interprètes: Native, Melgroove (1997)

Graver l'écorce jusqu'à saigner
Clouer les portes, s'emprisonner
Vivre des songes à trop veiller
Prier des ombres et tant marcher
J'ai beau me dire qu'il faut du temps
J'ai beau l'écrire si noir sur blanc

Quoi que je fasse, où que je sois
Rien ne t'efface, je pense à toi
Et quoi que j'apprenne, je ne sais pas
Pourquoi je saigne et pas toi

Passent les jours, vides sillons
Dans la raison et sans amour
Passe ma chance, tournent les vents
Reste l'absence, obstinément
J'ai beau me dire que c'est comme ça
Que sans vieillir, on n'oublie pas

Quoi que je fasse, où que je sois
Rien ne t'efface, je pense a toi
Et quoi que j'apprenne, je ne sais pas
Pourquoi je saigne et pas toi

Y a pas de haine, y a pas de roi
Ni dieu ni chaîne, qu'on ne combat
Mais que faut-il, quelle puissance
Quelle arme brise l'indifférence?
Oh c'est pas juste, c'est mal écrit
Comme une injure, plus qu'un mépris

Et quoi que j'apprenne, je ne sais pas
Pourquoi je saigne et pas toi

Petite fille

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Petite fille de novembre
Si blanche dans la nuit de cendre
Trouble adolescente en sursis
Comme un phare en mon amnésie
D'autres désirs et d'autres lois
Une confiance en je ne sais quoi
Philosophie, "prêt à porter"
Vite consommée, puis jetée

Petite fille, à quoi tu rêves
Devant ton siècle qui se lève
Même s'il te reste un peu d'amour
Ça risque de pas peser lourd
Petite fille, à quoi tu penses
Entre un flash et deux pas de danse
Tous les flambeaux manquent de feu
Leurs flammes réchauffent si peu

Y a pas de suicide au Sahel
Pas de psychiatre en plein désert
Pas d'overdose à Kinshasa
Réponses ou questions? Je sais pas
Pour bâtir, il fallait des mains
Des bras, des muscles masculins
Pour l'amour et l'imaginaire
C'est peut-être affaire de mères

Petite fille, à quoi tu rêves
Y a tant de baudruches qui crèvent
Y a tant d'idées vieilles et froissées
C'est le moment d'imaginer
Petite fille, à quoi tu penses
Entre un plaisir et deux romances
Va puiser d'autres solutions
J'ai besoin d'une transfusion

Petite fille, à quoi tu rêves
Un siècle étrange se réveille
Même s'il te reste un peu d'amour
Ça risque de pas peser lourd
Petite fille, à quoi tu penses
Entre un flash et deux pas de danse
Tous les flambeaux manquent de feu
Leurs flammes réchauffent si peu

Petite fille inconséquence
Entre deux tempos qui balancent
Est-ce une présence, une absence?
Est-ce blessure, est-ce naissance?
Petite fille malentendu
Petite fille ambigüe
Même si t'as perdu la mémoire
Garde nous juste un peu d'espoir

Peur de rien blues

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Y a des choses qu'on peut faire
Et puis celles qu'on doit pas
Y a tout c'qu'on doit taire
Tout c'qui ne se dit pas
Des vies qui nous attirent
De brûlures et de clous
Oui, mais ne pas les vivre
C'est encore pire que tout
De sagesse en dérive
De regrets en dégoûts
Y a qu'une guitare à la main
Qu'j'ai peur de rien

Quand les juges délibèrent
Si j'fais mal ou j'fais bien
Si j'suis vraiment sincère
Moi, j'sais même plus très bien
Quand les rumeurs "vipèrent"
Quand l'image déteint
Il m'reste ce vrai mystère
Et ça, ça m'appartient
Quand j'frôle la lumière
Qu'un instant je la tiens
Avec ma guitare à la main
J'ai peur de rien

Y a des choses qu'on pense
Qu'on voyait pas comme ça
Mais on garde le silence
Et on presse le pas
Des regards qu'on détourne
Des gestes qu'on fait pas
La conscience un peu sourde
Et pas très fier de soi
Quand la dose est trop lourde
Quand l'blues va un peu loin
J'prends ma guitare à la main
Et j'ai peur de rien

Peurs

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1991 "Frederickx, Goldman, Jones"

autres interprètes: Jean-Jacques Goldman

Qu'est-ce qu'on aurait dû?
Qu'est-ce qu'on aurait pu?
Personne n'y peut rien
Chacun son destin

Ici, c'est comme ça
C'est chacun pour soi
La vie, les rumeurs
Peurs contre peurs

On l'a trouvée bizarre
Dès qu'elle est arrivée
Avec son genre à part
Son air d'pas y toucher

Elle était pas bavarde
A peine bonjour bonsoir
J'ai mis les mômes en garde
Nous, on veut pas d'histoire

Elle était pas vilaine
Moi, j'la trouvais vulgaire
Toujours la même dégaine
Pas coiffée, un drôle d'air

Elle prenait des taxis
Elle fumait dans l'couloir
Elle f'sait quoi dans la vie?
J'm'en fous, j'veux pas l'savoir

Peurs contre peurs, nous sommes d'ici, elle est d'ailleurs
Peurs contre peurs, elle est partie un jour
On reste entre nous, peurs contre peurs

On voyait d'la lumière
Si tard a-t-on idée
Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire?
Elle avait pas la télé

Elle avait pas d'visite
Elle avait pas d'courrier
Elle à même eu les flics
Non, c'était à côté

On dit de source sûre
Qu'un voisin l'a croisée
La nuit dans une voiture
Moi, rien peut m'étonner

Elles ont ça dans la peau
C'est comme des animaux
C'est c'que nous avait dit
Un gars des colonies

Peurs contre peurs, nous sommes d'ici, elle est d'ailleurs
Peurs contre peurs, un jour elle est partie
Nous sommes restés, nos peurs aussi

Qu'est-ce qu'on aurait dû?
Qu'est-ce qu'on aurait pu?
Personne n'y peut rien
Chacun son destin

Ici, c'est comme ça
C'est chacun pour soi
On demande rien

Qu'est-ce que vous croyez
C'est partout pareil
Nos yeux, nos oreilles
Vaut mieux les fermer

Ici, tout est dur
On aime les serrures
Pas les étrangers

On l'a trouvée bizarre
Dès qu'elle est arrivée
Avec son genre à part
Son air d'pas y toucher

Elle était pas bavarde
A peine bonjour bonsoir
J'ai mis les mômes en garde
Nous on veut pas d'histoire

Pas d'histoire

Peurs contre peurs,…

Plus fort

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

On veut des trucs nouveaux pour aller plus haut
Et des super machins qui nous mènent plus loin
On veut du neuf et du chic pour aller plus vite
Avec plus de confort et beaucoup moins d'effort

Après tout, nous sommes le marché
Nous avons le droit d'exiger
Et nous sommes majoritaires
Et vous devez nous satisfaire

Plus fort, plus fort
Encore, encore et toujours encore
Plus fort, plus fort
Pout nos sens et nos ventres et nos corps
Plus fort, plus fort
Plus grand, plus gros, plus vite et plus fort

On veut des grands desseins faciles à dessiner
Et des lendemains qui chantent sans avoir à chanter
On veut plus de savoir et bien moins de leçons
Les droits sans les devoirs, le reste sans un rond

Après tout, nous sommes le marché
Nous avons le droit d'exiger
Oui, nous sommes l'électorat
Et nous avons donc tous les droits

Plus fort, plus fort
Encore, encore et toujours encore
Plus fort, plus fort
Pour nos sens et nos ventres et nos corps
Plus fort, plus fort
Plus grand, plus gros, plus vite et plus fort

Plus fort, plus fort

Puisque tu pars

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Puisque l'ombre gagne
Puisqu'il n'est pas de montagne
Au-delà des vents plus haute que les marches de l'oubli
Puisqu'il faut apprendre
A défaut de le comprendre
A rêver nos désirs et vivre des "ainsi-soit-il"

Et puisque tu penses
Comme une intime évidence
Que parfois même tout donner n'est pas forcément suffire
Puisque c'est ailleurs
Qu'ira mieux battre ton cœur
Et puisque nous t'aimons trop pour te retenir

Puisque tu pars

Que les vents te mènent
Où d'autres âmes plus belles
Sauront t'aimer mieux que nous puisque l'on ne peut t'aimer plus
Que la vie t'apprenne
Mais que tu restes le même
Si tu te trahissais nous t'aurions tout à fait perdu

Garde cette chance
Que nous t'envions en silence
Cette force de penser que le plus beau reste à venir
Et loin de nos villes
Comme octobre l'est d'avril
Sache qu'ici reste de toi comme une empreinte indélébile

Sans drame, sans larme
Pauvres et dérisoires armes
Parce qu'il est des douleurs qui ne pleurent qu'à l'intérieur
Puisque ta maison
Aujourd'hui c'est l'horizon
Dans ton exil essaie d'apprendre à revenir

Mais pas trop tard

Dans ton histoire
Garde en mémoire
Notre au revoir
Puisque tu pars
Dans ton histoire
Garde en mémoire
Notre au revoir
Puisque tu pars

J'aurai pu fermer, oublier toutes ces portes
Tout quitter sur un simple geste mais tu ne l'as pas fait
J'aurai pu donner tant d'amour et tant de force
Mais tout ce que je pouvais ça n'était pas encore assez
Pas assez, pas assez, pas assez

Dans ton histoire (dans ton histoire)
Garde en mémoire (garde en mémoire)
Notre au revoir (notre au revoir)
Puisque tu pars (puisque tu pars)

Qu'elle soit elle

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Qu'elle aime aussi ses inquiétudes
C'est une qualité que j'ai
Sans fausse modestie aucune
Une que je voudrais qu'elle ait

Qu'elle me ressemble en solitude
Qu'elle apprenne peu à peu
Les autres seront son étude
Qu'elle soit seule pour qu'elle aime mieux

On voudrait bien qu'ils soient à notre image
On voudrait bien qu'ils soient un autre soi
Que ça continue même après la page
Mais qu'elle soit elle
Le mieux qu'elle pourra

Quand la bouteille est vide

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Quand la bouteille est vide
Je craque une allumette
Et la bouteille vide
Se remplit de lumière

Quand la musique est bonne

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1982

autres interprètes: Nouvelle Star 1

J'ai trop saigné sur les Gibson
J'ai trop rodé dans les Tobacco road
Il n 'y a plus que les caisses qui me résonnent
Et quand je me casse je voyage toujours en fraude
Des champs de coton dans ma mémoire
Trois notes de blues c 'est un peu d'amour noir
Quand je suis trop court quand je suis trop tard
C 'est un recours pour une autre histoire.

Quand la musique est bonne
Quand la musique donne
Quand la musique sonne sonne sonne
Quand elle ne triche pas
Quand elle guide mes pas (la deuxième fois)

J'ai plus d'amour j'ai pas le temps
J'ai plus d'humour je ne sais plus d'ou vient le vent
J'ai plus qu'un clou une étincelle
Des trucs en plomb qui me brisent les ailes
Un peu de swing un peu du King
Pas mal de feeling et de décibels
C'est pas l'usine c 'est pas la mine
Mais ça suffit pour se faire la belle

Quand la musique est bonne
Quand la musique donne
Quand la musique sonne sonne sonne
Quand elle ne triche pas

Quand la musique est bonne
Quand la musique donne
Quand la musique sonne sonne sonne
Quand elle guide mes pas

Quand tu danses

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"

J'ai fait la liste de ce qu'on ne sera plus
Quand tu danses, quand tu danses
Mais que deviennent les amoureux perdus
Quand tu danses, y songes-tu?
Quand tu danses, y songes-tu?

Amis non, ni amants, étrangers non plus
Quand tu danses, quand tu danses
Mais quel après, après s'être appartenus
Quand tu danses, y songes-tu?
Quand tu danses, y songes-tu?

Je crois bien que j'aurai besoin de te voir
Quand tu danses, quand tu danses
Sans te parler, ni déranger, mais te voir
Quand tu danses, y songes-tu?
Quand tu danses, y songes-tu?

Et toutes les peines, toutes, contre une seule de nos minutes

Mais n'être plus rien après tant, c'est pas juste
Quand tu danses, y songes-tu?
Quand tu danses, y songes-tu?

Et j'ai fait la liste de ce qu'on ne sera plus

Mais que deviennent les amours éperdues?
Quand tu danses, y songes-tu?
Quand tu danses, y songes-tu?

Quel exil

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Nom, prénom, numéro, photo, signe particulier
T'es géant, t'es zéro, mais décline une identité
Et pourtant, pourtant, souvent je me demande
Qui sont les miens, d'où suis-je et quelle est ma bande
De quelle tribu, de quelle famille
Quel est mon arbre ou ma ville
Dans quelle île ou quel exil

Toi, t'es d'un coin, d'un bar, d'un quartier, même d'un étage
D'un parti blanc ou noir, t'as une chaise dans ton village

Et pourquoi, pourquoi, je me demande encore
Quel est donc mon bâteau et quel est mon port
Juste appartenir à un Sud ou un Nord
Mes racines dé défilent
Dans quelle île ou quel exil

J'ai posé des questions aux professeurs en blouse blanche
J'ai gagné des calmants à la place de réponses

Et pourtant, pourtant, dans un coin de ce monde
Un morceau de terre, un ciel et des secondes
Une histoire, un sang, du temps qui défile
Si paisible et si tranquille
Dans quelle île ou quel exil

Juste, juste appartenir
A quelle île ou quel exil

Quelque chose de bizarre

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

C'était moi de novembre, le samedi 17 au soir
Dans ce coin de légende où les trains ne mènent nulle part
La chaleur était pesante et le vent chaud incitait à boire
Je suis descendu fourbu tout seul à la petite gare

Il y avait quelque chose dans l'air, quelque chose de bizarre
Le silence pesant des enfants qui jouaient sur les trottoirs
Les vieux assis sur leurs bancs avec leurs drôle de regards
Qui brillaient étrangement, sans rien fixer ni sans rien voir

C'était comme si les femmes et les hommes avaient fuit tout à coup
Un rayon de lune éclairait une orée dans la forêt
Le chemin sentait la menthe, brume blanche jusqu'à mes genoux
Quand j'ai entendu plus loin leurs chants graves qui me guidaient

Il y avait quelque chose dans l'air, quelque chose de bizarre
Le silence pesant des enfants qui jouaient sur les trottoirs
Les vieux assis sur leurs bancs avec leurs drôle de regards
Qui brillaient étrangement sans rien fixer ni sans rien voir

Ils étaient rassemblés autour d'un grand trou vide et tout noir
Ils se balançaient en chantant, les mains tendues vers le Maître
Soudain, tout cessa brusquement et son doigt montra juste ma cachette
Venez, nous vous attendions ce soir, vous n'êtes pas en retard

Il y avait quelques chose dans l'air, quelque chose de bizarre
{Je m'en souviens comme si c'était hier}
Le silence pesant des enfants qui jouaient sur les trottoirs
{J'aurais du m'douter de quelque chose de pas clair}
Les vieux assis sur leurs bancs avec leurs drôle de regards
Qui brillaient étrangement, sans rien fixer ni sans rien voir

Quelque part, quelqu'un

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Six planètes en plus de notre Terre
Six continents dans cinq océans
Douze mois pour une années entière
Cinq milliards de gens et tellement d'absents
Huit et un mois pour une grossesse
Douze apôtres et dix commandements
Quatre et deux piliers d'une sagesse
Et quelque part, sûrement, quelqu'un qui m'attend

Trente-six justes, autant de chandelles
Dans 500 millions de galaxies
Trois Glorieuses mais sept merveilles
Quatre saisons plus belles après Vivaldi
Cinq sens et sept plaies d'Egypte
Trois dimensions, quatre vérités
Vingt et quatre livres, une Bible
Et quelque part, sûrement, quelqu'un à aimer

Et je me fous bien des trois mousquetaires
De mes quatre ou cinq litres de sang
Mais je ferai plus de cent ans de guerre
Pour être à elle à deux cent pour cent
Des jours à Pékin, trois sifflets d'un train
Trois types de rencontres et sept nains
Sept samouraïs et 101 dalmatiens
Et quelque part, sûrement, rien qu'à moi quelqu'un

Six planètes en plus de notre Terre
Six continents dans cinq océans
Douze mois pour une année entière
Et quelque part, sûrement, quelqu'un qui m'attend
Quelqu'un qui m'attend…

Reprendre, c'est voler

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1987 "Entre gris clair et gris foncé"

Je garderai les disques, et toi l'électrophone
Les préfaces des livres, je te laisse les fins
Je prends les annuaires, et toi le téléphone
On a tout partagé, on partage à la fin

Je prends le poisson rouge, tu gardes le bocal
A toi la grande table, à moi les quatre chaises
Tout doit être bien clair et surtout bien égal
On partage les choses quand on ne partage plus les rêves

Tu garderas tes X et moi mes XY
Tant pis, on saura pas c'que ça aurait donné
C'est sûrement mieux comme ça, c'est plus sage, plus correct
On saura jamais c'qu'en pensait l'intéressé(e?)

Mais l'amour, tu peux tout le garder
Un soir, je te l'avais donné
Et reprendre, c'est voler
Et reprendre, c'est voler

Sache que je

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"

Il y a des ombres dans " je t'aime "
Pas que de l'amour, pas que ça
Des traces de temps qui traînent
Y a du contrat dans ces mots là

Tu dis l'amour a son langage
Et moi les mots ne servent à rien
S'il te faut des phrases en otage
Comme un sceau sur un parchemin

Alors sache que je
Sache le
Sache que je

Il y a mourir dans " je t'aime "
Il y a je ne vois plus que toi
Mourir au monde, à ses poèmes
Ne plus lire que ses rimes à soi

Un malhonnête stratagème
Ces trois mots là n'affirment pas
Il y a une question dans " je t'aime "
Qui demande " et m'aimes-tu, toi? "

Alors sache que je
Sache le
Sache que je

Sans un mot

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

A 15 ans on m'avait dit
Si t'es sage et bien gentil
T'auras une mobylette
J'avais que ça dans la tête yéyé

Après ça l'automobile
pour l'entrée en faculté
Je me faisais pas de bile
La voie était bien tracée yéyé

A 18 ans j'avais tout
Tout ce qu'ils auraient rêvé
Ils ont rien compris du tout
Quand un soir j'suis pas rentré non non

J'étais pas des plus malins ni un super ambitieux
Mais n'espérer que demain à 20 ans c'est un peu peu yéyé

On nous gonflait la tête de désirs vulgaires
De pouvoir et d'argent qu'on aurait mis à l'eau
Nous on parlait histoire, liberté, univers
Et l'on aurait donné notre vie sans un mot, sans un mot

Si tu dis si tu sais ça
Si tu étudies cela
Pense à ce qu'on veut de toi
Après ça tu choisiras yéyé

Le diplôme c'est pas tout
Tu sais y a la vie aussi
Mais sache que sans le sou
Tu te payes une drôle de vie yéyé

Les filles et puis les bagnoles
Voilà déjà la moitié
De tout le temps que tu donnes
Mais t'as pas l'temps d'y penser non non

Je suis pas des plus malins ni un super ambitieux
Mais se trouver inutile à 20 ans c'est pas facile non non

On nous gonflait la tête de désirs vulgaires
De pouvoir et d'argent qu'on aurait mis à l'eau
Nous, on parlait histoire, liberté, univers
Et l'on aurait donné notre vie sans un mot, sans un mot

Y'en a qui partent en Orient
En Afrique ou en Asie
Pour y soigner les enfants
Et pour s'y soigner aussi yéyé

Moi j'ai choisi la banlieue
Si tu crois que c'est facile
Viens donc vivre ici mon vieux
Oublie pas ta carabine non non

Et puis partout c'est pareil
C'est à prendre ou à laisser
La vie avant le sommeil
Le plaisir pour oublier yéyé

Je suis pas des plus malins ni un super ambitieux
Et je plains les plus malins et je plains les ambitieux

Si je t'avais pas

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Je jouerais du même harmonica
Je verrais le même arbre là-bas
Serais-je heureux sans toi? Pourquoi pas?
Rien que d'y penser ça me glace à chaque fois

Si je t'avais pas
Si je t'avais pas
Que serais-je, où ça?
Ma maison c'est là
Exactement dans tes bras

J'aurais des enfants, mais pas ceux-là
Moitié moi, mais pas moitié toi
J'embrasserais, "comme ça", un peu distrait
Pas une fois, pas une, nous ne l'avons fait

Si je t'avais pas
Si c'était pas toi
Que serais-je, où ça?
Mon pays c'est toi
Précisément dans tes bras

Bouge pas
C'est ma place à moi
Mon abri mon toit
J'habite tes bras
Là où me caressent tes doigts

Si tu m'emmènes

Musique: Jean-Jacques Goldman

Et s'il fait vraiment chaud
Moi je porterai l'eau
Je gommerai ta soif
Jusqu'à ce qu'elle s'efface
J'cacherai les repères
Afin que l'on se perde
Et s'il n'y a rien à faire
J'agrandirai l'espace
Si tu m'emmènes…
Je guiderai tes pas
Dans les jungles d'ailleurs
Je chaufferai le froid
Qui te glace le cœur
Je giflerai la nuit
Pour que vienne le jour
J'oublierai tes oublis
J'aimerai tes amours
Si tu m'emmènes…
Comme un indien comme un sherpa
Un éclaireur un Iroquois
Sur mon visage peintes les armes de mon roi
Je serai là
Emmène-moi
Tu choisiras l'endroit
Tu choisiras l'instant
Et l'acier sur nos bras
Mélangera nos sangs
Tu me désigneras
Les ennemis les frères
Les idoles et les lois
Les croix et les bannières
Si tu m'emmènes…
J'apprendrai le courage
A la peur qui serre
Je prendrai page à page
La force nécessaire
La pitié le mensonge
Si tu me le demandes
Même l'envie qui range
Et la folie qui mange
Si tu m'emmènes…
Et s'il fait vraiment chaud
Moi je porterai l'eau
Je gommerai ta soif
Jusqu'à ce qu'elle s'efface
J'cacherai les repères
Afin que l'on se perde
Et s'il n'y a rien a faire
J'agrandirai l'espace
Si tu m'emmènes…
Emmène-moi…

The Quo's in town tonite

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Il a pris le train postal juste avant la nuit
A Valence il est mécano
Demain matin faut qu'il soit sans faute à Paris
Et tant pis pour le boulot

Ça fait des mois déjà qu'il regarde son billet
Son patron l'a laissé filer
Et personne aurait pu l'empêcher
Sur son bras c'est tatoué

Rossi, ses mots, et ses solos et Parfitt et sa caster
Les riffs à fond, le son go go
Le boogie woogie la tête à l'envers

Il a pris le train postal juste avant la nuit
Il en rêve au rythme des rails
Oh demain c'est la nuit de sa vie
The quo's in town tonite

Quand il arrive devant la salle il est midi
Y a déjà des gars qu'il connaît
Les cheveux longs, les jeans délavés comme lui
De partout, même un Japonais

C'est l'attente, on cause, on fume en buvant des bières
Quand ils répètent on les entend
Et quand s'écarteront les barrières
Il va courir au premier rang

Pour Rossi ses mots, ses solos, et Parfitt et sa caster
Les riffs à fond, le son go go
Le boogie woogie la tête à l'envers

Plus que 2 heures encore, 2 heures à tirer
Et tout est prêt pour la bataille
Un accord et tout va sauter
The quo's in town tonite

C'est parti, ça l'prend partout de bas en haut
Ça l'secoue jusqu'à la folie
La basse au ventre et les grattes dans la peau
Ils sont à 2 mètres de lui

Et quand vient "down down" c'est sa préférée
Si l'batteur tombe ou va pisser
Y a pas d'malaise pour l'rempacer:
Il la connaît les yeux fermés

Rossi ses mots, ses solos, et Parfitt et sa caster
Les riffs à fond, le son go go
Le boogie woogie la tête à l'envers

Le paradis c'est ici, c'est l'enfer!
C'est les flammes au fond des entrailles
Y a rien qui ressemble à ses concerts
The quo's in town tonite

Et ça fait si vide après
Quand la vraie vie revient
Quand on les a vu saluer
Et qu'il faut reprendre son train

Mais cet été
Ils vont jouer dans les festivals
Il ira pendant ses congés
En Belgique et au Pays de Galles
The quo's in town tonite

Rossi ses mots, ses solos,
Et Parfitt, et sa caster

The quo's in town tonite

Ton autre chemin

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

D'aussi loin que je me souvienne
Bribes d'enfances, bouts de scène
Tes yeux, ton visage et ta main dans ma main
Et nos pas sur le même chemin

Oh, nous n'étions pas très bavards
Un peu bizarre, un peu à part
J'aimais tes silences et tu aimais les miens
Muets, nous nous entendions bien

Tu étais un peu différent
Et moi, je n'étais pas comme eux
Un peu méprisant pour tous leurs jeux d'enfants
Nous pleurions les yeux dans les yeux

J'ai reçu tes premiers poèmes
Comme on berce de quelques mots
Nos rires étaient rires et nos peines étaient peines
Chacun touchant l'autre en écho

Je t'ai joué mes premières notes
Tu écoutais les yeux mi-clos
Simples et malhabiles, un peu fausses, un peu sottes
Je n'entendais que tes bravos
En saluant devant le piano

On a commencé à se perdre de vue à l'adolescence
Je te trouvais un peu trop austère
Un peu trop sérieux, un peu trop secret
Moi, j'avais besoin de musique, de lumière
Et de futilité
Et aussi des autres
Ton amitié était exigente, entière, exclusive
Et puis, tu as commencé à être absent
Souvent, puis, plus longtemps
Ta mère nous disait que tu partais en vacances
Elle ne mentait pas quand j'y repense
En vacances de vie, en vacances d'envie
Et puis la vérité, celle qu'on suppose
Celle qu'on cache, celle qu'on chuchote
Celle qui dérange, celle qu'on élude
Ton autre chemin {2x}

Dis-moi les voix, les envies qui te mènent
Dis-moi les vents, les courants qui t'entraînent
Les idées fixes et les clous qui te rivent
En quelles errances, immobiles dérives
Dis-moi les songes qui frappent à ta porte
Les illusions, les diables qui t'emportent
Vers quel ailleurs, mirage sans angoisse
Sans temps perdu, sans seconde qui passe
A quoi tu penses quand revient le soir?
Tes quatre murs renferment quelques espoirs?

Que doit-on lire dans ton sourire idiot?
D'autres désirs, sans paroles et sans mots?
Montre-moi ton autre chemin {3x}
Décris-moi ton autre chemin
Dis-moi tes signes et dis-moi ton langage
Les horizons des barreaux de ta cage
Vois-tu le blanc, le bleu-ciel et le rose
Que vois-tu quand tes paupières se closent?

Et puis me voilà, te parlant de ma vie
De son niveau, ses ennuis, ses envies
Sa course vaine et mon manque d'amis
A tes yeux vides, ton absence ahurie

Montre-moi ton autre chemin {3x}
Décris-moi ton autre chemin

Tournent les violons

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Tournent les violons
Grande fête au château il y a bien longtemps
Les belles et les beaux, nobliaux, noble sang
De tout le royaume on est venu dansant

Tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les violons

Grande fête aux rameaux et Manon a seize ans
Servante en ce château comme sa mère avant
Elle porte les plateaux lourds à ses mains d'enfant

Tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les violons

Le bel uniforme, oh le beau lieutenant
Différent des hommes d'ici blond et grand
Le sourire éclatant d'un prince charmant

Tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les violons

Redoublent la fête et les rires et les danses
Manon s'émerveille en remplissant les panses
Le bruit, les lumières, c'est lui qui s'avance

Tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les violons

En prenant son verre auprès d'elle il se penche
Lui glisse à l'oreille en lui frôlant la hanche
"Tu es bien jolie" dans un divin sourire

Tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les violons

Passent les années dures et grises à servir
Une vie de peine et si peu de plaisir
Mais ce trouble là brûle en ses souvenirs

Tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les violons

Elle y pense encore et encore et toujours
Les violons, le décor, et ses mots de velours
Son parfum, ses dents blanches, les moindres détails

Tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les violons

En prenant son verre auprès d'elle il se penche
Lui glisse à l'oreille en lui frôlant la hanche
Juste quatre mots, le trouble d'une vie
Juste quatre mots qu'aussitôt il oublie

Tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les violons

Elle y pense encore et encore et toujours

Tout était dit

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 1997 "En passant"

Elle écrit seule à sa table et son café refroidit
Quatre mètres infranchissables, un bar un après-midi
J'avais rendez-vous je crois, j'avais pas le temps
Avec un pape ou peut-être un président
Mais la fille est jolie et les papes sont souvent patients

Elle était là dans son monde, son monde au beau milieu du monde
Loin, ses yeux posés ailleurs, quelque part à l'intérieur
Plongée dans son livre, belle abandonnée
En elle je lis tout ce qu'elle veut cacher

Dans chacun de ses gestes un aveu, un secret dans chaque attitude
Ses moindres facettes, trahie bien mieux que par de longues études
Un pied se balance, une impatience, et c'est plus qu'un long discours
Là, dans l'innocence et l'oubli
Tout était dit

On ne ment qu'avec des mots, des phrases qu'on nous fait apprendre
On se promène en bateau, pleins de pseudo de contrebande
On s'arrange on roule on glose on bienséance
Mieux vaut de beaucoup se fier aux apparences
Aux codes des corps, au langage de nos inconsciences

Muette étrangère, silencieuse bavarde
Presque familière, intime plus je te regarde

Dans chacun de tes gestes un aveu, un secret dans chaque attitude
Même la plus discrète ne peut mentir à tant de solitude
Quand ta main cherche une cigarette c'est comme une confession
Que tu me ferais à ton insu

A ta façon de tourner les pages, moi j'en apprends bien davantage
La moue de ta bouche est un langage, ton regard un témoignage
Tes doigts dans tes cheveux s'attardent, quel explicite message
Dans ton innocence absolue

Et ce léger sourire au coin des lèvres c'est d'une telle indécence
Il est temps de partir, elle se lève, évidente, transparente
Sa façon de marcher dans mon rêve, son parfum qui s'évanouit
Quand elle disparaît de ma vie
Tout était dit
Tout était dit

Tout petit monde

Musique: Jean-Jacques Goldman

C'est un tout petit monde
Où s'abritent nos saisons
Petite boule ronde
Sous les ailes d'un avion
Et partout des gens qui dansent
Pour oublier un instant
La nuit et le silence
Et les peines du présent

C'est un tout petit monde
L'eau le soleil et le sel
Les naissances et les tombes
Et l'essentiel et le ciel
Partout la même prière
D'une mère qui attend
Que baisse la fièvre
Dans les mêmes yeux d'enfants

C'est un tout petit monde
Fragile au creux de nos mains
Balançant ses secondes
Entre tellement et rien
Et partout la même histoire
De pouvoirs à partager
Et si peu de mémoire
Du sang des larmes versées

Et partout déteignent et règnent
Nouveaux rois sans philosophe
Le rock, le dollar, les antennes Coca et kalachnikov…
Coca et kalachnikov…

Toutes mes chaînes

Musique: Jean-Jacques Goldman

En données corrigées des variations saisonnières
Elle est beaucoup beaucoup pour moi
Elle me colle cinq sur cinq sur l'échelle de Richter
Et me bouleverse de haut en bas
Elle a des tas de circuits sur son petit computer
Qui me branchent à chaque fois
Elle est tout tout toutes mes chaînes
Elle est tout tout toutes mes lois
Elle est tout tout toutes mes chaînes
Et ces mots-là sont pour elle et moi
Elle est tout tout toutes mes chaînes
Elle est tout tout toutes mes lois
Elle est tout tout toutes mes chaînes
Et je me fous si un plus un font trois
Au tout dernier sondage sur mon échantillonnage
Elle a une côte en bois
Elle a des pourcentages pur sang pour son âge
C'est du tout tout premier choix
Jamais en ballottage toujours en avantage
Elle lui donne toujours ma voix
En données corrigées des variations saisonnières
Elle est beaucoup beaucoup pour moi
Elle me retrouve même la où je m'y perds
Où je me plonge où je me noie
Tout ce qui est utile pour elle est tutelle
Le feeling c'est sa foi.

Tu m'as dit

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman

Je t'ai dit que pour toi, je ferais n'importe quoi,
Que j'irais même jusqu'à travailler, (ne ris pas!)
Que je te couvrirais de parfums, de bijoux.
Tu t'es fichue de moi et tu m'as dit: "Je m'en fous.".

J'ai insisté, tu sais pas, tu peux pas savoir.
Pour toi je ferais des folies, je serais fou.
Je t'écrirais des poèmes ou bien mes mémoires.
Tu m'as serré plus fort et tu m'as dit: "Je m'en fous.".

Tu m'as dit: "Emmène-moi dîner,
Dis-moi que je suis belle,
Embrasse-moi dans l'escalier,
Parle-moi tout bas à l'oreille.
Demain on se lève pas,
Viens. On va au cinéma
Voir un film américain,
D'amour qui se finit bien.
Ensuite, à la maison,
Sers-moi quatre ou cinq verres.
T'es mignon quand t'es rond.
Baisse-un peu la lumière."

Et si on se tirait ce soir à Saint-Tropez?
Pour le week-end, chiche et on revient lundi?
Je sais, j'ai pas un rond mais ça peut se trouver.
J'ai un copain qui peut me prêter sa Ferrari

A moins que tu préfères qu'on aille à New-York?
Tu sais c'est pas si loin, quelques heures et c'est tout.
Y a justement ce soir un super concert de rock.
Tu m'as serré plus fort et tu m'as dit: "Je m'en fous.".

Tu m'as dit: "Emmène-moi dîner,
Dis-moi que je suis belle,
Embrasse-moi dans l'escalier,
Parle-moi tout bas à l'oreille.
Demain on se lève pas,
Viens. On va au cinéma
Voir un film américain,
D'amour qui se finit bien.
Ensuite, à la maison,
Sers-moi quatre ou cinq verres.
T'es mignon quand t'es rond.
Baisse-un peu la lumière."

Et si je te faisais un enfant ou bien deux?
Ou trois ou quatre ou pourquoi pas en une fois c'est mieux?
Un blanc, un noir, un jaune, un rouge, un vert, un roux.
On les mettrait dans le grand lit à côté de nous.

J'ai envie de prendre plein de photos de toi,
D'en mettre sur les murs, par terre et sur le toit.
Si j'allais à cheval à tous tes rendez-vous?
Tu m'as serré plus fort et tu m'as dit…

Tu m'as dit: "Emmène-moi dîner,
Dis-moi que je suis belle,
Embrasse-moi dans l'escalier,
Parle-moi tout bas à l'oreille.
Demain on se lève pas,
Viens. On va au cinéma
Voir un film américain,
D'amour qui se finit bien.
Ensuite, à la maison,
Sers-moi quatre ou cinq verres.
T'es mignon quand t'es rond.
Baisse-un peu la lumière."

Tu m'as dit: "Emmène-moi dîner,

Baisse-un peu la lumière."

Tu m'as dit: "Emmène-moi dîner,

Baisse-un peu la lumière."

Un goût sur tes lèvres

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

C'est un goût sur tes lèvres, juste après les baisers
Une amertume à peine devinée

Combien de coups, crois-tu avant que tu dénonces?
Combien de peurs avant de supplier?
Combien de jours de faim, as-tu la réponse?
Avant de te battre, avant de ramper
Combien de pouvoir, avant d'en abuser?
De désillusion avant de quitter?
Combien d'alcool pour tenir à la mine?
De chantage avant que tu ne t'inclines?

C'est un goût sur tes lèvres, juste après les baisers
Une amertume à peine devinée
Rien qu'un goût sur tes lèvres, qui es-tu, n'es-tu pas?
Peut-être plus ou bien moins que tu crois

Combien d'années pour élever un enfant?
Mais pour l'égorger c'est juste un instant
Combien de rêves en route abandonnés?
D'"automensonges" pour se contenter?
Combien de verres pour que tombes ton masque?
Combien de faux adieux, de come-back?
Combien d'échecs avant que l'on comprenne?
Et d'autos brûlées pour voter FN?

C'est un goût sur tes lèvres, juste après les baisers
Une amertume à peine devinée
Rien qu'un goût sur tes lèvres une infime méfiance
Qui se cache sous les apparences?
Un goût sur tes lèvres, rien qu'un goût sur tes lèvres
C'est un goût sur tes lèvres

Combien de temps pour la routine en amour?
Aux hôpitaux pour ne plus dire bonjour?
Combien d'images pour être concerné?
Quel quota d'étrangers pour s'intégrer?
Combien de pressions pour lâcher les principes?
Et de désirs pour tromper et mentir?
Combien de solitude sans appel au secours?
De "tout le monde le fait" pour faire à ton tour?
Combien d'argent, de succès pour changer?
Combien de cons contre un seul à lyncher?
Combien de mots pour blesser ou guérir?
Combien d'espoir avant un bidonville?

Combien?
A ton avis?
Combien?

Une poussière

Paroles et Musique: Jean-Jacques Goldman 2001 "Chansons pour les pieds"

Dans ce désert
Torride enfer
Une poussière

Dans vos silences
Le vide immense
Quelqu'un s'avance

Que nous veut-il?
Paisible? hostile?
Ainsi soit-il

Est-ce un fou de dieu? Est-ce un missionnaire?
Est-ce un de ces blancs docteurs ou bien militaires?
Est-ce un aventurier, un vendeur, un touriste?
Est-ce un riche trop riche attiré par le vide?
Dans ce désert, une poussière

L'or ou le fer? Frères que faire? Une prière

Est-ce un colonial, un conquistador?
Est-ce un des nôtres qui nous fera pire encore?
Est-ce un rallye de machines hurlantes et sauvages?
Est-ce une tempête qui noiera tout sous le sable?
Dans ce désert, une poussière

C'est le monde et ses maladies
C'est le monde qui vient par ici
Pauvre monde, malade et transi

Vois le monde, sa mélancolie

Veiller tard

Musique: Jean-Jacques Goldman

Les lueurs immobiles d'un jour qui s'achève
La plainte douloureuse d'un chien qui aboie
Le silence inquiétant qui précède les rêves
Quand le monde disparu l'on est face à soi
Les frissons où l'amour et l'automne s'emmêlent
Le noir où s'engloutissent notre foi nos lois
Cette inquiétude sourde qui coule en nos veines
Qui nous saisit même après les plus grandes joies
Ces visages oubliés qui reviennent à la charge
Ces étreintes qu'en rêve on peut vivre cent fois
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard
Ces paroles enfermées que l'on n'a pas su dire
Ces regards insistants que l'on n'a pas compris
Ces appels évidents ces lueurs tardives
Ces morsures aux regrets qui se livrent à la nuit
Ces solitudes dignes au milieu des silences
Ces larmes si paisibles qui coulent inexpliquées
Ces ambitions passées mais auxquelles on repense
Comme un vieux coffre plein de vieux jouets cassés
Ces liens que l'on sécrète et qui joignent les êtres
Ces désirs évadés qui nous feront aimer
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard